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REVUE SPIRITE JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1866 > Mai > Dissertations spirites
Dissertations spirites
Instruction pour M. Allan Kardec
(Paris, 23 avril 1866. ‑ Médium, M. Desliens.)
La santé de M. Allan Kardec s'affaiblissant de jour en jour par suite de
travaux excessifs auxquels il ne peut suffire, je me vois dans la
nécessité de lui répéter de nouveau ce que je lui ai déjà dit maintes
fois : Vous avez besoin de repos ; les forces humaines ont des bornes
que votre désir de voir progresser l'enseignement vous porte souvent à
enfreindre ; vous avez tort, car, en agissant ainsi, vous ne hâterez pas
la marche de la doctrine, mais vous ruinerez votre santé et vous vous
mettrez dans l'impossibilité matérielle d'achever la tâche que vous êtes
venu remplir ici-bas. Votre maladie actuelle n'est que le résultat
d'une dépense incessante de forces vitales qui ne laisse pas à la
réparation le temps de se faire, et d'un échauffement du sang produit
pas le manque absolu de repos. Nous vous soutenons, sans doute, mais à
la condition que vous ne déferez pas ce que nous faisons. Que sert-il de
courir ? Ne vous a-t-on pas dit maintes fois que chaque chose viendrait
en son temps et que les Esprits préposés au mouvement des idées
sauraient faire surgir des circonstances favorables quand le moment
d'agir serait venu ?
Lorsque chaque Spirite recueille ses forces pour la lutte, pensez-vous qu'il soit de votre devoir d'épuiser les vôtres ? – Non ; en tout, vous devez donner l'exemple et votre place sera sur la brèche au moment du danger. Qu'y feriez-vous si votre corps affaibli ne permettait plus à votre esprit de se servir des armes que l'expérience et la révélation vous ont mises entre les mains ? – Croyez-moi, remettez à plus tard les grands ouvrages destinés à compléter l'œuvre ébauchée dans vos premières publications ; vos travaux courants et quelques petites brochures urgentes ont de quoi absorber votre temps, et doivent être les seuls objets de vos préoccupations actuelles.
Je ne vous parle pas seulement en mon propre nom, je suis ici le délégué de tous ces Esprits qui ont contribué si puissamment à la propagation de l'enseignement par leurs sages instructions. Ils vous disent par mon intermédiaire que ce retard que vous pensez nuisible à l'avenir de la doctrine est une mesure nécessaire à plus d'un point de vue, soit parce que certaines questions ne sont pas encore complètement élucidées, soit pour préparer les Esprits à se les mieux assimiler. Il faut que d'autres aient déblayé le terrain, que certaines théories aient prouvé leur insuffisance et fait un plus grand vide. En un mot, le moment n'est pas opportun ; ménagez-vous donc, car lorsqu'il en sera temps, toute votre vigueur de corps et d'esprit vous sera nécessaire. Le Spiritisme a été jusqu'ici l'objet de bien des diatribes, il a soulevé bien des tempêtes ! croyez-vous que tout mouvement soit apaisé, que toutes les haines soient calmées et réduites à l'impuissance ? Détrompez-vous, le creuset épurateur n'a pas encore rejeté toutes les impuretés ; l'avenir vous garde d'autres épreuves et les dernières crises ne seront pas les moins pénibles à supporter.
Je sais que votre position particulière vous suscite une foule de travaux secondaires qui emploient la meilleure partie de votre temps. Les demandes de toutes sortes vous accablent, et vous vous faites un devoir d'y satisfaire autant que possible. Je ferai ici ce que vous n'oseriez sans doute faire vous-même, et, m'adressant à la généralité des Spirites, je les prierai, dans l'intérêt du Spiritisme lui-même, de vous épargner toute surcharge de travail de nature à absorber des instants que vous devez consacrer presque exclusivement à l'achèvement de l'œuvre. Si votre correspondance en souffre un peu, l'enseignement y gagnera. Il est quelquefois nécessaire de sacrifier les satisfactions particulières à l'intérêt général. C'est une mesure urgente que tous les adeptes sincères sauront comprendre et approuver.
L'immense correspondance que vous recevez est pour vous une source précieuse de documents et de renseignements ; elle vous éclaire sur la marche vraie et les progrès réels de la doctrine ; c'est un thermomètre impartial ; vous y puisez en outre des satisfactions morales qui ont plus d'une fois soutenu votre courage en voyant l'adhésion que rencontrent vos idées sur tous les points du globe ; sous ce rapport, la surabondance est un bien et non un inconvénient, mais à la condition de seconder vos travaux et non de les entraver, en vous créant un surcroît d'occupations.
Doct. Demeure.
Bon monsieur Demeure, je vous remercie de vos sages conseils. Grâce à la résolution que j'ai prise de me faire suppléer, sauf les cas exceptionnels, la correspondance courante souffre peu maintenant, et ne souffrira plus à l'avenir ; mais que faire de cet arriéré de plus de cinq cents lettres que, malgré toute ma bonne volonté, je ne puis parvenir là mettre à jour ?
R. Il faut, comme on dit en terme de commerce, les passer en bloc par compte de profits et pertes. En annonçant cette mesure dans la Revue, vos correspondants sauront à quoi s'en tenir ; ils en comprendront la nécessité, et ils la trouveront surtout justifiée par les conseils qui précèdent. Je le répète, il serait impossible que les choses allassent longtemps comme cela ; tout en souffrirait, et votre santé et la doctrine. Il faut, au besoin, savoir faire les sacrifices nécessaires. Tranquille désormais sur ce point, vous pourrez vaquer plus librement à vos travaux obligatoires. Voilà ce que vous conseille celui qui sera toujours votre ami dévoué. Demeure.
Déférant à ce sage conseil, nous prions ceux de nos correspondants avec lesquels nous sommes depuis si longtemps en retard d'agréer nos excuses et nos regrets de n'avoir pu répondre en détail, et comme nous l'aurions désiré, à leurs bienveillantes lettres. Ils voudront bien recevoir ici collectivement l'expression de nos sentiments fraternels.
Lorsque chaque Spirite recueille ses forces pour la lutte, pensez-vous qu'il soit de votre devoir d'épuiser les vôtres ? – Non ; en tout, vous devez donner l'exemple et votre place sera sur la brèche au moment du danger. Qu'y feriez-vous si votre corps affaibli ne permettait plus à votre esprit de se servir des armes que l'expérience et la révélation vous ont mises entre les mains ? – Croyez-moi, remettez à plus tard les grands ouvrages destinés à compléter l'œuvre ébauchée dans vos premières publications ; vos travaux courants et quelques petites brochures urgentes ont de quoi absorber votre temps, et doivent être les seuls objets de vos préoccupations actuelles.
Je ne vous parle pas seulement en mon propre nom, je suis ici le délégué de tous ces Esprits qui ont contribué si puissamment à la propagation de l'enseignement par leurs sages instructions. Ils vous disent par mon intermédiaire que ce retard que vous pensez nuisible à l'avenir de la doctrine est une mesure nécessaire à plus d'un point de vue, soit parce que certaines questions ne sont pas encore complètement élucidées, soit pour préparer les Esprits à se les mieux assimiler. Il faut que d'autres aient déblayé le terrain, que certaines théories aient prouvé leur insuffisance et fait un plus grand vide. En un mot, le moment n'est pas opportun ; ménagez-vous donc, car lorsqu'il en sera temps, toute votre vigueur de corps et d'esprit vous sera nécessaire. Le Spiritisme a été jusqu'ici l'objet de bien des diatribes, il a soulevé bien des tempêtes ! croyez-vous que tout mouvement soit apaisé, que toutes les haines soient calmées et réduites à l'impuissance ? Détrompez-vous, le creuset épurateur n'a pas encore rejeté toutes les impuretés ; l'avenir vous garde d'autres épreuves et les dernières crises ne seront pas les moins pénibles à supporter.
Je sais que votre position particulière vous suscite une foule de travaux secondaires qui emploient la meilleure partie de votre temps. Les demandes de toutes sortes vous accablent, et vous vous faites un devoir d'y satisfaire autant que possible. Je ferai ici ce que vous n'oseriez sans doute faire vous-même, et, m'adressant à la généralité des Spirites, je les prierai, dans l'intérêt du Spiritisme lui-même, de vous épargner toute surcharge de travail de nature à absorber des instants que vous devez consacrer presque exclusivement à l'achèvement de l'œuvre. Si votre correspondance en souffre un peu, l'enseignement y gagnera. Il est quelquefois nécessaire de sacrifier les satisfactions particulières à l'intérêt général. C'est une mesure urgente que tous les adeptes sincères sauront comprendre et approuver.
L'immense correspondance que vous recevez est pour vous une source précieuse de documents et de renseignements ; elle vous éclaire sur la marche vraie et les progrès réels de la doctrine ; c'est un thermomètre impartial ; vous y puisez en outre des satisfactions morales qui ont plus d'une fois soutenu votre courage en voyant l'adhésion que rencontrent vos idées sur tous les points du globe ; sous ce rapport, la surabondance est un bien et non un inconvénient, mais à la condition de seconder vos travaux et non de les entraver, en vous créant un surcroît d'occupations.
Doct. Demeure.
Bon monsieur Demeure, je vous remercie de vos sages conseils. Grâce à la résolution que j'ai prise de me faire suppléer, sauf les cas exceptionnels, la correspondance courante souffre peu maintenant, et ne souffrira plus à l'avenir ; mais que faire de cet arriéré de plus de cinq cents lettres que, malgré toute ma bonne volonté, je ne puis parvenir là mettre à jour ?
R. Il faut, comme on dit en terme de commerce, les passer en bloc par compte de profits et pertes. En annonçant cette mesure dans la Revue, vos correspondants sauront à quoi s'en tenir ; ils en comprendront la nécessité, et ils la trouveront surtout justifiée par les conseils qui précèdent. Je le répète, il serait impossible que les choses allassent longtemps comme cela ; tout en souffrirait, et votre santé et la doctrine. Il faut, au besoin, savoir faire les sacrifices nécessaires. Tranquille désormais sur ce point, vous pourrez vaquer plus librement à vos travaux obligatoires. Voilà ce que vous conseille celui qui sera toujours votre ami dévoué. Demeure.
Déférant à ce sage conseil, nous prions ceux de nos correspondants avec lesquels nous sommes depuis si longtemps en retard d'agréer nos excuses et nos regrets de n'avoir pu répondre en détail, et comme nous l'aurions désiré, à leurs bienveillantes lettres. Ils voudront bien recevoir ici collectivement l'expression de nos sentiments fraternels.
De l'acquiescement à la prière
Paris, avril 1866. ‑ Médium, madame D…
Vous vous figurez presque toujours que ce que vous demandez dans la
prière doit s'accomplir par une sorte de miracle ; cette croyance
erronée est la source d'une foule de pratiques superstitieuses et de
bien des déceptions. Elle conduit aussi à la négation de l'efficacité de
la prière ; de ce que votre demande n'est pas accueillie de la manière
que vous l'entendiez, vous en concluez qu'elle était inutile, et alors,
parfois, vous murmurez contre la justice de Dieu. D'autres pensent que,
Dieu ayant établi des lois éternelles auxquelles tous les êtres sont
soumis, il n'y peut déroger pour accéder aux demandes qui lui sont
faites. C'est pour vous prémunir contre l'erreur, ou mieux contre
l'exagération de ces deux idées que je me propose de vous donner
quelques explications sur le mode d'acquiescement à la prière.
Il est une vérité incontestable, c'est que Dieu n'intervertit et ne suspend pour personne le cours des lois qui régissent l'univers ; sans cela, l'ordre de la nature serait incessamment bouleversé par le caprice du premier venu. Il est donc certain que toute prière qui ne pourrait être exaucée que par une dérogation à ces lois demeure sans effet ; telle serait, par exemple, celle qui aurait pour objet le retour à la vie d'un homme véritablement mort, ou le rétablissement de la santé si le désordre de l'organisme est irrémédiable.
Il n'est pas moins certain qu'il n'est donné aucune attention aux demandes futiles ou inconsidérées ; mais soyez persuadés que toute prière pure et désintéressée est écoutée, et qu'il est toujours tenu compte de l'intention, lors même que Dieu, dans sa sagesse, jugerait à propos de n'y pas faire droit ; c'est alors surtout qu'il vous faut faire preuve d'humilité et de soumission à sa volonté, en vous disant qu'il sait mieux que vous ce qui peut vous être utile.
Il y a certainement des lois générales auxquelles l'homme est fatalement soumis ; mais c'est une erreur de croire que les moindres circonstances de la vie sont arrêtées d'avance d'une manière irrévocable ; si cela était, l'homme serait une machine sans initiative, et par conséquent sans responsabilité. Le libre arbitre est une des prérogatives de l'homme ; dès l'instant qu'il est libre d'aller à droite ou à gauche, d'agir selon les circonstances, ses mouvements ne sont pas réglés comme ceux d'une mécanique. Selon qu'il fait ou ne fait pas une chose, et selon qu'il la fait d'une manière ou d'une autre, les événements qui en dépendent suivent un cours différent ; puisqu'ils sont subordonnés à la décision de l'homme, ils ne sont pas soumis à la fatalité. Ceux qui sont fatals sont ceux qui sont indépendants de sa volonté ; mais toutes les fois que l'homme peut réagir en vertu de son libre arbitre, il n'y a pas fatalité.
L'homme a donc un cercle dans lequel il peut se mouvoir librement ; cette liberté d'action a pour limites les lois de la nature, que nul ne peut franchir ; ou pour mieux dire, cette liberté, dans la sphère d'activité où elle s'exerce, fait partie de ces lois ; elle est nécessaire, et c'est par elle que l'homme est appelé à concourir à la marche générale des choses ; et comme il le fait librement, il a le mérite de ce qu'il fait de bien, et le démérite de ce qu'il fait de mal, de sa nonchalance, de sa négligence, de son inactivité. Les fluctuations que sa volonté peut faire subir aux événements de la vie ne troublent donc en aucune façon l'harmonie universelle, ces fluctuations mêmes faisaient partie des épreuves qui incombent à l'homme sur la terre.
Dans la limite des choses qui dépendent de la volonté de l'homme, Dieu peut donc, sans déroger à ses lois, accéder à une prière lorsqu'elle est juste, et que l'accomplissement peut en être utile ; mais il arrive souvent qu'il en juge l'utilité et l'opportunité autrement que nous, c'est pour cela qu'il n'y acquiesce pas toujours. S'il lui plaît de l'exaucer, ce n'est pas en modifiant ses décrets souverains qu'il le fait, mais par des moyens qui ne sortent pas de l'ordre légal, si l'on peut s'exprimer ainsi. Les Esprits, exécuteurs de ses volontés, sont alors chargés de provoquer les circonstances qui doivent amener le résultat désiré. Ce résultat requiert presque toujours le concours de quelque incarné ; c'est donc ce concours que les Esprits préparent en inspirant à ceux qui doivent y coopérer la pensée d'une démarche, en les incitant à se rendre sur un point plutôt que sur un autre, en provoquant des rencontres propices qui semblent dues au hasard ; or, le hasard n'existe pas plus dans l'assistance qu'on reçoit que dans les malheurs qu'on éprouve.
Dans les afflictions, la prière est non-seulement une preuve de confiance et de soumission à la volonté de Dieu, qui l'écoute, si elle est pure et désintéressée, mais elle a encore pour effet, comme vous le savez, d'établir un courant fluidique qui porte au loin, dans l'espace, la pensée de l'affligé, comme l'air porte les accents de sa voix. Cette pensée se répercute dans les cœurs sympathiques à la souffrance, et ceux-ci, par un mouvement inconscient et comme attirés par une puissance magnétique, se dirigent vers le lieu où leur présence peut être utile. Dieu, qui veut secourir celui qui l'implore, pourrait sans doute le faire pur lui-même, instantanément, mais, je l'ai dit, il ne fait pas de miracles, et les choses doivent suivre leur cours naturel ; il veut que les hommes pratiquent la charité en se secourant les uns les autres. Par ses messagers, il porte la plainte où elle peut trouver de l'écho, et là, de bons Esprits soufflent une bonne pensée. Bien que suscitée, la pensée, par cela même que la source en est inconnue, laisse à l'homme toute sa liberté ; rien ne le contraint ; il a, par conséquent, tout le mérite de la spontanéité s'il cède à la voix intime qui fait en lui appel au sentiment du devoir, et tout le démérite si, dominé par une indifférence égoïste, il résiste.
D. Il y a des cas, comme dans un danger imminent, où l'assistance doit être prompte ; comment peut-elle arriver en temps utile, s'il faut attendre le bon vouloir d'un homme, et si ce bon vouloir fait défaut par suite du libre arbitre ? ‑ R. Vous ne devez pas oublier que les anges gardiens, les Esprits protecteurs, dont la mission est de veiller sur ceux qui leur sont confiés, les suivent pour ainsi dire pas à pas. Ils ne peuvent leur épargner les appréhensions des dangers qui font partie de leurs épreuves ; mais si les suites du danger peuvent être évitées, comme ils l'ont prévu d'avance, ils n'ont pas attendu au dernier moment pour préparer les secours. Si, parfois, ils s'adressent aux hommes de mauvaise volonté, c'est en vue de chercher à éveiller en eux de bons sentiments, mais ils ne comptent pas sur eux.
Lorsque, dans une position critique, une personne se trouve, comme à point nommé, pour vous assister, et que vous vous écriez : « C'est la Providence qui l'envoie, » vous dites une vérité plus grande que vous ne le croyez souvent.
S'il y a des cas pressants, d'autres qui le sont moins exigent un certain temps pour amener un concours de circonstances favorables, surtout quand il faut que les Esprits triomphent, par l'inspiration, de l'apathie des gens dont la coopération est nécessaire pour le résultat à obtenir. Ces retards dans l'accomplissement du désir sont des épreuves pour la patience et la résignation ; puis, quand arrive la réalisation de ce que l'on a souhaité, c'est presque toujours par un enchaînement de circonstances si naturelles, que rien absolument ne décèle une intervention occulte, rien n'affecte la plus légère apparence de merveilleux ; les choses semblent s'arranger d'elles-mêmes. Cela doit être ainsi par le double motif que les moyens d'action ne s'écartent pas des lois générales, et, en second lieu, que, si l'assistance des Esprits était trop évidente, l'homme se fierait sur eux et s'habituerait à ne pas compter sur lui-même. Cette assistance doit être comprise de lui par la pensée, par le sens moral, et non par les sens matériels ; sa croyance doit être le résultat de sa foi et de sa confiance en la bonté de Dieu. Malheureusement, parce qu'il n'a pas vu le doigt de Dieu faire pour lui un miracle, il oublie trop souvent Celui à qui il doit son salut pour en glorifier le hasard ; c'est une ingratitude qui, tôt ou tard, reçoit son expiation.
Un Esprit protecteur.
Il est une vérité incontestable, c'est que Dieu n'intervertit et ne suspend pour personne le cours des lois qui régissent l'univers ; sans cela, l'ordre de la nature serait incessamment bouleversé par le caprice du premier venu. Il est donc certain que toute prière qui ne pourrait être exaucée que par une dérogation à ces lois demeure sans effet ; telle serait, par exemple, celle qui aurait pour objet le retour à la vie d'un homme véritablement mort, ou le rétablissement de la santé si le désordre de l'organisme est irrémédiable.
Il n'est pas moins certain qu'il n'est donné aucune attention aux demandes futiles ou inconsidérées ; mais soyez persuadés que toute prière pure et désintéressée est écoutée, et qu'il est toujours tenu compte de l'intention, lors même que Dieu, dans sa sagesse, jugerait à propos de n'y pas faire droit ; c'est alors surtout qu'il vous faut faire preuve d'humilité et de soumission à sa volonté, en vous disant qu'il sait mieux que vous ce qui peut vous être utile.
Il y a certainement des lois générales auxquelles l'homme est fatalement soumis ; mais c'est une erreur de croire que les moindres circonstances de la vie sont arrêtées d'avance d'une manière irrévocable ; si cela était, l'homme serait une machine sans initiative, et par conséquent sans responsabilité. Le libre arbitre est une des prérogatives de l'homme ; dès l'instant qu'il est libre d'aller à droite ou à gauche, d'agir selon les circonstances, ses mouvements ne sont pas réglés comme ceux d'une mécanique. Selon qu'il fait ou ne fait pas une chose, et selon qu'il la fait d'une manière ou d'une autre, les événements qui en dépendent suivent un cours différent ; puisqu'ils sont subordonnés à la décision de l'homme, ils ne sont pas soumis à la fatalité. Ceux qui sont fatals sont ceux qui sont indépendants de sa volonté ; mais toutes les fois que l'homme peut réagir en vertu de son libre arbitre, il n'y a pas fatalité.
L'homme a donc un cercle dans lequel il peut se mouvoir librement ; cette liberté d'action a pour limites les lois de la nature, que nul ne peut franchir ; ou pour mieux dire, cette liberté, dans la sphère d'activité où elle s'exerce, fait partie de ces lois ; elle est nécessaire, et c'est par elle que l'homme est appelé à concourir à la marche générale des choses ; et comme il le fait librement, il a le mérite de ce qu'il fait de bien, et le démérite de ce qu'il fait de mal, de sa nonchalance, de sa négligence, de son inactivité. Les fluctuations que sa volonté peut faire subir aux événements de la vie ne troublent donc en aucune façon l'harmonie universelle, ces fluctuations mêmes faisaient partie des épreuves qui incombent à l'homme sur la terre.
Dans la limite des choses qui dépendent de la volonté de l'homme, Dieu peut donc, sans déroger à ses lois, accéder à une prière lorsqu'elle est juste, et que l'accomplissement peut en être utile ; mais il arrive souvent qu'il en juge l'utilité et l'opportunité autrement que nous, c'est pour cela qu'il n'y acquiesce pas toujours. S'il lui plaît de l'exaucer, ce n'est pas en modifiant ses décrets souverains qu'il le fait, mais par des moyens qui ne sortent pas de l'ordre légal, si l'on peut s'exprimer ainsi. Les Esprits, exécuteurs de ses volontés, sont alors chargés de provoquer les circonstances qui doivent amener le résultat désiré. Ce résultat requiert presque toujours le concours de quelque incarné ; c'est donc ce concours que les Esprits préparent en inspirant à ceux qui doivent y coopérer la pensée d'une démarche, en les incitant à se rendre sur un point plutôt que sur un autre, en provoquant des rencontres propices qui semblent dues au hasard ; or, le hasard n'existe pas plus dans l'assistance qu'on reçoit que dans les malheurs qu'on éprouve.
Dans les afflictions, la prière est non-seulement une preuve de confiance et de soumission à la volonté de Dieu, qui l'écoute, si elle est pure et désintéressée, mais elle a encore pour effet, comme vous le savez, d'établir un courant fluidique qui porte au loin, dans l'espace, la pensée de l'affligé, comme l'air porte les accents de sa voix. Cette pensée se répercute dans les cœurs sympathiques à la souffrance, et ceux-ci, par un mouvement inconscient et comme attirés par une puissance magnétique, se dirigent vers le lieu où leur présence peut être utile. Dieu, qui veut secourir celui qui l'implore, pourrait sans doute le faire pur lui-même, instantanément, mais, je l'ai dit, il ne fait pas de miracles, et les choses doivent suivre leur cours naturel ; il veut que les hommes pratiquent la charité en se secourant les uns les autres. Par ses messagers, il porte la plainte où elle peut trouver de l'écho, et là, de bons Esprits soufflent une bonne pensée. Bien que suscitée, la pensée, par cela même que la source en est inconnue, laisse à l'homme toute sa liberté ; rien ne le contraint ; il a, par conséquent, tout le mérite de la spontanéité s'il cède à la voix intime qui fait en lui appel au sentiment du devoir, et tout le démérite si, dominé par une indifférence égoïste, il résiste.
D. Il y a des cas, comme dans un danger imminent, où l'assistance doit être prompte ; comment peut-elle arriver en temps utile, s'il faut attendre le bon vouloir d'un homme, et si ce bon vouloir fait défaut par suite du libre arbitre ? ‑ R. Vous ne devez pas oublier que les anges gardiens, les Esprits protecteurs, dont la mission est de veiller sur ceux qui leur sont confiés, les suivent pour ainsi dire pas à pas. Ils ne peuvent leur épargner les appréhensions des dangers qui font partie de leurs épreuves ; mais si les suites du danger peuvent être évitées, comme ils l'ont prévu d'avance, ils n'ont pas attendu au dernier moment pour préparer les secours. Si, parfois, ils s'adressent aux hommes de mauvaise volonté, c'est en vue de chercher à éveiller en eux de bons sentiments, mais ils ne comptent pas sur eux.
Lorsque, dans une position critique, une personne se trouve, comme à point nommé, pour vous assister, et que vous vous écriez : « C'est la Providence qui l'envoie, » vous dites une vérité plus grande que vous ne le croyez souvent.
S'il y a des cas pressants, d'autres qui le sont moins exigent un certain temps pour amener un concours de circonstances favorables, surtout quand il faut que les Esprits triomphent, par l'inspiration, de l'apathie des gens dont la coopération est nécessaire pour le résultat à obtenir. Ces retards dans l'accomplissement du désir sont des épreuves pour la patience et la résignation ; puis, quand arrive la réalisation de ce que l'on a souhaité, c'est presque toujours par un enchaînement de circonstances si naturelles, que rien absolument ne décèle une intervention occulte, rien n'affecte la plus légère apparence de merveilleux ; les choses semblent s'arranger d'elles-mêmes. Cela doit être ainsi par le double motif que les moyens d'action ne s'écartent pas des lois générales, et, en second lieu, que, si l'assistance des Esprits était trop évidente, l'homme se fierait sur eux et s'habituerait à ne pas compter sur lui-même. Cette assistance doit être comprise de lui par la pensée, par le sens moral, et non par les sens matériels ; sa croyance doit être le résultat de sa foi et de sa confiance en la bonté de Dieu. Malheureusement, parce qu'il n'a pas vu le doigt de Dieu faire pour lui un miracle, il oublie trop souvent Celui à qui il doit son salut pour en glorifier le hasard ; c'est une ingratitude qui, tôt ou tard, reçoit son expiation.
Un Esprit protecteur.
Le Spiritisme oblige
Paris, avril 1866. – Médium, madame B…
Le Spiritisme est une science essentiellement morale ; dès lors ceux qui
se disent ses adeptes ne peuvent, sans commettre une inconséquence
grave, se soustraire aux obligations qu'il impose.
Ces obligations sont de deux sortes.
La première concerne l'individu qui, aidé des clartés intellectuelles que répand la doctrine, peut mieux comprendre la valeur de chacun de ses actes, mieux sonder tous les replis de sa conscience, mieux apprécier l'infinie bonté de Dieu, qui ne veut pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive, et, pour lui laisser la possibilité de se relever de ses chutes, lui a donné la longue suite des existences successives à chacune desquelles, en portant la peine de ses fautes passées, il peut acquérir de nouvelles connaissances et de nouvelles forces, lui faisant éviter le mal et pratiquer ce qui est conforme à la justice, à la charité. Que dire de celui qui, ainsi éclairé sur ses devoirs envers Dieu, envers ses frères, reste orgueilleux, cupide, égoïste ? Ne semble-t-il pas que la lumière l'ait aveuglé parce qu'il n'était pas préparé à la recevoir ? Dès lors, il marche dans les ténèbres, bien qu'étant au milieu de la lumière ; il n'est Spirite que de nom. La charité fraternelle de ceux qui voient véritablement doit s'efforcer de le guérir de cette cécité intellectuelle ; mais, pour beaucoup de ceux qui lui ressemblent, il faudra la lumière qu'apporte la tombe, parce que leur cœur est trop attaché aux jouissances matérielles, et que leur esprit n'est pas mûr pour recevoir la vérité. Dans une nouvelle incarnation, ils comprendront que les planètes inférieures comme la terre ne sont qu'une sorte d'école mutuelle où l'âme commence à développer ses facultés, ses aptitudes, pour les appliquer ensuite à l'étude des grands principes d'ordre, de justice d'amour et d'harmonie, qui règlent les rapports des âmes entre elles, et les fonctions qu'elles remplissent dans la direction de l'univers ; ils sentiront qu'appelée à une si haute dignité que celle de devenir messagère du Très-haut, l'âme humaine ne doit pas s'avilir, se dégrader au contact des immondes jouissances de la volupté ; des ignobles convoitises de l'avarice qui retranche à quelques-uns des enfants de Dieu la jouissance des biens qu'il a donnés pour tous ; ils comprendront que l'égoïsme, né de l'orgueil, aveugle l'âme et lui fait violer les droits de la justice, de l'humanité, dès lors engendre tous les maux qui font de la terre un séjour de douleurs et d'expiations. Instruits par les dures leçons de l'adversité, leur esprit sera mûri par la réflexion, et leur cœur, après avoir été broyé par la douleur, deviendra bon et charitable ; c'est ainsi que ce qui nous paraît un mal est quelquefois nécessaire pour ramener les endurcis. Ces pauvres retardataires, régénérés par la souffrance, éclairés de cette lumière intérieure qu'on peut appeler le baptême de l'Esprit, veilleront avec soin sur eux-mêmes, c'est-à-dire sur les mouvements de leur cœur et l'emploi de leurs facultés pour les diriger selon les lois de la justice et de la fraternité. Ils comprendront qu'ils ne sont pas seulement obligés à s'améliorer eux-mêmes, calcul égoïste empêchant d'atteindre le but voulu par Dieu, mais que le second ordre d'obligations du Spirite, découlant nécessairement du premier et le complétant, est celui de l'exemple qui est le meilleur des moyens de propagation et de rénovation.
En effet, celui qui est convaincu de l'excellence des principes qui lui sont enseignés et doivent, s'il y conforme sa conduite, lui procurer un bonheur durable, ne peut, s'il est vraiment animé de cette charité fraternelle qui est dans l'essence même du Spiritisme, que désirer qu'ils soient compris par tous les hommes. De là, l'obligation morale de conformer sa conduite à sa croyance, et d'être un exemple vivant, un modèle, comme Christ le fut pour l'humanité.
Vous, faibles étincelles parties de l'éternel foyer de l'amour divin, vous ne pouvez assurément pas prétendre à un aussi vaste rayonnement que celui du Verbe de Dieu incarné sur la terre, mais, chacun dans votre sphère d'action, vous pouvez répandre les bienfaits du bon exemple ; vous pouvez faire aimer la vertu en l'entourant du charme de cette bienveillance constante qui attire, captive et montre enfin que la pratique du bien est chose facile, qu'elle fait le bonheur intime de la conscience qui s'est rangée sous sa loi, car elle est l'accomplissement de la volonté divine qui nous a fait dire par son Christ : Soyez parfaits parce que votre Père céleste est parfait.
Or, le Spiritisme n'est autre chose que l'application vraie des principes de la morale enseignée par Jésus, car ce n'est que dans le but de la faire comprendre à tous, afin que, par elle, tous progressent plus rapidement, que Dieu permet cette universelle manifestation de l'Esprit venant vous expliquer ce qui vous paraissait obscur et vous enseigner toute vérité. Il vient, comme le christianisme bien compris, montrer à l'homme l'absolue nécessité de sa rénovation intérieure par les conséquences mêmes qui résultent de chacun de ses actes, de chacune de ses pensées ; car aucune émanation fluidique, bonne ou mauvaise, ne s'échappe du cœur ou du cerveau de l'homme sans laisser, quelque part, une empreinte ; le monde invisible qui vous environne est pour vous ce Livre de vie où tout s'inscrit avec une incroyable fidélité, et la Balance de la justice divine n'est autre qu'une figure exprimant que chacun de vos actes, chacun de vos sentiments est, en quelque sorte, le poids qui charge votre âme et l'empêche de s'élever, ou celui qui amène l'équilibre entre le bien et le mal.
Heureux celui dont les sentiments partent d'un cœur pur ; il répand autour de lui comme une suave atmosphère qui fait aimer la vertu et attire les bons Esprits ; sa puissance de rayonnement est d'autant plus grande qu'il est plus humble, dès lors plus dégagé des influences matérielles qui attirent l'âme et l'empêchent de progresser.
Les obligations qu'impose le Spiritisme sont donc d'une nature essentiellement morale, elles sont une conséquence de la croyance ; chacun est juge et partie dans sa propre cause ; mais les clartés intellectuelles qu'il apporte à celui qui veut véritablement se connaître soi-même et travailler à son amélioration sont telles qu'elles effraient les pusillanimes, et c'est pourquoi il est rejeté par un si grand nombre. D'autres tâchent de concilier la réforme que leur raison leur démontre être une nécessité, avec les exigences de la société actuelle. De là, un mélange hétérogène, un manque d'unité qui fait de l'époque actuelle un état transitoire ; il est si difficile à votre pauvre nature corporelle de se dépouiller de ses imperfections pour revêtir l'homme nouveau, c'est-à-dire l'homme vivant suivant les principes de justice et d'harmonie voulus par Dieu. Avec des efforts persévérants, vous y arriverez néanmoins, car les obligations que s'impose la conscience, lorsqu'elle est suffisamment éclairée, ont plus de force que n'en auront jamais les lois humaines basées sur la contrainte d'un obscurantisme religieux ne pouvant supporter l'examen ; mais si, grâce aux lumières d'en haut, vous êtes plus instruits et comprenez davantage, vous devez aussi être plus tolérants et n'employer, comme moyen de propagation, que le raisonnement, car toute croyance sincère est respectable. Si votre vie est un beau modèle où chacun puisse trouver de bons exemples et de solides vertus, où la dignité s'allie à une gracieuse aménité, réjouissez-vous, car vous aurez, en partie, compris ce à quoi le Spiritisme oblige.
Louis de France.
Ces obligations sont de deux sortes.
La première concerne l'individu qui, aidé des clartés intellectuelles que répand la doctrine, peut mieux comprendre la valeur de chacun de ses actes, mieux sonder tous les replis de sa conscience, mieux apprécier l'infinie bonté de Dieu, qui ne veut pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive, et, pour lui laisser la possibilité de se relever de ses chutes, lui a donné la longue suite des existences successives à chacune desquelles, en portant la peine de ses fautes passées, il peut acquérir de nouvelles connaissances et de nouvelles forces, lui faisant éviter le mal et pratiquer ce qui est conforme à la justice, à la charité. Que dire de celui qui, ainsi éclairé sur ses devoirs envers Dieu, envers ses frères, reste orgueilleux, cupide, égoïste ? Ne semble-t-il pas que la lumière l'ait aveuglé parce qu'il n'était pas préparé à la recevoir ? Dès lors, il marche dans les ténèbres, bien qu'étant au milieu de la lumière ; il n'est Spirite que de nom. La charité fraternelle de ceux qui voient véritablement doit s'efforcer de le guérir de cette cécité intellectuelle ; mais, pour beaucoup de ceux qui lui ressemblent, il faudra la lumière qu'apporte la tombe, parce que leur cœur est trop attaché aux jouissances matérielles, et que leur esprit n'est pas mûr pour recevoir la vérité. Dans une nouvelle incarnation, ils comprendront que les planètes inférieures comme la terre ne sont qu'une sorte d'école mutuelle où l'âme commence à développer ses facultés, ses aptitudes, pour les appliquer ensuite à l'étude des grands principes d'ordre, de justice d'amour et d'harmonie, qui règlent les rapports des âmes entre elles, et les fonctions qu'elles remplissent dans la direction de l'univers ; ils sentiront qu'appelée à une si haute dignité que celle de devenir messagère du Très-haut, l'âme humaine ne doit pas s'avilir, se dégrader au contact des immondes jouissances de la volupté ; des ignobles convoitises de l'avarice qui retranche à quelques-uns des enfants de Dieu la jouissance des biens qu'il a donnés pour tous ; ils comprendront que l'égoïsme, né de l'orgueil, aveugle l'âme et lui fait violer les droits de la justice, de l'humanité, dès lors engendre tous les maux qui font de la terre un séjour de douleurs et d'expiations. Instruits par les dures leçons de l'adversité, leur esprit sera mûri par la réflexion, et leur cœur, après avoir été broyé par la douleur, deviendra bon et charitable ; c'est ainsi que ce qui nous paraît un mal est quelquefois nécessaire pour ramener les endurcis. Ces pauvres retardataires, régénérés par la souffrance, éclairés de cette lumière intérieure qu'on peut appeler le baptême de l'Esprit, veilleront avec soin sur eux-mêmes, c'est-à-dire sur les mouvements de leur cœur et l'emploi de leurs facultés pour les diriger selon les lois de la justice et de la fraternité. Ils comprendront qu'ils ne sont pas seulement obligés à s'améliorer eux-mêmes, calcul égoïste empêchant d'atteindre le but voulu par Dieu, mais que le second ordre d'obligations du Spirite, découlant nécessairement du premier et le complétant, est celui de l'exemple qui est le meilleur des moyens de propagation et de rénovation.
En effet, celui qui est convaincu de l'excellence des principes qui lui sont enseignés et doivent, s'il y conforme sa conduite, lui procurer un bonheur durable, ne peut, s'il est vraiment animé de cette charité fraternelle qui est dans l'essence même du Spiritisme, que désirer qu'ils soient compris par tous les hommes. De là, l'obligation morale de conformer sa conduite à sa croyance, et d'être un exemple vivant, un modèle, comme Christ le fut pour l'humanité.
Vous, faibles étincelles parties de l'éternel foyer de l'amour divin, vous ne pouvez assurément pas prétendre à un aussi vaste rayonnement que celui du Verbe de Dieu incarné sur la terre, mais, chacun dans votre sphère d'action, vous pouvez répandre les bienfaits du bon exemple ; vous pouvez faire aimer la vertu en l'entourant du charme de cette bienveillance constante qui attire, captive et montre enfin que la pratique du bien est chose facile, qu'elle fait le bonheur intime de la conscience qui s'est rangée sous sa loi, car elle est l'accomplissement de la volonté divine qui nous a fait dire par son Christ : Soyez parfaits parce que votre Père céleste est parfait.
Or, le Spiritisme n'est autre chose que l'application vraie des principes de la morale enseignée par Jésus, car ce n'est que dans le but de la faire comprendre à tous, afin que, par elle, tous progressent plus rapidement, que Dieu permet cette universelle manifestation de l'Esprit venant vous expliquer ce qui vous paraissait obscur et vous enseigner toute vérité. Il vient, comme le christianisme bien compris, montrer à l'homme l'absolue nécessité de sa rénovation intérieure par les conséquences mêmes qui résultent de chacun de ses actes, de chacune de ses pensées ; car aucune émanation fluidique, bonne ou mauvaise, ne s'échappe du cœur ou du cerveau de l'homme sans laisser, quelque part, une empreinte ; le monde invisible qui vous environne est pour vous ce Livre de vie où tout s'inscrit avec une incroyable fidélité, et la Balance de la justice divine n'est autre qu'une figure exprimant que chacun de vos actes, chacun de vos sentiments est, en quelque sorte, le poids qui charge votre âme et l'empêche de s'élever, ou celui qui amène l'équilibre entre le bien et le mal.
Heureux celui dont les sentiments partent d'un cœur pur ; il répand autour de lui comme une suave atmosphère qui fait aimer la vertu et attire les bons Esprits ; sa puissance de rayonnement est d'autant plus grande qu'il est plus humble, dès lors plus dégagé des influences matérielles qui attirent l'âme et l'empêchent de progresser.
Les obligations qu'impose le Spiritisme sont donc d'une nature essentiellement morale, elles sont une conséquence de la croyance ; chacun est juge et partie dans sa propre cause ; mais les clartés intellectuelles qu'il apporte à celui qui veut véritablement se connaître soi-même et travailler à son amélioration sont telles qu'elles effraient les pusillanimes, et c'est pourquoi il est rejeté par un si grand nombre. D'autres tâchent de concilier la réforme que leur raison leur démontre être une nécessité, avec les exigences de la société actuelle. De là, un mélange hétérogène, un manque d'unité qui fait de l'époque actuelle un état transitoire ; il est si difficile à votre pauvre nature corporelle de se dépouiller de ses imperfections pour revêtir l'homme nouveau, c'est-à-dire l'homme vivant suivant les principes de justice et d'harmonie voulus par Dieu. Avec des efforts persévérants, vous y arriverez néanmoins, car les obligations que s'impose la conscience, lorsqu'elle est suffisamment éclairée, ont plus de force que n'en auront jamais les lois humaines basées sur la contrainte d'un obscurantisme religieux ne pouvant supporter l'examen ; mais si, grâce aux lumières d'en haut, vous êtes plus instruits et comprenez davantage, vous devez aussi être plus tolérants et n'employer, comme moyen de propagation, que le raisonnement, car toute croyance sincère est respectable. Si votre vie est un beau modèle où chacun puisse trouver de bons exemples et de solides vertus, où la dignité s'allie à une gracieuse aménité, réjouissez-vous, car vous aurez, en partie, compris ce à quoi le Spiritisme oblige.
Louis de France.