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REVUE SPIRITE - JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1860 > Janvier
Janvier
Le Spiritisme en 1860La Revue Spirite commence sa troisième
année, et nous sommes heureux de dire qu'elle le fait sous les plus
favorables auspices. Nous saisissons avec empressement cette occasion
pour témoigner à nos lecteurs toute notre gratitude pour les marques de
sympathie que nous en recevons journellement. Cela seul serait un
encouragement pour nous, si nous ne trouvions, dans la nature même et le
but de nos travaux, une large compensation morale aux fatigues qui en
sont la conséquence. La multiplicité de ces travaux, auxquels nous nous
sommes entièrement consacré, est telle qu'il nous est matériellement
impossible de répondre à toutes les lettres de félicitations qui nous
parviennent. Force nous est donc d'adresser à leurs auteurs un
remerciement collectif, que nous les prions de vouloir bien accepter.
Ces lettres, et les nombreuses personnes qui nous font l'honneur de
venir conférer avec nous sur ces graves questions, nous convainquent de
plus en plus des progrès du Spiritisme vrai,
et nous entendons par là le Spiritisme compris dans toutes ses
conséquences morales. Sans nous faire illusion sur la portée de nos
travaux, la pensée d'y avoir contribué en jetant quelques grains dans la
balance, est, pour nous, une douce satisfaction, car ces quelques
grains auront toujours servi à faire réfléchir.
La prospérité
croissante de notre recueil est un indice de la faveur avec laquelle il
est accueilli ; nous n'avons donc qu'à poursuivre notre œuvre dans la
même ligne, puisqu'elle reçoit la consécration du temps, sans nous
écarter de la modération, de la prudence et des convenances qui nous ont
toujours guidé. Laissant à nos contradicteurs le triste privilège des
injures et des personnalités, nous ne les suivrons pas non plus sur le
terrain d'une controverse sans but ; nous disons sans but, parce qu'elle
ne saurait amener chez eux la conviction, et que c'est perdre son temps
de discuter avec des gens qui ne connaissent pas le premier mot de ce
dont ils parlent. Nous n'avons qu'une chose à leur dire : Etudiez
d'abord et nous verrons ensuite ; nous avons autre chose à faire qu'à
parler à ceux qui ne veulent pas entendre. Qu'importe d'ailleurs, en
définitive, l'opinion contraire de tel ou tel ? Cette opinion est-elle
d'une importance si grande qu'elle puisse enrayer la marche naturelle
des choses ? Les plus grandes découvertes ont rencontré de plus rudes
adversaires, ce qui ne les a pas fait sombrer. Nous laissons donc
l'incrédulité bourdonner autour de nous, et rien ne nous fera dévier de
la voie qui nous est tracée par la gravité même du sujet qui nous
occupe.
Nous avons dit que les idées Spirites sont en progrès.
Depuis quelque temps, en effet, elles ont gagné un immense terrain ; on
dirait qu'elles sont dans l'air, et certes ce n'est pas à la grosse
caisse de la presse périodique, petite ou grande, qu'elles en sont
redevables. Si elles progressent envers et contre tout, et nonobstant le
mauvais vouloir qu'elles rencontrent dans certaines régions, c'est
qu'elles possèdent assez de vitalité pour se suffire à elles-mêmes.
Celui qui se donne la peine d'approfondir cette question du Spiritisme y
trouve une satisfaction morale si grande, la solution de tant de
problèmes dont il avait en vain demandé l'explication aux théories
vulgaires ; l'avenir se déroule devant lui d'une manière si claire, si
précise, si logique, qu'il se dit qu'en effet il est impossible que les
choses ne se passent pas ainsi, et qu'il est étonnant qu'on ne l'ait pas
compris plus tôt ; que c'est là ce qu'un sentiment intime lui disait
devoir être ; la science Spirite, développée, n'a fait autre chose que
de formuler, de tirer du brouillard, des idées déjà existantes dans son
for intérieur ; dès lors l'avenir a pour lui un but clair, précis,
nettement défini ; il ne marche plus dans le vague, il voit son chemin ;
ce n'est plus cet avenir de bonheur ou de malheur que sa raison ne
pouvait comprendre, et que par cela même il repoussait ; c'est un avenir
rationnel, conséquence des lois mêmes de la nature, et pouvant
supporter l'examen le plus sévère ; c'est pourquoi il est heureux, et
comme soulagé d'un poids immense : celui de l'incertitude, car l'incertitude est un tourment. L'homme, malgré lui, sonde les profondeurs de l'avenir, et ne peut s'empêcher de le voir éternel ;
il le compare à la brièveté et à la fragilité de l'existence terrestre.
Si l'avenir ne lui offre aucune certitude, il s'étourdit, se replie sur
le présent, et pour le rendre plus supportable, rien ne lui coûte ;
c'est en vain que sa conscience lui parle du bien et du mal, il se dit :
Le bien est ce qui me rend heureux. Quel motif aurait-il, en effet, de
voir le bien ailleurs ? Pourquoi endurer des privations ? Il veut être
heureux, et pour être heureux, il veut jouir ; jouir de ce que possèdent
les autres ; il veut de l'or, beaucoup d'or ; il y tient comme à sa
vie, parce que l'or est le véhicule de toutes les jouissances
matérielles ; que lui importe le bien-être de son semblable ! le sien
avant tout ; il veut se satisfaire dans le présent, ne sachant s'il le
pourra plus tard, dans un avenir auquel il ne croit pas ; il devient
donc avide, jaloux, égoïste, et, avec toutes ses jouissances, il n'est
pas heureux, parce que le présent lui semble trop court.
Avec la certitude de
l'avenir, tout change d'aspect pour lui ; le présent n'est qu'éphémère,
et il le voit s'écouler sans regret ; il est moins âpre aux jouissances
terrestres, parce qu'elles ne lui donnent qu'une sensation passagère,
fugitive, qui laisse le vide dans son cœur ; il aspire à un bonheur plus
durable, et par conséquent plus réel ; et où peut-il le trouver, si ce
n'est dans l'avenir ? Le Spiritisme, en lui montrant, en lui prouvant cet
avenir, le délivre du supplice de l'incertitude, voilà pourquoi il le
rend heureux ; or, ce qui rend heureux trouve toujours des partisans.
Les adversaires du Spiritisme attribuent sa propagation rapide à une
fièvre superstitieuse qui s'empare de l'humanité, à l'amour du
merveilleux ; mais il faudrait avant tout être logique ; nous
accepterons leur raisonnement, si on peut appeler cela un raisonnement,
quand ils nous auront clairement expliqué pourquoi cette fièvre atteint
précisément les classes éclairées de la société plutôt que les classes
ignorantes. Quant à nous, nous disons que c'est parce que le Spiritisme
fait appel au raisonnement et non à une croyance aveugle, que les
classes éclairées examinent, réfléchissent et comprennent ; or les idées
superstitieuses ne supportent pas l'examen.
Au reste, vous tous qui combattez le Spiritisme, le comprenez-vous ? l'avez-vous étudié, scruté dans ses détails, mûrement pesé dans toutes ses conséquences ? Non, mille fois non. Vous parlez d'une chose que vous ne connaissez pas ; toutes vos critiques, je ne parle pas des sottes, plates et grossières diatribes, dénuées de tout raisonnement et qui n'ont aucune valeur, je parle de celles qui ont au moins l'apparence du sérieux ; toutes vos critiques, dis-je, accusent la plus complète ignorance de la chose.
Pour critiquer, il faut pouvoir opposer un raisonnement à un raisonnement, une preuve à une preuve ; cela est-il possible sans la connaissance approfondie du sujet que l'on traite ? Que penseriez-vous de celui qui prétendrait critiquer un tableau sans posséder, au moins en théorie, les règles du dessin et de la peinture ; discuter le mérite d'un opéra sans savoir la musique ? Savez-vous quelle est la conséquence d'une critique ignorante ? C'est d'être ridicule et d'accuser un défaut de jugement. Plus la position du critique est élevée, plus il est en évidence, plus son intérêt lui commande de circonspection pour ne pas s'exposer à recevoir des démentis, toujours faciles à donner à quiconque parle de ce qu'il ne connaît pas. C'est pourquoi les attaques contre le Spiritisme ont si peu de portée, et favorisent son développement au lieu de l'arrêter. Ces attaques sont de la propagande ; elles provoquent l'examen, et l'examen ne peut que nous être favorable, parce que nous nous adressons à la raison. Il n'est pas un des articles publiés contre cette doctrine qui ne nous ait valu un surcroît d'abonnés et qui n'ait fait vendre des ouvrages. Celui de M. Oscar Comettant (voir le Siècle du 27 octobre dernier, et notre réponse dans la Revue du mois de décembre 1859) a fait vendre en quelques jours, à M. Ledoyen, plus de cinquante exemplaires de la fameuse sonate de Mozart (qui se vend 2 fr., prix net, selon l'importante et spirituelle remarque de M. Comettant). Les articles de l'Univers des 13 avril et 28 mai 1859 (voir notre réponse dans les numéros de la Revue de mai et de juillet 1859) ont fait épuiser promptement ce qui restait de la première édition du Livre des Esprits, et ainsi des autres. Mais revenons à des choses moins matérielles. Tant qu'on n'opposera au Spiritisme que des arguments de cette nature, il n'aura rien à craindre.
Nous répétons que la source principale du progrès des idées Spirites est dans la satisfaction qu'elles procurent à tous ceux qui les approfondissent, et qui y voient autre chose qu'un futile passe-temps ; or, comme on veut son bonheur avant tout, il n'est pas étonnant qu'on s'attache à une idée qui rend heureux. Nous avons dit quelque part qu'en fait de Spiritisme la période de curiosité est passée, et que celle du raisonnement et de la philosophie lui a succédé. La curiosité n'a qu'un temps : une fois satisfaite, on en quitte l'objet pour passer à un autre ; il n'en est pas de même de ce qui s'adresse à la pensée sérieuse et au jugement. Le Spiritisme a surtout progressé depuis qu'il est mieux compris dans son essence intime, depuis qu'on en voit la portée, parce qu'il touche à la corde la plus sensible de l'homme : celle de son bonheur, même de ce monde ; là est la cause de sa propagation, le secret de la force qui le fera triompher. Vous tous qui l'attaquez, voulez-vous donc un moyen certain de le combattre avec succès ? Je vais vous l'indiquer. Remplacez-le par quelque chose de mieux ; trouvez une solution plus logique à toutes les questions qu'il résout ; donnez à l'homme une autre certitude qui le rende plus heureux, et comprenez bien la portée de ce mot certitude, car l'homme n'accepte comme certain que ce qui lui paraît logique ; ne vous contentez pas de dire que cela n'est pas, c'est trop facile ; prouvez, non par une négation, mais par des faits, que cela n'est pas, n'a jamais été et ne peut pas Être ; prouvez enfin que les conséquences du Spiritisme ne sont pas de rendre les hommes meilleurs par la pratique de la plus pure morale évangélique, morale qu'on loue beaucoup, mais qu'on pratique si peu. Quand vous aurez fait cela, je serai le premier à m'incliner devant vous. Jusque-là, permettez-moi de regarder vos doctrines, qui sont la négation de tout avenir, comme la source de l'égoïsme, ver rongeur de la société, et, par conséquent, comme un véritable fléau. Oui, le Spiritisme est fort, plus fort que vous, parce qu'il s'appuie sur les bases mêmes de la religion : Dieu, l'âme, les peines et les récompenses futures basées sur le bien et le mal qu'on a fait ; vous, vous vous appuyez sur l'incrédulité ; il convie les hommes au bonheur, à l'espérance, à la véritable fraternité ; vous, vous leur offrez le nÉant pour perspective et l'ÉgoÏsme pour consolation ; il explique tout, vous n'expliquez rien ; il prouve par les faits, et vous ne prouvez rien ; comment voulez-vous qu'on balance entre les deux Doctrines ?
En résumé nous constatons, et chacun le voit et le sent comme nous, que le Spiritisme a fait un pas immense pendant l'année qui vient de s'écouler, et ce pas est le gage de celui qu'il ne peut manquer de faire pendant l'année qui commence ; non seulement le nombre de ses partisans s'est considérablement accru, mais il s'est opéré un changement notable dans l'opinion générale, même parmi les indifférents ; on se dit qu'au fond de tout cela il pourrait bien y avoir quelque chose ; qu'il ne faut pas se hâter de juger ; ceux qui, à ce nom, haussaient les épaules, commencent à craindre le ridicule pour eux-mêmes, en attachant leur nom à un jugement précipité qui peut recevoir un démenti ; ils préfèrent donc se taire et attendre. Il y aura sans doute longtemps encore des gens qui, n'ayant rien à perdre dans l'opinion de la postérité, chercheront à le dénigrer, les uns par caractère ou par état, d'autres par calcul ; mais on se familiarise avec l'idée d'aller à Charenton depuis qu'on se voit en si bonne compagnie, et cette mauvaise plaisanterie devient, comme tant d'autres, un lieu commun dont on ne s'émeut plus du tout, parce qu'au fond de ces attaques on voit un vide absolu de raisonnement. L'arme du ridicule, cette arme qu'on dit si terrible, s'émousse évidemment, et tombe des mains de ceux mêmes qui la tenaient ; a-t-elle donc perdu sa puissance ? Non, mais c'est à la condition de ne pas porter ses coups à faux. Le ridicule ne tue que ce qui est ridicule en soi et n'a du sérieux que l'apparence, car il fustige l'hypocrite et lui arrache son masque ; mais ce qui est véritablement sérieux ne peut en recevoir que des atteintes passagères et sort toujours triomphant de la lutte. Voyez si une seule des grandes idées qui ont été bafouées à leur origine par la tourbe ignorante et jalouse est tombée pour ne plus se relever ! Or, le Spiritisme est une des plus grandes idées, parce qu'il touche à la question la plus vitale, celle du bonheur de l'homme, et l'on ne joue pas impunément avec une pareille question ; il est fort, parce qu'il a ses racines dans les lois mêmes de la nature, et il répond à ses ennemis en faisant dès son début le tour du monde. Encore quelques années, et ses détracteurs, impuissants à le combattre par le raisonnement, se trouveront tellement débordés par l'opinion, tellement isolés, que force sera pour eux ou de se taire, ou d'ouvrir les yeux à la lumière.
Au reste, vous tous qui combattez le Spiritisme, le comprenez-vous ? l'avez-vous étudié, scruté dans ses détails, mûrement pesé dans toutes ses conséquences ? Non, mille fois non. Vous parlez d'une chose que vous ne connaissez pas ; toutes vos critiques, je ne parle pas des sottes, plates et grossières diatribes, dénuées de tout raisonnement et qui n'ont aucune valeur, je parle de celles qui ont au moins l'apparence du sérieux ; toutes vos critiques, dis-je, accusent la plus complète ignorance de la chose.
Pour critiquer, il faut pouvoir opposer un raisonnement à un raisonnement, une preuve à une preuve ; cela est-il possible sans la connaissance approfondie du sujet que l'on traite ? Que penseriez-vous de celui qui prétendrait critiquer un tableau sans posséder, au moins en théorie, les règles du dessin et de la peinture ; discuter le mérite d'un opéra sans savoir la musique ? Savez-vous quelle est la conséquence d'une critique ignorante ? C'est d'être ridicule et d'accuser un défaut de jugement. Plus la position du critique est élevée, plus il est en évidence, plus son intérêt lui commande de circonspection pour ne pas s'exposer à recevoir des démentis, toujours faciles à donner à quiconque parle de ce qu'il ne connaît pas. C'est pourquoi les attaques contre le Spiritisme ont si peu de portée, et favorisent son développement au lieu de l'arrêter. Ces attaques sont de la propagande ; elles provoquent l'examen, et l'examen ne peut que nous être favorable, parce que nous nous adressons à la raison. Il n'est pas un des articles publiés contre cette doctrine qui ne nous ait valu un surcroît d'abonnés et qui n'ait fait vendre des ouvrages. Celui de M. Oscar Comettant (voir le Siècle du 27 octobre dernier, et notre réponse dans la Revue du mois de décembre 1859) a fait vendre en quelques jours, à M. Ledoyen, plus de cinquante exemplaires de la fameuse sonate de Mozart (qui se vend 2 fr., prix net, selon l'importante et spirituelle remarque de M. Comettant). Les articles de l'Univers des 13 avril et 28 mai 1859 (voir notre réponse dans les numéros de la Revue de mai et de juillet 1859) ont fait épuiser promptement ce qui restait de la première édition du Livre des Esprits, et ainsi des autres. Mais revenons à des choses moins matérielles. Tant qu'on n'opposera au Spiritisme que des arguments de cette nature, il n'aura rien à craindre.
Nous répétons que la source principale du progrès des idées Spirites est dans la satisfaction qu'elles procurent à tous ceux qui les approfondissent, et qui y voient autre chose qu'un futile passe-temps ; or, comme on veut son bonheur avant tout, il n'est pas étonnant qu'on s'attache à une idée qui rend heureux. Nous avons dit quelque part qu'en fait de Spiritisme la période de curiosité est passée, et que celle du raisonnement et de la philosophie lui a succédé. La curiosité n'a qu'un temps : une fois satisfaite, on en quitte l'objet pour passer à un autre ; il n'en est pas de même de ce qui s'adresse à la pensée sérieuse et au jugement. Le Spiritisme a surtout progressé depuis qu'il est mieux compris dans son essence intime, depuis qu'on en voit la portée, parce qu'il touche à la corde la plus sensible de l'homme : celle de son bonheur, même de ce monde ; là est la cause de sa propagation, le secret de la force qui le fera triompher. Vous tous qui l'attaquez, voulez-vous donc un moyen certain de le combattre avec succès ? Je vais vous l'indiquer. Remplacez-le par quelque chose de mieux ; trouvez une solution plus logique à toutes les questions qu'il résout ; donnez à l'homme une autre certitude qui le rende plus heureux, et comprenez bien la portée de ce mot certitude, car l'homme n'accepte comme certain que ce qui lui paraît logique ; ne vous contentez pas de dire que cela n'est pas, c'est trop facile ; prouvez, non par une négation, mais par des faits, que cela n'est pas, n'a jamais été et ne peut pas Être ; prouvez enfin que les conséquences du Spiritisme ne sont pas de rendre les hommes meilleurs par la pratique de la plus pure morale évangélique, morale qu'on loue beaucoup, mais qu'on pratique si peu. Quand vous aurez fait cela, je serai le premier à m'incliner devant vous. Jusque-là, permettez-moi de regarder vos doctrines, qui sont la négation de tout avenir, comme la source de l'égoïsme, ver rongeur de la société, et, par conséquent, comme un véritable fléau. Oui, le Spiritisme est fort, plus fort que vous, parce qu'il s'appuie sur les bases mêmes de la religion : Dieu, l'âme, les peines et les récompenses futures basées sur le bien et le mal qu'on a fait ; vous, vous vous appuyez sur l'incrédulité ; il convie les hommes au bonheur, à l'espérance, à la véritable fraternité ; vous, vous leur offrez le nÉant pour perspective et l'ÉgoÏsme pour consolation ; il explique tout, vous n'expliquez rien ; il prouve par les faits, et vous ne prouvez rien ; comment voulez-vous qu'on balance entre les deux Doctrines ?
En résumé nous constatons, et chacun le voit et le sent comme nous, que le Spiritisme a fait un pas immense pendant l'année qui vient de s'écouler, et ce pas est le gage de celui qu'il ne peut manquer de faire pendant l'année qui commence ; non seulement le nombre de ses partisans s'est considérablement accru, mais il s'est opéré un changement notable dans l'opinion générale, même parmi les indifférents ; on se dit qu'au fond de tout cela il pourrait bien y avoir quelque chose ; qu'il ne faut pas se hâter de juger ; ceux qui, à ce nom, haussaient les épaules, commencent à craindre le ridicule pour eux-mêmes, en attachant leur nom à un jugement précipité qui peut recevoir un démenti ; ils préfèrent donc se taire et attendre. Il y aura sans doute longtemps encore des gens qui, n'ayant rien à perdre dans l'opinion de la postérité, chercheront à le dénigrer, les uns par caractère ou par état, d'autres par calcul ; mais on se familiarise avec l'idée d'aller à Charenton depuis qu'on se voit en si bonne compagnie, et cette mauvaise plaisanterie devient, comme tant d'autres, un lieu commun dont on ne s'émeut plus du tout, parce qu'au fond de ces attaques on voit un vide absolu de raisonnement. L'arme du ridicule, cette arme qu'on dit si terrible, s'émousse évidemment, et tombe des mains de ceux mêmes qui la tenaient ; a-t-elle donc perdu sa puissance ? Non, mais c'est à la condition de ne pas porter ses coups à faux. Le ridicule ne tue que ce qui est ridicule en soi et n'a du sérieux que l'apparence, car il fustige l'hypocrite et lui arrache son masque ; mais ce qui est véritablement sérieux ne peut en recevoir que des atteintes passagères et sort toujours triomphant de la lutte. Voyez si une seule des grandes idées qui ont été bafouées à leur origine par la tourbe ignorante et jalouse est tombée pour ne plus se relever ! Or, le Spiritisme est une des plus grandes idées, parce qu'il touche à la question la plus vitale, celle du bonheur de l'homme, et l'on ne joue pas impunément avec une pareille question ; il est fort, parce qu'il a ses racines dans les lois mêmes de la nature, et il répond à ses ennemis en faisant dès son début le tour du monde. Encore quelques années, et ses détracteurs, impuissants à le combattre par le raisonnement, se trouveront tellement débordés par l'opinion, tellement isolés, que force sera pour eux ou de se taire, ou d'ouvrir les yeux à la lumière.
Le magnétisme devant l'académie
Le Magnétisme, mis à la porte, est entré par la fenêtre à la faveur d'un déguisement et d'un autre nom ; au lieu de dire : Je suis le magnétisme, ce qui probablement ne lui eût pas valu un accueil favorable, il a dit : Je m'appelle hypnotisme (du grec upnos, sommeil). Grâce à ce mot de passe, il est arrivé, toutefois après vingt ans de patience ; mais il n'a pas perdu pour attendre, puisqu'il a su se faire introduire par une des plus grandes illustrations. Il s'est bien donné de garde de se présenter avec son cortège de passes, de somnambulisme, de vue à distance, d'extases, qui l'auraient trahi ; il a dit simplement : Vous êtes bons et humains, votre cœur saigne de voir souffrir vos malades ; vous cherchez un moyen d'endormir la douleur du patient que taille votre scalpel ; celui que vous employez est parfois très dangereux, je vous en apporte un plus simple et qui, dans tous les cas, est sans inconvénients. Il était bien sûr d'être écouté en parlant au nom de l'humanité ; et il ajoute, le rusé : Je suis de la famille, puisque c'est un des vôtres à qui je dois le jour. Il pense, non sans quelque raison, que cette origine ne peut lui nuire.
Si nous vivions au temps de la brillante et poétique Grèce, nous dirions : Le Magnétisme, enfant de la nature et d'un simple mortel, fut proscrit de l'Olympe, parce qu'il avait attenté aux privilèges d'Esculape, et marché sur ses brisées, en se flattant de pouvoir guérir sans son concours. Il erra longtemps sur la terre, où il enseigna aux hommes l'art de guérir par des moyens nouveaux ; il dévoila an vulgaire une foule de merveilles qui, jusqu'alors, avaient été tenues mystérieusement cachées dans les temples ; mais ceux dont il avait révélé les secrets et démasqué la fourberie le pourchassèrent à coups de pierres, de telle sorte qu'il était à la fois banni par les dieux et maltraité par les hommes ; mais il n'en continua pas moins à répandre ses bienfaits en soulageant l'humanité, certain qu'un jour son innocence serait reconnue, et que justice lui serait rendue. Il eut un fils dont il cacha soigneusement la naissance, de peur de lui attirer des persécutions ; il l'appela Hypnotisme. Ce fils partagea longtemps son exil, et pendant ce temps il l'instruisait. Quand il le crut assez formé, il lui dit : Va te présenter à l'Olympe ; garde-toi surtout de dire que tu es mon fils ; ton nom et un déguisement t'en faciliteront l'accès ; Esculape t'introduira. - Comment ! mon père ; Esculape ! votre ennemi le plus acharné ! lui qui vous a proscrit ! - Lui-même te tendra la main. - Mais, s'il me reconnaît, il me chassera. - Eh bien ! s'il te chasse, tu reviendras auprès de moi, et nous continuerons notre œuvre bienfaisante parmi les hommes, en attendant des temps meilleurs. Mais sois tranquille, j'ai bon espoir. Esculape n'est pas méchant ; il veut avant tout le progrès de la science, autrement il ne serait pas digne d'être le dieu de la médecine. J'ai, d'ailleurs, peut-être bien eu quelques torts envers lui ; blessé de me voir dénigrer, je me suis emporté, je l'ai attaqué sans ménagement ; je lui ai prodigué des injures, je l'ai bafoué, vilipendé, traité d'ignorant ; or, c'est là un mauvais moyen de ramener les hommes et les dieux, et son amour-propre froissé a pu s'irriter un instant contre moi. Ne fais pas comme moi, mon fils ; sois plus prudent, et surtout plus poli ; si les autres ne le sont pas avec toi, le tort sera pour eux et la raison pour toi. Va, mon fils, et souviens-toi qu'on ne prend pas des mouches avec du vinaigre. - Ainsi parla le père. Hypnotisme marcha timidement vers l'Olympe ; le cœur lui battait fort quand il se présenta sur le seuil de la porte sacrée ; mais, ô surprise ! Esculape lui-même lui tend la main et l'introduit.
Voilà donc le Magnétisme dans la place ; que va-t-il faire ? Oh ! ne croyez pas la victoire définitive ; nous n'en sommes pas même encore aux préliminaires de la paix. C'est une première barrière renversée, voilà tout ; ce pas est important, sans doute, mais n'allez pas croire que ses ennemis vont s'avouer vaincus ; Esculape lui-même, le grand Esculape, qui l'a reconnu à son air de famille, embrasserait hautement sa défense, qu'ils seraient capables de l'envoyer à Charenton. Ils vont dire que c'est… quelque chose… ; mais qu'assurément ce n'est pas du Magnétisme. Soit ; ne chicanons pas sur les mots ; ce sera tout ce qu'ils voudront ; mais, en attendant, c'est un fait qui aura des conséquences ; or, voici ces conséquences. On va d'abord s'en occuper au seul point de vue anesthétique (du grec aisthésis, sensibilité, et a privatif ; privation générale ou partielle de la faculté de sentir), et cela par suite de la prédominance des idées matérialistes, car il y a encore tant de gens qui tiennent, par modestie sans doute, à se réduire au rôle de tournebroche, qui, lorsqu'il est disloqué, est jeté à la ferraille sans qu'il en reste vestige ! On va donc expérimenter ce fait de toutes les manières, ne serait-ce que par simple curiosité ; on va étudier l'action des différentes substances pour produire le phénomène de la catalepsie ; puis un beau jour on reconnaîtra qu'il suffit de poser le doigt. Mais ce n'est pas tout ; en observant le phénomène de la catalepsie, il s'en présentera d'autres spontanément ; déjà on a remarqué la liberté de la pensée pendant la suspension des facultés organiques ; la pensée est donc indépendante des organes ; il y a donc en l'homme autre chose que la matière ; on verra des facultés étranges se manifester : la vue acquérir une amplitude insolite, franchir les limites des sens ; toutes les perceptions déplacées ; en un mot, c'est un vaste champ pour l'observation, et les observateurs ne manqueront pas ; le sanctuaire est ouvert, espérons qu'il en jaillira la lumière, à moins que le céleste aréopage n'en laisse l'honneur à d'autres qu'à lui.
Nos lecteurs nous sauront gré de rapporter le remarquable article que M. Victor Meunier, rédacteur de l'Ami des Sciences, a publié sur cet intéressant sujet, dans la Revue scientifique hebdomadaire du Siècle du 16 décembre 1859.
« Le magnétisme animal, conduit à l'Académie par M. Broca, présenté à l'illustre compagnie par M. Velpeau, expérimenté par MM. Follin, Verneuil, Faure, Trousseau, Denonvilliers, Nélaton, Azam, Ch. Robin, etc., tous chirurgiens des hôpitaux, c'est la grande nouvelle du jour.
Les découvertes, comme les livres ont leur destin. Celle dont il va être question n'est point nouvelle. Elle date d'une vingtaine d'années, et ni en Angleterre où elle est née, ni en France où pour le moment on ne s'occupe plus d'autre chose, la publicité ne lui a manqué. Un médecin écossais, M. le docteur Braid, l'a découverte et lui a consacré tout un livre (Neurypnology or the rationale of nervous sleep, considered in relation with animal magnetism) ; un célèbre médecin anglais, M. le docteur Carpenter, a longuement analysé la découverte de M. Braid dans l'article sleep (sommeil) de l'Encyclopédie d'anatomie et de physiologie de Tood (Cyclopedia of anatomy and physiology) ; un illustre savant français, M. Littré, a reproduit l'analyse du docteur Carpenter dans la seconde édition du Manuel de physiologie de J. Mueller ; enfin, nous avons nous-même consacré un de nos feuilletons de la Presse (7 juillet 1852) à l'hypnotisme (c'est le nom donné par M. Braid à l'ensemble de faits dont il s'agit). La plus récente des publications relatives à ce sujet date donc de sept années, et c'est quand on pouvait le croire oublié, qu'il acquiert cet immense retentissement.
Il y a dans l'hypnotisme deux choses : un ensemble de phénomènes nerveux, et le procédé au moyen duquel on les produit.
Ce procédé, employé anciennement, si je ne me trompe, par l'abbé Faria, est d'une grande simplicité.
Il consiste à tenir un objet brillant devant les yeux de la personne sur laquelle on expérimente, à une petite distance en avant de la racine du nez, de sorte qu'elle ne puisse le regarder sans loucher en dedans ; elle doit fixer les yeux sur lui. Ses pupilles se contractent d'abord, se dilatent fortement ensuite, et en peu d'instants l'état cataleptique est produit. Soulevez les membres du sujet, ils gardent la position que vous leur donnez. Ce n'est qu'un des phénomènes produits, nous parlerons tout à l'heure des autres.
M. Azam, professeur suppléant de clinique chirurgicale à l'Ecole de Médecine de Bordeaux, ayant répété avec succès les expériences de M. Braid, en entretint M. Paul Broca, qui pensa que les personnes hypnotisées seraient peut-être insensibles à la douleur des opérations chirurgicales. La lettre qu'il vient d'adresser à l'Académie des sciences est le résumé de ses expériences à ce sujet.
Avant tout, il devait s'assurer de la réalité de l'hypnotisme ; il y parvint sans difficulté.
Rendant visite à une dame âgée de quarante ans, quelque peu hystérique, et qui gardait le lit pour une légère indisposition, M. Broca feint de vouloir examiner les yeux de la malade, et la prie de regarder fixement un petit flacon doré, qu'il tient devant elle à 15 centimètres environ en avant de la racine du nez. Au bout de trois minutes, les yeux sont un peu rouges, les traits immobiles, les réponses lentes et difficiles, mais parfaitement raisonnables. M. Broca lève le bras de la malade, le bras reste dans l'attitude où on l'a mis : il donne aux doigts les situations les plus extrêmes, les doigts les conservent ; il pince la peau en plusieurs endroits avec une certaine force, la patiente ne paraît pas s'en apercevoir. Catalepsie, insensibilité ! M. Broca ne poussa pas plus loin l'expérience ; elle lui avait appris ce qu'il voulait savoir. Une friction sur les yeux, une insufflation d'air froid sur le front ramenèrent la malade à l'état normal. Elle n'avait aucun souvenir de ce qui venait de se passer.
Restait à savoir si l'insensibilité hypnotique résisterait à l'épreuve des opérations chirurgicales.
Parmi les hôtes de l'hôpital Necker, dans le service de M. Follin, était une pauvre jeune femme de 24 ans, atteinte d'une vaste brûlure du dos et des deux membres droits, et d'un énorme abcès extrêmement douloureux. Les moindres mouvements étaient pour elle un supplice ; épuisée par la souffrance, et d'ailleurs très pusillanime, cette malheureuse ne pensait qu'avec terreur à l'opération devenue nécessaire. C'est sur elle que, d'accord avec M. Follin, M. Broca résolut de compléter l'épreuve de l'hypnotisme.
On la plaça sur un lit, en face d'une fenêtre, la prévenant qu'on allait l'endormir. Au bout de deux minutes ses pupilles se dilatent, on lève son bras gauche presque verticalement au-dessus du lit, il reste immobile. Vers la quatrième minute, ses réponses sont lentes et presque pénibles, mais parfaitement sensées. Cinquième minute : M. Follin pique la peau du bras gauche, la malade ne bouge pas ; nouvelle piqûre plus profonde, qui amène le sang, même impassibilité. On élève le bras droit, qui reste levé. Alors les couvertures sont soulevées et les membres inférieurs écartés pour mettre à découvert le siège de l'abcès. La malade se laisse faire, et dit avec tranquillité qu'on va sans doute lui faire du mal. L'abcès est ouvert, elle pousse un faible cri ; c'est le seul signe de réaction qu'elle donne ; il a duré moins d'une seconde. Pas le moindre frémissement dans les muscles de la face ou des membres, pas un tressaillement dans les deux bras, toujours élevés verticalement au-dessus du lit. Les yeux un peu injectés restent largement ouverts ; le visage a l'immobilité d'un masque…
Le talon gauche soulevé reste suspendu. On enlève le corps brillant (une lorgnette) ; la catalepsie persiste ; pour la troisième fois on pique le bras gauche, le sang perle, l'opérée ne sent rien. Il y a 13 minutes que ce bras garde la situation qu'on lui a donnée.
Enfin, une friction sur les yeux, une insufflation d'air froid réveillent la jeune femme presque subitement ; ses bras et la jambe gauche relâchés à la fois retombent tout à coup sur le lit. Elle se frotte les yeux, reprend connaissance, ne se souvient de rien, et s'étonne qu'on l'a opérée. L'expérience avait duré 18 à 20 minutes ; la période d'anesthésie, 12 à 15.
Tels sont en abrégé les faits essentiels communiqués par M. Broca à l'Académie des sciences. Ils ne sont déjà plus isolés. Un grand nombre des chirurgiens de nos hôpitaux ont tenu à honneur de les répéter, et l'ont fait avec succès. Le but de M. Broca et de ses honorables collègues était et devait être chirurgical. Espérons que l'hypnotisme aura, comme moyen de provoquer l'insensibilité, tous les avantages des agents anesthésiques sans en avoir les inconvénients ; mais la médecine n'est pas de notre domaine, et, pour ne point sortir de ses attributions, notre Revue ne doit considérer le fait que sous le rapport physiologique.
Après avoir reconnu la véracité de M. Braid sur le point essentiel, on tiendra sans doute à vérifier tout ce qu'il rapporte de cet état singulier, auquel il donne le nom d'hypnotisme. Les phénomènes qu'il lui attribue peuvent être classés de la manière suivante :
Exaltation de la sensibilité. - L'odorat est porté à un degré d'acuité qui égale au moins ce qu'on observe chez les animaux ayant le meilleur nez. L'ouïe devient également très perçante. Le toucher acquiert surtout, par rapport à la température, une délicatesse incroyable.
Sentiments suggérés. - Mettez le visage, le corps ou les membres du sujet dans l'attitude qui convient à l'expression d'un sentiment particulier, aussitôt l'état mental correspondant est éveillé. Ainsi, la main de l'hypnotisé étant placée sur le sommet de sa tête, il se redresse spontanément de toute sa hauteur, rejette le haut du corps en arrière ; sa contenance est celle de l'orgueil le plus vif. En ce moment, courbez sa tête en avant, fléchissez doucement le corps et les membres, et l'orgueil fait place à la plus profonde humilité. Ecartez doucement les coins de sa bouche, comme dans le rire, une disposition gaie est aussitôt produite ; la mauvaise humeur en prend immédiatement la place si l'on tire les sourcils l'un vers l'autre et en bas.
Idées provoquées. - Levez la main du sujet au-dessus de sa tête et fléchissez les doigts sur la paume, l'idée de grimper, de se balancer, de tirer une corde est suscitée. Si au contraire on fléchit les doigts tout en laissant pendre les bras, l'idée qu'on provoque est celle de lever un poids. Si les doigts sont fléchis, le bras étant porté en avant comme pour donner un coup, c'est l'idée de boxer qui surgit. (La scène se passe à Londres.)
Accroissement de la force musculaire. - Veut-on susciter une force extraordinaire dans un groupe de muscles, il suffit de suggérer au sujet l'idée de l'action qui réclame cette force et de lui assurer qu'il peut l'accomplir avec la plus grande facilité s'il le veut. « Nous avons vu, dit M. Carpenter, un des sujets hypnotisés de M. Braid, remarquable par la pauvreté de son développement musculaire, soulever, à l'aide de son petit doigt seul, un poids de quatorze kilogrammes et le faire tourner autour de sa tête sur la seule assurance que ce poids était aussi léger qu'une plume. »
Nous nous bornons pour aujourd'hui à l'indication de ce programme ; la parole est aux faits, les réflexions viendront plus tard.
Si nous vivions au temps de la brillante et poétique Grèce, nous dirions : Le Magnétisme, enfant de la nature et d'un simple mortel, fut proscrit de l'Olympe, parce qu'il avait attenté aux privilèges d'Esculape, et marché sur ses brisées, en se flattant de pouvoir guérir sans son concours. Il erra longtemps sur la terre, où il enseigna aux hommes l'art de guérir par des moyens nouveaux ; il dévoila an vulgaire une foule de merveilles qui, jusqu'alors, avaient été tenues mystérieusement cachées dans les temples ; mais ceux dont il avait révélé les secrets et démasqué la fourberie le pourchassèrent à coups de pierres, de telle sorte qu'il était à la fois banni par les dieux et maltraité par les hommes ; mais il n'en continua pas moins à répandre ses bienfaits en soulageant l'humanité, certain qu'un jour son innocence serait reconnue, et que justice lui serait rendue. Il eut un fils dont il cacha soigneusement la naissance, de peur de lui attirer des persécutions ; il l'appela Hypnotisme. Ce fils partagea longtemps son exil, et pendant ce temps il l'instruisait. Quand il le crut assez formé, il lui dit : Va te présenter à l'Olympe ; garde-toi surtout de dire que tu es mon fils ; ton nom et un déguisement t'en faciliteront l'accès ; Esculape t'introduira. - Comment ! mon père ; Esculape ! votre ennemi le plus acharné ! lui qui vous a proscrit ! - Lui-même te tendra la main. - Mais, s'il me reconnaît, il me chassera. - Eh bien ! s'il te chasse, tu reviendras auprès de moi, et nous continuerons notre œuvre bienfaisante parmi les hommes, en attendant des temps meilleurs. Mais sois tranquille, j'ai bon espoir. Esculape n'est pas méchant ; il veut avant tout le progrès de la science, autrement il ne serait pas digne d'être le dieu de la médecine. J'ai, d'ailleurs, peut-être bien eu quelques torts envers lui ; blessé de me voir dénigrer, je me suis emporté, je l'ai attaqué sans ménagement ; je lui ai prodigué des injures, je l'ai bafoué, vilipendé, traité d'ignorant ; or, c'est là un mauvais moyen de ramener les hommes et les dieux, et son amour-propre froissé a pu s'irriter un instant contre moi. Ne fais pas comme moi, mon fils ; sois plus prudent, et surtout plus poli ; si les autres ne le sont pas avec toi, le tort sera pour eux et la raison pour toi. Va, mon fils, et souviens-toi qu'on ne prend pas des mouches avec du vinaigre. - Ainsi parla le père. Hypnotisme marcha timidement vers l'Olympe ; le cœur lui battait fort quand il se présenta sur le seuil de la porte sacrée ; mais, ô surprise ! Esculape lui-même lui tend la main et l'introduit.
Voilà donc le Magnétisme dans la place ; que va-t-il faire ? Oh ! ne croyez pas la victoire définitive ; nous n'en sommes pas même encore aux préliminaires de la paix. C'est une première barrière renversée, voilà tout ; ce pas est important, sans doute, mais n'allez pas croire que ses ennemis vont s'avouer vaincus ; Esculape lui-même, le grand Esculape, qui l'a reconnu à son air de famille, embrasserait hautement sa défense, qu'ils seraient capables de l'envoyer à Charenton. Ils vont dire que c'est… quelque chose… ; mais qu'assurément ce n'est pas du Magnétisme. Soit ; ne chicanons pas sur les mots ; ce sera tout ce qu'ils voudront ; mais, en attendant, c'est un fait qui aura des conséquences ; or, voici ces conséquences. On va d'abord s'en occuper au seul point de vue anesthétique (du grec aisthésis, sensibilité, et a privatif ; privation générale ou partielle de la faculté de sentir), et cela par suite de la prédominance des idées matérialistes, car il y a encore tant de gens qui tiennent, par modestie sans doute, à se réduire au rôle de tournebroche, qui, lorsqu'il est disloqué, est jeté à la ferraille sans qu'il en reste vestige ! On va donc expérimenter ce fait de toutes les manières, ne serait-ce que par simple curiosité ; on va étudier l'action des différentes substances pour produire le phénomène de la catalepsie ; puis un beau jour on reconnaîtra qu'il suffit de poser le doigt. Mais ce n'est pas tout ; en observant le phénomène de la catalepsie, il s'en présentera d'autres spontanément ; déjà on a remarqué la liberté de la pensée pendant la suspension des facultés organiques ; la pensée est donc indépendante des organes ; il y a donc en l'homme autre chose que la matière ; on verra des facultés étranges se manifester : la vue acquérir une amplitude insolite, franchir les limites des sens ; toutes les perceptions déplacées ; en un mot, c'est un vaste champ pour l'observation, et les observateurs ne manqueront pas ; le sanctuaire est ouvert, espérons qu'il en jaillira la lumière, à moins que le céleste aréopage n'en laisse l'honneur à d'autres qu'à lui.
Nos lecteurs nous sauront gré de rapporter le remarquable article que M. Victor Meunier, rédacteur de l'Ami des Sciences, a publié sur cet intéressant sujet, dans la Revue scientifique hebdomadaire du Siècle du 16 décembre 1859.
« Le magnétisme animal, conduit à l'Académie par M. Broca, présenté à l'illustre compagnie par M. Velpeau, expérimenté par MM. Follin, Verneuil, Faure, Trousseau, Denonvilliers, Nélaton, Azam, Ch. Robin, etc., tous chirurgiens des hôpitaux, c'est la grande nouvelle du jour.
Les découvertes, comme les livres ont leur destin. Celle dont il va être question n'est point nouvelle. Elle date d'une vingtaine d'années, et ni en Angleterre où elle est née, ni en France où pour le moment on ne s'occupe plus d'autre chose, la publicité ne lui a manqué. Un médecin écossais, M. le docteur Braid, l'a découverte et lui a consacré tout un livre (Neurypnology or the rationale of nervous sleep, considered in relation with animal magnetism) ; un célèbre médecin anglais, M. le docteur Carpenter, a longuement analysé la découverte de M. Braid dans l'article sleep (sommeil) de l'Encyclopédie d'anatomie et de physiologie de Tood (Cyclopedia of anatomy and physiology) ; un illustre savant français, M. Littré, a reproduit l'analyse du docteur Carpenter dans la seconde édition du Manuel de physiologie de J. Mueller ; enfin, nous avons nous-même consacré un de nos feuilletons de la Presse (7 juillet 1852) à l'hypnotisme (c'est le nom donné par M. Braid à l'ensemble de faits dont il s'agit). La plus récente des publications relatives à ce sujet date donc de sept années, et c'est quand on pouvait le croire oublié, qu'il acquiert cet immense retentissement.
Il y a dans l'hypnotisme deux choses : un ensemble de phénomènes nerveux, et le procédé au moyen duquel on les produit.
Ce procédé, employé anciennement, si je ne me trompe, par l'abbé Faria, est d'une grande simplicité.
Il consiste à tenir un objet brillant devant les yeux de la personne sur laquelle on expérimente, à une petite distance en avant de la racine du nez, de sorte qu'elle ne puisse le regarder sans loucher en dedans ; elle doit fixer les yeux sur lui. Ses pupilles se contractent d'abord, se dilatent fortement ensuite, et en peu d'instants l'état cataleptique est produit. Soulevez les membres du sujet, ils gardent la position que vous leur donnez. Ce n'est qu'un des phénomènes produits, nous parlerons tout à l'heure des autres.
M. Azam, professeur suppléant de clinique chirurgicale à l'Ecole de Médecine de Bordeaux, ayant répété avec succès les expériences de M. Braid, en entretint M. Paul Broca, qui pensa que les personnes hypnotisées seraient peut-être insensibles à la douleur des opérations chirurgicales. La lettre qu'il vient d'adresser à l'Académie des sciences est le résumé de ses expériences à ce sujet.
Avant tout, il devait s'assurer de la réalité de l'hypnotisme ; il y parvint sans difficulté.
Rendant visite à une dame âgée de quarante ans, quelque peu hystérique, et qui gardait le lit pour une légère indisposition, M. Broca feint de vouloir examiner les yeux de la malade, et la prie de regarder fixement un petit flacon doré, qu'il tient devant elle à 15 centimètres environ en avant de la racine du nez. Au bout de trois minutes, les yeux sont un peu rouges, les traits immobiles, les réponses lentes et difficiles, mais parfaitement raisonnables. M. Broca lève le bras de la malade, le bras reste dans l'attitude où on l'a mis : il donne aux doigts les situations les plus extrêmes, les doigts les conservent ; il pince la peau en plusieurs endroits avec une certaine force, la patiente ne paraît pas s'en apercevoir. Catalepsie, insensibilité ! M. Broca ne poussa pas plus loin l'expérience ; elle lui avait appris ce qu'il voulait savoir. Une friction sur les yeux, une insufflation d'air froid sur le front ramenèrent la malade à l'état normal. Elle n'avait aucun souvenir de ce qui venait de se passer.
Restait à savoir si l'insensibilité hypnotique résisterait à l'épreuve des opérations chirurgicales.
Parmi les hôtes de l'hôpital Necker, dans le service de M. Follin, était une pauvre jeune femme de 24 ans, atteinte d'une vaste brûlure du dos et des deux membres droits, et d'un énorme abcès extrêmement douloureux. Les moindres mouvements étaient pour elle un supplice ; épuisée par la souffrance, et d'ailleurs très pusillanime, cette malheureuse ne pensait qu'avec terreur à l'opération devenue nécessaire. C'est sur elle que, d'accord avec M. Follin, M. Broca résolut de compléter l'épreuve de l'hypnotisme.
On la plaça sur un lit, en face d'une fenêtre, la prévenant qu'on allait l'endormir. Au bout de deux minutes ses pupilles se dilatent, on lève son bras gauche presque verticalement au-dessus du lit, il reste immobile. Vers la quatrième minute, ses réponses sont lentes et presque pénibles, mais parfaitement sensées. Cinquième minute : M. Follin pique la peau du bras gauche, la malade ne bouge pas ; nouvelle piqûre plus profonde, qui amène le sang, même impassibilité. On élève le bras droit, qui reste levé. Alors les couvertures sont soulevées et les membres inférieurs écartés pour mettre à découvert le siège de l'abcès. La malade se laisse faire, et dit avec tranquillité qu'on va sans doute lui faire du mal. L'abcès est ouvert, elle pousse un faible cri ; c'est le seul signe de réaction qu'elle donne ; il a duré moins d'une seconde. Pas le moindre frémissement dans les muscles de la face ou des membres, pas un tressaillement dans les deux bras, toujours élevés verticalement au-dessus du lit. Les yeux un peu injectés restent largement ouverts ; le visage a l'immobilité d'un masque…
Le talon gauche soulevé reste suspendu. On enlève le corps brillant (une lorgnette) ; la catalepsie persiste ; pour la troisième fois on pique le bras gauche, le sang perle, l'opérée ne sent rien. Il y a 13 minutes que ce bras garde la situation qu'on lui a donnée.
Enfin, une friction sur les yeux, une insufflation d'air froid réveillent la jeune femme presque subitement ; ses bras et la jambe gauche relâchés à la fois retombent tout à coup sur le lit. Elle se frotte les yeux, reprend connaissance, ne se souvient de rien, et s'étonne qu'on l'a opérée. L'expérience avait duré 18 à 20 minutes ; la période d'anesthésie, 12 à 15.
Tels sont en abrégé les faits essentiels communiqués par M. Broca à l'Académie des sciences. Ils ne sont déjà plus isolés. Un grand nombre des chirurgiens de nos hôpitaux ont tenu à honneur de les répéter, et l'ont fait avec succès. Le but de M. Broca et de ses honorables collègues était et devait être chirurgical. Espérons que l'hypnotisme aura, comme moyen de provoquer l'insensibilité, tous les avantages des agents anesthésiques sans en avoir les inconvénients ; mais la médecine n'est pas de notre domaine, et, pour ne point sortir de ses attributions, notre Revue ne doit considérer le fait que sous le rapport physiologique.
Après avoir reconnu la véracité de M. Braid sur le point essentiel, on tiendra sans doute à vérifier tout ce qu'il rapporte de cet état singulier, auquel il donne le nom d'hypnotisme. Les phénomènes qu'il lui attribue peuvent être classés de la manière suivante :
Exaltation de la sensibilité. - L'odorat est porté à un degré d'acuité qui égale au moins ce qu'on observe chez les animaux ayant le meilleur nez. L'ouïe devient également très perçante. Le toucher acquiert surtout, par rapport à la température, une délicatesse incroyable.
Sentiments suggérés. - Mettez le visage, le corps ou les membres du sujet dans l'attitude qui convient à l'expression d'un sentiment particulier, aussitôt l'état mental correspondant est éveillé. Ainsi, la main de l'hypnotisé étant placée sur le sommet de sa tête, il se redresse spontanément de toute sa hauteur, rejette le haut du corps en arrière ; sa contenance est celle de l'orgueil le plus vif. En ce moment, courbez sa tête en avant, fléchissez doucement le corps et les membres, et l'orgueil fait place à la plus profonde humilité. Ecartez doucement les coins de sa bouche, comme dans le rire, une disposition gaie est aussitôt produite ; la mauvaise humeur en prend immédiatement la place si l'on tire les sourcils l'un vers l'autre et en bas.
Idées provoquées. - Levez la main du sujet au-dessus de sa tête et fléchissez les doigts sur la paume, l'idée de grimper, de se balancer, de tirer une corde est suscitée. Si au contraire on fléchit les doigts tout en laissant pendre les bras, l'idée qu'on provoque est celle de lever un poids. Si les doigts sont fléchis, le bras étant porté en avant comme pour donner un coup, c'est l'idée de boxer qui surgit. (La scène se passe à Londres.)
Accroissement de la force musculaire. - Veut-on susciter une force extraordinaire dans un groupe de muscles, il suffit de suggérer au sujet l'idée de l'action qui réclame cette force et de lui assurer qu'il peut l'accomplir avec la plus grande facilité s'il le veut. « Nous avons vu, dit M. Carpenter, un des sujets hypnotisés de M. Braid, remarquable par la pauvreté de son développement musculaire, soulever, à l'aide de son petit doigt seul, un poids de quatorze kilogrammes et le faire tourner autour de sa tête sur la seule assurance que ce poids était aussi léger qu'une plume. »
Nous nous bornons pour aujourd'hui à l'indication de ce programme ; la parole est aux faits, les réflexions viendront plus tard.
L'esprit d'un côté et le corps de l'autre - Entretien avec l'esprit d'une personne vivante
Notre honorable collègue, M. Le comte de r... C... Nous a adressé la lettre suivante, à la date du 23 novembre dernier :
« Monsieur le président,
« J’ai ouï dire que des médecins, enthousiastes de leur art et désireux de contribuer aux progrès de la science en se rendant utiles à l'humanité, avaient, par testament, légué leur corps au scalpel des salles anatomiques. L'expérience à laquelle j'ai assisté de l'évocation d'une personne vivante (séance de la société du 14 octobre 1859) ne m'a pas paru assez instructive, parce qu'il s'agissait d'une chose toute personnelle : de mettre en communication un père vivant avec sa fille morte. J'ai pensé que ce que des médecins ont fait pour le corps, un membre de la société pouvait le faire pour l'âme, de son vivant, en se mettant à votre disposition pour un essai de ce genre. Vous pourriez peut-être, en préparant d'avance des questions qui, cette fois, n'auraient rien de personnel, obtenir quelques lumières nouvelles sur le fait de l'isolement de l'âme et du corps. Profitant d'une indisposition qui me retient chez moi, je viens m'offrir comme sujet d'étude, si vous l'agréez. Vendredi prochain donc, si je ne reçois contre-ordre, je me coucherai à neuf heures, et je pense qu'à neuf heures et demie vous pourrez m'appeler, etc. »
Nous avons profité de l'offre de M.Le comte de R... C... Avec d'autant plus d'empressement que, se mettant à notre disposition, nous pensions que son esprit se prêterait plus volontiers à nos recherches ; d'un autre côté, son instruction, la supériorité de son intelligence (ce qui, par parenthèse, ne l'empêche pas d'être un excellent spirite) et l'expérience qu'il a acquise dans ses voyages autour du monde comme capitaine de la marine impériale, pouvait nous faire espérer de sa part une plus saine appréciation de son état : notre attente n'a pas été trompée. Nous avons, en conséquence, eu avec lui les deux entretiens suivants, le premier, le 25 novembre, et le second, le 2 décembre 1859.
Société 25 novembre 1859
1. Evocation. - r. Je suis là.
2. Avez-vous en ce moment conscience du désir que vous m'avez exprimé d'être évoqué ? - r. Parfaitement.
3. A quelle place êtes-vous ici ? - r. Entre vous et le médium.
4. Nous voyez-vous aussi clairement que lorsque vous assistez en personne à nos séances ? - r. A peu près, mais c'est un peu voilé ; je ne dors pas encore bien.
5. Comment avez-vous conscience de votre individualité ici présente, tandis que votre corps est dans votre lit ? - r. Mon corps n'est qu'accessoire pour moi en ce moment, c'est moi qui suis ici.
Remarque. C'est moi qui suis ici est une réponse très remarquable ; pour lui, le corps n'est pas la partie essentielle de son être ; cette partie, c'est l'esprit, qui constitue son moi ; son moi et son corps sont deux choses distinctes.
6. Pouvez-vous vous transporter instantanément et à volonté d'ici chez vous et de chez vous ici ? - r. Oui.
7. En allant de chez vous ici et réciproquement, avez-vous conscience du trajet que vous faites ? Voyez-vous les objets qui sont sur votre route ? - r. Je le pourrais, mais je néglige de le faire, n'y étant pas intéressé.
8. L'état où vous êtes est-il semblable à celui d'un somnambule ? - r. Non pas entièrement ; mon corps dort, c'est-à-dire est à peu près inerte ; le somnambule ne dort pas ; ses facultés organiques sont modifiées et non annihilées.
9. L'esprit d'une personne vivante évoqué pourrait-il indiquer des remèdes comme un somnambule ? - r. S'il les connaît, ou s'il se trouve en rapport avec un esprit qui les connaisse, oui ; sinon, non.
10. Le souvenir de votre existence corporelle est-il nettement présent à votre mémoire ? - r. Très net.
11. Pourriez-vous citer quelques-unes de vos occupations les plus saillantes de la journée ? - r. Je le pourrais, mais je ne le ferai pas, et regrette d'avoir proposé cette question. (Il avait prié de lui adresser une question de ce genre comme épreuve.)
12. Est-ce comme esprit que vous regrettez d'avoir proposé cette question ? - r. Comme esprit.
13. Pourquoi le regrettez-vous ? - r. Parce que je comprends mieux combien il est juste qu'il soit la plupart du temps défendu de le faire.
14. Pourriez-vous nous faire la description de votre chambre à coucher ? - r. Certainement ; et de celle de mon concierge aussi.
15. Eh bien ! Alors soyez assez bon pour nous décrire votre chambre, ou celle de votre concierge ? - r. J'ai dit que je le pourrais, mais pouvoir n'est pas vouloir.
16. Quelle est la maladie qui vous retient chez vous ? - r. La goutte.
17. Y a-t-il un remède pour la goutte ? Si vous en connaissiez, vous seriez bien bon de l'indiquer, car ce serait rendre un grand service. - r. Je le pourrais, mais je m'en garderai bien ; le remède serait pire que le mal.
18. Pire on non, veuillez l'indiquer, sauf à ne pas s'en servir. - r. Il y en a plusieurs, entre autres le colchique.
Remarque. Eveillé, M. De R... A reconnu n'avoir jamais entendu parler de l'emploi de cette plante comme spécifique anti-goutteux.
19. Dans votre état actuel verriez-vous le danger que pourrait courir un ami, et pourriez-vous lui venir en aide ? - r. Je le pourrais ; je l'inspirerais, s'il écoutait mon inspiration, et avec encore plus de fruit s'il était médium.
20. Puisque nous vous évoquons d'après votre désir, et que vous voulez bien vous mettre à notre disposition pour nos études, veuillez nous décrire le mieux possible, et nous faire comprendre, si c'est possible, l'état où vous êtes maintenant. - r. Je suis dans l'état le plus heureux et le plus satisfaisant qu'on puisse éprouver. Avez-vous jamais fait un de ces rêves où la chaleur du lit vous fait croire que vous êtes bercé mollement dans les airs, ou dans les flots d'une onde tiède, sans nul souci de vos mouvements, sans aucune conscience de membres lourds et incommodes à mouvoir ou à entraîner, en un mot sans nul besoin à satisfaire ; ne sentant ni l'aiguillon de la faim, ni celui de la soif ? Je suis en cet état près de vous ; encore ne vous donné-je qu'une bien petite idée de ce que j'éprouve.
21. L'état actuel de votre corps éprouve-t-il une modification physiologique quelconque, par suite de l'absence de l'esprit ? - r. En aucune façon ; je suis dans l'état que vous appelez le premier sommeil ; sommeil lourd et profond que nous éprouvons tous, et pendant lequel nous nous éloignons de notre corps.
Remarque. Le sommeil, qui n'était pas complet au commencement de l'évocation, s'est établi peu à peu, par suite même du dégagement de l'esprit qui laisse le corps dans un plus grand repos.
22. Si, par suite d'un mouvement brusque, on réveillait instantanément votre corps pendant que votre esprit est ici, qu'en résulterait-il ? - r. Ce qui est brusque pour l'homme est bien lent pour l'esprit, qui a toujours le temps d'être averti.
23. Le bonheur que vous venez de nous dépeindre et dont vous jouissez dans votre état libre a-t-il quelque rapport avec les sensations agréables qu'on éprouve quelquefois dans les premiers moments de l'asphyxie ? M.S..., qui a eu la satisfaction de les éprouver (involontairement), vous adresse cette question. - r. Il n'a pas tout à fait tort ; dans la mort par asphyxie il y a un instant analogue à celui dont il parle, mais seulement l'esprit perd de sa lucidité, tandis qu'ici elle est considérablement accrue.
24. Votre esprit tient-il encore par un lien quelconque à votre corps ? - r. Oui, j'en ai parfaitement conscience.
25. A quoi pouvez-vous comparer ce lien ? - r. A rien que vous connaissiez, si ce n'est à une lueur phosphorescente, comme aspect, si vous pouviez le voir, mais qui ne produit sur moi aucune sensation.
26. La lumière vous affecte-t-elle de la même manière ; a-t-elle la même teinte que lorsque vous voyez par les yeux ? - r. Absolument, puisque mes yeux servent en quelque sorte de fenêtres à la boîte de mon cerveau.
27. Percevez-vous les sons aussi distinctement ? - r. Plus distinctement, car j'en perçois beaucoup qui vous échappent.
28. Comment transmettez-vous votre pensée au médium ? - r. J'agis sur sa main pour lui donner une direction que je facilite par une action sur le cerveau.
29. Vous servez-vous des mots du vocabulaire qu'il a dans la tête, ou lui indiquez-vous les mots qu'il doit écrire ? - r. L'un et l'autre, selon ma convenance.
29 bis. Si vous aviez pour médium quelqu'un qui ne sût pas votre langue et dont la sienne vous fût inconnue, un chinois, par exemple, comment feriez-vous pour lui dicter ? - r. Ce serait plus difficile ; et peut-être impossible ; mais dans tous les cas cela ne se pourrait qu'avec une souplesse et une docilité très rare à rencontrer.
30. L'esprit dont le corps serait mort éprouverait-il la même difficulté à se communiquer à un médium complètement étranger à la langue qu'il parlait de son vivant ? - r. Peut-être moindre, mais elle existerait toujours ; je viens de vous dire que, selon l'occurrence, l'esprit donne au médium ses expressions ou prend les siennes.
31. Votre présence ici fatigue-t-elle votre corps ? - r. Nullement.
32. Votre corps rêve-t-il ? - r. Non ; c'est en cela, justement, qu'il ne se fatigue pas ; la personne dont vous parlez éprouvait par ses organes des impressions qui se transmettaient à l'esprit ; c'est ce qui la fatiguait ; je n'éprouve rien de pareil.
Remarque. Il fait allusion à une personne dont on parlait à ce moment, et qui, dans une situation pareille, avait dit que son corps se fatiguait, et avait comparé son esprit à un ballon captif dont les secousses ébranlent le poteau qui le retient.
Le lendemain M.De r... C... Nous a dit avoir rêvé qu'il était à la société entre nous et le médium ; c'est évidemment un souvenir de l'évocation. Il est probable qu'au moment de la question il ne rêvait pas, puisqu'il a répondu négativement ; ou peut-être aussi, et cela est même plus probable, le rêve n'étant qu'un souvenir de l'activité de l'esprit, ce n'est pas en réalité le corps qui rêve, puisque le corps ne pense pas. Il a donc pu, et même dû répondre négativement, ne sachant pas si, une fois réveillé, son esprit se souviendrait. Si son corps eût rêvé, pendant que son esprit était absent, c'est que l'esprit aurait eu une double action ; or, il ne pouvait être à la fois à la société et chez lui.
33. Votre esprit est-il dans l'état où il sera quand vous serez mort ? - r. A peu de chose près ; à cela près du lien qui le rattache au corps.
34. Avez-vous conscience de vos existences précédentes ? - r. Très confusément : c'est encore là une différence que j'oubliais ; après le dégagement complet qui suit la mort, les souvenirs sont beaucoup plus précis ; actuellement ils sont plus complets que pendant la veille, mais pas assez pour pouvoir les spécifier d'une manière intelligible.
35. Si, à votre réveil on vous soumettait votre écriture, cela vous donnerait-il conscience des réponses que vous venez de faire ? - r. J'y pourrais retrouver quelques-unes de mes pensées ; mais beaucoup d'autres ne trouveraient aucun écho dans ma pensée de la veille.
36. Pourriez-vous exercer sur votre corps une influence assez grande pour vous réveiller ? - r. Non.
37. Pourriez-vous répondre à une question mentale ? - r. Oui.
38. Nous voyez-vous spirituellement ou physiquement ? - r. L'un et l'autre.
39. Pourriez-vous aller visiter le frère de votre père, qu'on a dit être dans une île de l'Océanie, et, comme marin pourriez-vous préciser la position de cette île ? - r. Je ne puis rien de tout cela.
40. Que pensez-vous maintenant de votre interminable ouvrage et de son but ? - r. Je pense que je dois le poursuivre, ainsi que le but ; c'est tout ce que je peux dire.
Remarque. Il avait désiré qu'on lui fît cette question au sujet d'un important travail qu'il a entrepris sur la marine.
41. Nous serions charmés que vous voulussiez bien adresser quelques mots à vos collègues, une sorte de petit discours. - r. Puisque j'en trouve l'occasion, j'en profite pour vous affirmer, sur ma foi dans l'avenir de l'âme, que la plus grande faute que puissent commettre les hommes est de chercher des épreuves et des preuves ; ceci est tout au plus pardonnable aux hommes qui débutent dans la connaissance du spiritisme ; ne vous a-t-on pas répété mille fois qu'il faut croire, parce qu'on comprend et qu'on aime la justice et la vérité, et que s'il était donné satisfaction à une de ces puériles demandes, ceux qui prétendent les faire pour être convaincus ne manqueraient pas d'en faire de nouvelles le lendemain, et qu'infailliblement vous gaspilleriez un temps précieux à faire dire la bonne aventure aux esprits ? Je le comprends maintenant beaucoup mieux que dans mon réveil, et je puis vous donner le sage conseil, quand vous voudrez obtenir de ces résultats, de vous adresser à des esprits frappeurs et à des tables parlantes qui, n'ayant rien de mieux à dire, peuvent s'occuper de ces sortes de manifestations. Pardonnez-moi la leçon, mais j'en ai besoin comme d'autres, et ne suis pas fâché de me la donner à moi-même.
Deuxième entretien, 2 décembre 1859
42. Evocation. - r. Je suis là.
43. Dormez-vous bien ? - r. Pas trop ; mais cela va venir.
44. Dans le cas particulier où vous êtes, jugez-vous qu'il soit utile de faire l'évocation au nom de dieu, comme pour l'esprit d'un mort ? - r. Pourquoi donc pas ? Croyez-vous que, de ce que je ne suis pas mort, dieu me soit indifférent ?
45. Si, au moment où vous êtes ici, votre corps éprouvait une piqûre, non assez forte pour vous éveiller, mais suffisante pour vous faire tressaillir, votre esprit la ressentirait-il ? - r. Mon corps ne la sentirait pas.
46. Votre esprit en aurait-il conscience ? - r. Pas la moindre ; mais notez bien que vous me parlez d'une sensation légère, et sans aucune portée, comme importance, vis-à-vis du corps ou de l'esprit.
47. A propos de la lumière, vous avez dit qu'elle vous paraissait comme à l'état de veille, attendu que vos yeux sont comme les fenêtre par où elle arrive à votre cerveau. Nous concevons cela pour la lumière perçue par votre corps ; mais en ce moment ce n'est pas votre corps qui voit. Voyez-vous encore par un point circonscrit ou par tout votre être ? - r. C'est fort difficile à vous faire comprendre ; l'esprit perçoit ses sensations sans l'intermédiaire des organes, et n'a pas de point circonscrit pour les percevoir.
48. J'insiste de nouveau pour savoir si les objets, l'espace qui vous environne, ont pour vous la même teinte que lorsque vous êtes éveillé. - r. Pour moi, oui, parce que mes organes ne me trompent pas ; mais certains esprits y trouveraient de grandes différences ; vous, par exemple, vous percevez les sons et les couleurs tout différemment.
49. Percevez-vous les odeurs ? - r. Mieux que vous aussi.
50. Faites-vous la différence entre la lumière et l'obscurité ? - r. Différence, oui ; mais l'obscurité n'existe pas pour moi comme pour vous ; j'y vois parfaitement.
51. Votre vue pénètre-t-elle les corps opaques ? - r. Oui.
52. Pourriez-vous aller dans une autre planète ? - r. Cela dépend.
53. De quoi cela dépend-il ? - r. De la planète.
54. Dans quelle planète pourriez-vous aller ? - r. Dans celles qui sont au même degré que la terre, ou à peu près.
55. Voyez-vous les autres esprits ? - r. Beaucoup et encore.
Remarque. Une personne qui le connaît intimement, et qui assistait à cette séance, dit que cette expression lui est très familière ; elle y voit, ainsi que dans toute la forme de son langage, une preuve d'identité.
56. En voyez-vous ici ? - r. Oui.
57. Comment constatez-vous leur présence ? Est-ce par une forme quelconque ? - r. C'est par leur forme propre ; c'est-à-dire celle de leur périsprit.
58. Voyez-vous quelquefois vos enfants, et pouvez-vous leur parler ? - r. Je les vois et leur parle très souvent.
59. Vous avez dit : mon corps est un accessoire ; c'est moi qui suis ici. Ce moi est-il circonscrit, limité ; a-t-il une forme quelconque ; en un mot, comment vous voyez-vous ? - r. C'est toujours le périsprit.
60. Le périsprit est-il donc un corps pour vous ? - r. Mais sans doute.
61. Votre périsprit affecte-t-il la forme de votre corps matériel, et vous semble-t-il être ici avec votre corps ? - r. Oui, à la première question, et non à la seconde ; j'ai parfaitement conscience de n'être ici qu'avec mon corps fluidique lumineux.
62. Pourriez-vous me donner une poignée de main ? - r. Oui, mais vous ne la sentiriez pas.
63. Pourriez-vous le faire d'une manière sensible ? - r. Cela se peut, mais je ne le puis ici.
64. Si, au moment où vous êtes ici, votre corps venait à mourir subitement, qu'éprouveriez-vous ? - r. J'y serais avant.
65. Seriez-vous plus promptement dégagé que si vous mouriez dans les circonstances ordinaires ? - r. Beaucoup ; je ne rentrerais que pour fermer la porte après être ressorti.
66. Vous avez dit que vous avez la goutte ; vous n'êtes pas d'accord en cela avec votre médecin, ici présent, qui prétend que c'est un rhumatisme névralgique. Qu'en pensez-vous ? - r. J'en pense que puisque vous êtes si bien renseignés, cela doit vous suffire.
67. (le médecin.) Sur quoi vous fondez-vous pour croire que c'est la goutte ? - r. C'est mon opinion à moi ; je me trompe peut-être, surtout si vous êtes très sûr de ne pas vous tromper vous-même.
68. (le médecin.) Il serait possible qu'il y eût complication de goutte et de rhumatisme. - r. Alors nous aurions raison tous deux ; il ne nous resterait plus qu'à nous embrasser.
(Cette réponse provoque le rire dans l'assemblée.)
69. Cela vous fait-il rire de nous voir rire ? - r. Mais aux éclats ; vous ne m'entendez donc pas ?
70. Vous avez dit que le colchique est un remède efficace contre la goutte ; d'où vous est venue cette idée, puisque, éveillé vous ne le saviez pas ? - r. Je m'en suis servi jadis.
71. C'est donc dans une autre existence ? - r. Oui, et mal m'en a pris.
72. Si l'on vous faisait une question indiscrète, pourrait-on vous contraindre d'y répondre ? - r. Oh ! C'est trop fort ; essayez donc.
73. Ainsi vous avez parfaitement votre libre arbitre ? - r. Plus que vous.
Remarque. L'expérience a prouvé en maintes occasions que l'esprit isolé du corps a toujours sa volonté et ne dit que ce qu'il veut ; comprenant mieux la portée des choses, il est même plus prudent et plus discret qu'il ne le serait éveillé. Quand il dit une chose, c'est qu'il croit utile de le faire.
74. Auriez-vous été libre de ne pas venir quand nous vous avons appelé ? - r. Oui, quitte à en subir les conséquences.
75. Quelles sont ces conséquences ? - r. Si je me refuse à être utile à mes semblables, surtout quand j'ai parfaite conscience de mes actes, je suis libre, mais je suis puni.
76. Quel genre de punition subiriez-vous ? - r. Il faudrait vous développer le code de dieu, et ce serait trop long.
77. Si, dans ce moment-ci, quelqu'un vous insultait, vous disait de ces choses qu'éveillé vous ne supporteriez pas, quel sentiment cela vous ferait-il éprouver ? - r. Le mépris.
78. Ainsi vous ne chercheriez pas à vous venger ? - r. Non.
79. Vous faites-vous une idée du rang que vous occuperez parmi les esprits quand vous y serez tout à fait ? - r. Non, cela n'est pas permis.
80. Croyez-vous que, dans l'état actuel où vous êtes, l'esprit puisse prévoir la mort de son corps ? - r. Quelquefois, puisque si je devais mourir subitement, j'aurais toujours le temps d'y rentrer.
« Monsieur le président,
« J’ai ouï dire que des médecins, enthousiastes de leur art et désireux de contribuer aux progrès de la science en se rendant utiles à l'humanité, avaient, par testament, légué leur corps au scalpel des salles anatomiques. L'expérience à laquelle j'ai assisté de l'évocation d'une personne vivante (séance de la société du 14 octobre 1859) ne m'a pas paru assez instructive, parce qu'il s'agissait d'une chose toute personnelle : de mettre en communication un père vivant avec sa fille morte. J'ai pensé que ce que des médecins ont fait pour le corps, un membre de la société pouvait le faire pour l'âme, de son vivant, en se mettant à votre disposition pour un essai de ce genre. Vous pourriez peut-être, en préparant d'avance des questions qui, cette fois, n'auraient rien de personnel, obtenir quelques lumières nouvelles sur le fait de l'isolement de l'âme et du corps. Profitant d'une indisposition qui me retient chez moi, je viens m'offrir comme sujet d'étude, si vous l'agréez. Vendredi prochain donc, si je ne reçois contre-ordre, je me coucherai à neuf heures, et je pense qu'à neuf heures et demie vous pourrez m'appeler, etc. »
Nous avons profité de l'offre de M.Le comte de R... C... Avec d'autant plus d'empressement que, se mettant à notre disposition, nous pensions que son esprit se prêterait plus volontiers à nos recherches ; d'un autre côté, son instruction, la supériorité de son intelligence (ce qui, par parenthèse, ne l'empêche pas d'être un excellent spirite) et l'expérience qu'il a acquise dans ses voyages autour du monde comme capitaine de la marine impériale, pouvait nous faire espérer de sa part une plus saine appréciation de son état : notre attente n'a pas été trompée. Nous avons, en conséquence, eu avec lui les deux entretiens suivants, le premier, le 25 novembre, et le second, le 2 décembre 1859.
Société 25 novembre 1859
1. Evocation. - r. Je suis là.
2. Avez-vous en ce moment conscience du désir que vous m'avez exprimé d'être évoqué ? - r. Parfaitement.
3. A quelle place êtes-vous ici ? - r. Entre vous et le médium.
4. Nous voyez-vous aussi clairement que lorsque vous assistez en personne à nos séances ? - r. A peu près, mais c'est un peu voilé ; je ne dors pas encore bien.
5. Comment avez-vous conscience de votre individualité ici présente, tandis que votre corps est dans votre lit ? - r. Mon corps n'est qu'accessoire pour moi en ce moment, c'est moi qui suis ici.
Remarque. C'est moi qui suis ici est une réponse très remarquable ; pour lui, le corps n'est pas la partie essentielle de son être ; cette partie, c'est l'esprit, qui constitue son moi ; son moi et son corps sont deux choses distinctes.
6. Pouvez-vous vous transporter instantanément et à volonté d'ici chez vous et de chez vous ici ? - r. Oui.
7. En allant de chez vous ici et réciproquement, avez-vous conscience du trajet que vous faites ? Voyez-vous les objets qui sont sur votre route ? - r. Je le pourrais, mais je néglige de le faire, n'y étant pas intéressé.
8. L'état où vous êtes est-il semblable à celui d'un somnambule ? - r. Non pas entièrement ; mon corps dort, c'est-à-dire est à peu près inerte ; le somnambule ne dort pas ; ses facultés organiques sont modifiées et non annihilées.
9. L'esprit d'une personne vivante évoqué pourrait-il indiquer des remèdes comme un somnambule ? - r. S'il les connaît, ou s'il se trouve en rapport avec un esprit qui les connaisse, oui ; sinon, non.
10. Le souvenir de votre existence corporelle est-il nettement présent à votre mémoire ? - r. Très net.
11. Pourriez-vous citer quelques-unes de vos occupations les plus saillantes de la journée ? - r. Je le pourrais, mais je ne le ferai pas, et regrette d'avoir proposé cette question. (Il avait prié de lui adresser une question de ce genre comme épreuve.)
12. Est-ce comme esprit que vous regrettez d'avoir proposé cette question ? - r. Comme esprit.
13. Pourquoi le regrettez-vous ? - r. Parce que je comprends mieux combien il est juste qu'il soit la plupart du temps défendu de le faire.
14. Pourriez-vous nous faire la description de votre chambre à coucher ? - r. Certainement ; et de celle de mon concierge aussi.
15. Eh bien ! Alors soyez assez bon pour nous décrire votre chambre, ou celle de votre concierge ? - r. J'ai dit que je le pourrais, mais pouvoir n'est pas vouloir.
16. Quelle est la maladie qui vous retient chez vous ? - r. La goutte.
17. Y a-t-il un remède pour la goutte ? Si vous en connaissiez, vous seriez bien bon de l'indiquer, car ce serait rendre un grand service. - r. Je le pourrais, mais je m'en garderai bien ; le remède serait pire que le mal.
18. Pire on non, veuillez l'indiquer, sauf à ne pas s'en servir. - r. Il y en a plusieurs, entre autres le colchique.
Remarque. Eveillé, M. De R... A reconnu n'avoir jamais entendu parler de l'emploi de cette plante comme spécifique anti-goutteux.
19. Dans votre état actuel verriez-vous le danger que pourrait courir un ami, et pourriez-vous lui venir en aide ? - r. Je le pourrais ; je l'inspirerais, s'il écoutait mon inspiration, et avec encore plus de fruit s'il était médium.
20. Puisque nous vous évoquons d'après votre désir, et que vous voulez bien vous mettre à notre disposition pour nos études, veuillez nous décrire le mieux possible, et nous faire comprendre, si c'est possible, l'état où vous êtes maintenant. - r. Je suis dans l'état le plus heureux et le plus satisfaisant qu'on puisse éprouver. Avez-vous jamais fait un de ces rêves où la chaleur du lit vous fait croire que vous êtes bercé mollement dans les airs, ou dans les flots d'une onde tiède, sans nul souci de vos mouvements, sans aucune conscience de membres lourds et incommodes à mouvoir ou à entraîner, en un mot sans nul besoin à satisfaire ; ne sentant ni l'aiguillon de la faim, ni celui de la soif ? Je suis en cet état près de vous ; encore ne vous donné-je qu'une bien petite idée de ce que j'éprouve.
21. L'état actuel de votre corps éprouve-t-il une modification physiologique quelconque, par suite de l'absence de l'esprit ? - r. En aucune façon ; je suis dans l'état que vous appelez le premier sommeil ; sommeil lourd et profond que nous éprouvons tous, et pendant lequel nous nous éloignons de notre corps.
Remarque. Le sommeil, qui n'était pas complet au commencement de l'évocation, s'est établi peu à peu, par suite même du dégagement de l'esprit qui laisse le corps dans un plus grand repos.
22. Si, par suite d'un mouvement brusque, on réveillait instantanément votre corps pendant que votre esprit est ici, qu'en résulterait-il ? - r. Ce qui est brusque pour l'homme est bien lent pour l'esprit, qui a toujours le temps d'être averti.
23. Le bonheur que vous venez de nous dépeindre et dont vous jouissez dans votre état libre a-t-il quelque rapport avec les sensations agréables qu'on éprouve quelquefois dans les premiers moments de l'asphyxie ? M.S..., qui a eu la satisfaction de les éprouver (involontairement), vous adresse cette question. - r. Il n'a pas tout à fait tort ; dans la mort par asphyxie il y a un instant analogue à celui dont il parle, mais seulement l'esprit perd de sa lucidité, tandis qu'ici elle est considérablement accrue.
24. Votre esprit tient-il encore par un lien quelconque à votre corps ? - r. Oui, j'en ai parfaitement conscience.
25. A quoi pouvez-vous comparer ce lien ? - r. A rien que vous connaissiez, si ce n'est à une lueur phosphorescente, comme aspect, si vous pouviez le voir, mais qui ne produit sur moi aucune sensation.
26. La lumière vous affecte-t-elle de la même manière ; a-t-elle la même teinte que lorsque vous voyez par les yeux ? - r. Absolument, puisque mes yeux servent en quelque sorte de fenêtres à la boîte de mon cerveau.
27. Percevez-vous les sons aussi distinctement ? - r. Plus distinctement, car j'en perçois beaucoup qui vous échappent.
28. Comment transmettez-vous votre pensée au médium ? - r. J'agis sur sa main pour lui donner une direction que je facilite par une action sur le cerveau.
29. Vous servez-vous des mots du vocabulaire qu'il a dans la tête, ou lui indiquez-vous les mots qu'il doit écrire ? - r. L'un et l'autre, selon ma convenance.
29 bis. Si vous aviez pour médium quelqu'un qui ne sût pas votre langue et dont la sienne vous fût inconnue, un chinois, par exemple, comment feriez-vous pour lui dicter ? - r. Ce serait plus difficile ; et peut-être impossible ; mais dans tous les cas cela ne se pourrait qu'avec une souplesse et une docilité très rare à rencontrer.
30. L'esprit dont le corps serait mort éprouverait-il la même difficulté à se communiquer à un médium complètement étranger à la langue qu'il parlait de son vivant ? - r. Peut-être moindre, mais elle existerait toujours ; je viens de vous dire que, selon l'occurrence, l'esprit donne au médium ses expressions ou prend les siennes.
31. Votre présence ici fatigue-t-elle votre corps ? - r. Nullement.
32. Votre corps rêve-t-il ? - r. Non ; c'est en cela, justement, qu'il ne se fatigue pas ; la personne dont vous parlez éprouvait par ses organes des impressions qui se transmettaient à l'esprit ; c'est ce qui la fatiguait ; je n'éprouve rien de pareil.
Remarque. Il fait allusion à une personne dont on parlait à ce moment, et qui, dans une situation pareille, avait dit que son corps se fatiguait, et avait comparé son esprit à un ballon captif dont les secousses ébranlent le poteau qui le retient.
Le lendemain M.De r... C... Nous a dit avoir rêvé qu'il était à la société entre nous et le médium ; c'est évidemment un souvenir de l'évocation. Il est probable qu'au moment de la question il ne rêvait pas, puisqu'il a répondu négativement ; ou peut-être aussi, et cela est même plus probable, le rêve n'étant qu'un souvenir de l'activité de l'esprit, ce n'est pas en réalité le corps qui rêve, puisque le corps ne pense pas. Il a donc pu, et même dû répondre négativement, ne sachant pas si, une fois réveillé, son esprit se souviendrait. Si son corps eût rêvé, pendant que son esprit était absent, c'est que l'esprit aurait eu une double action ; or, il ne pouvait être à la fois à la société et chez lui.
33. Votre esprit est-il dans l'état où il sera quand vous serez mort ? - r. A peu de chose près ; à cela près du lien qui le rattache au corps.
34. Avez-vous conscience de vos existences précédentes ? - r. Très confusément : c'est encore là une différence que j'oubliais ; après le dégagement complet qui suit la mort, les souvenirs sont beaucoup plus précis ; actuellement ils sont plus complets que pendant la veille, mais pas assez pour pouvoir les spécifier d'une manière intelligible.
35. Si, à votre réveil on vous soumettait votre écriture, cela vous donnerait-il conscience des réponses que vous venez de faire ? - r. J'y pourrais retrouver quelques-unes de mes pensées ; mais beaucoup d'autres ne trouveraient aucun écho dans ma pensée de la veille.
36. Pourriez-vous exercer sur votre corps une influence assez grande pour vous réveiller ? - r. Non.
37. Pourriez-vous répondre à une question mentale ? - r. Oui.
38. Nous voyez-vous spirituellement ou physiquement ? - r. L'un et l'autre.
39. Pourriez-vous aller visiter le frère de votre père, qu'on a dit être dans une île de l'Océanie, et, comme marin pourriez-vous préciser la position de cette île ? - r. Je ne puis rien de tout cela.
40. Que pensez-vous maintenant de votre interminable ouvrage et de son but ? - r. Je pense que je dois le poursuivre, ainsi que le but ; c'est tout ce que je peux dire.
Remarque. Il avait désiré qu'on lui fît cette question au sujet d'un important travail qu'il a entrepris sur la marine.
41. Nous serions charmés que vous voulussiez bien adresser quelques mots à vos collègues, une sorte de petit discours. - r. Puisque j'en trouve l'occasion, j'en profite pour vous affirmer, sur ma foi dans l'avenir de l'âme, que la plus grande faute que puissent commettre les hommes est de chercher des épreuves et des preuves ; ceci est tout au plus pardonnable aux hommes qui débutent dans la connaissance du spiritisme ; ne vous a-t-on pas répété mille fois qu'il faut croire, parce qu'on comprend et qu'on aime la justice et la vérité, et que s'il était donné satisfaction à une de ces puériles demandes, ceux qui prétendent les faire pour être convaincus ne manqueraient pas d'en faire de nouvelles le lendemain, et qu'infailliblement vous gaspilleriez un temps précieux à faire dire la bonne aventure aux esprits ? Je le comprends maintenant beaucoup mieux que dans mon réveil, et je puis vous donner le sage conseil, quand vous voudrez obtenir de ces résultats, de vous adresser à des esprits frappeurs et à des tables parlantes qui, n'ayant rien de mieux à dire, peuvent s'occuper de ces sortes de manifestations. Pardonnez-moi la leçon, mais j'en ai besoin comme d'autres, et ne suis pas fâché de me la donner à moi-même.
Deuxième entretien, 2 décembre 1859
42. Evocation. - r. Je suis là.
43. Dormez-vous bien ? - r. Pas trop ; mais cela va venir.
44. Dans le cas particulier où vous êtes, jugez-vous qu'il soit utile de faire l'évocation au nom de dieu, comme pour l'esprit d'un mort ? - r. Pourquoi donc pas ? Croyez-vous que, de ce que je ne suis pas mort, dieu me soit indifférent ?
45. Si, au moment où vous êtes ici, votre corps éprouvait une piqûre, non assez forte pour vous éveiller, mais suffisante pour vous faire tressaillir, votre esprit la ressentirait-il ? - r. Mon corps ne la sentirait pas.
46. Votre esprit en aurait-il conscience ? - r. Pas la moindre ; mais notez bien que vous me parlez d'une sensation légère, et sans aucune portée, comme importance, vis-à-vis du corps ou de l'esprit.
47. A propos de la lumière, vous avez dit qu'elle vous paraissait comme à l'état de veille, attendu que vos yeux sont comme les fenêtre par où elle arrive à votre cerveau. Nous concevons cela pour la lumière perçue par votre corps ; mais en ce moment ce n'est pas votre corps qui voit. Voyez-vous encore par un point circonscrit ou par tout votre être ? - r. C'est fort difficile à vous faire comprendre ; l'esprit perçoit ses sensations sans l'intermédiaire des organes, et n'a pas de point circonscrit pour les percevoir.
48. J'insiste de nouveau pour savoir si les objets, l'espace qui vous environne, ont pour vous la même teinte que lorsque vous êtes éveillé. - r. Pour moi, oui, parce que mes organes ne me trompent pas ; mais certains esprits y trouveraient de grandes différences ; vous, par exemple, vous percevez les sons et les couleurs tout différemment.
49. Percevez-vous les odeurs ? - r. Mieux que vous aussi.
50. Faites-vous la différence entre la lumière et l'obscurité ? - r. Différence, oui ; mais l'obscurité n'existe pas pour moi comme pour vous ; j'y vois parfaitement.
51. Votre vue pénètre-t-elle les corps opaques ? - r. Oui.
52. Pourriez-vous aller dans une autre planète ? - r. Cela dépend.
53. De quoi cela dépend-il ? - r. De la planète.
54. Dans quelle planète pourriez-vous aller ? - r. Dans celles qui sont au même degré que la terre, ou à peu près.
55. Voyez-vous les autres esprits ? - r. Beaucoup et encore.
Remarque. Une personne qui le connaît intimement, et qui assistait à cette séance, dit que cette expression lui est très familière ; elle y voit, ainsi que dans toute la forme de son langage, une preuve d'identité.
56. En voyez-vous ici ? - r. Oui.
57. Comment constatez-vous leur présence ? Est-ce par une forme quelconque ? - r. C'est par leur forme propre ; c'est-à-dire celle de leur périsprit.
58. Voyez-vous quelquefois vos enfants, et pouvez-vous leur parler ? - r. Je les vois et leur parle très souvent.
59. Vous avez dit : mon corps est un accessoire ; c'est moi qui suis ici. Ce moi est-il circonscrit, limité ; a-t-il une forme quelconque ; en un mot, comment vous voyez-vous ? - r. C'est toujours le périsprit.
60. Le périsprit est-il donc un corps pour vous ? - r. Mais sans doute.
61. Votre périsprit affecte-t-il la forme de votre corps matériel, et vous semble-t-il être ici avec votre corps ? - r. Oui, à la première question, et non à la seconde ; j'ai parfaitement conscience de n'être ici qu'avec mon corps fluidique lumineux.
62. Pourriez-vous me donner une poignée de main ? - r. Oui, mais vous ne la sentiriez pas.
63. Pourriez-vous le faire d'une manière sensible ? - r. Cela se peut, mais je ne le puis ici.
64. Si, au moment où vous êtes ici, votre corps venait à mourir subitement, qu'éprouveriez-vous ? - r. J'y serais avant.
65. Seriez-vous plus promptement dégagé que si vous mouriez dans les circonstances ordinaires ? - r. Beaucoup ; je ne rentrerais que pour fermer la porte après être ressorti.
66. Vous avez dit que vous avez la goutte ; vous n'êtes pas d'accord en cela avec votre médecin, ici présent, qui prétend que c'est un rhumatisme névralgique. Qu'en pensez-vous ? - r. J'en pense que puisque vous êtes si bien renseignés, cela doit vous suffire.
67. (le médecin.) Sur quoi vous fondez-vous pour croire que c'est la goutte ? - r. C'est mon opinion à moi ; je me trompe peut-être, surtout si vous êtes très sûr de ne pas vous tromper vous-même.
68. (le médecin.) Il serait possible qu'il y eût complication de goutte et de rhumatisme. - r. Alors nous aurions raison tous deux ; il ne nous resterait plus qu'à nous embrasser.
(Cette réponse provoque le rire dans l'assemblée.)
69. Cela vous fait-il rire de nous voir rire ? - r. Mais aux éclats ; vous ne m'entendez donc pas ?
70. Vous avez dit que le colchique est un remède efficace contre la goutte ; d'où vous est venue cette idée, puisque, éveillé vous ne le saviez pas ? - r. Je m'en suis servi jadis.
71. C'est donc dans une autre existence ? - r. Oui, et mal m'en a pris.
72. Si l'on vous faisait une question indiscrète, pourrait-on vous contraindre d'y répondre ? - r. Oh ! C'est trop fort ; essayez donc.
73. Ainsi vous avez parfaitement votre libre arbitre ? - r. Plus que vous.
Remarque. L'expérience a prouvé en maintes occasions que l'esprit isolé du corps a toujours sa volonté et ne dit que ce qu'il veut ; comprenant mieux la portée des choses, il est même plus prudent et plus discret qu'il ne le serait éveillé. Quand il dit une chose, c'est qu'il croit utile de le faire.
74. Auriez-vous été libre de ne pas venir quand nous vous avons appelé ? - r. Oui, quitte à en subir les conséquences.
75. Quelles sont ces conséquences ? - r. Si je me refuse à être utile à mes semblables, surtout quand j'ai parfaite conscience de mes actes, je suis libre, mais je suis puni.
76. Quel genre de punition subiriez-vous ? - r. Il faudrait vous développer le code de dieu, et ce serait trop long.
77. Si, dans ce moment-ci, quelqu'un vous insultait, vous disait de ces choses qu'éveillé vous ne supporteriez pas, quel sentiment cela vous ferait-il éprouver ? - r. Le mépris.
78. Ainsi vous ne chercheriez pas à vous venger ? - r. Non.
79. Vous faites-vous une idée du rang que vous occuperez parmi les esprits quand vous y serez tout à fait ? - r. Non, cela n'est pas permis.
80. Croyez-vous que, dans l'état actuel où vous êtes, l'esprit puisse prévoir la mort de son corps ? - r. Quelquefois, puisque si je devais mourir subitement, j'aurais toujours le temps d'y rentrer.
Conseils de famille
Nos lecteurs se rappellent sans doute l'article que nous avons publié dans le mois de septembre dernier, sous le titre de : une famille spirite. Les communications suivantes en sont le digne pendant. Ce sont, en effet, des conseils dictés dans une réunion intime, par un esprit éminemment supérieur et bienveillant. Elles se distinguent par le charme et la douceur du style, la profondeur des pensées, et en outre par des nuances d'une extrême délicatesse, appropriées à l'âge et au caractère des personnes auxquelles il s'adresse M. Rabache, négociant de bordeaux, qui a servi d'intermédiaire, a bien voulu nous autoriser à les publier ; nous ne pouvons que féliciter les médiums qui en obtiennent de semblables : c'est une preuve qu'ils ont d'heureuses sympathies dans le monde invisible.
Château de Pechbusque, novembre 1859.
Première séance
Il fut demandé à l'esprit protecteur de la famille s'il voulait bien donner quelques conseils aux membres présents ; il répondit :
oui : qu'ils aient confiance en dieu, et qu'ils cherchent à s'instruire des vérités immuables et éternelles que leur enseigne le livre divin de la nature ; il contient toute la loi de dieu, et ceux qui savent le lire et le comprendre, seuls suivent le véritable chemin de la sagesse. Que rien de ce qu'ils verront ne soit négligé par eux, car chaque chose porte en soi un enseignement, et doit, par l'usage du raisonnement, élever l'âme vers dieu et la rapprocher de lui. Dans tout ce qui frappera leur intelligence, qu'ils cherchent toujours à distinguer le bien du mal ; le premier pour le pratiquer, le second pour l'éviter. Qu'avant de formuler leur jugement, ils tournent toujours leur pensée vers l'éternel, qui seul les guidera dans le bien, et ne les trompera jamais.
Deuxième séance
Bonsoir, mes enfants. Si vous m'aimez, cherchez à vous instruire ; réunissez-vous souvent dans cette pensée. Mettez vos idées en commun, c'est un excellent moyen, car on ne se communique, en général, que les choses que l'on croit bonnes : on a honte des mauvaises, aussi les garde-t-on secrètes, ou ne les communique-t-on qu'à ceux dont on espère faire des complices. On discerne les bonnes pensées des mauvaises en ce que les premières peuvent, sans crainte aucune, se communiquer à tout le monde, tandis que les dernières ne se pourraient, sans danger, communiquer qu'à quelques-uns. Lorsqu'une pensée vous viendra, pour juger sa valeur, demandez-vous si vous pouvez sans inconvénient la rendre publique, et si elle ne produira point de mal : si votre conscience vous y autorise, soyez sans crainte, votre pensée est bonne. Donnez-vous mutuellement de bons conseils, et, en cela, n'ayez jamais en vue que le bien de celui à qui vous les donnerez, et non le vôtre. Votre récompense, à vous, sera dans le plaisir que vous éprouverez d'avoir été utiles. L'union des cœurs est la source la plus féconde de félicités, et si beaucoup d'hommes sont malheureux, c'est qu'ils ne cherchent le bonheur que pour eux seuls ; il leur échappe précisément parce qu'ils ne croient le trouver que dans l'égoïsme. Je dis le bonheur et non pas la fortune, car cette dernière n'a guère servi jusqu'ici que de soutien à l'injustice, et le but de l'existence est la justice. Or, si la justice était pratiquée parmi les hommes, le plus fortuné serait celui qui aurait accompli la plus grande somme de bonnes œuvres. Si donc vous voulez devenir riches, mes enfants, faites beaucoup de bonnes actions ; peu importent les biens du monde, ce n'est pas la satisfaction de la chair qu'il faut chercher, mais celle de l'âme : celle-là n'a qu'une durée éphémère, celle-ci est éternelle.
C’est assez pour aujourd'hui ; méditez ces conseils, et tâchez de les mettre en pratique : là est le sentier du salut.
Troisième séance
Oui, mes enfants, me voici. Ayez confiance en dieu, qui n'abandonne jamais ceux qui font le bien. Ce que vous croyez un mal n'en est souvent un que relativement à vos conceptions. Souvent aussi le mal réel ne vient que du découragement qu'occasionne une difficulté que le calme d'esprit et la réflexion auraient évitée. Réfléchissez donc toujours, et, comme je vous l'ai déjà dit, reportez tout à dieu. Quand vous éprouvez quelques chagrins, loin de vous abandonner à la tristesse, résistez au contraire, et faites tous vos efforts pour en triompher, en songeant que rien ne s'obtient sans peine, et que le succès est souvent hérissé de difficultés. Invoquez à votre aide les esprits bienveillants ; ils ne peuvent pas, comme on vous l'enseigne, faire de bonnes œuvres à votre place, ni rien obtenir de dieu pour vous, car il faut que chacun gagne lui-même la perfection à laquelle nous sommes tous destinés, mais ils peuvent vous inspirer le bien, vous suggérer une conduite convenable, et vous aider de leur concours. Ils ne se manifestent pas ostensiblement, mais dans le recueillement ; écoutez la voix de votre conscience, en vous rappelant mes précédents conseils. - confiance en dieu, calme et courage.
Quatrième séance
Bonsoir, mes enfants. Oui, il faut continuer (les séances) jusqu'à ce qu'un médium se manifeste pour remplacer celui qui doit vous quitter. Son rôle d'initiateur parmi vous est accompli : continuez ce que vous avez commencé, car vous aussi, vous servirez un jour à la propagation de la vérité que proclament, en ce moment, dans le monde entier, les manifestations dites des esprits. Persuadez-vous, mes enfants, que ce que l'on entend en général par esprit sur la terre, n'est esprit que pour vous. Après que cet esprit, ou âme, est séparé de la matière grossière qui l'enveloppe, pour vous il n'a plus de corps, parce que vos yeux matériels ne le peuvent plus voir ; mais il est toujours matière, relativement à ceux qui sont plus élevés que lui. Pour vous, mes jeunes enfants, je vais faire une comparaison bien imparfaite, mais qui, pourtant, pourra vous donner une idée de la transformation que vous appelez improprement la mort. Figurez-vous une chenille que vous voyez tous les jours. Lorsque le temps de son existence à cet état est écoulé, elle se transforme en chrysalide ; elle passe encore un temps dans cet état, puis, le moment venu, elle dépouille sa grossière enveloppe, et donne naissance à un papillon qui s'envole. Or, la chenille, en laissant sa nature grossière, représente l'homme qui meurt, le papillon représente l'âme qui s'élève. La chenille rampait sur la terre, le papillon vole vers le ciel ; il a changé de matière, mais il est encore matériel. La chenille, si elle raisonnait, ne verrait pas le papillon qui, pourtant, serait sorti de la carapace pourrie de la chrysalide. Donc, le corps ne peut pas voir l'âme ; mais l'âme enveloppée de matière a conscience de son existence, et le plus grand des matérialistes lui-même le sent parfois intérieurement ; son orgueil, alors, l'empêche d'en convenir, et il reste avec sa science sans croyance, sans s'élever, jusqu'à ce qu'enfin le doute vienne en lui. Alors tout n'est pas fini, car chez lui la lutte est plus grande ; mais ce n'est plus qu'une question de temps ; car, rappelez-vous-le, mes amis, tous les enfants de dieu sont créés pour la perfection : heureux ceux qui ne perdent pas leur temps en chemin. L'éternité se compose de deux périodes : celle de l'épreuve, qu'on pourrait appeler l'incubation, et celle de l'éclosion ou d'entrée dans la vie véritable, que vous appelez le bonheur des élus.
Cinquième séance
Mes chers enfants, je vois avec satisfaction que vous commencez à réfléchir sur les avis et les conseils que je vous donne. Je sais que pour le développement actuel de votre intelligence, c'est trop à la fois de sujets de réflexion ; mais je dois profiter de l'occasion qui se présente : dans quelques jours ce moyen ne sera plus à ma disposition, et il fallait frapper votre imagination de manière à vous suggérer le désir de continuer vos séances, jusqu'à ce que quelqu'un de vous puisse servir de remplaçant au médium actuel. J'espère que ces quelques séances, sur lesquelles je vous engage à méditer longtemps, auront suffi pour éveiller voire attention, et le désir d'approfondir davantage ce vaste sujet d'investigations. Prenez pour règle de ne jamais chercher à satisfaire une vaine curiosité, mais de vous instruire et vous perfectionner. Il est inutile que vous vous préoccupiez de la différence qui peut exister entre ce que je vous enseignerai et ce que vous savez ou croyez savoir ; chaque fois qu'une instruction vous sera donnée, demandez-vous si elle est juste, et si elle répond aux exigences de la conscience et de l'équité : lorsque la réponse sera affirmative, ne vous inquiétez pas de savoir si cela concorde avec ce qui vous aura été dit. Que vous importe cela ! L'important, c'est le juste, le consciencieux et l'équitable : tout ce qui réunit ces conditions est de dieu. Obéir à une bonne conscience, ne faire que des choses utiles, éviter toutes celles qui, sans être mauvaises, n'ont pas d'utilité, c'est l'essentiel ; car c'est déjà mal faire que de faire quelque chose d'inutile. Evitez de scandaliser, même par votre perfectionnement : il est telles circonstances où la vue seule de votre changement peut produire un mauvais effet. C'est ainsi, par exemple, que la lumière du jour ne saurait sans danger frapper soudain l'œil d'un homme enfermé dans un cachot obscur. Que votre progrès alors ne soit livré à l'investigation que selon que la sagesse vous le conseillera. Perfectionnez-vous toujours ; vous le ferez voir seulement lorsqu'il en sera temps. Ceux pour qui j'écris ce conseil le comprendront, sans que j'aie besoin d'être plus explicite ; leur conscience le leur dira.
Courage donc et persévérance ! Ce sont les seules lois du succès.
Remarque. Ce dernier conseil ne saurait être d'une application générale ; l'esprit a évidemment eu un but spécial, ainsi qu'il le dit lui-même, autrement on pourrait se méprendre sur le sens et la portée de ses paroles.
Château de Pechbusque, novembre 1859.
Première séance
Il fut demandé à l'esprit protecteur de la famille s'il voulait bien donner quelques conseils aux membres présents ; il répondit :
oui : qu'ils aient confiance en dieu, et qu'ils cherchent à s'instruire des vérités immuables et éternelles que leur enseigne le livre divin de la nature ; il contient toute la loi de dieu, et ceux qui savent le lire et le comprendre, seuls suivent le véritable chemin de la sagesse. Que rien de ce qu'ils verront ne soit négligé par eux, car chaque chose porte en soi un enseignement, et doit, par l'usage du raisonnement, élever l'âme vers dieu et la rapprocher de lui. Dans tout ce qui frappera leur intelligence, qu'ils cherchent toujours à distinguer le bien du mal ; le premier pour le pratiquer, le second pour l'éviter. Qu'avant de formuler leur jugement, ils tournent toujours leur pensée vers l'éternel, qui seul les guidera dans le bien, et ne les trompera jamais.
Deuxième séance
Bonsoir, mes enfants. Si vous m'aimez, cherchez à vous instruire ; réunissez-vous souvent dans cette pensée. Mettez vos idées en commun, c'est un excellent moyen, car on ne se communique, en général, que les choses que l'on croit bonnes : on a honte des mauvaises, aussi les garde-t-on secrètes, ou ne les communique-t-on qu'à ceux dont on espère faire des complices. On discerne les bonnes pensées des mauvaises en ce que les premières peuvent, sans crainte aucune, se communiquer à tout le monde, tandis que les dernières ne se pourraient, sans danger, communiquer qu'à quelques-uns. Lorsqu'une pensée vous viendra, pour juger sa valeur, demandez-vous si vous pouvez sans inconvénient la rendre publique, et si elle ne produira point de mal : si votre conscience vous y autorise, soyez sans crainte, votre pensée est bonne. Donnez-vous mutuellement de bons conseils, et, en cela, n'ayez jamais en vue que le bien de celui à qui vous les donnerez, et non le vôtre. Votre récompense, à vous, sera dans le plaisir que vous éprouverez d'avoir été utiles. L'union des cœurs est la source la plus féconde de félicités, et si beaucoup d'hommes sont malheureux, c'est qu'ils ne cherchent le bonheur que pour eux seuls ; il leur échappe précisément parce qu'ils ne croient le trouver que dans l'égoïsme. Je dis le bonheur et non pas la fortune, car cette dernière n'a guère servi jusqu'ici que de soutien à l'injustice, et le but de l'existence est la justice. Or, si la justice était pratiquée parmi les hommes, le plus fortuné serait celui qui aurait accompli la plus grande somme de bonnes œuvres. Si donc vous voulez devenir riches, mes enfants, faites beaucoup de bonnes actions ; peu importent les biens du monde, ce n'est pas la satisfaction de la chair qu'il faut chercher, mais celle de l'âme : celle-là n'a qu'une durée éphémère, celle-ci est éternelle.
C’est assez pour aujourd'hui ; méditez ces conseils, et tâchez de les mettre en pratique : là est le sentier du salut.
Troisième séance
Oui, mes enfants, me voici. Ayez confiance en dieu, qui n'abandonne jamais ceux qui font le bien. Ce que vous croyez un mal n'en est souvent un que relativement à vos conceptions. Souvent aussi le mal réel ne vient que du découragement qu'occasionne une difficulté que le calme d'esprit et la réflexion auraient évitée. Réfléchissez donc toujours, et, comme je vous l'ai déjà dit, reportez tout à dieu. Quand vous éprouvez quelques chagrins, loin de vous abandonner à la tristesse, résistez au contraire, et faites tous vos efforts pour en triompher, en songeant que rien ne s'obtient sans peine, et que le succès est souvent hérissé de difficultés. Invoquez à votre aide les esprits bienveillants ; ils ne peuvent pas, comme on vous l'enseigne, faire de bonnes œuvres à votre place, ni rien obtenir de dieu pour vous, car il faut que chacun gagne lui-même la perfection à laquelle nous sommes tous destinés, mais ils peuvent vous inspirer le bien, vous suggérer une conduite convenable, et vous aider de leur concours. Ils ne se manifestent pas ostensiblement, mais dans le recueillement ; écoutez la voix de votre conscience, en vous rappelant mes précédents conseils. - confiance en dieu, calme et courage.
Quatrième séance
Bonsoir, mes enfants. Oui, il faut continuer (les séances) jusqu'à ce qu'un médium se manifeste pour remplacer celui qui doit vous quitter. Son rôle d'initiateur parmi vous est accompli : continuez ce que vous avez commencé, car vous aussi, vous servirez un jour à la propagation de la vérité que proclament, en ce moment, dans le monde entier, les manifestations dites des esprits. Persuadez-vous, mes enfants, que ce que l'on entend en général par esprit sur la terre, n'est esprit que pour vous. Après que cet esprit, ou âme, est séparé de la matière grossière qui l'enveloppe, pour vous il n'a plus de corps, parce que vos yeux matériels ne le peuvent plus voir ; mais il est toujours matière, relativement à ceux qui sont plus élevés que lui. Pour vous, mes jeunes enfants, je vais faire une comparaison bien imparfaite, mais qui, pourtant, pourra vous donner une idée de la transformation que vous appelez improprement la mort. Figurez-vous une chenille que vous voyez tous les jours. Lorsque le temps de son existence à cet état est écoulé, elle se transforme en chrysalide ; elle passe encore un temps dans cet état, puis, le moment venu, elle dépouille sa grossière enveloppe, et donne naissance à un papillon qui s'envole. Or, la chenille, en laissant sa nature grossière, représente l'homme qui meurt, le papillon représente l'âme qui s'élève. La chenille rampait sur la terre, le papillon vole vers le ciel ; il a changé de matière, mais il est encore matériel. La chenille, si elle raisonnait, ne verrait pas le papillon qui, pourtant, serait sorti de la carapace pourrie de la chrysalide. Donc, le corps ne peut pas voir l'âme ; mais l'âme enveloppée de matière a conscience de son existence, et le plus grand des matérialistes lui-même le sent parfois intérieurement ; son orgueil, alors, l'empêche d'en convenir, et il reste avec sa science sans croyance, sans s'élever, jusqu'à ce qu'enfin le doute vienne en lui. Alors tout n'est pas fini, car chez lui la lutte est plus grande ; mais ce n'est plus qu'une question de temps ; car, rappelez-vous-le, mes amis, tous les enfants de dieu sont créés pour la perfection : heureux ceux qui ne perdent pas leur temps en chemin. L'éternité se compose de deux périodes : celle de l'épreuve, qu'on pourrait appeler l'incubation, et celle de l'éclosion ou d'entrée dans la vie véritable, que vous appelez le bonheur des élus.
Cinquième séance
Mes chers enfants, je vois avec satisfaction que vous commencez à réfléchir sur les avis et les conseils que je vous donne. Je sais que pour le développement actuel de votre intelligence, c'est trop à la fois de sujets de réflexion ; mais je dois profiter de l'occasion qui se présente : dans quelques jours ce moyen ne sera plus à ma disposition, et il fallait frapper votre imagination de manière à vous suggérer le désir de continuer vos séances, jusqu'à ce que quelqu'un de vous puisse servir de remplaçant au médium actuel. J'espère que ces quelques séances, sur lesquelles je vous engage à méditer longtemps, auront suffi pour éveiller voire attention, et le désir d'approfondir davantage ce vaste sujet d'investigations. Prenez pour règle de ne jamais chercher à satisfaire une vaine curiosité, mais de vous instruire et vous perfectionner. Il est inutile que vous vous préoccupiez de la différence qui peut exister entre ce que je vous enseignerai et ce que vous savez ou croyez savoir ; chaque fois qu'une instruction vous sera donnée, demandez-vous si elle est juste, et si elle répond aux exigences de la conscience et de l'équité : lorsque la réponse sera affirmative, ne vous inquiétez pas de savoir si cela concorde avec ce qui vous aura été dit. Que vous importe cela ! L'important, c'est le juste, le consciencieux et l'équitable : tout ce qui réunit ces conditions est de dieu. Obéir à une bonne conscience, ne faire que des choses utiles, éviter toutes celles qui, sans être mauvaises, n'ont pas d'utilité, c'est l'essentiel ; car c'est déjà mal faire que de faire quelque chose d'inutile. Evitez de scandaliser, même par votre perfectionnement : il est telles circonstances où la vue seule de votre changement peut produire un mauvais effet. C'est ainsi, par exemple, que la lumière du jour ne saurait sans danger frapper soudain l'œil d'un homme enfermé dans un cachot obscur. Que votre progrès alors ne soit livré à l'investigation que selon que la sagesse vous le conseillera. Perfectionnez-vous toujours ; vous le ferez voir seulement lorsqu'il en sera temps. Ceux pour qui j'écris ce conseil le comprendront, sans que j'aie besoin d'être plus explicite ; leur conscience le leur dira.
Courage donc et persévérance ! Ce sont les seules lois du succès.
Remarque. Ce dernier conseil ne saurait être d'une application générale ; l'esprit a évidemment eu un but spécial, ainsi qu'il le dit lui-même, autrement on pourrait se méprendre sur le sens et la portée de ses paroles.
Les pierres de java - Bruxelles, 9 décembre 1859
Monsieur le Directeur,
Je lis dans la Revue Spirite le fait rapporté par Ida Pfeiffer sur les pierres tombées à Java en présence d'un officier supérieur hollandais avec lequel j'ai été fort lié en 1817, puisque c'est lui qui m'a prêté ses pistolets et servi de témoin dans mon premier duel. Il s'appelait Michiels, de Maestricht, et il est devenu général à Java. La lettre qui relatait ce fait ajoutait que cette chute de pierres dans l'habitation isolée du district de Chéribon n'a pas duré moins de douze jours, sans que les sentinelles placées par le général aient rien découvert, ni lui non plus pendant tout le temps qu'il y est resté. Ces pierres, formées d'une espèce de ponce, paraissaient se créer en l'air à quelques pieds du plafond. Le général en fit remplir plusieurs corbeilles ; les habitants venaient en chercher pour en faire des amulettes et même des remèdes. Ce fait est très connu à Java, parce qu'il se renouvelle assez souvent, surtout les crachats de siry. Plusieurs enfants ont été poursuivis à coups de pierres en rase campagne, mais sans en être atteints. On dirait des Esprits farceurs qui s'amusent à faire peur aux gens. Evoquez l'Esprit du général Michiels, il vous expliquera peut-être ce fait. Le docteur Vanden Kerkhove, qui a longtemps habité Java, me l'a confirmé comme je vous affirme que votre Revue devient tous les jours plus intéressante, plus moralisante et plus recherchée à Bruxelles.
Agréez,Jobard.
Le caractère connu de Mme Ida Pfeiffer, le cachet de véracité que portent tous ces récits, ne nous laissaient aucun doute sur la réalité du phénomène en question : mais on conçoit toute l'importance que vient y ajouter la lettre de M. Jobard, par le témoignage du principal témoin oculaire chargé de vérifier le fait, et qui n'avait aucun intérêt à l'accréditer s'il l'eût reconnu faux. Au premier abord, la nature ponceuse de cette pluie de pierres pourrait leur faire attribuer une origine volcanique ou aérolithique, et les sceptiques ne manqueront pas de dire que la superstition a pris le change sur un phénomène naturel. Si nous n'avions que le témoignage des Javanais, la supposition serait fondée, et ces pierres, tombant en rase campagne, viendraient sans contredit à l'appui de cette opinion. Mais le général Michiels et le docteur Vanden Kerkhove n'étaient pas des Malais, et leur assertion a bien quelque valeur. A cette considération, déjà très puissante il faut ajouter que ces pierres ne tombaient pas seulement en plein air, mais dans une chambre où elles paraissaient se former à quelque distance du plafond : c'est le général qui l'affirme ; or, nous ne pensons pas qu'on ait jamais vu des aérolithes se former dans l'atmosphère d'une chambre. En admettant la cause météorologique ou volcanique, on ne saurait en dire autant des crachats de siry que les volcans n'ont jamais vomis, du moins à notre connaissance. Cette hypothèse étant écartée par la nature même des faits, il reste à savoir comment ces substances ont pu se former. On en trouvera l'explication dans notre article du mois d'août 1859, sur le Mobilier d'outre-tombe.
Correspondance
Mon cher monsieur,
Je viens de lire votre réponse à M.Oscar Comettant dont j'avais lu l'article. Si ce feuilletoniste sceptique et niaisement railleur n'est pas convaincu par les bonnes raisons que vous lui donnez, au moins il pourra reconnaître dans votre réponse l'urbanité du style qui manquait totalement à sa prose ; les parenthèses plates dont il avait lardé les évocations me semblaient de l'esprit de queue rouge ; les regrets dont il accompagnait les deux francs que lui avait coûtés la sonate auraient bien mérité que la société lui votât un secours de 2 francs. Vous pensez bien, mon cher monsieur Allan Kardec, que je suis trop ardent spirite pour avoir laissé sans réponse un article où j'étais nommé et mis en cause ; j'ai écrit aussi de mon côté à M.Oscar Comettant ; le lendemain de la réception de son journal il a reçu la lettre suivante de moi :
Monsieur,J'ai eu le plaisir de lire votre feuilleton de jeudi : variétés. Comme il me met en cause, puisque j'y suis personnellement nommé, je vous prie de m'accorder la permission de faire à ce sujet quelques observations que vous voudrez bien accepter, au même titre que j'ai moi-même accepté les spirituelles parenthèses dont il vous a plu d'émailler le rapport que vous faites des évocations de Mozart et de chopin. Que voulez-vous plaisanter par cet article humoristique ? Est-ce le spiritisme ? Vous vous tromperiez fort en croyant lui faire le moindre tort. En France on plaisante d'abord, puis l'on juge, et l'on n'accorde les honneurs de la plaisanterie qu'aux choses véritablement grandes et sérieuses, quitte à leur accorder après tout l'examen qu'elles méritent.
Si M. Ledoyen est aussi avide et intéressé que vous voulez bien le donner à croire, il doit vous être fort reconnaissant d'avoir bien voulu, par un feuilleton de onze colonnes, assurer, le succès d'une de ses plus modestes publications ; c'est la première fois qu'un article aussi important est publié dans un grand journal sur le spiritisme ; je vois, par cet article quasi charivarique, que le spiritisme est déjà pris en considération par ses ennemis même, et je vous dirai, en confidence, que les esprits nous ont dit qu'ils se serviraient aussi de leurs ennemis pour faire triompher leur cause ; ainsi, vous n'avez qu'à vous bien tenir sur vos gardes, si vous ne voulez pas devenir l'apôtre malgré lui.
Vous ne voulez voir dans le spiritisme que du charlatanisme moral et commercial ; nous autres, futurs locataires de Charenton, nous y trouvons la solution d'une foule de problèmes contre lesquels l'humanité heurtait sa raison depuis de longs siècles, à savoir la reconnaissance raisonnée de dieu dans toutes ses œuvres matérielles et spirituelles ; l'immortalité et l'individualité certaines de l'âme prouvée par les manifestations des esprits ; la science des lois de la justice divine étudiée dans les diverses incarnations des esprits, etc., etc. Si l'on se donnait la peine d'approfondir un peu ces sujets, on pourrait voir qu'ils se trouvent au-dessus de tous les sarcasmes et de toutes les railleries. Vous aurez beau nous traiter de rêveurs, d'hallucinés, nous dirons tous, au lieu du : e pur si muove de Galilée : et pourtant dieu est là !
Si M. Ledoyen est aussi avide et intéressé que vous voulez bien le donner à croire, il doit vous être fort reconnaissant d'avoir bien voulu, par un feuilleton de onze colonnes, assurer, le succès d'une de ses plus modestes publications ; c'est la première fois qu'un article aussi important est publié dans un grand journal sur le spiritisme ; je vois, par cet article quasi charivarique, que le spiritisme est déjà pris en considération par ses ennemis même, et je vous dirai, en confidence, que les esprits nous ont dit qu'ils se serviraient aussi de leurs ennemis pour faire triompher leur cause ; ainsi, vous n'avez qu'à vous bien tenir sur vos gardes, si vous ne voulez pas devenir l'apôtre malgré lui.
Vous ne voulez voir dans le spiritisme que du charlatanisme moral et commercial ; nous autres, futurs locataires de Charenton, nous y trouvons la solution d'une foule de problèmes contre lesquels l'humanité heurtait sa raison depuis de longs siècles, à savoir la reconnaissance raisonnée de dieu dans toutes ses œuvres matérielles et spirituelles ; l'immortalité et l'individualité certaines de l'âme prouvée par les manifestations des esprits ; la science des lois de la justice divine étudiée dans les diverses incarnations des esprits, etc., etc. Si l'on se donnait la peine d'approfondir un peu ces sujets, on pourrait voir qu'ils se trouvent au-dessus de tous les sarcasmes et de toutes les railleries. Vous aurez beau nous traiter de rêveurs, d'hallucinés, nous dirons tous, au lieu du : e pur si muove de Galilée : et pourtant dieu est là !
Je vous prie d'agréer, etc.Brion Dorgeval,
Première basse d'opéra comique au théâtre de
Toulouse, ex-pensionnaire de M. Carvalho.
Remarque. Il n'est pas à notre connaissance que M.Oscar Comettant ait publié cette réponse, non plus que la nôtre ; or attaquer sans admettre la défense n'est pas une guerre loyale.
Bruxelles, 23 décembre 1859.Mon cher collègue,
Je viens vous soumettre quelques réflexions ethnographiques sur le monde des esprits, dans l'intention de redresser une opinion assez générale, mais, à mon avis, très erronée sur l'état de l'homme après sa spiritualisation.
On s'imagine à tort qu'un imbécile, un ignorant, une brute devient immédiatement un génie, un savant, un prophète, dès qu'il a quitté sa gaine. C'est une erreur analogue à celle qui supposerait qu'un scélérat délivré de la camisole de force va devenir honnête ; un sot spirituel, et un fanatique raisonnable, par cela seul qu'il aura franchi la frontière.
Il n'en est rien ; nous emportons avec nous tous nos acquêts moraux, notre caractère, notre science, nos vices et nos vertus, à l'exception de ceux qui tiennent à la matière : les boiteux, les borgnes et les bossus ne le sont plus ; mais les coquins, les avares, les superstitieux le sont encore. On ne doit donc pas s'étonner d'entendre des esprits demander des prières, désirer qu'on accomplisse des pèlerinages qu'ils avaient promis, et même qu'on trouve l'argent qu'ils avaient caché, dans le but de le donner à la personne à laquelle ils l'avaient destiné, et qu'ils indiquent exactement, fût-elle réincarnée.
En somme, l'esprit qui avait un désir, un plan, une opinion, une croyance sur la terre, désire en voir l'accomplissement. Ainsi, Hahnemann s'écriait : « courage, mes amis, ma doctrine triomphe, quelle satisfaction pour mon âme ! »
Quant au docteur Gall, vous savez ce qu'il pense de sa science, ainsi que Lavater, Swedenborg et Fourier, lequel m'a dit que ses élèves avaient tronqué sa doctrine en voulant sauter par-dessus la phase du garantisme, qu'il me félicite de poursuivre.
En un mot, tous les esprits qui professaient une religion, une idolâtrie ou un schisme par conviction, persistent dans les mêmes croyances, jusqu'à ce qu'ils se soient éclairés par l'étude et la réflexion. Tel est le sujet des miennes en ce moment, et c'est bien évidemment un esprit logique qui me les dicte, car, il y a une heure, je ne songeais qu'à me mettre au lit pour achever la lecture de l'excellent petit livre de mme henry Gaugain sur les pitoyables préjugés des bas bretons contre les inventions nouvelles.
En continuant vos études, vous reconnaîtrez que le monde d'outre tombe n'est que l'image daguerréotypée de celui-ci, qui renferme, comme vous savez, des esprits malins comme le diable, et méchants comme des démons. Il n'est pas étonnant que les bonnes gens s'y trompent et s'interdisent tout commerce avec eux ; ce qui les prive de la visite des bons et des grands esprits qui sont moins rares là-haut qu'ici-bas, puisqu'il y en a de tous les temps et de tous les pays, lesquels ne demandent qu'à nous donner de bons conseils et à nous faire du bien ; tandis que vous savez avec quelle répugnance et quelle colère les mauvais répondent à l'appel forcé ; mais le plus grand, le plus rare de tous les esprits, celui qui ne vient que trois fois pendant la vie d'un globe, l'esprit divin, le saint esprit enfin, n'obéit point aux évocations des pneumatologues ; il vient quand il veut, spiritus flat ubi vult, ce qui ne veut pas dire qu'il n'en envoie pas d'autres pour lui préparer la voie.
La hiérarchie est une loi universelle, tout est comme tout, ailleurs comme chez nous. Ce qui retarde plus le progrès des bonnes doctrines que la persécution ne les fait avancer, c'est le faux respect humain.
Il y a longtemps que le magnétisme aurait triomphe si, au lieu de dire : M.X., M.N., on avait donné le nom et l'adresse des personnes, pour références, comme disent les anglais. Mais on se dit : quel est ce M.M. Qui se cache ? Un menteur apparemment ; ce M.J. ? Un jongleur ; ce M.F. ? Un farceur, ou plutôt un être de raison auquel on a bien raison de ne pas se fier, car on ne se cache ou ne se masque que pour mal faire ou mentir.
Aujourd'hui que les académies admettent enfin le magnétisme et le somnambulisme, cousins germains du spiritisme, il faut que leurs partisans s'enhardissent à signer en toutes lettres. La peur du qu'en dira-t-on est un sentiment lâche et mauvais.
L'action de signer ce qu'on a vu, ce que l'on croit, ne doit plus être regardée comme un trait de courage ; vous devez donc engager vos adeptes à faire ce que j'ai toujours fait, à signer.
Jobard.On s'imagine à tort qu'un imbécile, un ignorant, une brute devient immédiatement un génie, un savant, un prophète, dès qu'il a quitté sa gaine. C'est une erreur analogue à celle qui supposerait qu'un scélérat délivré de la camisole de force va devenir honnête ; un sot spirituel, et un fanatique raisonnable, par cela seul qu'il aura franchi la frontière.
Il n'en est rien ; nous emportons avec nous tous nos acquêts moraux, notre caractère, notre science, nos vices et nos vertus, à l'exception de ceux qui tiennent à la matière : les boiteux, les borgnes et les bossus ne le sont plus ; mais les coquins, les avares, les superstitieux le sont encore. On ne doit donc pas s'étonner d'entendre des esprits demander des prières, désirer qu'on accomplisse des pèlerinages qu'ils avaient promis, et même qu'on trouve l'argent qu'ils avaient caché, dans le but de le donner à la personne à laquelle ils l'avaient destiné, et qu'ils indiquent exactement, fût-elle réincarnée.
En somme, l'esprit qui avait un désir, un plan, une opinion, une croyance sur la terre, désire en voir l'accomplissement. Ainsi, Hahnemann s'écriait : « courage, mes amis, ma doctrine triomphe, quelle satisfaction pour mon âme ! »
Quant au docteur Gall, vous savez ce qu'il pense de sa science, ainsi que Lavater, Swedenborg et Fourier, lequel m'a dit que ses élèves avaient tronqué sa doctrine en voulant sauter par-dessus la phase du garantisme, qu'il me félicite de poursuivre.
En un mot, tous les esprits qui professaient une religion, une idolâtrie ou un schisme par conviction, persistent dans les mêmes croyances, jusqu'à ce qu'ils se soient éclairés par l'étude et la réflexion. Tel est le sujet des miennes en ce moment, et c'est bien évidemment un esprit logique qui me les dicte, car, il y a une heure, je ne songeais qu'à me mettre au lit pour achever la lecture de l'excellent petit livre de mme henry Gaugain sur les pitoyables préjugés des bas bretons contre les inventions nouvelles.
En continuant vos études, vous reconnaîtrez que le monde d'outre tombe n'est que l'image daguerréotypée de celui-ci, qui renferme, comme vous savez, des esprits malins comme le diable, et méchants comme des démons. Il n'est pas étonnant que les bonnes gens s'y trompent et s'interdisent tout commerce avec eux ; ce qui les prive de la visite des bons et des grands esprits qui sont moins rares là-haut qu'ici-bas, puisqu'il y en a de tous les temps et de tous les pays, lesquels ne demandent qu'à nous donner de bons conseils et à nous faire du bien ; tandis que vous savez avec quelle répugnance et quelle colère les mauvais répondent à l'appel forcé ; mais le plus grand, le plus rare de tous les esprits, celui qui ne vient que trois fois pendant la vie d'un globe, l'esprit divin, le saint esprit enfin, n'obéit point aux évocations des pneumatologues ; il vient quand il veut, spiritus flat ubi vult, ce qui ne veut pas dire qu'il n'en envoie pas d'autres pour lui préparer la voie.
La hiérarchie est une loi universelle, tout est comme tout, ailleurs comme chez nous. Ce qui retarde plus le progrès des bonnes doctrines que la persécution ne les fait avancer, c'est le faux respect humain.
Il y a longtemps que le magnétisme aurait triomphe si, au lieu de dire : M.X., M.N., on avait donné le nom et l'adresse des personnes, pour références, comme disent les anglais. Mais on se dit : quel est ce M.M. Qui se cache ? Un menteur apparemment ; ce M.J. ? Un jongleur ; ce M.F. ? Un farceur, ou plutôt un être de raison auquel on a bien raison de ne pas se fier, car on ne se cache ou ne se masque que pour mal faire ou mentir.
Aujourd'hui que les académies admettent enfin le magnétisme et le somnambulisme, cousins germains du spiritisme, il faut que leurs partisans s'enhardissent à signer en toutes lettres. La peur du qu'en dira-t-on est un sentiment lâche et mauvais.
L'action de signer ce qu'on a vu, ce que l'on croit, ne doit plus être regardée comme un trait de courage ; vous devez donc engager vos adeptes à faire ce que j'ai toujours fait, à signer.
Remarque. Nous sommes en tous points de l'avis de M. Jobard ; d'abord, ses observations sur l'état des esprits sont parfaitement exactes. Quant au second point, nous aspirons comme lui au moment où la crainte du qu'en dira-t-on ne retiendra plus personne ; mais, que voulez-vous ? Il faut faire la part de la faiblesse humaine ; quelques-uns commencent, et M. Jobard aura le mérite d'avoir donné l'exemple ; d'autres suivront, soyez-en sûr, quand ils verront qu'on peut mettre le pied dehors sans être mordu ; il faut le temps pour tout ; or, le temps vient plus vite que ne le croit M. Jobard ; la réserve que nous mettons dans la publication des noms est motivée par des raisons de convenances dont nous n'avons jusqu'à présent qu'à nous applaudir ; mais, en attendant, nous constatons un progrès très sensible dans le courage de son opinion. Nous voyons tous les jours des personnes qui, il y a peu de temps encore, osaient à peine s'avouer spirites ; aujourd'hui elles le font ouvertement dans la conversation, et soutiennent des thèses sur la doctrine, sans se soucier le moins du monde des épithètes mal sonnantes dont on les gratifie ; c'est un pas immense : le reste viendra. Je l'ai dit en commençant : encore quelques années, et l'on verra bien un autre changement. Avant peu, il en sera du spiritisme comme du magnétisme ; naguère, ce n'était qu'entre quatre yeux qu'on osait se dire magnétiseur, aujourd'hui c'est un titre dont on s'honore. Quand on sera bien convaincu que le spiritisme ne brûle pas, on se dira spirite sans plus de crainte qu'on se dit phrénologiste, homéopathe, etc. Nous sommes à un moment de transition, et les transitions ne se font jamais brusquement.
Bulletin de la société parisienne des études spirites
Vendredi, 2 décembre 1859. (séance particulière.)
Lecture du procès-verbal de la séance du 25 novembre.
Demandes d'admission. Lettres de M.L. Benardacky, de Saint-Pétersbourg, et de mme Elisa Johnson, de Londres, qui demandent à faire partie de la société comme membres titulaires.
Communications diverses. Lecture de deux communications faites à M. Bouché, ancien recteur de l'académie, médium écrivain, par l'esprit de la duchesse de Longueville, au sujet d'une visite que cette dernière venait de faire, comme esprit, à port royal des champs. Ces deux communications sont remarquables par le style et l'élévation des pensées. Elles prouvent que certains esprits revoient avec plaisir les lieux qu'ils ont habités de leur vivant, et qu'ils ont le charme du souvenir. Sans doute, plus ils sont dématérialisés, moins ils attachent d'importance aux choses terrestres, mais il en est qui y tiennent longtemps encore après leur mort, et semblent continuer, dans le monde invisible les occupations qu'ils avaient en ce monde, ou tout au moins y prendre un certain intérêt.
Etudes. 1° évocation de M. Le comte Desbassyns de Richemont, mort en juin 1859, et qui, depuis plus de dix ans, professait les idées spirites. Cette évocation confirme l'influence de ces idées sur le dégagement de l'esprit après la mort.
2° évocation de la sœur Marthe, morte en 1824.
3° seconde évocation de M. Le comte de r. C., membre de la société, retenu chez lui par une indisposition, et suite des questions qui lui sont adressées sur l'isolement momentané de l'esprit et du corps pendant le sommeil. (Publiée dans ce numéro.)
Vendredi 9 décembre. (Séance générale.)
Communications diverses. Lecture de deux communications faites à M. Bouché, ancien recteur de l'académie, médium écrivain, par l'esprit de la duchesse de Longueville, au sujet d'une visite que cette dernière venait de faire, comme esprit, à port royal des champs. Ces deux communications sont remarquables par le style et l'élévation des pensées. Elles prouvent que certains esprits revoient avec plaisir les lieux qu'ils ont habités de leur vivant, et qu'ils ont le charme du souvenir. Sans doute, plus ils sont dématérialisés, moins ils attachent d'importance aux choses terrestres, mais il en est qui y tiennent longtemps encore après leur mort, et semblent continuer, dans le monde invisible les occupations qu'ils avaient en ce monde, ou tout au moins y prendre un certain intérêt.
Etudes. 1° évocation de M. Le comte Desbassyns de Richemont, mort en juin 1859, et qui, depuis plus de dix ans, professait les idées spirites. Cette évocation confirme l'influence de ces idées sur le dégagement de l'esprit après la mort.
2° évocation de la sœur Marthe, morte en 1824.
3° seconde évocation de M. Le comte de r. C., membre de la société, retenu chez lui par une indisposition, et suite des questions qui lui sont adressées sur l'isolement momentané de l'esprit et du corps pendant le sommeil. (Publiée dans ce numéro.)
Vendredi 9 décembre. (Séance générale.)
Lecture du procès-verbal de la séance du 2 décembre.
Communications diverses. M. De la roche transmet une notice sur des faits de manifestations remarquables qui ont eu lieu dans une maison de castelnaudary. Ces faits sont rapportés dans la note qui précède le compte rendu de l'évocation qui a eu lieu à ce sujet et qui sera publié.
Etudes. 1° évocation du roi de Kanala (Nouvelle-Calédonie), déjà évoqué le 28 octobre, mais qui alors avait écrit avec beaucoup de difficulté, et avait promis de s'exercer à écrire plus lisiblement. Il donne de curieuses explications sur la manière dont il s'y est pris pour se perfectionner. (sera publiée avec la première évocation.)
2° évocation de l'esprit de castelnaudary. Il se manifeste par des signes de vive colère sans pouvoir rien écrire ; il casse sept ou huit crayons, dont plusieurs sont lancés avec force contre les assistants, et secoue violemment le bras du médium. Saint Louis donne des explications intéressantes sur l'état et la nature de cet esprit, qui est, dit-il, de la pire espèce et dans la situation la plus malheureuse. (Sera publiée avec toutes les autres communications relatives à ce sujet.)
3° quatre communications spontanées sont obtenues simultanément : la première de saint Vincent de Paul, par M. Roze ; la deuxième de Charlet, par M. Didier fils, faisant suite au travail commencé par le même esprit, la troisième de Mélanchthon, par M. Colin ; la quatrième d'un esprit qui s'est donné le nom de Mikaël, protecteur des enfants, par mme de boyer.
Vendredi 16 décembre 1859. (Séance particulière.)Communications diverses. M. De la roche transmet une notice sur des faits de manifestations remarquables qui ont eu lieu dans une maison de castelnaudary. Ces faits sont rapportés dans la note qui précède le compte rendu de l'évocation qui a eu lieu à ce sujet et qui sera publié.
Etudes. 1° évocation du roi de Kanala (Nouvelle-Calédonie), déjà évoqué le 28 octobre, mais qui alors avait écrit avec beaucoup de difficulté, et avait promis de s'exercer à écrire plus lisiblement. Il donne de curieuses explications sur la manière dont il s'y est pris pour se perfectionner. (sera publiée avec la première évocation.)
2° évocation de l'esprit de castelnaudary. Il se manifeste par des signes de vive colère sans pouvoir rien écrire ; il casse sept ou huit crayons, dont plusieurs sont lancés avec force contre les assistants, et secoue violemment le bras du médium. Saint Louis donne des explications intéressantes sur l'état et la nature de cet esprit, qui est, dit-il, de la pire espèce et dans la situation la plus malheureuse. (Sera publiée avec toutes les autres communications relatives à ce sujet.)
3° quatre communications spontanées sont obtenues simultanément : la première de saint Vincent de Paul, par M. Roze ; la deuxième de Charlet, par M. Didier fils, faisant suite au travail commencé par le même esprit, la troisième de Mélanchthon, par M. Colin ; la quatrième d'un esprit qui s'est donné le nom de Mikaël, protecteur des enfants, par mme de boyer.
Lecture du procès-verbal.
Admissions. Sont admis comme membres titulaires : M.L. Benadacky, de Saint-Pétersbourg, et mme Elisa Johnson, de Londres, présentés le 2 décembre.
Demandes d'admission. M. Forbes, de Londres, officier du génie, et MMe Forbes, de florence, écrivent pour demander à faire partie de la société comme membres titulaires. Rapport et décision renvoyés au 30 déc.
Désignation de six commissaires qui devront se répartir le service des séances générales jusqu'au premier avril, sans qu'il soit besoin d'en désigner un à chaque séance. Ils auront, en outre, dans leurs attributions, de signaler les infractions que pourraient commettre les auditeurs étrangers contre le règlement, par suite de leur ignorance des exigences de la société, afin d'en avertir les membres titulaires qui leur auraient donné des lettres d'introduction.
Sur la proposition de M. Allan Kardec, la société décide que le bulletin de ses séances sera dorénavant publié en supplément de la revue, afin que cette publication ne soit pas au détriment des matières habituelles du journal. Par suite de cette addition, chaque numéro sera augmenté d'environ quatre pages, dont les frais seront portés au compte de la société.
M. Lesourd propose que lorsqu'il y a cinq séances dans un mois, la cinquième soit consacrée à une séance particulière. (Adopté.)
Le même membre propose en outre que lorsqu'un nouveau membre est admis, il soit officiellement présenté aux autres membres de la société, afin qu'il n'y arrive point comme un étranger. (Adopté.)
M. Thiry fait observer que souvent des esprits souffrants réclament le secours des prières comme un adoucissement à leurs peines ; mais attendu qu'il peut arriver de les perdre de vue, il propose qu'à chaque séance le président rappelle leurs noms. (Adopté.)
Communications diverses, 1° lettre de M. Jobard, de Bruxelles, qui confirme, avec des détails circonstanciés, le fait des manifestations de Java, rapporté par mme Ida Pfeiffer, et publié dans la revue de décembre. Il les tient du général hollandais lui-même, avec lequel il était lié, et qui fut chargé de surveiller la maison où se passaient ces choses, et par conséquent témoin oculaire. (Publiée dans ce numéro.)
2° lecture d'une communication de l'esprit de Castelnaudary, obtenue par Mme Forbes, auditeurs à la dernière séance. Il y est donné des détails intéressants et circonstanciés sur cet esprit, et les événements qui se sont passés dans la maison en question. Plusieurs autres communications ayant été obtenues sur le même sujet, elles seront réunies à celle de la société pour être publiées quand le tout sera complété.
3° lecture d'une notice sur MMe Xavier, médium voyant. Cette dame ne voit point à volonté, mais les esprits se présentent à elle spontanément ; sans être ni en somnambulisme, ni en extase, elle est néanmoins, à ces moments-là, dans un état particulier qui réclame le plus grand calme et beaucoup de recueillement ; de telle sorte que si on l'interrogeait sur ce qu'elle voit, cet état se dissiperait à l'instant, et elle ne verrait plus rien. Comme elle en conserve un souvenir complet, elle peut rendre compte plus tard de ce qu'elle a vu. C'est ainsi, par exemple, qu'elle a vu, entre autres, la sœur Marthe, le jour où on l'a évoquée, et qu'elle l'a désignée de manière à ne laisser aucun doute sur son identité. Elle a vu également, à la dernière séance, l'esprit de Castelnaudary, vêtu d'une chemise déchirée, un poignard à la main, les mains teintes de sang, secouer fortement le bras du médium, pendant ses tentatives pour écrire, et chaque fois que Saint Louis paraissait lui ordonner de le faire. Il avait une sorte de sourire hébété sur les lèvres ; puis, quand on a parlé de prières, il n'a pas d'abord paru comprendre ; mais aussitôt après l'explication donnée par Saint Louis, il s'est précipité à ses genoux.
Le roi de Kanala lui est apparu avec la tête d'un blanc ; il avait les yeux bleus, des moustaches et des favoris gris, des mains de nègre, des bracelets d'acier, un costume bleu, la poitrine couverte d'une foule d'objets qu'elle n'a pu bien distinguer. « Cette apparence a-t-il été dit, tient à ce que, entre l'existence antérieure dont il a parlé et sa dernière, il a été soldat en franc sous louis xv. C'était une conséquence de son état avancé comparativement. Il a demandé à retourner chez les peuplades d'où il était sorti pour y faire, comme chef, pénétrer les idées de progrès. Cette forme qu'il a prise, et cette apparence moitié sauvage et moitié civilisée, sont destinées à vous montrer, sous une nouvelle face, celles que l'esprit peut donner au périsprit, dans un but instructif, et comme indice des différents états par lesquels il a passé. »
Mme x... A encore vu les esprits évoqués venir répondre à l'évocation et aux questions qui n'avaient rien de répréhensible quant à leur but ; et sur l'ordre de Saint Louis, se retirer pour laisser des esprits présents répondre à leur place, dès que les questions prenaient un caractère insidieux. « la plus grande bonne foi et la plus grande franchise devant dicter les questions, aucune arrière-pensée, ajoute l'esprit interrogé à ce sujet par le mari de cette dame, ne nous échappe ; ne cherchez donc jamais à atteindre votre but par des voies détournées, vous le manquerez toujours ainsi infailliblement. »
Elle voyait une couronne fluidique ceindre la tête du médium, comme pour indiquer les moments pendant lesquels il était interdit aux esprits non appelés de se communiquer, parce que les réponses devaient être sincères ; mais dès que cette couronne était retirée, elle voyait tous ces esprits intrus se disputer, en quelque sorte, la place qu'on leur laissait.
Elle a vu enfin l'esprit de M. Le comte de R... Sous la forme d'un cœur lumineux renversé, uni à un cordon fluidique qui aboutissait au dehors. C'était, a-t-il été dit, pour vous apprendre d'abord que l'esprit peut donner à son périsprit l'apparence qu'il veut ; ensuite, parce qu'il eût pu y avoir de l'inconvénient pour cette dame à se rencontrer vis-à-vis d'un esprit incarné qu'elle aurait vu comme esprit dégagé. Plus tard, cet inconvénient aura diminué ou disparu.
Etudes. 1° évocation de Charlet.
2° trois communications spontanées sont obtenues simultanément : la première de saint augustin, par M. Roze. Elle explique la mission du christ, et confirme un point très important expliqué par Arago, sur la formation du globe ; - la deuxième de Charlet, par M. Didier fils (suite du travail commencé) ; - la troisième de Joinville, qui signe en vieille orthographe : Amy de Loys, par mlle huet.
Demandes d'admission. M. Forbes, de Londres, officier du génie, et MMe Forbes, de florence, écrivent pour demander à faire partie de la société comme membres titulaires. Rapport et décision renvoyés au 30 déc.
Désignation de six commissaires qui devront se répartir le service des séances générales jusqu'au premier avril, sans qu'il soit besoin d'en désigner un à chaque séance. Ils auront, en outre, dans leurs attributions, de signaler les infractions que pourraient commettre les auditeurs étrangers contre le règlement, par suite de leur ignorance des exigences de la société, afin d'en avertir les membres titulaires qui leur auraient donné des lettres d'introduction.
Sur la proposition de M. Allan Kardec, la société décide que le bulletin de ses séances sera dorénavant publié en supplément de la revue, afin que cette publication ne soit pas au détriment des matières habituelles du journal. Par suite de cette addition, chaque numéro sera augmenté d'environ quatre pages, dont les frais seront portés au compte de la société.
M. Lesourd propose que lorsqu'il y a cinq séances dans un mois, la cinquième soit consacrée à une séance particulière. (Adopté.)
Le même membre propose en outre que lorsqu'un nouveau membre est admis, il soit officiellement présenté aux autres membres de la société, afin qu'il n'y arrive point comme un étranger. (Adopté.)
M. Thiry fait observer que souvent des esprits souffrants réclament le secours des prières comme un adoucissement à leurs peines ; mais attendu qu'il peut arriver de les perdre de vue, il propose qu'à chaque séance le président rappelle leurs noms. (Adopté.)
Communications diverses, 1° lettre de M. Jobard, de Bruxelles, qui confirme, avec des détails circonstanciés, le fait des manifestations de Java, rapporté par mme Ida Pfeiffer, et publié dans la revue de décembre. Il les tient du général hollandais lui-même, avec lequel il était lié, et qui fut chargé de surveiller la maison où se passaient ces choses, et par conséquent témoin oculaire. (Publiée dans ce numéro.)
2° lecture d'une communication de l'esprit de Castelnaudary, obtenue par Mme Forbes, auditeurs à la dernière séance. Il y est donné des détails intéressants et circonstanciés sur cet esprit, et les événements qui se sont passés dans la maison en question. Plusieurs autres communications ayant été obtenues sur le même sujet, elles seront réunies à celle de la société pour être publiées quand le tout sera complété.
3° lecture d'une notice sur MMe Xavier, médium voyant. Cette dame ne voit point à volonté, mais les esprits se présentent à elle spontanément ; sans être ni en somnambulisme, ni en extase, elle est néanmoins, à ces moments-là, dans un état particulier qui réclame le plus grand calme et beaucoup de recueillement ; de telle sorte que si on l'interrogeait sur ce qu'elle voit, cet état se dissiperait à l'instant, et elle ne verrait plus rien. Comme elle en conserve un souvenir complet, elle peut rendre compte plus tard de ce qu'elle a vu. C'est ainsi, par exemple, qu'elle a vu, entre autres, la sœur Marthe, le jour où on l'a évoquée, et qu'elle l'a désignée de manière à ne laisser aucun doute sur son identité. Elle a vu également, à la dernière séance, l'esprit de Castelnaudary, vêtu d'une chemise déchirée, un poignard à la main, les mains teintes de sang, secouer fortement le bras du médium, pendant ses tentatives pour écrire, et chaque fois que Saint Louis paraissait lui ordonner de le faire. Il avait une sorte de sourire hébété sur les lèvres ; puis, quand on a parlé de prières, il n'a pas d'abord paru comprendre ; mais aussitôt après l'explication donnée par Saint Louis, il s'est précipité à ses genoux.
Le roi de Kanala lui est apparu avec la tête d'un blanc ; il avait les yeux bleus, des moustaches et des favoris gris, des mains de nègre, des bracelets d'acier, un costume bleu, la poitrine couverte d'une foule d'objets qu'elle n'a pu bien distinguer. « Cette apparence a-t-il été dit, tient à ce que, entre l'existence antérieure dont il a parlé et sa dernière, il a été soldat en franc sous louis xv. C'était une conséquence de son état avancé comparativement. Il a demandé à retourner chez les peuplades d'où il était sorti pour y faire, comme chef, pénétrer les idées de progrès. Cette forme qu'il a prise, et cette apparence moitié sauvage et moitié civilisée, sont destinées à vous montrer, sous une nouvelle face, celles que l'esprit peut donner au périsprit, dans un but instructif, et comme indice des différents états par lesquels il a passé. »
Mme x... A encore vu les esprits évoqués venir répondre à l'évocation et aux questions qui n'avaient rien de répréhensible quant à leur but ; et sur l'ordre de Saint Louis, se retirer pour laisser des esprits présents répondre à leur place, dès que les questions prenaient un caractère insidieux. « la plus grande bonne foi et la plus grande franchise devant dicter les questions, aucune arrière-pensée, ajoute l'esprit interrogé à ce sujet par le mari de cette dame, ne nous échappe ; ne cherchez donc jamais à atteindre votre but par des voies détournées, vous le manquerez toujours ainsi infailliblement. »
Elle voyait une couronne fluidique ceindre la tête du médium, comme pour indiquer les moments pendant lesquels il était interdit aux esprits non appelés de se communiquer, parce que les réponses devaient être sincères ; mais dès que cette couronne était retirée, elle voyait tous ces esprits intrus se disputer, en quelque sorte, la place qu'on leur laissait.
Elle a vu enfin l'esprit de M. Le comte de R... Sous la forme d'un cœur lumineux renversé, uni à un cordon fluidique qui aboutissait au dehors. C'était, a-t-il été dit, pour vous apprendre d'abord que l'esprit peut donner à son périsprit l'apparence qu'il veut ; ensuite, parce qu'il eût pu y avoir de l'inconvénient pour cette dame à se rencontrer vis-à-vis d'un esprit incarné qu'elle aurait vu comme esprit dégagé. Plus tard, cet inconvénient aura diminué ou disparu.
Etudes. 1° évocation de Charlet.
2° trois communications spontanées sont obtenues simultanément : la première de saint augustin, par M. Roze. Elle explique la mission du christ, et confirme un point très important expliqué par Arago, sur la formation du globe ; - la deuxième de Charlet, par M. Didier fils (suite du travail commencé) ; - la troisième de Joinville, qui signe en vieille orthographe : Amy de Loys, par mlle huet.
Vendredi 23 décembre 1859. (Séance générale.)
Lecture du procès-verbal et des travaux de la séance du 16 décembre.
Demandes d'admission. Lettres de M. Demange, négociant à paris ; de M. Soive, négociant à paris, présentés comme membres titulaires. Rapport et décision renvoyés à la séance du 30 décembre.
Communications diverses. 1. Lecture d'une évocation faite en particulier par mme de b..., de l'esprit qui s'est spontanément communiqué par elle à la société, sous le nom de Paul Miffet, au moment où il allait se réincarner. Cette évocation, qui présente un intéressant tableau de la réincarnation et de la situation physique et morale de l'esprit dans les premiers instants de sa vie corporelle, sera publiée.
2. Lettre de M. Paul Netz sur les faits qui ont amené la prise de possession, par les chartreux, des ruines du château de vauvert, situé dans le quartier de l'observatoire de paris, sous louis ix. Il se passait, soi-disant, dans ce château, des scènes de diableries, qui cessèrent dès que les moines y furent installés. Saint Louis, interrogé sur ces faits, répond qu'il en a parfaitement connaissance, mais que c'était une jonglerie.
Etudes. 1. Questions et problèmes moraux divers adressés à Saint Louis, sur l'état des esprits souffrants. (Seront publiées.)
2. Evocation de John Brown.
3. Trois communications spontanées : la première par M. Roze, et signée de l'esprit de vérité, contenant divers conseils à la société ; la deuxième de Charlet, par M. Didier fils (suite du travail commencé) ; la troisième, sur les esprits qui président aux fleurs, par MMe de B...
2. Lettre de M. Paul Netz sur les faits qui ont amené la prise de possession, par les chartreux, des ruines du château de vauvert, situé dans le quartier de l'observatoire de paris, sous louis ix. Il se passait, soi-disant, dans ce château, des scènes de diableries, qui cessèrent dès que les moines y furent installés. Saint Louis, interrogé sur ces faits, répond qu'il en a parfaitement connaissance, mais que c'était une jonglerie.
Etudes. 1. Questions et problèmes moraux divers adressés à Saint Louis, sur l'état des esprits souffrants. (Seront publiées.)
2. Evocation de John Brown.
3. Trois communications spontanées : la première par M. Roze, et signée de l'esprit de vérité, contenant divers conseils à la société ; la deuxième de Charlet, par M. Didier fils (suite du travail commencé) ; la troisième, sur les esprits qui président aux fleurs, par MMe de B...
Allan Kardec.
Nota. La nouvelle édition du livre des esprits va paraître en janvier