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Revue spirite — Journal d'études psychologiques — 1858 > Décembre
Décembre
Le phénomène des apparitions se présente aujourd'hui sous un aspect en quelque sorte nouveau, et qui jette une vive lumière sur les mystères de la vie d'outre-tombe. Avant d'aborder les faits étranges que nous allons rapporter, nous croyons devoir revenir sur l'explication qui en a été donnée, et la compléter.
Il ne faut point perdre de vue que, pendant la vie, l'Esprit est uni au corps par une substance semi-matérielle qui constitue une première enveloppe que nous avons désignée sous le nom de périsprit. L'Esprit a donc deux enveloppes : l'une grossière, lourde et destructible : c'est le corps ; l'autre éthérée, vaporeuse et indestructible : c'est le périsprit. La mort n'est que la destruction de l'enveloppe grossière, c'est l'habit de dessus usé que l'on quitte ; l'enveloppe semi-matérielle persiste, et constitue, pour ainsi dire, un nouveau corps pour l'Esprit. Cette matière éthérée n'est point l'âme, remarquons-le bien, ce n'est que la première enveloppe de l'âme. La nature intime de cette substance ne nous est pas encore parfaitement connue, mais l'observation nous a mis sur la voie de quelques-unes de ses propriétés. Nous savons qu'elle joue un rôle capital dans tous les phénomènes spirites ; après la mort c'est l'agent intermédiaire entre l'Esprit et la matière, comme le corps pendant la vie. Par là s'expliquent une foule de problèmes jusqu'alors insolubles. On verra dans un article subséquent le rôle qu'il joue dans les sensations de l'Esprit. Aussi la découverte, si l'on peut s'exprimer ainsi, du périsprit, a-t-elle fait faire un pas immense à la science spirite ; elle l'a fait entrer dans une voie toute nouvelle. Mais ce périsprit, direz-vous, n'est-il pas une création fantastique de l'imagination ? n'est-ce pas une de ces suppositions comme on en fait souvent dans la science pour expliquer certains effets ? Non, ce n'est pas une oeuvre d'imagination, parce que ce sont les Esprits eux-mêmes qui l'ont révélé ; ce n'est pas une idée fantastique, parce qu'il peut être constaté par les sens, parce qu'on peut le voir et le toucher. La chose existe, le mot seul est de nous. Il faut bien des mots nouveaux pour exprimer les choses nouvelles. Les Esprits eux-mêmes l'ont adopté dans les communications que nous avons avec eux.
Par sa nature et dans son état normal le périsprit est indivisible pour nous, mais il peut subir des modifications qui le rendent perceptible à la vue, soit par une sorte de condensation, soit par un changement dans la disposition moléculaire : c'est alors qu'il nous apparaît sous une forme vaporeuse. La condensation (il ne faudrait pas prendre ce mot à la lettre, nous ne l'employons que faute d'autre), la condensation, disons-nous, peut être telle que le périsprit acquière les propriétés d'un corps solide et tangible ; mais il peut instantanément reprendre son état éthéré et invisible. Nous pouvons nous rendre compte de cet effet par celui de la vapeur, qui peut passer de l'invisibilité à l'état brumeux, puis liquide, puis solide, et vice versa. Ces différents états du périsprit sont le produit de la volonté de l'Esprit, et non d'une cause physique extérieure. Quand il nous apparaît, c'est qu'il donne à son périsprit la propriété nécessaire pour le rendre visible, et cette propriété, il peut l'étendre, la restreindre, la faire cesser à son gré.
Une autre propriété de la substance du périsprit est celle de la pénétrabilité. Aucune matière ne lui fait obstacle : il les traverse toutes, comme la lumière traverse les corps transparents.
Le périsprit séparé du corps affecte une forme déterminée et limitée, et cette forme normale est celle du corps humain, mais elle n'est pas constante ; l'Esprit peut lui donner à sa volonté les apparences les plus variées, voire même celle d'un animal ou d'une flamme. On le conçoit du reste très facilement. Ne voit-on pas des hommes donner à leur figure les expressions les plus diverses, imiter à s'y méprendre la voix, la figure d'autres personnes, paraître bossus, boiteux, etc. ? Qui reconnaîtrait à la ville certains acteurs que l'on n'aurait vus que grimés sur la scène ? Si donc l'homme peut ainsi donner à son corps matériel et rigide des apparences si contraires, à plus forte raison l'Esprit peut-il le faire avec une enveloppe éminemment souple, flexible et qui peut se prêter à tous les caprices de la volonté.
Les Esprits nous apparaissent donc généralement sous une forme humaine ; dans leur état normal, cette forme n'a rien de bien caractéristique, rien qui les distingue les uns des autres d'une manière très tranchée ; chez les bons Esprits, elle est ordinairement belle et régulière : de longs cheveux flottent sur leurs épaules, des draperies enveloppent le corps. Mais s'ils veulent se faire reconnaître, ils prennent exactement tous les traits sous lesquels on les a connus, et jusqu'à l'apparence des vêtements si cela est nécessaire. Ainsi Esope, par exemple, comme Esprit n'est pas difforme ; mais si on l'évoque, en tant qu'Esope, aurait-il eu plusieurs existences depuis, il apparaîtra laid et bossu, avec le costume traditionnel. Le costume est peut-être ce qui étonne le plus, mais si l'on considère qu'il fait partie intégrante de l'enveloppe semi-matérielle, on conçoit que l'Esprit peut donner à cette enveloppe l'apparence de tel ou tel vêtement, comme celle de telle ou telle figure.
Les Esprits peuvent apparaître soit en rêve, soit à l'état de veille : Les apparitions à l'état de veille ne sont ni rares ni nouvelles ; il y en a eu de tous temps ; l'histoire en rapporte un grand nombre ; mais sans remonter si haut, de nos jours elles sont très fréquentes, et beaucoup de personnes en ont eu qu'elles ont prises au premier abord pour ce qu'on est convenu d'appeler des hallucinations. Elles sont fréquentes surtout dans les cas de mort de personnes absentes qui viennent visiter leurs parents ou amis. Souvent elles n'ont pas de but déterminé, mais on peut dire qu'en général, les Esprits qui nous apparaissent ainsi sont des êtres attirés vers nous par la sympathie. Nous connaissons une jeune dame qui voyait très souvent chez elle, dans sa chambre, avec ou sans lumière, des hommes qui y pénétraient et s'en allaient malgré les portes fermées. Elle en était très effrayée, et cela l'avait rendue d'une pusillanimité qu'on trouvait ridicule. Un jour elle vit distinctement son frère qui est en Californie et qui n'est point mort du tout ; preuve que l'Esprit des vivants peut aussi franchir les distances et apparaître dans un endroit tandis que le corps est ailleurs. Depuis que cette dame est initiée au spiritisme, elle n'a plus peur, parce qu'elle se rend compte de ses visions, et qu'elle sait que les Esprits qui viennent la visiter ne peuvent lui faire de mal. Lorsque son frère lui est apparu, il est probable qu'il était endormi ; si elle s'était expliqué sa présence, elle aurait pu lier conversation avec lui, et ce dernier, à son réveil, aurait pu en conserver un vague souvenir. Il est probable, en outre, qu'à ce moment il rêvait qu'il était près de sa soeur.
Nous avons dit que le périsprit peut acquérir la tangibilité ; nous en avons parlé à propos des manifestations produites par M. Home. On sait qu'il a plusieurs fois fait apparaître des mains que l'on pouvait palper comme des mains vivantes, et qui tout à coup s'évanouissaient comme une ombre ; mais on n'avait pas encore vu de corps entier sous cette forme tangible ; ce n'est pourtant point une chose impossible. Dans une famille de la connaissance intime d'un de nos abonnés, un Esprit s'est attaché à la fille de la maison, enfant de 10 à 11 ans, sous la forme d'un joli petit garçon du même âge. Il est visible pour elle comme une personne ordinaire, et se rend à volonté visible ou invisible à d'autres personnes ; il lui rend toutes sortes de bons offices, lui apporte des jouets, des bonbons, fait le service de la maison, va acheter ce dont on a besoin, et qui plus est le paie. Ceci n'est point une légende de la mystique Allemagne, ce n'est point une histoire du moyen-âge, c'est un fait actuel, qui se passe au moment où nous écrivons, dans une ville de France, et dans une famille très honorable. Nous avons été à même de faire sur ce fait des études pleines d'intérêt et qui nous ont fourni les révélations les plus étranges et les plus inattendues. Nous en entretiendrons nos lecteurs d'une manière plus complète dans un article spécial que nous publierons prochainement.
Il ne faut point perdre de vue que, pendant la vie, l'Esprit est uni au corps par une substance semi-matérielle qui constitue une première enveloppe que nous avons désignée sous le nom de périsprit. L'Esprit a donc deux enveloppes : l'une grossière, lourde et destructible : c'est le corps ; l'autre éthérée, vaporeuse et indestructible : c'est le périsprit. La mort n'est que la destruction de l'enveloppe grossière, c'est l'habit de dessus usé que l'on quitte ; l'enveloppe semi-matérielle persiste, et constitue, pour ainsi dire, un nouveau corps pour l'Esprit. Cette matière éthérée n'est point l'âme, remarquons-le bien, ce n'est que la première enveloppe de l'âme. La nature intime de cette substance ne nous est pas encore parfaitement connue, mais l'observation nous a mis sur la voie de quelques-unes de ses propriétés. Nous savons qu'elle joue un rôle capital dans tous les phénomènes spirites ; après la mort c'est l'agent intermédiaire entre l'Esprit et la matière, comme le corps pendant la vie. Par là s'expliquent une foule de problèmes jusqu'alors insolubles. On verra dans un article subséquent le rôle qu'il joue dans les sensations de l'Esprit. Aussi la découverte, si l'on peut s'exprimer ainsi, du périsprit, a-t-elle fait faire un pas immense à la science spirite ; elle l'a fait entrer dans une voie toute nouvelle. Mais ce périsprit, direz-vous, n'est-il pas une création fantastique de l'imagination ? n'est-ce pas une de ces suppositions comme on en fait souvent dans la science pour expliquer certains effets ? Non, ce n'est pas une oeuvre d'imagination, parce que ce sont les Esprits eux-mêmes qui l'ont révélé ; ce n'est pas une idée fantastique, parce qu'il peut être constaté par les sens, parce qu'on peut le voir et le toucher. La chose existe, le mot seul est de nous. Il faut bien des mots nouveaux pour exprimer les choses nouvelles. Les Esprits eux-mêmes l'ont adopté dans les communications que nous avons avec eux.
Par sa nature et dans son état normal le périsprit est indivisible pour nous, mais il peut subir des modifications qui le rendent perceptible à la vue, soit par une sorte de condensation, soit par un changement dans la disposition moléculaire : c'est alors qu'il nous apparaît sous une forme vaporeuse. La condensation (il ne faudrait pas prendre ce mot à la lettre, nous ne l'employons que faute d'autre), la condensation, disons-nous, peut être telle que le périsprit acquière les propriétés d'un corps solide et tangible ; mais il peut instantanément reprendre son état éthéré et invisible. Nous pouvons nous rendre compte de cet effet par celui de la vapeur, qui peut passer de l'invisibilité à l'état brumeux, puis liquide, puis solide, et vice versa. Ces différents états du périsprit sont le produit de la volonté de l'Esprit, et non d'une cause physique extérieure. Quand il nous apparaît, c'est qu'il donne à son périsprit la propriété nécessaire pour le rendre visible, et cette propriété, il peut l'étendre, la restreindre, la faire cesser à son gré.
Une autre propriété de la substance du périsprit est celle de la pénétrabilité. Aucune matière ne lui fait obstacle : il les traverse toutes, comme la lumière traverse les corps transparents.
Le périsprit séparé du corps affecte une forme déterminée et limitée, et cette forme normale est celle du corps humain, mais elle n'est pas constante ; l'Esprit peut lui donner à sa volonté les apparences les plus variées, voire même celle d'un animal ou d'une flamme. On le conçoit du reste très facilement. Ne voit-on pas des hommes donner à leur figure les expressions les plus diverses, imiter à s'y méprendre la voix, la figure d'autres personnes, paraître bossus, boiteux, etc. ? Qui reconnaîtrait à la ville certains acteurs que l'on n'aurait vus que grimés sur la scène ? Si donc l'homme peut ainsi donner à son corps matériel et rigide des apparences si contraires, à plus forte raison l'Esprit peut-il le faire avec une enveloppe éminemment souple, flexible et qui peut se prêter à tous les caprices de la volonté.
Les Esprits nous apparaissent donc généralement sous une forme humaine ; dans leur état normal, cette forme n'a rien de bien caractéristique, rien qui les distingue les uns des autres d'une manière très tranchée ; chez les bons Esprits, elle est ordinairement belle et régulière : de longs cheveux flottent sur leurs épaules, des draperies enveloppent le corps. Mais s'ils veulent se faire reconnaître, ils prennent exactement tous les traits sous lesquels on les a connus, et jusqu'à l'apparence des vêtements si cela est nécessaire. Ainsi Esope, par exemple, comme Esprit n'est pas difforme ; mais si on l'évoque, en tant qu'Esope, aurait-il eu plusieurs existences depuis, il apparaîtra laid et bossu, avec le costume traditionnel. Le costume est peut-être ce qui étonne le plus, mais si l'on considère qu'il fait partie intégrante de l'enveloppe semi-matérielle, on conçoit que l'Esprit peut donner à cette enveloppe l'apparence de tel ou tel vêtement, comme celle de telle ou telle figure.
Les Esprits peuvent apparaître soit en rêve, soit à l'état de veille : Les apparitions à l'état de veille ne sont ni rares ni nouvelles ; il y en a eu de tous temps ; l'histoire en rapporte un grand nombre ; mais sans remonter si haut, de nos jours elles sont très fréquentes, et beaucoup de personnes en ont eu qu'elles ont prises au premier abord pour ce qu'on est convenu d'appeler des hallucinations. Elles sont fréquentes surtout dans les cas de mort de personnes absentes qui viennent visiter leurs parents ou amis. Souvent elles n'ont pas de but déterminé, mais on peut dire qu'en général, les Esprits qui nous apparaissent ainsi sont des êtres attirés vers nous par la sympathie. Nous connaissons une jeune dame qui voyait très souvent chez elle, dans sa chambre, avec ou sans lumière, des hommes qui y pénétraient et s'en allaient malgré les portes fermées. Elle en était très effrayée, et cela l'avait rendue d'une pusillanimité qu'on trouvait ridicule. Un jour elle vit distinctement son frère qui est en Californie et qui n'est point mort du tout ; preuve que l'Esprit des vivants peut aussi franchir les distances et apparaître dans un endroit tandis que le corps est ailleurs. Depuis que cette dame est initiée au spiritisme, elle n'a plus peur, parce qu'elle se rend compte de ses visions, et qu'elle sait que les Esprits qui viennent la visiter ne peuvent lui faire de mal. Lorsque son frère lui est apparu, il est probable qu'il était endormi ; si elle s'était expliqué sa présence, elle aurait pu lier conversation avec lui, et ce dernier, à son réveil, aurait pu en conserver un vague souvenir. Il est probable, en outre, qu'à ce moment il rêvait qu'il était près de sa soeur.
Nous avons dit que le périsprit peut acquérir la tangibilité ; nous en avons parlé à propos des manifestations produites par M. Home. On sait qu'il a plusieurs fois fait apparaître des mains que l'on pouvait palper comme des mains vivantes, et qui tout à coup s'évanouissaient comme une ombre ; mais on n'avait pas encore vu de corps entier sous cette forme tangible ; ce n'est pourtant point une chose impossible. Dans une famille de la connaissance intime d'un de nos abonnés, un Esprit s'est attaché à la fille de la maison, enfant de 10 à 11 ans, sous la forme d'un joli petit garçon du même âge. Il est visible pour elle comme une personne ordinaire, et se rend à volonté visible ou invisible à d'autres personnes ; il lui rend toutes sortes de bons offices, lui apporte des jouets, des bonbons, fait le service de la maison, va acheter ce dont on a besoin, et qui plus est le paie. Ceci n'est point une légende de la mystique Allemagne, ce n'est point une histoire du moyen-âge, c'est un fait actuel, qui se passe au moment où nous écrivons, dans une ville de France, et dans une famille très honorable. Nous avons été à même de faire sur ce fait des études pleines d'intérêt et qui nous ont fourni les révélations les plus étranges et les plus inattendues. Nous en entretiendrons nos lecteurs d'une manière plus complète dans un article spécial que nous publierons prochainement.
Toute personne pouvant voir les Esprits sans secours étranger, est par cela même médium voyant ; mais en général les apparitions sont fortuites, accidentelles. Nous ne connaissions encore personne apte à les voir d'une manière permanente, et à volonté. C'est de cette remarquable faculté dont est doué M. Adrien, l'un des membres de la Société parisienne des Etudes spirites. Il est à la fois médium voyant, écrivain, auditif et sensitif. Comme médium écrivain il écrit sous la dictée des Esprits, mais rarement d'une manière mécanique comme les médiums purement passifs ; c'est-à-dire que, quoiqu'il écrive des choses étrangères à sa pensée, il a la conscience de ce qu'il écrit. Comme médium auditif il entend les voix occultes qui lui parlent. Nous avons dans la Société deux autres médiums qui jouissent de cette dernière faculté à un très haut degré. Ils sont en même temps très bons médiums écrivains. Enfin, comme médium sensitif, il ressent les attouchements des Esprits, et la pression qu'ils exercent sur lui ; il en ressent même des commotions électriques très violentes qui se communiquent aux personnes présentes. Lorsqu'il magnétise quelqu'un, il peut à volonté, lorsque cela est nécessaire à la santé, produire sur lui les secousses de la pile voltaïque.
Une nouvelle faculté vient de se révéler en lui, c'est la double vue ; sans être somnambule, et quoiqu'il soit parfaitement éveillé, il voit à volonté, à une distance illimitée, même au-delà des mers ce qui se passe dans une localité ; il voit les personnes et ce qu'elles font ; il décrit les lieux et les faits avec une précision dont l'exactitude a été vérifiée. Hâtons-nous de dire que M. Adrien n'est point un de ces hommes faibles et crédules qui se laissent aller à leur imagination ; c'est au contraire un homme d'un caractère très froid, très calme, et qui voit tout cela avec le sang-froid le plus absolu, nous ne disons pas avec indifférence, loin de là, car il prend ses facultés au sérieux, et les considère comme un don de la Providence qui lui a été accordé pour le bien, aussi ne s'en sert-il que pour les choses utiles, et jamais pour satisfaire une vaine curiosité. C'est un jeune homme d'une famille distinguée, très honorable, d'un caractère doux et bienveillant, et dont l'éducation soignée se révèle dans son langage et dans toutes ses manières. Comme marin et comme militaire, il a parcouru une partie de l'Afrique, de l'Inde et de nos colonies.
De toutes ses facultés comme médium, la plus remarquable, et à notre avis la plus précieuse, c'est celle de médium voyant. Les Esprits lui apparaissent sous la forme que nous avons décrite dans notre précédent article sur les apparitions ; il les voit avec une précision dont on peut juger par les portraits que nous donnons ci-après de la veuve du Malabar et de la Belle Cordière de Lyon. Mais, dira-t-on, qu'est-ce qui prouve qu'il voit bien et qu'il n'est pas le jouet d'une illusion ? Ce qui le prouve, c'est que lorsqu'une personne qu'il ne connaît pas, évoquant par son intermédiaire un parent, un ami qu'il n'a jamais vu, il en fait un portrait saisissant de ressemblance et que nous avons été à même de constater ; il n'y a donc pour nous aucun doute sur cette faculté dont il jouit à l'état de veille, et non comme somnambule.
Ce qu'il y a de plus remarquable encore, peut-être, c'est qu'il ne voit pas seulement les Esprits que l'on évoque ; il voit en même temps tous ceux qui sont présents, évoqués ou non ; il les voit entrer, sortir, aller, venir, écouter ce qui se dit, en rire ou le prendre au sérieux, suivant leur caractère ; chez les uns il y a de la gravité, chez d'autres un air moqueur et sardonique ; quelques fois l'un d'eux s'avance vers l'un des assaillants, et lui met la main sur l'épaule ou se place à ses côtés, quelques-uns se tiennent à l'écart ; en un mot, dans toute réunion, il y a toujours une assemblée occulte composée des Esprits attirés par leur sympathie pour les personnes, et pour les choses dont on s'occupe. Dans les rues il en voit une foule, car outre les Esprits familiers qui accompagnent leurs protégés, il y a là, comme parmi nous, la masse des indifférents et des flâneurs. Chez lui, nous dit-il, il n'est jamais seul, et ne s'ennuie jamais ; il a toujours une société avec laquelle il s'entretient.
Sa faculté s'étend non seulement aux Esprits des morts, mais à ceux des vivants ; quand il voit une personne, il peut faire abstraction du corps ; alors l'Esprit lui apparaît comme s'il en était séparé, et il peut converser avec lui. Chez un enfant, par exemple, il peut voir l'Esprit qui est incarné en lui, apprécier sa nature, et savoir ce qu'il était avant son incarnation.
Cette faculté, poussée à ce degré, nous initie mieux que toutes les communications écrites à la nature du monde des Esprits ; elle nous le montre tel qu'il est, et si nous ne le voyons pas par nos yeux, la description qu'il nous en donne nous le fait voir par la pensée ; les Esprits ne sont plus des êtres abstraits, ce sont des êtres réels, qui sont là à nos côtés, qui nous coudoient sans cesse, et comme nous savons maintenant que leur contact peut être matériel, nous comprenons la cause d'une foule d'impressions que nous ressentons sans nous en rendre compte. Aussi plaçons-nous M. Adrien au nombre des médiums les plus remarquables, et au premier rang de ceux qui ont fourni les éléments les plus précieux pour la connaissance du monde spirite. Nous le plaçons surtout au premier rang par ses qualités personnelles, qui sont celles d'un homme de bien par excellence, et qui le rendent éminemment sympathique aux Esprits de l'ordre le plus élevé, ce qui n'a pas toujours lieu chez les médiums à influences purement physiques. Sans doute il y en a parmi ces derniers qui feront plus de sensation, qui captiveront mieux la curiosité, mais pour l'observateur, pour celui qui veut sonder les mystères de ce monde merveilleux, M. Adrien est l'auxiliaire le plus puissant que nous ayons encore vu. Aussi avons-nous mis sa faculté et sa complaisance à profit pour notre instruction personnelle, soit dans l'intimité, soit dans les séances de la société, soit enfin, dans la visite de divers lieux de réunion. Nous avons été ensemble dans les théâtres, dans les bals, dans les promenades, dans les hôpitaux, dans les cimetières, dans les églises ; nous avons assisté à des enterrements, à des mariages, à des baptêmes, à des sermons : partout nous avons observé la nature des Esprits qui venaient s'y grouper, nous avons lié conversation avec quelques-uns, nous les avons interrogés et nous avons appris beaucoup de choses dont nous ferons profiter nos lecteurs, car notre but est de les faire pénétrer comme nous dans ce monde si nouveau pour nous. Le microscope nous a révélé le monde des infiniment petits que nous ne soupçonnions pas, quoiqu'il fût sous nos doigts, le télescope nous a révélé l'infinité des mondes célestes que nous ne soupçonnions pas davantage ; le spiritisme nous découvre le monde des Esprits qui est partout, à nos côtés comme dans les espaces ; monde réel qui réagit incessamment sur nous.
Une nouvelle faculté vient de se révéler en lui, c'est la double vue ; sans être somnambule, et quoiqu'il soit parfaitement éveillé, il voit à volonté, à une distance illimitée, même au-delà des mers ce qui se passe dans une localité ; il voit les personnes et ce qu'elles font ; il décrit les lieux et les faits avec une précision dont l'exactitude a été vérifiée. Hâtons-nous de dire que M. Adrien n'est point un de ces hommes faibles et crédules qui se laissent aller à leur imagination ; c'est au contraire un homme d'un caractère très froid, très calme, et qui voit tout cela avec le sang-froid le plus absolu, nous ne disons pas avec indifférence, loin de là, car il prend ses facultés au sérieux, et les considère comme un don de la Providence qui lui a été accordé pour le bien, aussi ne s'en sert-il que pour les choses utiles, et jamais pour satisfaire une vaine curiosité. C'est un jeune homme d'une famille distinguée, très honorable, d'un caractère doux et bienveillant, et dont l'éducation soignée se révèle dans son langage et dans toutes ses manières. Comme marin et comme militaire, il a parcouru une partie de l'Afrique, de l'Inde et de nos colonies.
De toutes ses facultés comme médium, la plus remarquable, et à notre avis la plus précieuse, c'est celle de médium voyant. Les Esprits lui apparaissent sous la forme que nous avons décrite dans notre précédent article sur les apparitions ; il les voit avec une précision dont on peut juger par les portraits que nous donnons ci-après de la veuve du Malabar et de la Belle Cordière de Lyon. Mais, dira-t-on, qu'est-ce qui prouve qu'il voit bien et qu'il n'est pas le jouet d'une illusion ? Ce qui le prouve, c'est que lorsqu'une personne qu'il ne connaît pas, évoquant par son intermédiaire un parent, un ami qu'il n'a jamais vu, il en fait un portrait saisissant de ressemblance et que nous avons été à même de constater ; il n'y a donc pour nous aucun doute sur cette faculté dont il jouit à l'état de veille, et non comme somnambule.
Ce qu'il y a de plus remarquable encore, peut-être, c'est qu'il ne voit pas seulement les Esprits que l'on évoque ; il voit en même temps tous ceux qui sont présents, évoqués ou non ; il les voit entrer, sortir, aller, venir, écouter ce qui se dit, en rire ou le prendre au sérieux, suivant leur caractère ; chez les uns il y a de la gravité, chez d'autres un air moqueur et sardonique ; quelques fois l'un d'eux s'avance vers l'un des assaillants, et lui met la main sur l'épaule ou se place à ses côtés, quelques-uns se tiennent à l'écart ; en un mot, dans toute réunion, il y a toujours une assemblée occulte composée des Esprits attirés par leur sympathie pour les personnes, et pour les choses dont on s'occupe. Dans les rues il en voit une foule, car outre les Esprits familiers qui accompagnent leurs protégés, il y a là, comme parmi nous, la masse des indifférents et des flâneurs. Chez lui, nous dit-il, il n'est jamais seul, et ne s'ennuie jamais ; il a toujours une société avec laquelle il s'entretient.
Sa faculté s'étend non seulement aux Esprits des morts, mais à ceux des vivants ; quand il voit une personne, il peut faire abstraction du corps ; alors l'Esprit lui apparaît comme s'il en était séparé, et il peut converser avec lui. Chez un enfant, par exemple, il peut voir l'Esprit qui est incarné en lui, apprécier sa nature, et savoir ce qu'il était avant son incarnation.
Cette faculté, poussée à ce degré, nous initie mieux que toutes les communications écrites à la nature du monde des Esprits ; elle nous le montre tel qu'il est, et si nous ne le voyons pas par nos yeux, la description qu'il nous en donne nous le fait voir par la pensée ; les Esprits ne sont plus des êtres abstraits, ce sont des êtres réels, qui sont là à nos côtés, qui nous coudoient sans cesse, et comme nous savons maintenant que leur contact peut être matériel, nous comprenons la cause d'une foule d'impressions que nous ressentons sans nous en rendre compte. Aussi plaçons-nous M. Adrien au nombre des médiums les plus remarquables, et au premier rang de ceux qui ont fourni les éléments les plus précieux pour la connaissance du monde spirite. Nous le plaçons surtout au premier rang par ses qualités personnelles, qui sont celles d'un homme de bien par excellence, et qui le rendent éminemment sympathique aux Esprits de l'ordre le plus élevé, ce qui n'a pas toujours lieu chez les médiums à influences purement physiques. Sans doute il y en a parmi ces derniers qui feront plus de sensation, qui captiveront mieux la curiosité, mais pour l'observateur, pour celui qui veut sonder les mystères de ce monde merveilleux, M. Adrien est l'auxiliaire le plus puissant que nous ayons encore vu. Aussi avons-nous mis sa faculté et sa complaisance à profit pour notre instruction personnelle, soit dans l'intimité, soit dans les séances de la société, soit enfin, dans la visite de divers lieux de réunion. Nous avons été ensemble dans les théâtres, dans les bals, dans les promenades, dans les hôpitaux, dans les cimetières, dans les églises ; nous avons assisté à des enterrements, à des mariages, à des baptêmes, à des sermons : partout nous avons observé la nature des Esprits qui venaient s'y grouper, nous avons lié conversation avec quelques-uns, nous les avons interrogés et nous avons appris beaucoup de choses dont nous ferons profiter nos lecteurs, car notre but est de les faire pénétrer comme nous dans ce monde si nouveau pour nous. Le microscope nous a révélé le monde des infiniment petits que nous ne soupçonnions pas, quoiqu'il fût sous nos doigts, le télescope nous a révélé l'infinité des mondes célestes que nous ne soupçonnions pas davantage ; le spiritisme nous découvre le monde des Esprits qui est partout, à nos côtés comme dans les espaces ; monde réel qui réagit incessamment sur nous.
Etat de l'âme au moment de la mort
Les Esprits nous ont toujours dit que la séparation de l'âme et du corps ne se fait pas instantanément ; elle commence quelquefois avant la mort réelle pendant l'agonie ; quand la dernière pulsation s'est fait sentir, le dégagement n'est pas encore complet ; il s'opère plus ou moins lentement selon les circonstances, et jusqu'à son entière délivrance l'âme éprouve un trouble, une confusion qui ne lui permettent pas de se rendre compte de sa situation ; elle est dans l'état d'une personne qui s'éveille et dont les idées sont confuses. Cet état n'a rien de pénible pour l'homme dont la conscience est pure ; sans trop s'expliquer ce qu'il voit, il est calme et attend sans crainte le réveil complet ; il est au contraire plein d'angoisses et de terreur pour celui qui redoute l'avenir. La durée de ce trouble, disons-nous, est variable ; elle est beaucoup moins longue chez celui qui, pendant sa vie, a déjà élevé ses pensées et purifié son âme ; deux ou trois jours lui suffisent, tandis que chez d'autres il en faut quelquefois huit et plus. Nous avons souvent assisté à ce moment solennel, et toujours nous avons vu la même chose ; ce n'est donc pas une théorie, mais un résultat d'observations, puisque c'est l'Esprit qui parle et qui peint sa propre situation. En voici un exemple d'autant plus caractéristique et d'autant plus intéressant pour l'observateur qu'il ne s'agit plus d'un Esprit invisible écrivant par un médium, mais bien d'un Esprit vu et entendu en présence de son corps, soit dans la chambre mortuaire, soit dans l'église pendant le service funèbre.
M. X... venait d'être frappé d'une attaque d'apoplexie ; quelques heures après sa mort, M. Adrien, un de ses amis, se trouvait dans sa chambre avec la femme du défunt ; il vit distinctement l'Esprit de celui-ci se promener de long en large, regarder alternativement son corps et les personnes présentes, puis s'asseoir dans un fauteuil ; il avait exactement la même apparence que de son vivant ; il était vêtu de même, redingote noire, pantalon noir ; il avait les mains dans ses poches et l'air soucieux.
Pendant ce temps, sa femme cherchait un papier dans le secrétaire, son mari la regarde et dit : Tu as beau chercher, tu ne trouveras rien. Elle ne se doutait nullement de ce qui se passait, car M. X... n'était visible que pour M. Adrien.
Le lendemain, pendant le service funèbre, M. Adrien vit de nouveau l'Esprit de son ami errer à côté du cercueil, mais il n'avait plus le costume de la veille ; il était enveloppé d'une sorte de draperie. La conversation suivante s'engagea entre eux. Remarquons, en passant, que M. Adrien n'est point somnambule ; qu'à ce moment, comme le jour précédent, il était parfaitement éveillé, et que l'Esprit lui apparaissait comme s'il eut été un des assistants au convoi.
- D. Dis-moi un peu, cher Esprit, que ressens-tu maintenant. - R. Du bien et de la souffrance. - D. Je ne comprends pas cela. - R. Je sens que je suis vivant de ma véritable vie, et cependant je vois mon corps ici, dans cette boite ; je me palpe et ne me sens pas, et cependant je sens que je vis, que j'existe ; je suis donc deux êtres ? Ah ! laissez-moi me tirer de cette nuit, j'ai le cauchemar.
- D. En avez-vous pour longtemps à rester ainsi ? - R. Oh ! non ; Dieu merci, mon ami ; je sens que je me réveillerai bientôt ; ce serait horrible autrement ; j'ai les idées confuses ; tout est brouillard ; songe à la grande division qui vient de se faire... je n'y comprends encore rien.
- D. Quel effet vous fit la mort ? - R. La mort ! je ne suis pas mort, mon enfant, tu te trompes. Je me levais et fus frappé tout d'un coup par un brouillard qui me descendit sur les yeux ; puis, je me réveillai, et juge de mon étonnement, de me voir, de me sentir vivant, et de voir à côté, sur le carreau, mon autre ego couché. Mes idées étaient confuses ; j'errais pour me remettre, mais je ne pus ; je vis ma femme venir, me veiller, se lamenter, et je me demandais pourquoi ? Je la consolais, je lui parlais, et elle ne me répondait ni ne me comprenait ; c'est là ce qui me torturait et rendait mon Esprit plus troublé. Toi seul m'as fait du bien, car tu m'as entendu et tu comprends ce que je veux ; tu m'aides à débrouiller mes idées, et tu me fais grand bien ; mais pourquoi les autres ne font-ils pas de même ? Voilà ce qui me torture... Le cerveau est écrasé devant cette douleur... Je m'en vais la voir, peut-être m'entendra-t-elle maintenant... Au revoir, cher ami ; appelle-moi et j'irai te voir... Je te ferai même visite en ami... Je te surprendrai... au revoir.
M. Adrien le vit ensuite aller près de son fils qui pleurait : il se pencha vers lui, resta un moment dans cette situation et partit rapidement. Il n'avait pas été entendu, et se figurait sans doute produire un son ; moi, je suis persuadé, ajoute M. Adrien, que ce qu'il disait arrivait au coeur de l'enfant ; je vous prouverai cela. Je l'ai revu depuis, il est plus calme.
Remarque. Ce récit est d'accord avec tout ce que nous avions déjà observé sur le phénomène de la séparation de l'âme ; il confirme avec des circonstances toutes spéciales, cette vérité qu'après la mort, l'Esprit est encore là présent. On croit n'avoir devant soi qu'un corps inerte, tandis qu'il voit et entend tout ce qui se passe autour de lui, qu'il pénètre la pensée des assistants, qu'il n'y a entre eux et lui que la différence de la visibilité et de l'invisibilité ; les pleurs hypocrites d'avides héritiers ne peuvent lui en imposer. Que de déceptions les Esprits doivent éprouver à ce moment !
Les Esprits nous ont toujours dit que la séparation de l'âme et du corps ne se fait pas instantanément ; elle commence quelquefois avant la mort réelle pendant l'agonie ; quand la dernière pulsation s'est fait sentir, le dégagement n'est pas encore complet ; il s'opère plus ou moins lentement selon les circonstances, et jusqu'à son entière délivrance l'âme éprouve un trouble, une confusion qui ne lui permettent pas de se rendre compte de sa situation ; elle est dans l'état d'une personne qui s'éveille et dont les idées sont confuses. Cet état n'a rien de pénible pour l'homme dont la conscience est pure ; sans trop s'expliquer ce qu'il voit, il est calme et attend sans crainte le réveil complet ; il est au contraire plein d'angoisses et de terreur pour celui qui redoute l'avenir. La durée de ce trouble, disons-nous, est variable ; elle est beaucoup moins longue chez celui qui, pendant sa vie, a déjà élevé ses pensées et purifié son âme ; deux ou trois jours lui suffisent, tandis que chez d'autres il en faut quelquefois huit et plus. Nous avons souvent assisté à ce moment solennel, et toujours nous avons vu la même chose ; ce n'est donc pas une théorie, mais un résultat d'observations, puisque c'est l'Esprit qui parle et qui peint sa propre situation. En voici un exemple d'autant plus caractéristique et d'autant plus intéressant pour l'observateur qu'il ne s'agit plus d'un Esprit invisible écrivant par un médium, mais bien d'un Esprit vu et entendu en présence de son corps, soit dans la chambre mortuaire, soit dans l'église pendant le service funèbre.
M. X... venait d'être frappé d'une attaque d'apoplexie ; quelques heures après sa mort, M. Adrien, un de ses amis, se trouvait dans sa chambre avec la femme du défunt ; il vit distinctement l'Esprit de celui-ci se promener de long en large, regarder alternativement son corps et les personnes présentes, puis s'asseoir dans un fauteuil ; il avait exactement la même apparence que de son vivant ; il était vêtu de même, redingote noire, pantalon noir ; il avait les mains dans ses poches et l'air soucieux.
Pendant ce temps, sa femme cherchait un papier dans le secrétaire, son mari la regarde et dit : Tu as beau chercher, tu ne trouveras rien. Elle ne se doutait nullement de ce qui se passait, car M. X... n'était visible que pour M. Adrien.
Le lendemain, pendant le service funèbre, M. Adrien vit de nouveau l'Esprit de son ami errer à côté du cercueil, mais il n'avait plus le costume de la veille ; il était enveloppé d'une sorte de draperie. La conversation suivante s'engagea entre eux. Remarquons, en passant, que M. Adrien n'est point somnambule ; qu'à ce moment, comme le jour précédent, il était parfaitement éveillé, et que l'Esprit lui apparaissait comme s'il eut été un des assistants au convoi.
- D. Dis-moi un peu, cher Esprit, que ressens-tu maintenant. - R. Du bien et de la souffrance. - D. Je ne comprends pas cela. - R. Je sens que je suis vivant de ma véritable vie, et cependant je vois mon corps ici, dans cette boite ; je me palpe et ne me sens pas, et cependant je sens que je vis, que j'existe ; je suis donc deux êtres ? Ah ! laissez-moi me tirer de cette nuit, j'ai le cauchemar.
- D. En avez-vous pour longtemps à rester ainsi ? - R. Oh ! non ; Dieu merci, mon ami ; je sens que je me réveillerai bientôt ; ce serait horrible autrement ; j'ai les idées confuses ; tout est brouillard ; songe à la grande division qui vient de se faire... je n'y comprends encore rien.
- D. Quel effet vous fit la mort ? - R. La mort ! je ne suis pas mort, mon enfant, tu te trompes. Je me levais et fus frappé tout d'un coup par un brouillard qui me descendit sur les yeux ; puis, je me réveillai, et juge de mon étonnement, de me voir, de me sentir vivant, et de voir à côté, sur le carreau, mon autre ego couché. Mes idées étaient confuses ; j'errais pour me remettre, mais je ne pus ; je vis ma femme venir, me veiller, se lamenter, et je me demandais pourquoi ? Je la consolais, je lui parlais, et elle ne me répondait ni ne me comprenait ; c'est là ce qui me torturait et rendait mon Esprit plus troublé. Toi seul m'as fait du bien, car tu m'as entendu et tu comprends ce que je veux ; tu m'aides à débrouiller mes idées, et tu me fais grand bien ; mais pourquoi les autres ne font-ils pas de même ? Voilà ce qui me torture... Le cerveau est écrasé devant cette douleur... Je m'en vais la voir, peut-être m'entendra-t-elle maintenant... Au revoir, cher ami ; appelle-moi et j'irai te voir... Je te ferai même visite en ami... Je te surprendrai... au revoir.
M. Adrien le vit ensuite aller près de son fils qui pleurait : il se pencha vers lui, resta un moment dans cette situation et partit rapidement. Il n'avait pas été entendu, et se figurait sans doute produire un son ; moi, je suis persuadé, ajoute M. Adrien, que ce qu'il disait arrivait au coeur de l'enfant ; je vous prouverai cela. Je l'ai revu depuis, il est plus calme.
Remarque. Ce récit est d'accord avec tout ce que nous avions déjà observé sur le phénomène de la séparation de l'âme ; il confirme avec des circonstances toutes spéciales, cette vérité qu'après la mort, l'Esprit est encore là présent. On croit n'avoir devant soi qu'un corps inerte, tandis qu'il voit et entend tout ce qui se passe autour de lui, qu'il pénètre la pensée des assistants, qu'il n'y a entre eux et lui que la différence de la visibilité et de l'invisibilité ; les pleurs hypocrites d'avides héritiers ne peuvent lui en imposer. Que de déceptions les Esprits doivent éprouver à ce moment !
Un des membres de la société nous communique une lettre d'un de ses amis de Boulogne-sur-Mer, dans laquelle on lit le passage suivant. Cette lettre est datée du 26 juillet 1856.
« Mon fils, depuis que je l'ai magnétisé par les ordres de nos Esprits, est devenu un médium très rare, du moins c'est ce qu'il m'a révélé dans son état somnambulique dans lequel je l'avais mis sur sa demande le 14 mai dernier, et quatre ou cinq fois depuis.
Pour moi, il est hors de doute que mon fils éveillé converse librement avec les Esprits qu'il désire, par l'intermédiaire de son guide, qu'il appelle familièrement son ami ; qu'à sa volonté il se transporte en Esprit où il désire, et je vais vous en citer un fait dont j'ai les preuves écrites entre les mains.
Il y a juste aujourd'hui un mois, nous étions tous deux dans la salle à manger. Je lisais le cours de magnétisme de M. Du Potet, quand mon fils prend le livre et le feuillette ; arrivé à un certain endroit, son guide lui dit à l'oreille : Lis cela. C'était l'aventure d'un docteur d'Amérique dont l'Esprit avait visité un ami à 15 ou 20 lieues de là pendant qu'il dormait. Après l'avoir lu, mon fils dit : Je voudrais bien faire un petit voyage semblable. - Eh bien ! où veux-tu aller ? lui dit son guide. - A Londres, répond mon fils, voir mes amis, et il désigna ceux qu'il voudrait visiter.
C'est demain dimanche, lui fut-il répondu ; tu n'es pas obligé de te lever de bonne heure pour travailler. Tu t'endormiras à huit heures et tu iras voyager à Londres jusqu'à huit heures et demie. Vendredi prochain tu recevras une lettre de tes amis, qui te feront des reproches d'être resté si peu de temps avec eux.
Effectivement, le lendemain matin à l'heure indiquée il s'endormit d'un sommeil de plomb ; à huit heures et demie je l'éveillai, il ne se rappelait de rien ; de mon côté, je ne dis pas un mot, attendant la suite.
Le vendredi suivant, je travaillais à une de mes machines et, suivant mon habitude, je fumais, car c'était après déjeuner ; mon fils regarde la fumée de ma pipe et me dit : Tiens ! il y a une lettre dans ta fumée. - Comment vois-tu une lettre dans ma fumée ? - Tu vas le voir, reprend-il, car voilà le facteur qui l'apporte. Effectivement, le facteur vint remettre une lettre de Londres dans laquelle les amis de mon fils lui faisaient un reproche de n'avoir passé avec eux que quelques instants, le dimanche précédent de huit heures à huit heures et demie, avec une foule de détails qu'il serait trop long de répéter ici, entre autres le fait singulier d'avoir déjeuné avec eux. J'ai la lettre, comme je vous l'ai dit, qui prouve que je n'invente rien. »
Le fait ci-dessus ayant été raconté, un des assistants dit que l'histoire rapporte plusieurs faits semblables. Il cite saint Alphonse de Ligurie qui fut canonisé avant le temps voulu pour s'être ainsi montré simultanément en deux endroits différents, ce qui passa pour un miracle.
Saint Antoine de Padoue était en Espagne, et au moment où il prêchait, son père (à Padoue) allait au supplice accusé d'un meurtre. A ce moment saint Antoine paraît, démontre l'innocence de son père, et fait connaître le véritable criminel, qui plus tard subit le châtiment. Il fut constaté que saint Antoine prêchait dans le même moment en Espagne.
Saint Alphonse de Ligurie ayant été évoqué, il lui fut adressé les questions suivantes :
1. Le fait pour lequel vous avez été canonisé est-il réel ? - R. Oui.
2. Ce phénomène est-il exceptionnel ? - R. Non ; il peut se présenter chez tous les individus dématérialisés.
3. Etait-ce un juste motif de vous canoniser ? - R. Oui, puisque par ma vertu, je m'étais élevé vers Dieu ; sans cela, je n'eusse pu me transporter dans deux endroits à la fois.
4. Tous les individus chez lesquels ce phénomène se présente, mériteraient-ils d'être canonisés ?- R. Non, parce que tous ne sont pas également vertueux.
5. Pourriez-vous nous donner l'explication de ce phénomène ? - R. Oui ; l'homme, lorsqu'il s'est complètement dématérialisé par sa vertu, qu'il a élevé son âme vers Dieu, peut apparaître en deux endroits à la fois, voici comment. L'Esprit incarné, en sentant le sommeil venir, peut demander à Dieu de se transporter dans un lieu quelconque. Son Esprit, ou son âme, comme vous voudrez l'appeler, abandonne alors son corps, suivi d'une partie de son périsprit, et laisse la matière immonde dans un état voisin de la mort. Je dis voisin de la mort, parce qu'il est resté dans le corps un lien qui rattache le périsprit et l'âme à la matière, et ce lien ne peut être défini. Le corps apparaît donc dans l'endroit demandé. Je crois que c'est tout ce que vous désirez savoir.
6. Ceci ne nous donne pas l'explication de la visibilité et de la tangibilité du périsprit. - R. L'Esprit se trouvant dégagé de la matière suivant son degré d'élévation, peut se rendre tangible à la matière.
7. Cependant certaines apparitions tangibles de mains et autres parties du corps, appartiennent évidemment à des Esprits d'un ordre inférieur. - R. Ce sont des Esprits supérieurs qui se servent d'Esprits inférieurs pour prouver la chose.
8. Le sommeil du corps est-il indispensable pour que l'Esprit apparaisse en d'autres endroits ? - R. L'âme peut se diviser lorsqu'elle se sent portée dans un lieu différent de celui où se trouve le corps.
9. Un homme étant plongé dans le sommeil tandis que son Esprit apparaît ailleurs, qu'arriverait-il s'il était réveillé subitement ? - R. Cela n'arriverait pas, parce que si quelqu'un avait l'intention de l'éveiller, l'Esprit rentrerait dans le corps, et préviendrait l'intention, attendu que l'Esprit lit dans la pensée.
Tacite rapporte un fait analogue :
Pendant les mois que Vespasien passa dans Alexandrie pour attendre le retour périodique des vents d'été et la saison où la mer devient sûre, plusieurs prodiges arrivèrent, par où se manifesta la faveur du ciel et l'intérêt que les dieux semblaient prendre à ce prince...
Ces prodiges redoublèrent dans Vespasien le désir de visiter le séjour sacré du dieu, pour le consulter au sujet de l'empire. Il ordonne que le temple soit fermé à tout le monde : entré lui-même et tout entier à ce qu'allait prononcer l'oracle, il aperçoit derrière lui un des principaux Egyptiens, nommé Basilide, qu'il savait être retenu malade à plusieurs journées d'Alexandrie. Il s'informe aux prêtres si Basilide est venu ce jour-là dans le temple ; il s'informe aux passants si on l'a vu dans la ville, enfin il envoie des hommes à cheval, et il s'assure que dans ce moment-là même il était à quatre-vingts milles de distance. Alors, il ne douta plus que la vision ne fût surnaturelle, et le nom de Basilide lui tint lieu d'oracle. (TACITE. Histoires, liv. IV, chap. 81 et 82. Traduction de Burnouf.)
Depuis que cette communication nous a été faite, plusieurs faits du même genre, dont la source est authentique, nous ont été racontés, et dans le nombre il en est de tout récents, qui ont lieu, pour ainsi dire, au milieu de nous, et qui se sont présentés avec les circonstances les plus singulières. Les explications auxquelles ils ont donné lieu élargissent singulièrement le champ des observations psychologiques.
La question des hommes doubles, reléguée jadis parmi les contes fantastiques, paraît avoir ainsi un fond de vérité. Nous y reviendrons très prochainement.
« Mon fils, depuis que je l'ai magnétisé par les ordres de nos Esprits, est devenu un médium très rare, du moins c'est ce qu'il m'a révélé dans son état somnambulique dans lequel je l'avais mis sur sa demande le 14 mai dernier, et quatre ou cinq fois depuis.
Pour moi, il est hors de doute que mon fils éveillé converse librement avec les Esprits qu'il désire, par l'intermédiaire de son guide, qu'il appelle familièrement son ami ; qu'à sa volonté il se transporte en Esprit où il désire, et je vais vous en citer un fait dont j'ai les preuves écrites entre les mains.
Il y a juste aujourd'hui un mois, nous étions tous deux dans la salle à manger. Je lisais le cours de magnétisme de M. Du Potet, quand mon fils prend le livre et le feuillette ; arrivé à un certain endroit, son guide lui dit à l'oreille : Lis cela. C'était l'aventure d'un docteur d'Amérique dont l'Esprit avait visité un ami à 15 ou 20 lieues de là pendant qu'il dormait. Après l'avoir lu, mon fils dit : Je voudrais bien faire un petit voyage semblable. - Eh bien ! où veux-tu aller ? lui dit son guide. - A Londres, répond mon fils, voir mes amis, et il désigna ceux qu'il voudrait visiter.
C'est demain dimanche, lui fut-il répondu ; tu n'es pas obligé de te lever de bonne heure pour travailler. Tu t'endormiras à huit heures et tu iras voyager à Londres jusqu'à huit heures et demie. Vendredi prochain tu recevras une lettre de tes amis, qui te feront des reproches d'être resté si peu de temps avec eux.
Effectivement, le lendemain matin à l'heure indiquée il s'endormit d'un sommeil de plomb ; à huit heures et demie je l'éveillai, il ne se rappelait de rien ; de mon côté, je ne dis pas un mot, attendant la suite.
Le vendredi suivant, je travaillais à une de mes machines et, suivant mon habitude, je fumais, car c'était après déjeuner ; mon fils regarde la fumée de ma pipe et me dit : Tiens ! il y a une lettre dans ta fumée. - Comment vois-tu une lettre dans ma fumée ? - Tu vas le voir, reprend-il, car voilà le facteur qui l'apporte. Effectivement, le facteur vint remettre une lettre de Londres dans laquelle les amis de mon fils lui faisaient un reproche de n'avoir passé avec eux que quelques instants, le dimanche précédent de huit heures à huit heures et demie, avec une foule de détails qu'il serait trop long de répéter ici, entre autres le fait singulier d'avoir déjeuné avec eux. J'ai la lettre, comme je vous l'ai dit, qui prouve que je n'invente rien. »
Le fait ci-dessus ayant été raconté, un des assistants dit que l'histoire rapporte plusieurs faits semblables. Il cite saint Alphonse de Ligurie qui fut canonisé avant le temps voulu pour s'être ainsi montré simultanément en deux endroits différents, ce qui passa pour un miracle.
Saint Antoine de Padoue était en Espagne, et au moment où il prêchait, son père (à Padoue) allait au supplice accusé d'un meurtre. A ce moment saint Antoine paraît, démontre l'innocence de son père, et fait connaître le véritable criminel, qui plus tard subit le châtiment. Il fut constaté que saint Antoine prêchait dans le même moment en Espagne.
Saint Alphonse de Ligurie ayant été évoqué, il lui fut adressé les questions suivantes :
1. Le fait pour lequel vous avez été canonisé est-il réel ? - R. Oui.
2. Ce phénomène est-il exceptionnel ? - R. Non ; il peut se présenter chez tous les individus dématérialisés.
3. Etait-ce un juste motif de vous canoniser ? - R. Oui, puisque par ma vertu, je m'étais élevé vers Dieu ; sans cela, je n'eusse pu me transporter dans deux endroits à la fois.
4. Tous les individus chez lesquels ce phénomène se présente, mériteraient-ils d'être canonisés ?- R. Non, parce que tous ne sont pas également vertueux.
5. Pourriez-vous nous donner l'explication de ce phénomène ? - R. Oui ; l'homme, lorsqu'il s'est complètement dématérialisé par sa vertu, qu'il a élevé son âme vers Dieu, peut apparaître en deux endroits à la fois, voici comment. L'Esprit incarné, en sentant le sommeil venir, peut demander à Dieu de se transporter dans un lieu quelconque. Son Esprit, ou son âme, comme vous voudrez l'appeler, abandonne alors son corps, suivi d'une partie de son périsprit, et laisse la matière immonde dans un état voisin de la mort. Je dis voisin de la mort, parce qu'il est resté dans le corps un lien qui rattache le périsprit et l'âme à la matière, et ce lien ne peut être défini. Le corps apparaît donc dans l'endroit demandé. Je crois que c'est tout ce que vous désirez savoir.
6. Ceci ne nous donne pas l'explication de la visibilité et de la tangibilité du périsprit. - R. L'Esprit se trouvant dégagé de la matière suivant son degré d'élévation, peut se rendre tangible à la matière.
7. Cependant certaines apparitions tangibles de mains et autres parties du corps, appartiennent évidemment à des Esprits d'un ordre inférieur. - R. Ce sont des Esprits supérieurs qui se servent d'Esprits inférieurs pour prouver la chose.
8. Le sommeil du corps est-il indispensable pour que l'Esprit apparaisse en d'autres endroits ? - R. L'âme peut se diviser lorsqu'elle se sent portée dans un lieu différent de celui où se trouve le corps.
9. Un homme étant plongé dans le sommeil tandis que son Esprit apparaît ailleurs, qu'arriverait-il s'il était réveillé subitement ? - R. Cela n'arriverait pas, parce que si quelqu'un avait l'intention de l'éveiller, l'Esprit rentrerait dans le corps, et préviendrait l'intention, attendu que l'Esprit lit dans la pensée.
Tacite rapporte un fait analogue :
Pendant les mois que Vespasien passa dans Alexandrie pour attendre le retour périodique des vents d'été et la saison où la mer devient sûre, plusieurs prodiges arrivèrent, par où se manifesta la faveur du ciel et l'intérêt que les dieux semblaient prendre à ce prince...
Ces prodiges redoublèrent dans Vespasien le désir de visiter le séjour sacré du dieu, pour le consulter au sujet de l'empire. Il ordonne que le temple soit fermé à tout le monde : entré lui-même et tout entier à ce qu'allait prononcer l'oracle, il aperçoit derrière lui un des principaux Egyptiens, nommé Basilide, qu'il savait être retenu malade à plusieurs journées d'Alexandrie. Il s'informe aux prêtres si Basilide est venu ce jour-là dans le temple ; il s'informe aux passants si on l'a vu dans la ville, enfin il envoie des hommes à cheval, et il s'assure que dans ce moment-là même il était à quatre-vingts milles de distance. Alors, il ne douta plus que la vision ne fût surnaturelle, et le nom de Basilide lui tint lieu d'oracle. (TACITE. Histoires, liv. IV, chap. 81 et 82. Traduction de Burnouf.)
Depuis que cette communication nous a été faite, plusieurs faits du même genre, dont la source est authentique, nous ont été racontés, et dans le nombre il en est de tout récents, qui ont lieu, pour ainsi dire, au milieu de nous, et qui se sont présentés avec les circonstances les plus singulières. Les explications auxquelles ils ont donné lieu élargissent singulièrement le champ des observations psychologiques.
La question des hommes doubles, reléguée jadis parmi les contes fantastiques, paraît avoir ainsi un fond de vérité. Nous y reviendrons très prochainement.
Les esprits souffrent-ils ? quelles sensations éprouvent-ils ? Telles sont les questions que l'on s'adresse naturellement et que nous allons essayer de résoudre. Nous devons dire, tout d'abord, que pour cela nous ne nous sommes pas contenté des réponses des Esprits ; nous avons dû, par de nombreuses observations, prendre en quelque sorte, la sensation sur le fait.
Dans une de nos réunions, et peu après que St-Louis nous eût donné la belle dissertation sur l'avarice que nous avons insérée dans notre numéro du mois de février, un de nos sociétaires raconta le fait suivant, à propos de cette même dissertation.
« Nous étions, dit-il, occupés d'évocations dans une petite réunion d'amis, lorsque se présenta, inopinément et sans que nous l'ayons appelé, l'Esprit d'un homme que nous avions beaucoup connu, et qui, de son vivant, aurait pu servir de modèle au portrait de l'avare tracé par St-Louis ; un de ces hommes qui vivent misérablement au milieu de la fortune, qui se privent, non pour les autres, mais pour amasser sans profit pour personne. C'était en hiver, nous étions près du feu ; tout-à-coup cet esprit nous rappelle son nom, auquel nous ne songions nullement et nous demande la permission de venir pendant trois jours se chauffer à notre foyer, disant qu'il souffre horriblement du froid qu'il a volontairement enduré pendant sa vie, et qu'il a fait endurer aux autres par son avarice. C'est, ajoute-t-il, un adoucissement que j'ai obtenu, si vous voulez bien me l'accorder. »
Cet Esprit éprouvait donc une sensation pénible de froid ; mais comment l'éprouvait-il ? là était la difficulté. Nous adressâmes à St-Louis les questions suivantes à ce sujet.
Voudriez-vous bien nous dire comment cet esprit d'avare, qui n'avait plus de corps matériel, pouvait ressentir le froid et demander à se chauffer ? - R. Tu peux te représenter les souffrances de l'Esprit par les souffrances morales.
- Nous concevons les souffrances morales, comme les regrets, les remords, la honte ; mais le chaud et le froid, la douleur physique, ne sont pas des effets moraux ; les Esprits éprouvent-ils ces sortes de sensations ? - R. Ton âme ressent-elle le froid ? non ; mais elle a la conscience de la sensation qui agit sur le corps.
- Il semblerait résulter de là que cet esprit avare ne ressentait pas un froid effectif ; mais qu'il avait le souvenir de la sensation du froid qu'il avait enduré, et que ce souvenir étant pour lui comme une réalité, devenait un supplice. - R. C'est à peu près cela. Il est bien entendu qu'il y a une distinction que vous comprenez parfaitement entre la douleur physique et la douleur morale ; il ne faut pas confondre l'effet avec la cause.
- Si nous comprenons bien, on pourrait, ce nous semble, expliquer la chose ainsi qu'il suit :
Le corps est l'instrument de la douleur ; c'est sinon la cause première, au moins la cause immédiate. L'âme a la perception de cette douleur : cette perception est l'effet. Le souvenir quelle en conserve peut être aussi pénible que la réalité, mais ne peut avoir d'action physique. En effet, un froid ni une chaleur intenses ne peuvent désorganiser les tissus : l'âme ne peut ni se geler, ni brûler. Ne voyons-nous pas tous les jours le souvenir ou l'appréhension d'un mal physique produire l'effet de la réalité ? occasionner même la mort ? Tout le monde sait que les personnes amputées ressentent de la douleur dans le membre qui n'existe plus. Assurément ce n'est point ce membre qui est le siège, ni même le point de départ de la douleur. Le cerveau en a conservé l'impression, voilà tout. On peut donc croire qu'il y a quelque chose d'analogue dans les souffrances de l'esprit après la mort. Ces réflexions sont-elles justes ?
R. Oui ; mais plus tard vous comprendrez mieux encore. Attendez que de nouveaux faits soient venus vous fournir de nouveaux sujets d'observation, et alors vous pourrez en tirer des conséquences plus complètes.
Ceci se passait au commencement de l'année 1858 ; depuis lors, en effet, une étude plus approfondie du périsprit qui joue un rôle si important dans tous les phénomènes spirites, et dont il n'avait pas été tenu compte, les apparitions vaporeuses ou tangibles, l'état de l'Esprit au moment de la mort, l'idée si fréquente chez l'Esprit qu'il est encore vivant, le tableau si saisissant des suicidés, des suppliciés, des gens qui se sont absorbés dans les jouissances matérielles, et tant d'autres faits sont venus jeter la lumière sur cette question, et ont donné lieu à des explications dont nous donnons ici le résumé.
Le périsprit est le lien qui unit l'Esprit à la matière du corps : il est puisé dans le milieu ambiant, dans le fluide universel ; il tient à la fois de l'électricité, du fluide magnétique et, jusqu'à un certain point, de la matière inerte. On pourrait dire que c'est la quintessence de la matière : c'est le principe de la vie organique, mais ce n'est pas celui de la vie intellectuelle : la vie intellectuelle est dans l'Esprit. C'est, en outre, l'agent des sensations extérieures. Dans le corps, ces sensations sont localisées par les organes qui leur servent de canaux. Le corps détruit, les sensations sont générales. Voilà pourquoi l'Esprit ne dit pas qu'il souffre plutôt de la tête que des pieds. Il faut du reste se garder de confondre les sensations du périsprit, rendu indépendant, avec celles du corps : nous ne pouvons prendre ces dernières que comme terme de comparaison et non comme analogie. Un excès de chaleur ou de froid peut désorganiser les tissus du corps et ne peut porter aucune atteinte au périsprit. Dégagé du corps, l'Esprit peut souffrir, mais cette souffrance n'est pas celle du corps : ce n'est cependant pas une souffrance exclusivement morale, comme le remords, puisqu'il se plaint du froid et du chaud ; il ne souffre pas plus en hiver qu'en été : nous en avons vu passer à travers les flammes sans rien éprouver de pénible ; la température ne fait donc sur eux aucune impression. La douleur qu'ils ressentent n'est donc pas une douleur physique proprement dite : c'est un vague sentiment intime dont l'Esprit lui-même ne se rend pas toujours un compte parfait, précisément, parce que la douleur n'est pas localisée et qu'elle n'est pas produite par les agents extérieurs : c'est plutôt un souvenir qu'une réalité, mais un souvenir tout aussi pénible. Il y a cependant quelquefois plus qu'un souvenir, comme nous allons le voir.
L'expérience nous apprend qu'au moment de la mort le périsprit se dégage plus ou moins lentement du corps ; pendant les premiers instants, l'Esprit ne s'explique pas sa situation ; il ne croit pas être mort ; il se sent vivre ; il voit son corps d'un côté, il sait qu'il est à lui, et il ne comprend pas qu'il en soit séparé : cet état dure aussi longtemps qu'il existe un lien entre le corps et le périsprit. Qu'on veuille bien se reporter à l'évocation du suicidé des bains de la Samaritaine que nous avons rapportée dans notre numéro de juin. Comme tous les autres, il disait : Non, je ne suis pas mort, et il ajoutait : Et cependant je sens les vers qui me rongent. Or, assurément, les vers ne rongeaient pas le périsprit, et encore moins l'Esprit, ils ne rongeaient que le corps. Mais comme la séparation du corps et du périsprit n'était pas complète, il en résultait une sorte de répercussion morale qui lui transmettait la sensation de ce qui se passait dans le corps. Répercussion n'est peut-être pas le mot, il pourrait faire croire à un effet trop matériel ; c'est plutôt la vue de ce qui se passait dans son corps auquel se rattachait son périsprit qui produisait en lui une illusion qu'il prenait pour une réalité. Ainsi ce n'était pas un souvenir, puisque, pendant sa vie, il n'avait pas été rongé par les vers : c'était le sentiment de l'actualité. On voit par là les déductions que l'on peut tirer des faits, lorsqu'ils sont observés attentivement. Pendant la vie, le corps reçoit les impressions extérieures et les transmet à l'Esprit par l'intermédiaire du périsprit qui constitue, probablement, ce qu'on appelle fluide nerveux. Le corps étant mort ne ressent plus rien, parce qu'il n'y a plus en lui ni Esprit ni périsprit. Le périsprit, dégagé du corps, éprouve la sensation ; mais comme elle ne lui arrive plus par un canal limité, elle est générale. Or, comme il n'est en réalité qu'un agent de transmission, puisque c'est l'Esprit qui a la conscience, il en résulte que s'il pouvait exister un périsprit sans Esprit, il ne ressentirait pas plus que le corps lorsqu'il est mort ; de même que si l'Esprit n'avait point de périsprit, il serait inaccessible à toute sensation pénible ; c'est ce qui a lieu pour les Esprits complètement épurés. Nous savons que plus ils s'épurent, plus l'essence du périsprit devient éthérée ; d'où il suit que l'influence matérielle diminue à mesure que l'Esprit progresse, c'est-à-dire à mesure que le périsprit lui-même devient moins grossier.
Mais, dira-t-on, les sensations agréables sont transmises à l'Esprit par le périsprit, comme les sensations désagréables ; or, si l'Esprit pur est inaccessible aux unes, il doit l'être également aux autres. Oui, sans doute, pour celles qui proviennent uniquement de l'influence de la matière que nous connaissons ; le son de nos instruments, le parfum de nos fleurs ne lui font aucune impression, et pourtant il y a chez lui des sensations intimes, d'un charme indéfinissable dont nous ne pouvons nous faire aucune idée, parce que nous sommes à cet égard comme des aveugles de naissance à l'égard de la lumière ; nous savons que cela existe ; mais par quel moyen ? là s'arrête pour nous la science. Nous savons qu'il y a perception, sensation, audition, vision, que ces facultés sont des attributs de tout l'être, et non, comme chez l'homme, d'une partie de l'être, mais encore une fois par quel intermédiaire ? c'est ce que nous ne savons pas. Les Esprits eux-mêmes ne peuvent nous en rendre compte, parce que notre langue n'est pas faite pour exprimer des idées que nous n'avons pas, pas plus que chez un peuple d'aveugles, il n'y aurait de termes pour exprimer les effets de la lumière ; pas plus que dans la langue des sauvages, il n'y a de termes pour exprimer nos arts, nos sciences et nos doctrines philosophiques.
En disant que les Esprits sont inaccessibles aux impressions de notre matière, nous voulons parler des Esprits très élevés dont l'enveloppe éthérée n'a pas d'analogue ici-bas. Il n'en est pas de même de ceux dont le périsprit est plus dense ; ceux-là perçoivent nos sons et nos odeurs, mais non pas par une partie limitée de leur individu, comme de leur vivant. On pourrait dire que les vibrations molliculaires se font sentir dans tout leur être et arrivent ainsi à leur sensorium commune, qui est l'Esprit lui-même, quoique d'une manière différente, et peut-être aussi avec une impression différente, ce qui produit une modification dans la perception. Ils entendent le son de notre voix, et pourtant ils nous comprennent sans le secours de la parole, par la seule transmission de la pensée, et ce qui vient à l'appui de ce que nous disions, c'est que cette pénétration est d'autant plus facile que l'Esprit est plus dématérialisé. Quant à la vue, elle est indépendante de notre lumière. La faculté de voir est un attribut essentiel de l'âme : pour elle il n'y a pas d'obscurité ; mais elle est plus étendue, plus pénétrante chez ceux qui sont plus épurés. L'âme, ou l'Esprit, a donc en elle-même la faculté de toutes les perceptions ; dans la vie corporelle, elles sont oblitérées par la grossièreté de nos organes ; dans la vie extra-corporelle elles le sont de moins en moins à mesure que s'éclaircit l'enveloppe semi-matérielle.
Cette enveloppe puisée dans le milieu ambiant varie suivant la nature des mondes. En passant d'un monde à l'autre, les esprits changent d'enveloppe comme nous changeons d'habit en passant de l'hiver à l'été, ou du pôle à l'équateur. Les Esprits les plus élevés, lorsqu'ils viennent nous visiter, revêtent donc le périsprit terrestre, et dès lors leurs perceptions s'opèrent comme chez nos esprits vulgaires ; mais tous, inférieurs comme supérieurs, n'entendent et ne sentent que ce qu'ils veulent entendre ou sentir. Sans avoir des organes sensitifs, ils peuvent rendre à volonté leurs perceptions actives ou nulles ; il n'y a qu'une chose qu'ils sont forcés d'entendre, ce sont les conseils des bons Esprits. La vue est toujours active, mais ils peuvent réciproquement se rendre invisibles les uns pour les autres. Selon le rang qu'ils occupent, ils peuvent se cacher de ceux qui leur sont inférieurs, mais non de ceux qui leur sont supérieurs. Dans les premiers moments qui suivent la mort, la vue de l'Esprit est toujours trouble et confuse ; elle s'éclaircit à mesure qu'il se dégage, et peut acquérir la même clarté que pendant la vie, indépendamment de sa pénétration à travers les corps qui sont opaques pour nous. Quant à son extension à travers l'espace indéfini, dans l'avenir et dans le passé, elle dépend du degré de pureté et d'élévation de l'Esprit.
Toute cette théorie, dira-t-on, n'est guère rassurante. Nous pensions qu'une fois débarrassés de notre grossière enveloppe, instrument de nos douleurs, nous ne souffrions plus, et voilà que vous nous apprenez que nous souffrons encore ; que ce soit d'une manière ou d'une autre, ce n'en est pas moins souffrir. Hélas ! oui, nous pouvons encore souffrir, et beaucoup, et longtemps, mais nous pouvons aussi ne plus souffrir, même dès l'instant où nous quittons cette vie corporelle.
Les souffrances d'ici-bas sont quelquefois indépendantes de nous, mais beaucoup sont les conséquences de notre volonté. Qu'on remonte à la source, et l'on verra que le plus grand nombre est la suite de causes que nous aurions pu éviter. Que de maux, que d'infirmités, l'homme ne doit-il pas à ses excès, à son ambition, à ses passions en un mot ? L'homme qui aurait toujours vécu sobrement, qui n'aurait abusé de rien, qui aurait toujours été simple dans ses goûts, modeste dans ses désirs, s'épargnerait bien des tribulations. Il en est de même de l'Esprit ; les souffrances qu'il endure sont toujours la conséquence de la manière dont il a vécu sur la terre ; il n'aura plus sans doute la goutte et les rhumatismes, mais il aura d'autres souffrances qui ne valent pas mieux. Nous avons vu que ses souffrances sont le résultat des liens qui existent encore entre lui et la matière ; que plus il est dégagé de l'influence de la matière, autrement dit, plus il est dématérialisé, moins il a de sensations pénibles ; or il dépend de lui de s'affranchir de cette influence dès cette vie ; il a son libre arbitre, et par conséquent le choix entre faire et ne pas faire ; qu'il dompte ses passions animales, qu'il n'ait ni haine, ni envie, ni jalousie, ni orgueil ; qu'il ne soit pas dominé par l'égoïsme, qu'il purifie son âme par les bons sentiments, qu'il fasse le bien, qu'il n'attache aux choses de ce monde que l'importance qu'elles méritent, alors, même sous son enveloppe corporelle, il est déjà épuré, il est déjà dégagé de la matière, et quand il quitte cette enveloppe, il n'en subit plus l'influence ; les souffrances physiques qu'il a éprouvées ne lui laissent aucun souvenir pénible ; il ne lui en reste aucune impression désagréable, parce qu'elles n'ont affecté que le corps et non l'Esprit ; il est heureux d'en être délivré, et le calme de sa conscience l'affranchit de toute souffrance morale. Nous en avons interrogé des milliers, ayant appartenu à tous les rangs de la société, à toutes les positions sociales ; nous les avons étudiés à toutes les périodes de leur vie spirite, depuis l'instant où ils ont quitté leur corps ; nous les avons suivis pas à pas dans cette vie d'outre-tombe pour observer les changements qui s'opéraient en eux, dans leurs idées, dans leurs sensations, et sous ce rapport les hommes les plus vulgaires ne sont pas ceux qui nous ont fourni les sujets d'étude les moins précieux. Or, nous avons toujours vu que les souffrances sont en rapport avec la conduite dont ils subissent les conséquences, et que cette nouvelle existence est la source d'un bonheur ineffable pour ceux qui ont suivi la bonne route ; d'où il suit que ceux qui souffrent, c'est qu'ils l'ont bien voulu, et qu'ils ne doivent s'en prendre qu'à eux, tout aussi bien dans l'autre monde que dans celui-ci.
Quelques critiques ont ridiculisé certaines de nos évocations, celle de l'assassin Lemaire, par exemple, trouvant singulier qu'on s'occupât d'êtres aussi ignobles, alors qu'on a tant d'Esprits supérieurs à sa disposition. Ils oublient que c'est par là que nous avons en quelque sorte pris la nature sur le fait, ou, pour mieux dire, dans leur ignorance de la science spirite, ils ne voient dans ces entretiens qu'une causerie plus ou moins amusante dont ils ne comprennent pas la portée. Nous avons lu quelque part qu'un philosophe disait, après s'être entretenu avec un paysan : J'ai plus appris avec ce rustre qu'avec tous les savants ; c'est qu'il savait voir autre chose que la surface. Pour l'observateur rien n'est perdu, il trouve d'utiles enseignements jusque dans le cryptogame qui croît sur le fumier. Le médecin recule-t-il à toucher une plaie hideuse, quand il s'agit d'approfondir la cause d'un mal ?
Ajoutons encore un mot à ce sujet. Les souffrances d'outre-tombe ont un terme ; nous savons qu'il est donné à l'Esprit le plus inférieur de s'élever et de se purifier par de nouvelles épreuves ; cela peut être long, très long, mais il dépend de lui d'abréger ce temps pénible, car Dieu l'écoute toujours s'il se soumet à sa volonté. Plus l'Esprit est dématérialisé, plus ses perceptions sont vastes et lucides ; plus il est sous l'empire de la matière, ce qui dépend entièrement de son genre de vie terrestre, plus elles sont bornées et comme voilées ; autant la vue morale de l'un est étendue vers l'infini, autant celle de l'autre est restreinte. Les Esprits inférieurs n'ont donc qu'une notion vague, confuse, incomplète et souvent nulle de l'avenir ; ils ne voient pas le terme de leurs souffrances, c'est pourquoi ils croient souffrir toujours, et c'est encore pour eux un châtiment. Si la position des uns est affligeante, terrible même, elle n'est pas désespérée ; celle des autres est éminemment consolante ; c'est donc à nous de choisir. Ceci est de la plus haute moralité. Les sceptiques doutent du sort qui nous attend après la mort, nous leur montrons ce qu'il en est, et en cela nous croyons leur rendre service ; aussi en avons-nous vu plus d'un revenir de leur erreur, ou tout au moins se prendre à réfléchir sur ce dont ils glosaient auparavant. Il n'est rien de tel que de se rendre compte de la possibilité des choses. S'il en avait toujours été ainsi, il n'y aurait pas tant d'incrédules, et la religion et la morale publique y gagneraient. Le doute religieux ne vient, chez beaucoup, que de la difficulté pour eux de comprendre certaines choses ; ce sont des esprits positifs non organisés pour la foi aveugle, qui n'admettent que ce qui, pour eux, a une raison d'être. Rendez ces choses accessibles à leur intelligence, et ils les acceptent, parce qu'au fond ils ne demandent pas mieux de croire, le doute étant pour eux une situation plus pénible qu'on ne croit ou qu'ils veulent bien le dire.
Dans tout ce qui précède il n'y a point de système, point d'idées personnelles ; ce ne sont pas même quelques Esprits privilégiés qui nous ont dicté cette théorie, c'est un résultat d'études faites sur les individualités, corroborées et confirmées par des Esprits dont le langage ne peut laisser de doute sur leur supériorité. Nous les jugeons à leurs paroles et non pas sur le nom qu'ils portent ou qu'ils peuvent se donner.
Dans une de nos réunions, et peu après que St-Louis nous eût donné la belle dissertation sur l'avarice que nous avons insérée dans notre numéro du mois de février, un de nos sociétaires raconta le fait suivant, à propos de cette même dissertation.
« Nous étions, dit-il, occupés d'évocations dans une petite réunion d'amis, lorsque se présenta, inopinément et sans que nous l'ayons appelé, l'Esprit d'un homme que nous avions beaucoup connu, et qui, de son vivant, aurait pu servir de modèle au portrait de l'avare tracé par St-Louis ; un de ces hommes qui vivent misérablement au milieu de la fortune, qui se privent, non pour les autres, mais pour amasser sans profit pour personne. C'était en hiver, nous étions près du feu ; tout-à-coup cet esprit nous rappelle son nom, auquel nous ne songions nullement et nous demande la permission de venir pendant trois jours se chauffer à notre foyer, disant qu'il souffre horriblement du froid qu'il a volontairement enduré pendant sa vie, et qu'il a fait endurer aux autres par son avarice. C'est, ajoute-t-il, un adoucissement que j'ai obtenu, si vous voulez bien me l'accorder. »
Cet Esprit éprouvait donc une sensation pénible de froid ; mais comment l'éprouvait-il ? là était la difficulté. Nous adressâmes à St-Louis les questions suivantes à ce sujet.
Voudriez-vous bien nous dire comment cet esprit d'avare, qui n'avait plus de corps matériel, pouvait ressentir le froid et demander à se chauffer ? - R. Tu peux te représenter les souffrances de l'Esprit par les souffrances morales.
- Nous concevons les souffrances morales, comme les regrets, les remords, la honte ; mais le chaud et le froid, la douleur physique, ne sont pas des effets moraux ; les Esprits éprouvent-ils ces sortes de sensations ? - R. Ton âme ressent-elle le froid ? non ; mais elle a la conscience de la sensation qui agit sur le corps.
- Il semblerait résulter de là que cet esprit avare ne ressentait pas un froid effectif ; mais qu'il avait le souvenir de la sensation du froid qu'il avait enduré, et que ce souvenir étant pour lui comme une réalité, devenait un supplice. - R. C'est à peu près cela. Il est bien entendu qu'il y a une distinction que vous comprenez parfaitement entre la douleur physique et la douleur morale ; il ne faut pas confondre l'effet avec la cause.
- Si nous comprenons bien, on pourrait, ce nous semble, expliquer la chose ainsi qu'il suit :
Le corps est l'instrument de la douleur ; c'est sinon la cause première, au moins la cause immédiate. L'âme a la perception de cette douleur : cette perception est l'effet. Le souvenir quelle en conserve peut être aussi pénible que la réalité, mais ne peut avoir d'action physique. En effet, un froid ni une chaleur intenses ne peuvent désorganiser les tissus : l'âme ne peut ni se geler, ni brûler. Ne voyons-nous pas tous les jours le souvenir ou l'appréhension d'un mal physique produire l'effet de la réalité ? occasionner même la mort ? Tout le monde sait que les personnes amputées ressentent de la douleur dans le membre qui n'existe plus. Assurément ce n'est point ce membre qui est le siège, ni même le point de départ de la douleur. Le cerveau en a conservé l'impression, voilà tout. On peut donc croire qu'il y a quelque chose d'analogue dans les souffrances de l'esprit après la mort. Ces réflexions sont-elles justes ?
R. Oui ; mais plus tard vous comprendrez mieux encore. Attendez que de nouveaux faits soient venus vous fournir de nouveaux sujets d'observation, et alors vous pourrez en tirer des conséquences plus complètes.
Ceci se passait au commencement de l'année 1858 ; depuis lors, en effet, une étude plus approfondie du périsprit qui joue un rôle si important dans tous les phénomènes spirites, et dont il n'avait pas été tenu compte, les apparitions vaporeuses ou tangibles, l'état de l'Esprit au moment de la mort, l'idée si fréquente chez l'Esprit qu'il est encore vivant, le tableau si saisissant des suicidés, des suppliciés, des gens qui se sont absorbés dans les jouissances matérielles, et tant d'autres faits sont venus jeter la lumière sur cette question, et ont donné lieu à des explications dont nous donnons ici le résumé.
Le périsprit est le lien qui unit l'Esprit à la matière du corps : il est puisé dans le milieu ambiant, dans le fluide universel ; il tient à la fois de l'électricité, du fluide magnétique et, jusqu'à un certain point, de la matière inerte. On pourrait dire que c'est la quintessence de la matière : c'est le principe de la vie organique, mais ce n'est pas celui de la vie intellectuelle : la vie intellectuelle est dans l'Esprit. C'est, en outre, l'agent des sensations extérieures. Dans le corps, ces sensations sont localisées par les organes qui leur servent de canaux. Le corps détruit, les sensations sont générales. Voilà pourquoi l'Esprit ne dit pas qu'il souffre plutôt de la tête que des pieds. Il faut du reste se garder de confondre les sensations du périsprit, rendu indépendant, avec celles du corps : nous ne pouvons prendre ces dernières que comme terme de comparaison et non comme analogie. Un excès de chaleur ou de froid peut désorganiser les tissus du corps et ne peut porter aucune atteinte au périsprit. Dégagé du corps, l'Esprit peut souffrir, mais cette souffrance n'est pas celle du corps : ce n'est cependant pas une souffrance exclusivement morale, comme le remords, puisqu'il se plaint du froid et du chaud ; il ne souffre pas plus en hiver qu'en été : nous en avons vu passer à travers les flammes sans rien éprouver de pénible ; la température ne fait donc sur eux aucune impression. La douleur qu'ils ressentent n'est donc pas une douleur physique proprement dite : c'est un vague sentiment intime dont l'Esprit lui-même ne se rend pas toujours un compte parfait, précisément, parce que la douleur n'est pas localisée et qu'elle n'est pas produite par les agents extérieurs : c'est plutôt un souvenir qu'une réalité, mais un souvenir tout aussi pénible. Il y a cependant quelquefois plus qu'un souvenir, comme nous allons le voir.
L'expérience nous apprend qu'au moment de la mort le périsprit se dégage plus ou moins lentement du corps ; pendant les premiers instants, l'Esprit ne s'explique pas sa situation ; il ne croit pas être mort ; il se sent vivre ; il voit son corps d'un côté, il sait qu'il est à lui, et il ne comprend pas qu'il en soit séparé : cet état dure aussi longtemps qu'il existe un lien entre le corps et le périsprit. Qu'on veuille bien se reporter à l'évocation du suicidé des bains de la Samaritaine que nous avons rapportée dans notre numéro de juin. Comme tous les autres, il disait : Non, je ne suis pas mort, et il ajoutait : Et cependant je sens les vers qui me rongent. Or, assurément, les vers ne rongeaient pas le périsprit, et encore moins l'Esprit, ils ne rongeaient que le corps. Mais comme la séparation du corps et du périsprit n'était pas complète, il en résultait une sorte de répercussion morale qui lui transmettait la sensation de ce qui se passait dans le corps. Répercussion n'est peut-être pas le mot, il pourrait faire croire à un effet trop matériel ; c'est plutôt la vue de ce qui se passait dans son corps auquel se rattachait son périsprit qui produisait en lui une illusion qu'il prenait pour une réalité. Ainsi ce n'était pas un souvenir, puisque, pendant sa vie, il n'avait pas été rongé par les vers : c'était le sentiment de l'actualité. On voit par là les déductions que l'on peut tirer des faits, lorsqu'ils sont observés attentivement. Pendant la vie, le corps reçoit les impressions extérieures et les transmet à l'Esprit par l'intermédiaire du périsprit qui constitue, probablement, ce qu'on appelle fluide nerveux. Le corps étant mort ne ressent plus rien, parce qu'il n'y a plus en lui ni Esprit ni périsprit. Le périsprit, dégagé du corps, éprouve la sensation ; mais comme elle ne lui arrive plus par un canal limité, elle est générale. Or, comme il n'est en réalité qu'un agent de transmission, puisque c'est l'Esprit qui a la conscience, il en résulte que s'il pouvait exister un périsprit sans Esprit, il ne ressentirait pas plus que le corps lorsqu'il est mort ; de même que si l'Esprit n'avait point de périsprit, il serait inaccessible à toute sensation pénible ; c'est ce qui a lieu pour les Esprits complètement épurés. Nous savons que plus ils s'épurent, plus l'essence du périsprit devient éthérée ; d'où il suit que l'influence matérielle diminue à mesure que l'Esprit progresse, c'est-à-dire à mesure que le périsprit lui-même devient moins grossier.
Mais, dira-t-on, les sensations agréables sont transmises à l'Esprit par le périsprit, comme les sensations désagréables ; or, si l'Esprit pur est inaccessible aux unes, il doit l'être également aux autres. Oui, sans doute, pour celles qui proviennent uniquement de l'influence de la matière que nous connaissons ; le son de nos instruments, le parfum de nos fleurs ne lui font aucune impression, et pourtant il y a chez lui des sensations intimes, d'un charme indéfinissable dont nous ne pouvons nous faire aucune idée, parce que nous sommes à cet égard comme des aveugles de naissance à l'égard de la lumière ; nous savons que cela existe ; mais par quel moyen ? là s'arrête pour nous la science. Nous savons qu'il y a perception, sensation, audition, vision, que ces facultés sont des attributs de tout l'être, et non, comme chez l'homme, d'une partie de l'être, mais encore une fois par quel intermédiaire ? c'est ce que nous ne savons pas. Les Esprits eux-mêmes ne peuvent nous en rendre compte, parce que notre langue n'est pas faite pour exprimer des idées que nous n'avons pas, pas plus que chez un peuple d'aveugles, il n'y aurait de termes pour exprimer les effets de la lumière ; pas plus que dans la langue des sauvages, il n'y a de termes pour exprimer nos arts, nos sciences et nos doctrines philosophiques.
En disant que les Esprits sont inaccessibles aux impressions de notre matière, nous voulons parler des Esprits très élevés dont l'enveloppe éthérée n'a pas d'analogue ici-bas. Il n'en est pas de même de ceux dont le périsprit est plus dense ; ceux-là perçoivent nos sons et nos odeurs, mais non pas par une partie limitée de leur individu, comme de leur vivant. On pourrait dire que les vibrations molliculaires se font sentir dans tout leur être et arrivent ainsi à leur sensorium commune, qui est l'Esprit lui-même, quoique d'une manière différente, et peut-être aussi avec une impression différente, ce qui produit une modification dans la perception. Ils entendent le son de notre voix, et pourtant ils nous comprennent sans le secours de la parole, par la seule transmission de la pensée, et ce qui vient à l'appui de ce que nous disions, c'est que cette pénétration est d'autant plus facile que l'Esprit est plus dématérialisé. Quant à la vue, elle est indépendante de notre lumière. La faculté de voir est un attribut essentiel de l'âme : pour elle il n'y a pas d'obscurité ; mais elle est plus étendue, plus pénétrante chez ceux qui sont plus épurés. L'âme, ou l'Esprit, a donc en elle-même la faculté de toutes les perceptions ; dans la vie corporelle, elles sont oblitérées par la grossièreté de nos organes ; dans la vie extra-corporelle elles le sont de moins en moins à mesure que s'éclaircit l'enveloppe semi-matérielle.
Cette enveloppe puisée dans le milieu ambiant varie suivant la nature des mondes. En passant d'un monde à l'autre, les esprits changent d'enveloppe comme nous changeons d'habit en passant de l'hiver à l'été, ou du pôle à l'équateur. Les Esprits les plus élevés, lorsqu'ils viennent nous visiter, revêtent donc le périsprit terrestre, et dès lors leurs perceptions s'opèrent comme chez nos esprits vulgaires ; mais tous, inférieurs comme supérieurs, n'entendent et ne sentent que ce qu'ils veulent entendre ou sentir. Sans avoir des organes sensitifs, ils peuvent rendre à volonté leurs perceptions actives ou nulles ; il n'y a qu'une chose qu'ils sont forcés d'entendre, ce sont les conseils des bons Esprits. La vue est toujours active, mais ils peuvent réciproquement se rendre invisibles les uns pour les autres. Selon le rang qu'ils occupent, ils peuvent se cacher de ceux qui leur sont inférieurs, mais non de ceux qui leur sont supérieurs. Dans les premiers moments qui suivent la mort, la vue de l'Esprit est toujours trouble et confuse ; elle s'éclaircit à mesure qu'il se dégage, et peut acquérir la même clarté que pendant la vie, indépendamment de sa pénétration à travers les corps qui sont opaques pour nous. Quant à son extension à travers l'espace indéfini, dans l'avenir et dans le passé, elle dépend du degré de pureté et d'élévation de l'Esprit.
Toute cette théorie, dira-t-on, n'est guère rassurante. Nous pensions qu'une fois débarrassés de notre grossière enveloppe, instrument de nos douleurs, nous ne souffrions plus, et voilà que vous nous apprenez que nous souffrons encore ; que ce soit d'une manière ou d'une autre, ce n'en est pas moins souffrir. Hélas ! oui, nous pouvons encore souffrir, et beaucoup, et longtemps, mais nous pouvons aussi ne plus souffrir, même dès l'instant où nous quittons cette vie corporelle.
Les souffrances d'ici-bas sont quelquefois indépendantes de nous, mais beaucoup sont les conséquences de notre volonté. Qu'on remonte à la source, et l'on verra que le plus grand nombre est la suite de causes que nous aurions pu éviter. Que de maux, que d'infirmités, l'homme ne doit-il pas à ses excès, à son ambition, à ses passions en un mot ? L'homme qui aurait toujours vécu sobrement, qui n'aurait abusé de rien, qui aurait toujours été simple dans ses goûts, modeste dans ses désirs, s'épargnerait bien des tribulations. Il en est de même de l'Esprit ; les souffrances qu'il endure sont toujours la conséquence de la manière dont il a vécu sur la terre ; il n'aura plus sans doute la goutte et les rhumatismes, mais il aura d'autres souffrances qui ne valent pas mieux. Nous avons vu que ses souffrances sont le résultat des liens qui existent encore entre lui et la matière ; que plus il est dégagé de l'influence de la matière, autrement dit, plus il est dématérialisé, moins il a de sensations pénibles ; or il dépend de lui de s'affranchir de cette influence dès cette vie ; il a son libre arbitre, et par conséquent le choix entre faire et ne pas faire ; qu'il dompte ses passions animales, qu'il n'ait ni haine, ni envie, ni jalousie, ni orgueil ; qu'il ne soit pas dominé par l'égoïsme, qu'il purifie son âme par les bons sentiments, qu'il fasse le bien, qu'il n'attache aux choses de ce monde que l'importance qu'elles méritent, alors, même sous son enveloppe corporelle, il est déjà épuré, il est déjà dégagé de la matière, et quand il quitte cette enveloppe, il n'en subit plus l'influence ; les souffrances physiques qu'il a éprouvées ne lui laissent aucun souvenir pénible ; il ne lui en reste aucune impression désagréable, parce qu'elles n'ont affecté que le corps et non l'Esprit ; il est heureux d'en être délivré, et le calme de sa conscience l'affranchit de toute souffrance morale. Nous en avons interrogé des milliers, ayant appartenu à tous les rangs de la société, à toutes les positions sociales ; nous les avons étudiés à toutes les périodes de leur vie spirite, depuis l'instant où ils ont quitté leur corps ; nous les avons suivis pas à pas dans cette vie d'outre-tombe pour observer les changements qui s'opéraient en eux, dans leurs idées, dans leurs sensations, et sous ce rapport les hommes les plus vulgaires ne sont pas ceux qui nous ont fourni les sujets d'étude les moins précieux. Or, nous avons toujours vu que les souffrances sont en rapport avec la conduite dont ils subissent les conséquences, et que cette nouvelle existence est la source d'un bonheur ineffable pour ceux qui ont suivi la bonne route ; d'où il suit que ceux qui souffrent, c'est qu'ils l'ont bien voulu, et qu'ils ne doivent s'en prendre qu'à eux, tout aussi bien dans l'autre monde que dans celui-ci.
Quelques critiques ont ridiculisé certaines de nos évocations, celle de l'assassin Lemaire, par exemple, trouvant singulier qu'on s'occupât d'êtres aussi ignobles, alors qu'on a tant d'Esprits supérieurs à sa disposition. Ils oublient que c'est par là que nous avons en quelque sorte pris la nature sur le fait, ou, pour mieux dire, dans leur ignorance de la science spirite, ils ne voient dans ces entretiens qu'une causerie plus ou moins amusante dont ils ne comprennent pas la portée. Nous avons lu quelque part qu'un philosophe disait, après s'être entretenu avec un paysan : J'ai plus appris avec ce rustre qu'avec tous les savants ; c'est qu'il savait voir autre chose que la surface. Pour l'observateur rien n'est perdu, il trouve d'utiles enseignements jusque dans le cryptogame qui croît sur le fumier. Le médecin recule-t-il à toucher une plaie hideuse, quand il s'agit d'approfondir la cause d'un mal ?
Ajoutons encore un mot à ce sujet. Les souffrances d'outre-tombe ont un terme ; nous savons qu'il est donné à l'Esprit le plus inférieur de s'élever et de se purifier par de nouvelles épreuves ; cela peut être long, très long, mais il dépend de lui d'abréger ce temps pénible, car Dieu l'écoute toujours s'il se soumet à sa volonté. Plus l'Esprit est dématérialisé, plus ses perceptions sont vastes et lucides ; plus il est sous l'empire de la matière, ce qui dépend entièrement de son genre de vie terrestre, plus elles sont bornées et comme voilées ; autant la vue morale de l'un est étendue vers l'infini, autant celle de l'autre est restreinte. Les Esprits inférieurs n'ont donc qu'une notion vague, confuse, incomplète et souvent nulle de l'avenir ; ils ne voient pas le terme de leurs souffrances, c'est pourquoi ils croient souffrir toujours, et c'est encore pour eux un châtiment. Si la position des uns est affligeante, terrible même, elle n'est pas désespérée ; celle des autres est éminemment consolante ; c'est donc à nous de choisir. Ceci est de la plus haute moralité. Les sceptiques doutent du sort qui nous attend après la mort, nous leur montrons ce qu'il en est, et en cela nous croyons leur rendre service ; aussi en avons-nous vu plus d'un revenir de leur erreur, ou tout au moins se prendre à réfléchir sur ce dont ils glosaient auparavant. Il n'est rien de tel que de se rendre compte de la possibilité des choses. S'il en avait toujours été ainsi, il n'y aurait pas tant d'incrédules, et la religion et la morale publique y gagneraient. Le doute religieux ne vient, chez beaucoup, que de la difficulté pour eux de comprendre certaines choses ; ce sont des esprits positifs non organisés pour la foi aveugle, qui n'admettent que ce qui, pour eux, a une raison d'être. Rendez ces choses accessibles à leur intelligence, et ils les acceptent, parce qu'au fond ils ne demandent pas mieux de croire, le doute étant pour eux une situation plus pénible qu'on ne croit ou qu'ils veulent bien le dire.
Dans tout ce qui précède il n'y a point de système, point d'idées personnelles ; ce ne sont pas même quelques Esprits privilégiés qui nous ont dicté cette théorie, c'est un résultat d'études faites sur les individualités, corroborées et confirmées par des Esprits dont le langage ne peut laisser de doute sur leur supériorité. Nous les jugeons à leurs paroles et non pas sur le nom qu'ils portent ou qu'ils peuvent se donner.
Dissertations d'outre-tombe
Pauvres hommes, que vous connaissez
peu les phénomènes les plus ordinaires qui font votre vie ! Vous croyez
être bien savants, vous croyez posséder une vaste érudition, et à cette
question de tous les enfants : qu'est-ce nous faisons quand nous dormons
? Qu'est-ce que c'est que les rêves ? Vous restez interdits. Je n'ai
pas la prétention de vous faire comprendre ce que je vais vous
expliquer, car il y a des choses auxquelles votre esprit ne peut encore
se soumettre, n'admettant que ce qu'il comprend.
Le sommeil délivre entièrement l'âme du corps. Quand on dort, on est momentanément dans l'état ou l'on se trouve d'une manière fixe après la mort. Les Esprits qui sont tôt dégagés de la matière à leur mort, ont eu des sommeils intelligents ; ceux-là, quand ils dorment, rejoignent la société des autres êtres supérieurs à eux : ils voyagent, causent et s'instruisent avec eux ; ils travaillent même à des ouvrages qu'ils trouvent tout faits en mourant. Ceci doit nous apprendre une fois de plus à ne pas craindre la mort, puisque vous mourez tous les jours selon la parole d'un saint.
Voilà pour les Esprits élevés ; mais pour la masse des hommes qui, à la mort doivent rester de longues heures dans ce trouble, dans cette incertitude dont ils vous ont parlé, ceux-là vont, soit dans des mondes inférieurs à la terre, où d'anciennes affections les rappellent, soit chercher des plaisirs peut-être encore plus bas que ceux qu'ils ont ici ; ils vont puiser des doctrines encore plus viles, plus ignobles, plus nuisibles que celles qu'ils professent au milieu de vous. Et ce qui fait la sympathie sur la terre n'est pas autre chose que ce fait, qu'on se sent, au réveil rapproché par le coeur de ceux avec qui on vient de passer 8 ou 9 heures de bonheur ou de plaisir. Ce qui explique aussi ces antipathies invincibles, c'est qu'on sait au fond de son coeur que ces gens-là ont une autre conscience que la nôtre, parce qu'on les connaît sans les avoir jamais vus avec les yeux. C'est encore ce qui explique l'indifférence, puisqu'on ne tient pas à faire de nouveaux amis, lorsqu'on sait qu'on en a d'autres qui vous aiment et vous chérissent. En un mot, le sommeil influe plus que vous ne pensez sur votre vie.
Par l'effet du sommeil, les Esprits incarnés sont toujours en rapport avec le monde des Esprits, et c'est ce qui fait que les Esprits supérieurs consentent, sans trop de répulsion, à s'incarner parmi vous. Dieu a voulu que pendant leur contact avec le vice, ils puissent aller se retremper à la source du bien, pour ne pas faillir eux-mêmes, eux qui venaient instruire les autres. Le sommeil est la porte que Dieu leur a ouverte vers les amis du ciel ; c'est la récréation après le travail, en attendant la grande délivrance, la libération finale qui doit les rendre à leur vrai milieu.
Le rêve est le souvenir de ce que votre Esprit a vu pendant le sommeil, mais remarquez que vous ne rêvez pas toujours, parce que vous ne vous souvenez pas toujours de ce que vous avez vu, ou de tout ce que vous avez vu. Ce n'est pas votre âme dans tout son développement ; ce n'est souvent que le souvenir du trouble qui accompagne votre départ ou votre rentrée auquel se joint celui de ce que vous avez fait ou de ce qui vous préoccupe dans l'état de veille ; sans cela comment expliqueriez-vous ces rêves absurdes que font les plus savants comme les plus simples ? Les mauvais Esprits se servent aussi des rêves pour tourmenter les âmes faibles et pusillanimes.
Au reste, vous verrez dans peu, se développer une nouvelle espèce de rêves ; elle est aussi ancienne que celle que vous connaissez, mais vous l'ignoriez. Le rêve de Jeanne, le rêve de Jacob, le rêve des prophètes juifs et de quelques devins indiens : ce rêve-là est le souvenir de l'âme entièrement dégagée du corps, le souvenir de cette seconde vie dont je vous parlais tout à l'heure.
Cherchez bien à distinguer ces deux sortes de rêves dans ceux dont vous vous souviendrez, sans cela vous tomberiez dans des contradictions et dans des erreurs qui seraient funestes à votre foi.
Remarque. - L'Esprit qui a dicté cette communication ayant été prié de dire son nom, répondit : « A quoi bon ? Croyez-vous donc qu'il n'y a que les Esprits de vos grands hommes qui viennent vous dire de bonnes choses ? Comptez-vous donc pour rien tous ceux que vous ne connaissez pas ou qui n'ont point de noms sur votre terre ? Sachez que beaucoup ne prennent un nom que pour vous contenter. »
Le sommeil délivre entièrement l'âme du corps. Quand on dort, on est momentanément dans l'état ou l'on se trouve d'une manière fixe après la mort. Les Esprits qui sont tôt dégagés de la matière à leur mort, ont eu des sommeils intelligents ; ceux-là, quand ils dorment, rejoignent la société des autres êtres supérieurs à eux : ils voyagent, causent et s'instruisent avec eux ; ils travaillent même à des ouvrages qu'ils trouvent tout faits en mourant. Ceci doit nous apprendre une fois de plus à ne pas craindre la mort, puisque vous mourez tous les jours selon la parole d'un saint.
Voilà pour les Esprits élevés ; mais pour la masse des hommes qui, à la mort doivent rester de longues heures dans ce trouble, dans cette incertitude dont ils vous ont parlé, ceux-là vont, soit dans des mondes inférieurs à la terre, où d'anciennes affections les rappellent, soit chercher des plaisirs peut-être encore plus bas que ceux qu'ils ont ici ; ils vont puiser des doctrines encore plus viles, plus ignobles, plus nuisibles que celles qu'ils professent au milieu de vous. Et ce qui fait la sympathie sur la terre n'est pas autre chose que ce fait, qu'on se sent, au réveil rapproché par le coeur de ceux avec qui on vient de passer 8 ou 9 heures de bonheur ou de plaisir. Ce qui explique aussi ces antipathies invincibles, c'est qu'on sait au fond de son coeur que ces gens-là ont une autre conscience que la nôtre, parce qu'on les connaît sans les avoir jamais vus avec les yeux. C'est encore ce qui explique l'indifférence, puisqu'on ne tient pas à faire de nouveaux amis, lorsqu'on sait qu'on en a d'autres qui vous aiment et vous chérissent. En un mot, le sommeil influe plus que vous ne pensez sur votre vie.
Par l'effet du sommeil, les Esprits incarnés sont toujours en rapport avec le monde des Esprits, et c'est ce qui fait que les Esprits supérieurs consentent, sans trop de répulsion, à s'incarner parmi vous. Dieu a voulu que pendant leur contact avec le vice, ils puissent aller se retremper à la source du bien, pour ne pas faillir eux-mêmes, eux qui venaient instruire les autres. Le sommeil est la porte que Dieu leur a ouverte vers les amis du ciel ; c'est la récréation après le travail, en attendant la grande délivrance, la libération finale qui doit les rendre à leur vrai milieu.
Le rêve est le souvenir de ce que votre Esprit a vu pendant le sommeil, mais remarquez que vous ne rêvez pas toujours, parce que vous ne vous souvenez pas toujours de ce que vous avez vu, ou de tout ce que vous avez vu. Ce n'est pas votre âme dans tout son développement ; ce n'est souvent que le souvenir du trouble qui accompagne votre départ ou votre rentrée auquel se joint celui de ce que vous avez fait ou de ce qui vous préoccupe dans l'état de veille ; sans cela comment expliqueriez-vous ces rêves absurdes que font les plus savants comme les plus simples ? Les mauvais Esprits se servent aussi des rêves pour tourmenter les âmes faibles et pusillanimes.
Au reste, vous verrez dans peu, se développer une nouvelle espèce de rêves ; elle est aussi ancienne que celle que vous connaissez, mais vous l'ignoriez. Le rêve de Jeanne, le rêve de Jacob, le rêve des prophètes juifs et de quelques devins indiens : ce rêve-là est le souvenir de l'âme entièrement dégagée du corps, le souvenir de cette seconde vie dont je vous parlais tout à l'heure.
Cherchez bien à distinguer ces deux sortes de rêves dans ceux dont vous vous souviendrez, sans cela vous tomberiez dans des contradictions et dans des erreurs qui seraient funestes à votre foi.
Remarque. - L'Esprit qui a dicté cette communication ayant été prié de dire son nom, répondit : « A quoi bon ? Croyez-vous donc qu'il n'y a que les Esprits de vos grands hommes qui viennent vous dire de bonnes choses ? Comptez-vous donc pour rien tous ceux que vous ne connaissez pas ou qui n'ont point de noms sur votre terre ? Sachez que beaucoup ne prennent un nom que pour vous contenter. »
Remarque.
- Cette communication et la suivante ont été obtenues par M. F..., le
même dont nous avons parlé dans notre numéro d'octobre, à propos des
Obsédés et des Subjugués ; on peut juger par là de la différence qu'il y
a entre la nature de ses communications actuelles et celles
d'autrefois. Sa volonté a complètement triomphé de l'obsession dont il
était l'objet, et son mauvais Esprit n'a pas reparu. Ces deux
dissertations lui ont été dictées par Bernard Palissy.
Les fleurs ont été créées sur les mondes comme les symboles de la beauté, de la pureté et de l'espérance.
Comment l'homme qui voit les corolles s'entrouvrir tous les printemps, et les fleurs se faner pour porter des fruits délicieux, comment l'homme ne pense-t-il pas que sa vie se flétrira aussi, mais pour porter des fruits éternels ? Que vous importent donc les orages et les torrents ? Ces fleurs ne périront jamais, ni le plus frêle ouvrage du Créateur. Courage donc, hommes qui tombez sur la route, relevez-vous comme le lis après la tempête, plus purs et plus radieux. Comme les fleurs, les vents vous secouent à droite et à gauche, les vents vous renversent, vous êtes traînés dans la boue, mais quand le soleil reparaît, relevez aussi vos têtes plus nobles et plus grandes.
Aimez donc les fleurs, elles sont les emblèmes de votre vie, et n'ayez pas à rougir de leur être comparés. Ayez-en dans vos jardins, dans vos maisons, dans vos temples même, elles sont bien partout ; en tous lieux elles portent à la poésie ; elles élèvent l'âme de celui qui sait les comprendre. N'est-ce pas dans les fleurs que Dieu a déployé toutes ses magnificences ? D'où connaîtriez-vous les couleurs suaves dont le Créateur a égayé la nature sans les fleurs ? Avant que l'homme eût fouillé les entrailles de la terre pour trouver le rubis et la topaze, il avait les fleurs devant lui, et cette variété infinie de nuances le consolait déjà de la monotonie de la surface terrestre. Aimez-donc les fleurs : vous serez plus purs, vous serez plus aimants ; vous serez peut-être plus enfants, mais vous serez les enfants chéris de Dieu, et vos âmes simples et sans tache seront accessibles à tout son amour, à toute la joie dont il embrasera vos coeurs.
Les fleurs veulent être soignées par des mains éclairées ; l'intelligence est nécessaire pour leur prospérité ; vous avez eu tort longtemps sur terre de laisser ce soin à des mains inhabiles qui les mutilaient, croyant les embellir. Rien n'est plus triste que les arbres ronds ou pointus de quelques-uns de vos jardins : pyramides de verdure qui font l'effet de tas de foin. Laissez la nature prendre son essor sous mille formes diverses : la grâce est là. Heureux celui qui sait admirer la beauté d'une tige qui se balance en semant sa poussière fécondante ; heureux celui qui voit dans leurs teintes brillantes un infini de grâce, de finesse, de coloris, de nuances qui se fuient et se cherchent, se perdent et se retrouvent. Heureux celui qui sait comprendre la beauté de la gradation des tons ! Depuis la racine brune qui se marie avec la terre, comme les couleurs se fondent jusqu'au rouge écarlate de la tulipe et du coquelicot ! (Pourquoi ces noms rudes et bizarres ?) Etudiez tout cela, et remarquez les feuilles qui sortent les unes des autres comme des générations infinies jusqu'à leur épanouissement complet sous le dôme du ciel.
Les fleurs ne semblent-elles pas quitter la terre pour s'élancer vers les autres mondes ? Ne paraissent-elles pas souvent baisser la tête de douleur de ne pouvoir s'élever plus haut encore ? Ne les croit-on pas dans leur beauté plus près de Dieu ? Imitez-les donc, et devenez toujours de plus en plus grands, de plus en plus beaux.
Votre manière d'apprendre la botanique est aussi défectueuse ; ce n'est pas tout de savoir le nom d'une plante. Je t'engagerai, quand tu auras le temps, à travailler aussi un ouvrage de ce genre. Je remets donc à plus tard les leçons que je voulais te donner ces jours-ci ; elles seront plus utiles quand nous aurons l'application sous la main. Nous y parlerons du genre de culture, des places qui leur conviennent, de l'arrangement de l'édifice pour l'aération et la salubrité des habitations.
Si tu fais imprimer ceci, passe les derniers paragraphes ; on les prendrait pour des annonces.
Les fleurs ont été créées sur les mondes comme les symboles de la beauté, de la pureté et de l'espérance.
Comment l'homme qui voit les corolles s'entrouvrir tous les printemps, et les fleurs se faner pour porter des fruits délicieux, comment l'homme ne pense-t-il pas que sa vie se flétrira aussi, mais pour porter des fruits éternels ? Que vous importent donc les orages et les torrents ? Ces fleurs ne périront jamais, ni le plus frêle ouvrage du Créateur. Courage donc, hommes qui tombez sur la route, relevez-vous comme le lis après la tempête, plus purs et plus radieux. Comme les fleurs, les vents vous secouent à droite et à gauche, les vents vous renversent, vous êtes traînés dans la boue, mais quand le soleil reparaît, relevez aussi vos têtes plus nobles et plus grandes.
Aimez donc les fleurs, elles sont les emblèmes de votre vie, et n'ayez pas à rougir de leur être comparés. Ayez-en dans vos jardins, dans vos maisons, dans vos temples même, elles sont bien partout ; en tous lieux elles portent à la poésie ; elles élèvent l'âme de celui qui sait les comprendre. N'est-ce pas dans les fleurs que Dieu a déployé toutes ses magnificences ? D'où connaîtriez-vous les couleurs suaves dont le Créateur a égayé la nature sans les fleurs ? Avant que l'homme eût fouillé les entrailles de la terre pour trouver le rubis et la topaze, il avait les fleurs devant lui, et cette variété infinie de nuances le consolait déjà de la monotonie de la surface terrestre. Aimez-donc les fleurs : vous serez plus purs, vous serez plus aimants ; vous serez peut-être plus enfants, mais vous serez les enfants chéris de Dieu, et vos âmes simples et sans tache seront accessibles à tout son amour, à toute la joie dont il embrasera vos coeurs.
Les fleurs veulent être soignées par des mains éclairées ; l'intelligence est nécessaire pour leur prospérité ; vous avez eu tort longtemps sur terre de laisser ce soin à des mains inhabiles qui les mutilaient, croyant les embellir. Rien n'est plus triste que les arbres ronds ou pointus de quelques-uns de vos jardins : pyramides de verdure qui font l'effet de tas de foin. Laissez la nature prendre son essor sous mille formes diverses : la grâce est là. Heureux celui qui sait admirer la beauté d'une tige qui se balance en semant sa poussière fécondante ; heureux celui qui voit dans leurs teintes brillantes un infini de grâce, de finesse, de coloris, de nuances qui se fuient et se cherchent, se perdent et se retrouvent. Heureux celui qui sait comprendre la beauté de la gradation des tons ! Depuis la racine brune qui se marie avec la terre, comme les couleurs se fondent jusqu'au rouge écarlate de la tulipe et du coquelicot ! (Pourquoi ces noms rudes et bizarres ?) Etudiez tout cela, et remarquez les feuilles qui sortent les unes des autres comme des générations infinies jusqu'à leur épanouissement complet sous le dôme du ciel.
Les fleurs ne semblent-elles pas quitter la terre pour s'élancer vers les autres mondes ? Ne paraissent-elles pas souvent baisser la tête de douleur de ne pouvoir s'élever plus haut encore ? Ne les croit-on pas dans leur beauté plus près de Dieu ? Imitez-les donc, et devenez toujours de plus en plus grands, de plus en plus beaux.
Votre manière d'apprendre la botanique est aussi défectueuse ; ce n'est pas tout de savoir le nom d'une plante. Je t'engagerai, quand tu auras le temps, à travailler aussi un ouvrage de ce genre. Je remets donc à plus tard les leçons que je voulais te donner ces jours-ci ; elles seront plus utiles quand nous aurons l'application sous la main. Nous y parlerons du genre de culture, des places qui leur conviennent, de l'arrangement de l'édifice pour l'aération et la salubrité des habitations.
Si tu fais imprimer ceci, passe les derniers paragraphes ; on les prendrait pour des annonces.
La femme étant plus finement dessinée que l'homme, indique naturellement
une âme plus délicate ; c'est ainsi que, dans les milieux semblables,
dans tous les mondes, la mère sera plus jolie que le père ; car c'est
elle que l'enfant voit la première ; c'est vers la figure angélique
d'une jeune femme que l'enfant tourne ses yeux sans cesse ; c'est vers
la mère que l'enfant sèche ses pleurs, appuie ses regards encore faibles
et incertains. L'enfant a donc ainsi une intuition naturelle du beau.
La femme sait surtout se faire remarquer par la délicatesse de ses pensées, la grâce de ses gestes, la pureté de ses paroles ; tout ce qui vient d'elle doit s'harmoniser avec sa personne que Dieu a créée belle.
Ses longs cheveux qui ondoient sur son cou, sont l'image de la douceur, et de la facilité avec laquelle sa tête plie sans rompre sous les épreuves. Ils reflètent la lumière des soleils, comme l'âme de la femme doit refléter la lumière plus pure de Dieu. Jeunes personnes, laissez vos cheveux flotter ; Dieu les créa pour cela : vous paraîtrez à la fois plus naturelles et plus ornées.
La femme doit être simple dans son costume ; elle s'est élancée assez belle de la main du Créateur pour n'avoir pas besoin d'atours. Que le blanc et le bleu se marient sur vos épaules. Laissez aussi flotter vos vêtements ; que l'on voie vos robes s'étendre derrière vous en un long trait de gaze, comme un léger nuage qui indique que tout à l'heure vous étiez là.
Mais que font la parure, le costume, la beauté, les cheveux ondoyants ou flottants, noués ou serrés, si le sourire si doux des mères et des amantes ne brillent pas sur vos lèvres ! Si vos yeux ne sèment pas la bonté, la charité, l'espérance dans les larmes de joie qu'ils laissent couler, dans les éclairs qui jaillissent de ce brasier d'amour inconnu !
Femmes, ne craignez pas de ravir les hommes par votre beauté, par vos grâces, par votre supériorité ; mais que les hommes sachent que pour être dignes de vous, il faut qu'ils soient aussi grands que vous êtes belles, aussi sages que vous êtes bonnes, aussi instruits que vous êtes naïves et simples. Il faut qu'ils sachent qu'ils doivent vous mériter, que vous êtes le prix de la vertu et de l'honneur ; non de cet honneur qui se couvrait d'un casque et d'un bouclier et brillait dans les joutes et les tournois, le pied sur le front d'un ennemi renversé ; non, mais de l'honneur selon Dieu.
Hommes, soyez utiles, et quand les pauvres béniront votre nom, les femmes seront vos égales ; vous formerez alors un tout : vous serez la tête et les femmes seront le coeur ; vous serez la pensée bienfaisante, et les femmes seront les mains libérales. Unissez-vous donc, non-seulement par l'amour, mais encore par le bien que vous pouvez faire à deux. Que ces bonnes pensées et ces bonnes actions accomplies par deux coeurs aimants soient les anneaux de cette chaîne d'or et de diamant qu'on appelle le mariage, et alors quand les anneaux seront assez nombreux, Dieu vous appellera près de lui, et vous continuerez à ajouter encore des boucles aux boucles précédentes, mais sur la terre les boucles étaient d'un métal pesant et froid, dans le ciel elles seront de lumière et de feu.
La femme sait surtout se faire remarquer par la délicatesse de ses pensées, la grâce de ses gestes, la pureté de ses paroles ; tout ce qui vient d'elle doit s'harmoniser avec sa personne que Dieu a créée belle.
Ses longs cheveux qui ondoient sur son cou, sont l'image de la douceur, et de la facilité avec laquelle sa tête plie sans rompre sous les épreuves. Ils reflètent la lumière des soleils, comme l'âme de la femme doit refléter la lumière plus pure de Dieu. Jeunes personnes, laissez vos cheveux flotter ; Dieu les créa pour cela : vous paraîtrez à la fois plus naturelles et plus ornées.
La femme doit être simple dans son costume ; elle s'est élancée assez belle de la main du Créateur pour n'avoir pas besoin d'atours. Que le blanc et le bleu se marient sur vos épaules. Laissez aussi flotter vos vêtements ; que l'on voie vos robes s'étendre derrière vous en un long trait de gaze, comme un léger nuage qui indique que tout à l'heure vous étiez là.
Mais que font la parure, le costume, la beauté, les cheveux ondoyants ou flottants, noués ou serrés, si le sourire si doux des mères et des amantes ne brillent pas sur vos lèvres ! Si vos yeux ne sèment pas la bonté, la charité, l'espérance dans les larmes de joie qu'ils laissent couler, dans les éclairs qui jaillissent de ce brasier d'amour inconnu !
Femmes, ne craignez pas de ravir les hommes par votre beauté, par vos grâces, par votre supériorité ; mais que les hommes sachent que pour être dignes de vous, il faut qu'ils soient aussi grands que vous êtes belles, aussi sages que vous êtes bonnes, aussi instruits que vous êtes naïves et simples. Il faut qu'ils sachent qu'ils doivent vous mériter, que vous êtes le prix de la vertu et de l'honneur ; non de cet honneur qui se couvrait d'un casque et d'un bouclier et brillait dans les joutes et les tournois, le pied sur le front d'un ennemi renversé ; non, mais de l'honneur selon Dieu.
Hommes, soyez utiles, et quand les pauvres béniront votre nom, les femmes seront vos égales ; vous formerez alors un tout : vous serez la tête et les femmes seront le coeur ; vous serez la pensée bienfaisante, et les femmes seront les mains libérales. Unissez-vous donc, non-seulement par l'amour, mais encore par le bien que vous pouvez faire à deux. Que ces bonnes pensées et ces bonnes actions accomplies par deux coeurs aimants soient les anneaux de cette chaîne d'or et de diamant qu'on appelle le mariage, et alors quand les anneaux seront assez nombreux, Dieu vous appellera près de lui, et vous continuerez à ajouter encore des boucles aux boucles précédentes, mais sur la terre les boucles étaient d'un métal pesant et froid, dans le ciel elles seront de lumière et de feu.
Le réveil d'un Esprit
NOTA. - Ces vers ont été écrits spontanément au moyen d'une corbeille tenue par une jeune dame et un enfant. Nous pensons que plus d'un poète pourrait s'en faire honneur. Ils nous sont communiqués par un de nos abonnés.
Que la nature est belle et combien l'air est doux !
Seigneur ! je te rends grâce et t'admire à genoux.
Puisse l'hymne joyeux de ma reconnaissance
Monter comme l'encens vers ta toute-puissance,
Ainsi, devant les yeux de ses deux soeurs en deuil,
Tu fis sortir jadis Lazare du cercueil ;
De Jaïre éperdu la fille bien-aimée
Fut sur son lit de mort par ta voix ranimée.
De même, Dieu puissant ! tu m'as tendu la main ;
Lève-toi ! m'as-tu dit : tu n'as pas dit en vain.
Pourquoi ne suis-je, hélas, qu'un vil monceau de fange ?
Je voudrais te louer avec la voix d'un ange ;
Ton ouvrage jamais ne m'a paru si beau !
C'est à celui qui sort de la nuit du tombeau
Que le jour paraît pur, la lumière éclatante,
Le soleil radieux et la vie enivrante.
Alors l'air est plus doux que le lait et le miel ;
Chaque son semble un mot dans les concerts du ciel.
La voix sourde des vents exhale une harmonie
Qui grandit dans le vague et devient infinie.
Ce que l'Esprit conçoit, ce qui frappe les yeux,
Ce qu'on peut deviner dans le livre des cieux,
Dans l'espace des mers, sous les vagues profondes,
Dans tous les océans, les abîmes, les mondes,
Tout s'arrondit en sphère, et l'on sent qu'au milieu
Ces rayons convergents aboutissent à Dieu.
Et toi, dont le regard plane sur les étoiles,
Qui te caches au ciel comme un roi sous ses voiles,
Quelle est donc ta grandeur, si ce vaste univers
N'est qu'un point à tes yeux, et l'espace des mers
N'est pas même un miroir pour ta splendeur immense ?
Quelle est donc ta grandeur, quelle est donc ton essence ?
Quel palais assez vaste as-tu construit, ô roi !
Les astres ne sauraient nous séparer de toi.
Le soleil à tes pieds, puissance sans mesure,
Semble l'onyx qu'un prince attache à sa chaussure
Ce que j'admire en toi surtout, ô majesté !
C'est bien moins ta grandeur que l'immense bonté
Qui se révèle à tout, ainsi que la lumière,
Et d'un être impuissant exauce la prière.
JODELLE.
Entretiens familiers d'outre-tombe
Nous avions le désir d'interroger une de ces femmes de l'Inde qui sont
dans l'usage de se brûler sur le corps de leur mari. N'en connaissant
pas, nous avions demandé à saint Louis s'il voudrait nous en envoyer une
qui fût en état de répondre à nos questions d'une manière un peu
satisfaisante. Il nous répondit qu'il le ferait volontiers dans quelque
temps. Dans la séance de la Société du 2 novembre 1858, M. Adrien,
médium voyant, en vit une toute disposée à parler et dont il fit le
portrait suivant :
Yeux grands, noirs, teinte jaune dans le blanc ; figure arrondie ; joues rebondies et grasses ; peau jaune safran bruni ; cils longs, sourcils arqués, noirs, nez un peu fort et légèrement aplati ; bouche grande et sensuelle ; belles dents, larges et plates ; cheveux plats, abondants, noirs et épais de graisse. Corps assez gros, trapu et gras. Des foulards l'enveloppent en laissant la moitié de la poitrine nue. Bracelets aux bras et aux jambes.
1. Vous rappelez-vous à peu près à quelle époque vous viviez dans l'Inde, et où vous vous êtes brûlée sur le corps de votre mari ? - R. Elle fait signe qu'elle ne se le rappelle pas. - Saint Louis répond qu'il y a environ cent ans.
2. Vous rappelez-vous le nom que vous portiez ? - R. Fatime.
3. Quelle religion professiez-vous ? - R. Le mahométisme.
4. Mais le mahométisme ne commande pas de tels sacrifices ? - R. Je suis née musulmane, mais mon mari était de la religion de Brahma. J'ai dû me conformer à l'usage du pays que j'habitais. Les femmes ne s'appartiennent pas.
5. Quel âge aviez-vous quand vous êtes morte ? - R. J'avais, je crois environ vingt ans.
Remarque. - M. Adrien fait observer qu'elle en paraît avoir au moins vingt-huit à trente ; mais que dans ce pays les femmes vieillissent plus vite.
6. Vous êtes-vous sacrifiée volontairement ? - R. J'aurais préféré me marier à un autre. Réfléchissez bien, et vous concevrez que nous pensons toutes de même. J'ai suivi la coutume ; mais au fond j'aurais préféré ne pas le faire. J'ai attendu plusieurs jours un autre mari, et personne n'est venu ; alors j'ai obéi à la loi.
7. Quel sentiment a pu dicter cette loi ? - R. Idée superstitieuse. On se figure qu'en se brûlant on est agréable à la Divinité ; que nous rachetons les fautes de celui que nous perdons, et que nous allons l'aider à vivre heureux dans l'autre monde.
8. Votre mari vous a-t-il su gré de votre sacrifice ? - R. Je n'ai jamais cherché à revoir mon mari.
9. Y a-t-il des femmes qui se sacrifient ainsi de gaîté de coeur ? - R Il y en a peu ; une sur mille, et encore, au fond, elles ne voudraient pas le faire.
10. Que s'est-il passé en vous au moment où la vie corporelle s'est éteinte ? - R. Le trouble ; j'ai eu un brouillard, et puis je ne sais ce qui s'est passé. Mes idées n'ont été débrouillées que bien longtemps après. J'allais partout, et cependant je ne voyais pas bien ; et encore maintenant, je ne suis pas entièrement éclairée ; j'ai encore bien des incarnations à subir pour m'élever ; mais je ne brûlerai plus... Je ne vois pas la nécessité de se brûler, de se jeter au milieu des flammes pour s'élever..., surtout pour des fautes que l'on n'a pas commises ; et puis on ne m'en a pas su plus de gré... Du reste je n'ai pas cherché à le savoir. Vous me ferez plaisir en priant un peu pour moi ; car je comprends qu'il n'y a que la prière pour supporter avec courage les épreuves qui nous sont envoyées... Ah ! si j'avais la foi !
11. Vous nous demandez de prier pour vous ; mais nous sommes chrétiens, et nos prières pourraient-elles vous être agréables ? - R. Il n'y a qu'un Dieu pour tous les hommes.
Remarque. - Dans plusieurs des séances suivantes, la même femme a été vue parmi les Esprits qui y assistaient. Elle a dit qu'elle venait pour s'instruire. Il paraît qu'elle a été sensible à l'intérêt qu'on lui a témoigné, car elle nous a suivis plusieurs fois dans d'autres réunions et même dans la rue.
Yeux grands, noirs, teinte jaune dans le blanc ; figure arrondie ; joues rebondies et grasses ; peau jaune safran bruni ; cils longs, sourcils arqués, noirs, nez un peu fort et légèrement aplati ; bouche grande et sensuelle ; belles dents, larges et plates ; cheveux plats, abondants, noirs et épais de graisse. Corps assez gros, trapu et gras. Des foulards l'enveloppent en laissant la moitié de la poitrine nue. Bracelets aux bras et aux jambes.
1. Vous rappelez-vous à peu près à quelle époque vous viviez dans l'Inde, et où vous vous êtes brûlée sur le corps de votre mari ? - R. Elle fait signe qu'elle ne se le rappelle pas. - Saint Louis répond qu'il y a environ cent ans.
2. Vous rappelez-vous le nom que vous portiez ? - R. Fatime.
3. Quelle religion professiez-vous ? - R. Le mahométisme.
4. Mais le mahométisme ne commande pas de tels sacrifices ? - R. Je suis née musulmane, mais mon mari était de la religion de Brahma. J'ai dû me conformer à l'usage du pays que j'habitais. Les femmes ne s'appartiennent pas.
5. Quel âge aviez-vous quand vous êtes morte ? - R. J'avais, je crois environ vingt ans.
Remarque. - M. Adrien fait observer qu'elle en paraît avoir au moins vingt-huit à trente ; mais que dans ce pays les femmes vieillissent plus vite.
6. Vous êtes-vous sacrifiée volontairement ? - R. J'aurais préféré me marier à un autre. Réfléchissez bien, et vous concevrez que nous pensons toutes de même. J'ai suivi la coutume ; mais au fond j'aurais préféré ne pas le faire. J'ai attendu plusieurs jours un autre mari, et personne n'est venu ; alors j'ai obéi à la loi.
7. Quel sentiment a pu dicter cette loi ? - R. Idée superstitieuse. On se figure qu'en se brûlant on est agréable à la Divinité ; que nous rachetons les fautes de celui que nous perdons, et que nous allons l'aider à vivre heureux dans l'autre monde.
8. Votre mari vous a-t-il su gré de votre sacrifice ? - R. Je n'ai jamais cherché à revoir mon mari.
9. Y a-t-il des femmes qui se sacrifient ainsi de gaîté de coeur ? - R Il y en a peu ; une sur mille, et encore, au fond, elles ne voudraient pas le faire.
10. Que s'est-il passé en vous au moment où la vie corporelle s'est éteinte ? - R. Le trouble ; j'ai eu un brouillard, et puis je ne sais ce qui s'est passé. Mes idées n'ont été débrouillées que bien longtemps après. J'allais partout, et cependant je ne voyais pas bien ; et encore maintenant, je ne suis pas entièrement éclairée ; j'ai encore bien des incarnations à subir pour m'élever ; mais je ne brûlerai plus... Je ne vois pas la nécessité de se brûler, de se jeter au milieu des flammes pour s'élever..., surtout pour des fautes que l'on n'a pas commises ; et puis on ne m'en a pas su plus de gré... Du reste je n'ai pas cherché à le savoir. Vous me ferez plaisir en priant un peu pour moi ; car je comprends qu'il n'y a que la prière pour supporter avec courage les épreuves qui nous sont envoyées... Ah ! si j'avais la foi !
11. Vous nous demandez de prier pour vous ; mais nous sommes chrétiens, et nos prières pourraient-elles vous être agréables ? - R. Il n'y a qu'un Dieu pour tous les hommes.
Remarque. - Dans plusieurs des séances suivantes, la même femme a été vue parmi les Esprits qui y assistaient. Elle a dit qu'elle venait pour s'instruire. Il paraît qu'elle a été sensible à l'intérêt qu'on lui a témoigné, car elle nous a suivis plusieurs fois dans d'autres réunions et même dans la rue.
Notice. - Louise Charly, dite Labé,
surnommée la Belle Cordière, née à Lyon sous François I°. Elle était
d'une beauté accomplie et reçut une éducation très soignée ; elle savait
le grec et le latin, partait l'espagnol et l'italien avec une pureté
parfaite, et faisait, dans ces langues, des poésies que n'auraient pas
désavouées des écrivains nationaux. Formée à tous les exercices du
corps, elle connaissait l'équitation, la gymnastique et le maniement des
armes. Douée d'un caractère très énergique, elle se distingua, à côté
de son père, parmi les plus vaillants combattants, au siège de
Perpignan, en 1542, sous le nom du capitaine Loys. Ce siège n'ayant pas
réussi, elle renonça au métier des armes et revint à Lyon avec son père.
Elle épousa un riche fabricant de cordages, nommé Ennemond Perrin, et
bientôt elle ne fut connue que sous le nom de la Belle Cordière, nom qui
est resté à la rue qu'elle habitait, et sur l'emplacement de laquelle
étaient les ateliers de son mari. Elle institua chez elle des réunions
littéraires où étaient conviés les esprits les plus éclairés de la
province. On a d'elle un recueil de poésies. Sa réputation de beauté et
de femme d'esprit, en attirant chez elle l'élite des hommes, excita la
jalousie des dames lyonnaises qui cherchèrent à s'en venger par la
calomnie ; mais sa conduite a toujours été irréprochable.
L'ayant évoquée dans la séance de la société parisienne des études spirites du 26 octobre 1858, il nous fut dit qu'elle ne pouvait venir encore par des motifs qui n'ont pas été expliqués. Le 9 novembre elle se rendit à notre appel, et voilà le portrait qu'en fit M. Adrien, notre médium voyant :
Tête ovale ; teint pâle, mat ; yeux noirs, beaux et fiers, sourcils arqués ; front développé et intelligent, nez grec, mince ; bouche moyenne, lèvres indiquant la bonté d'esprit ; dents fort belles, petites, bien rangées ; cheveux noir de jais, légèrement crêpés. Beau port de tête ; taille grande et bien élancée. Vêtement de draperies blanches.
Remarque. - Rien sans doute ne prouve que ce portrait et le précédent ne sont pas dans l'imagination du médium, parce que nous n'avons pas de contrôle ; mais lorsqu'il le fait avec des détails aussi précis de personnes contemporaines qu'il n'a jamais vues et qui sont reconnues par des parents ou amis, on ne peut douter de la réalité ; d'où l'on peut conclure, que puisqu'il voit les uns avec une vérité incontestable, il peut en voir d'autres. Une autre circonstance qui doit être prise en considération, c'est qu'il voit toujours le même esprit, sous la même forme, et que, fût-ce à plusieurs mois d'intervalle, le portrait ne varie pas. Il faudrait supposer chez lui une mémoire phénoménale, pour croire qu'il pût se souvenir ainsi des moindres traits de tous les Esprits dont il a fait la description et que l'on compte par centaines.
1. Evocation. - R. Je suis là.
2. Voudriez-vous avoir la bonté de répondre à quelques questions que nous voudrions vous adresser ? - R. Avec plaisir.
3. Vous rappelez-vous l'époque où vous étiez connue sous le nom de la Belle Cordière ? - R. Oui.
4. D'où pouvaient provenir les qualités viriles qui vous ont fait embrasser la profession des armes qui est plutôt, selon les lois de la nature, dans les attributions des hommes ? - R. Cela souriait à mon esprit avide de grandes choses ; plus tard il se tourna vers un autre genre d'idée plus sérieux. Les idées avec lesquelles on naît viennent certainement des existences antérieures dont elles sont le reflet, cependant elles se modifient beaucoup, soit par de nouvelles résolutions, soit par la volonté de Dieu.
5. Pourquoi ces goûts militaires n'ont-ils pas persisté chez vous, et comment ont-ils pu si promptement céder la place à ceux de la femme ? - R. J'ai vu des choses que je ne vous souhaite pas de voir.
6. Vous étiez contemporaine de François I° et de Charles-Quint ; voudriez-vous nous dire votre opinion sur ces deux hommes et en faire le parallèle ? - R. Je ne veux point juger ; ils eurent des défauts, vous les connaissez ; leurs vertus sont peu nombreuses : quelques traits de générosité et c'est tout. Laissez cela, leur coeur pourrait saigner encore : ils souffrent assez !
7. Quelle était la source de cette haute intelligence qui vous a rendue apte à recevoir une éducation si supérieure à celle des femmes de votre temps ? - R. De pénibles existences et la volonté de Dieu !
8. Il y avait donc chez vous un progrès antérieur ? - R. Cela ne peut être autrement.
9. Cette instruction vous a-t-elle fait progresser comme Esprit ? - R. Oui.
10. Vous paraissez avoir été heureuse sur la terre : l'êtes-vous davantage maintenant ? - R. Quelle question ! Si heureuse que l'on soit sur la terre, le bonheur du Ciel est bien autre chose ! Quels trésors et quelles richesses que vous connaîtrez un jour, et dont vous ne vous doutez pas ou que vous ignorez complètement !
11. Qu'entendez-vous par Ciel ? - R. J'entends par Ciel les autres mondes.
12. Quel monde habitez-vous maintenant ? - R. J'habite un monde que vous ne connaissez pas ; mais j'y suis peu attachée : la matière nous lie peu.
13. Est-ce Jupiter ? - R. Jupiter est un monde heureux ; mais pensez-vous que seul entre tous il soit favorisé de Dieu ? Ils sont aussi nombreux que les grains de sable de l'Océan.
14. Avez-vous conservé le génie poétique que vous aviez ici-bas ? - R. Je vous répondrais avec plaisir, mais je craindrais de choquer d'autres Esprits, ou je me porterais au-dessous de ce que je suis : ce qui fait que ma réponse vous deviendrait inutile, tombant à faux.
15. Pourriez-vous nous dire quel rang nous pourrions vous assigner parmi les Esprits ?
- Pas de réponse.
(A Saint-Louis). Saint-Louis pourrait-il nous répondre à ce sujet ? - R. Elle est là : je ne puis dire ce qu'elle ne veut pas dire. Ne voyez-vous pas qu'elle est des plus élevées, parmi les Esprits que vous vous évoquez ordinairement ? Au reste, nos Esprits ne peuvent apprécier exactement les distances qui les séparent : elles sont incompréhensibles pour vous, et pourtant elles sont immenses !
16. (A Louise-Charly). Sous quelle forme êtes-vous, parmi eux ? - R. Adrien vient de me dépeindre.
17. Pourquoi cette forme plutôt qu'une autre ? Car enfin, dans le monde où vous êtes, vous n'êtes pas telle que vous étiez sur la terre ? - R. Vous m'avez évoquée poète, je viens poète.
18. Pourriez-vous nous dicter quelques poésies ou un morceau quelconque de littérature. Nous serions heureux d'avoir quelque chose de vous ? - R. Cherchez à vous procurer mes anciens écrits. Nous n'aimons pas ces épreuves, et surtout en public : je le ferai pourtant une autre fois.
Remarque. On sait que les Esprits n'aiment pas les épreuves, et les demandes de cette nature ont toujours plus ou moins ce caractère, c'est sans doute pourquoi ils n'y obtempèrent presque jamais. Spontanément et au moment où nous nous y attendons le moins, ils nous donnent souvent les choses les plus surprenantes, les preuves que nous aurions sollicitées en vain ; mais il suffit presque toujours qu'on leur demande une chose pour qu'on ne l'obtienne pas, si surtout elle dénote un sentiment de curiosité. Les Esprits, et principalement les Esprits élevés, veulent nous prouver par là qu'ils ne sont pas à nos ordres.
La belle cordière fit spontanément écrire le lendemain ce qui suit, par le médium écrivain qui lui avait servi d'interprète.
« Je vais te dicter ce que je t'ai promis ; ce ne sont pas des vers, je n'en veux plus faire ; d'ailleurs je ne me souviens plus de ceux que je fis, et vous ne les goûteriez pas : ce sera de la plus modeste prose.
« Sur la terre j'ai vanté l'amour, la douceur et les bons sentiments : je parlais un peu de ce que je ne connaissais pas. Ici, ce n'est pas de l'amour qu'il faut, c'est une charité large, austère, éclairée ; une charité forte et constante qui n'a qu'un exemple sur la terre.
« Pensez, ô hommes ! qu'il dépend de vous d'être heureux et de faire de votre monde l'un des plus avancés du ciel : vous n'avez qu'à faire taire haines et inimitiés, qu'à oublier rancunes et colères, qu'à perdre orgueil et vanité. Laissez tout cela comme un fardeau qu'il vous faudra abandonner tôt ou tard. Ce fardeau est pour vous un trésor sur la terre, je le sais ; c'est pourquoi vous auriez du mérite à le délaisser et à le perdre, mais dans le ciel ce fardeau devient un obstacle à votre bonheur. Croyez-moi donc : hâtez vos progrès, le bonheur qui vient de Dieu est la vraie félicité. Où trouverez-vous des plaisirs qui vaillent les joies qu'il donne à ses élus, à ses anges ?
« Dieu aime les hommes qui cherchent à avancer dans sa voie, comptez donc sur son appui. N'avez-vous pas confiance en lui ? Le croyez-vous donc parjure, que vous ne vous livrez pas à lui entièrement, sans restriction ? Malheureusement vous ne voulez pas entendre, ou peu d'entre vous entendent ; vous préférez le jour au lendemain ; votre vue bornée borne vos sentiments, votre coeur et votre âme, et vous souffrez pour avancer, au lieu d'avancer naturellement et facilement par le chemin du bien, par votre propre volonté, car la souffrance est le moyen que Dieu emploie pour vous moraliser. Que n'évitez-vous cette route sûre, mais terrible pour le voyageur. Je finirai en vous exhortant à ne plus regarder la mort comme un fléau, mais comme la porte de la vraie vie et du vrai bonheur.
LOUISE CHARLY. »
L'ayant évoquée dans la séance de la société parisienne des études spirites du 26 octobre 1858, il nous fut dit qu'elle ne pouvait venir encore par des motifs qui n'ont pas été expliqués. Le 9 novembre elle se rendit à notre appel, et voilà le portrait qu'en fit M. Adrien, notre médium voyant :
Tête ovale ; teint pâle, mat ; yeux noirs, beaux et fiers, sourcils arqués ; front développé et intelligent, nez grec, mince ; bouche moyenne, lèvres indiquant la bonté d'esprit ; dents fort belles, petites, bien rangées ; cheveux noir de jais, légèrement crêpés. Beau port de tête ; taille grande et bien élancée. Vêtement de draperies blanches.
Remarque. - Rien sans doute ne prouve que ce portrait et le précédent ne sont pas dans l'imagination du médium, parce que nous n'avons pas de contrôle ; mais lorsqu'il le fait avec des détails aussi précis de personnes contemporaines qu'il n'a jamais vues et qui sont reconnues par des parents ou amis, on ne peut douter de la réalité ; d'où l'on peut conclure, que puisqu'il voit les uns avec une vérité incontestable, il peut en voir d'autres. Une autre circonstance qui doit être prise en considération, c'est qu'il voit toujours le même esprit, sous la même forme, et que, fût-ce à plusieurs mois d'intervalle, le portrait ne varie pas. Il faudrait supposer chez lui une mémoire phénoménale, pour croire qu'il pût se souvenir ainsi des moindres traits de tous les Esprits dont il a fait la description et que l'on compte par centaines.
1. Evocation. - R. Je suis là.
2. Voudriez-vous avoir la bonté de répondre à quelques questions que nous voudrions vous adresser ? - R. Avec plaisir.
3. Vous rappelez-vous l'époque où vous étiez connue sous le nom de la Belle Cordière ? - R. Oui.
4. D'où pouvaient provenir les qualités viriles qui vous ont fait embrasser la profession des armes qui est plutôt, selon les lois de la nature, dans les attributions des hommes ? - R. Cela souriait à mon esprit avide de grandes choses ; plus tard il se tourna vers un autre genre d'idée plus sérieux. Les idées avec lesquelles on naît viennent certainement des existences antérieures dont elles sont le reflet, cependant elles se modifient beaucoup, soit par de nouvelles résolutions, soit par la volonté de Dieu.
5. Pourquoi ces goûts militaires n'ont-ils pas persisté chez vous, et comment ont-ils pu si promptement céder la place à ceux de la femme ? - R. J'ai vu des choses que je ne vous souhaite pas de voir.
6. Vous étiez contemporaine de François I° et de Charles-Quint ; voudriez-vous nous dire votre opinion sur ces deux hommes et en faire le parallèle ? - R. Je ne veux point juger ; ils eurent des défauts, vous les connaissez ; leurs vertus sont peu nombreuses : quelques traits de générosité et c'est tout. Laissez cela, leur coeur pourrait saigner encore : ils souffrent assez !
7. Quelle était la source de cette haute intelligence qui vous a rendue apte à recevoir une éducation si supérieure à celle des femmes de votre temps ? - R. De pénibles existences et la volonté de Dieu !
8. Il y avait donc chez vous un progrès antérieur ? - R. Cela ne peut être autrement.
9. Cette instruction vous a-t-elle fait progresser comme Esprit ? - R. Oui.
10. Vous paraissez avoir été heureuse sur la terre : l'êtes-vous davantage maintenant ? - R. Quelle question ! Si heureuse que l'on soit sur la terre, le bonheur du Ciel est bien autre chose ! Quels trésors et quelles richesses que vous connaîtrez un jour, et dont vous ne vous doutez pas ou que vous ignorez complètement !
11. Qu'entendez-vous par Ciel ? - R. J'entends par Ciel les autres mondes.
12. Quel monde habitez-vous maintenant ? - R. J'habite un monde que vous ne connaissez pas ; mais j'y suis peu attachée : la matière nous lie peu.
13. Est-ce Jupiter ? - R. Jupiter est un monde heureux ; mais pensez-vous que seul entre tous il soit favorisé de Dieu ? Ils sont aussi nombreux que les grains de sable de l'Océan.
14. Avez-vous conservé le génie poétique que vous aviez ici-bas ? - R. Je vous répondrais avec plaisir, mais je craindrais de choquer d'autres Esprits, ou je me porterais au-dessous de ce que je suis : ce qui fait que ma réponse vous deviendrait inutile, tombant à faux.
15. Pourriez-vous nous dire quel rang nous pourrions vous assigner parmi les Esprits ?
- Pas de réponse.
(A Saint-Louis). Saint-Louis pourrait-il nous répondre à ce sujet ? - R. Elle est là : je ne puis dire ce qu'elle ne veut pas dire. Ne voyez-vous pas qu'elle est des plus élevées, parmi les Esprits que vous vous évoquez ordinairement ? Au reste, nos Esprits ne peuvent apprécier exactement les distances qui les séparent : elles sont incompréhensibles pour vous, et pourtant elles sont immenses !
16. (A Louise-Charly). Sous quelle forme êtes-vous, parmi eux ? - R. Adrien vient de me dépeindre.
17. Pourquoi cette forme plutôt qu'une autre ? Car enfin, dans le monde où vous êtes, vous n'êtes pas telle que vous étiez sur la terre ? - R. Vous m'avez évoquée poète, je viens poète.
18. Pourriez-vous nous dicter quelques poésies ou un morceau quelconque de littérature. Nous serions heureux d'avoir quelque chose de vous ? - R. Cherchez à vous procurer mes anciens écrits. Nous n'aimons pas ces épreuves, et surtout en public : je le ferai pourtant une autre fois.
Remarque. On sait que les Esprits n'aiment pas les épreuves, et les demandes de cette nature ont toujours plus ou moins ce caractère, c'est sans doute pourquoi ils n'y obtempèrent presque jamais. Spontanément et au moment où nous nous y attendons le moins, ils nous donnent souvent les choses les plus surprenantes, les preuves que nous aurions sollicitées en vain ; mais il suffit presque toujours qu'on leur demande une chose pour qu'on ne l'obtienne pas, si surtout elle dénote un sentiment de curiosité. Les Esprits, et principalement les Esprits élevés, veulent nous prouver par là qu'ils ne sont pas à nos ordres.
La belle cordière fit spontanément écrire le lendemain ce qui suit, par le médium écrivain qui lui avait servi d'interprète.
« Je vais te dicter ce que je t'ai promis ; ce ne sont pas des vers, je n'en veux plus faire ; d'ailleurs je ne me souviens plus de ceux que je fis, et vous ne les goûteriez pas : ce sera de la plus modeste prose.
« Sur la terre j'ai vanté l'amour, la douceur et les bons sentiments : je parlais un peu de ce que je ne connaissais pas. Ici, ce n'est pas de l'amour qu'il faut, c'est une charité large, austère, éclairée ; une charité forte et constante qui n'a qu'un exemple sur la terre.
« Pensez, ô hommes ! qu'il dépend de vous d'être heureux et de faire de votre monde l'un des plus avancés du ciel : vous n'avez qu'à faire taire haines et inimitiés, qu'à oublier rancunes et colères, qu'à perdre orgueil et vanité. Laissez tout cela comme un fardeau qu'il vous faudra abandonner tôt ou tard. Ce fardeau est pour vous un trésor sur la terre, je le sais ; c'est pourquoi vous auriez du mérite à le délaisser et à le perdre, mais dans le ciel ce fardeau devient un obstacle à votre bonheur. Croyez-moi donc : hâtez vos progrès, le bonheur qui vient de Dieu est la vraie félicité. Où trouverez-vous des plaisirs qui vaillent les joies qu'il donne à ses élus, à ses anges ?
« Dieu aime les hommes qui cherchent à avancer dans sa voie, comptez donc sur son appui. N'avez-vous pas confiance en lui ? Le croyez-vous donc parjure, que vous ne vous livrez pas à lui entièrement, sans restriction ? Malheureusement vous ne voulez pas entendre, ou peu d'entre vous entendent ; vous préférez le jour au lendemain ; votre vue bornée borne vos sentiments, votre coeur et votre âme, et vous souffrez pour avancer, au lieu d'avancer naturellement et facilement par le chemin du bien, par votre propre volonté, car la souffrance est le moyen que Dieu emploie pour vous moraliser. Que n'évitez-vous cette route sûre, mais terrible pour le voyageur. Je finirai en vous exhortant à ne plus regarder la mort comme un fléau, mais comme la porte de la vraie vie et du vrai bonheur.
LOUISE CHARLY. »
Variétés
On lit dans la Gazette de Mons : « Un
individu atteint de monomanie religieuse, séquestré depuis sept ans dans
l'établissement de M. Stuart, et qui jusque-là s'était montré d'un
naturel fort doux, était parvenu à tromper la vigilance de ses gardiens
et à s'emparer d'un couteau. Ceux-ci n'avant pu se faire remettre cette
arme, informèrent le directeur de ce qui se passait.
« M. Stuart se rendit aussitôt auprès de ce furieux, et, ne consultant que son courage, il voulut le désarmer ; mais à peine avait-il fait quelques pas à la rencontre du fou, que celui-ci se rua sur lui avec la rapidité de l'éclair et le frappa à coups redoublés. Ce n'est qu'avec beaucoup de peine qu'on parvint à se rendre maître du meurtrier.
« Des sept blessures dont M. Stuart était atteint, une était mortelle : celle qu'il avait reçue au bas-ventre ; et lundi, à trois heures et demie, il succombait aux suites d'une hémorragie qui s'était déclarée dans cette cavité. »
Que dirait-on si cet individu eût été atteint d'une monomanie spirite, ou même si, dans sa folie, il eût parlé des Esprits ? Et pourtant cela se pourrait, puisqu'il y a bien des monomanies religieuses, et que toutes les sciences ont fourni leur contingent. Que pourrait-on raisonnablement en conclure contre le spiritisme, sinon que, par suite de la fragilité de son organisation, l'homme peut s'exalter sur ce point comme sur tant d'autres ? Le moyen de prévenir cette exaltation n'est pas de combattre l'idée ; autrement on courrait risque de voir se renouveler les prodiges des Cévennes. Si jamais on organisait une croisade contre le spiritisme, on le verrait se propager de plus belle ; car, comment s'opposer à un phénomène qui n'a ni lieu ni temps de prédilection ; qui peut se reproduire dans tous les pays, dans toutes les familles, dans l'intimité, dans le secret le plus absolu mieux encore qu'en public ! Le moyen de prévenir les inconvénients, nous l'avons dit dans notre Instruction pratique, c'est de le faire comprendre de telle sorte qu'on n'y voie plus qu'un phénomène naturel, même dans ce qu'il offre de plus extraordinaire.
« M. Stuart se rendit aussitôt auprès de ce furieux, et, ne consultant que son courage, il voulut le désarmer ; mais à peine avait-il fait quelques pas à la rencontre du fou, que celui-ci se rua sur lui avec la rapidité de l'éclair et le frappa à coups redoublés. Ce n'est qu'avec beaucoup de peine qu'on parvint à se rendre maître du meurtrier.
« Des sept blessures dont M. Stuart était atteint, une était mortelle : celle qu'il avait reçue au bas-ventre ; et lundi, à trois heures et demie, il succombait aux suites d'une hémorragie qui s'était déclarée dans cette cavité. »
Que dirait-on si cet individu eût été atteint d'une monomanie spirite, ou même si, dans sa folie, il eût parlé des Esprits ? Et pourtant cela se pourrait, puisqu'il y a bien des monomanies religieuses, et que toutes les sciences ont fourni leur contingent. Que pourrait-on raisonnablement en conclure contre le spiritisme, sinon que, par suite de la fragilité de son organisation, l'homme peut s'exalter sur ce point comme sur tant d'autres ? Le moyen de prévenir cette exaltation n'est pas de combattre l'idée ; autrement on courrait risque de voir se renouveler les prodiges des Cévennes. Si jamais on organisait une croisade contre le spiritisme, on le verrait se propager de plus belle ; car, comment s'opposer à un phénomène qui n'a ni lieu ni temps de prédilection ; qui peut se reproduire dans tous les pays, dans toutes les familles, dans l'intimité, dans le secret le plus absolu mieux encore qu'en public ! Le moyen de prévenir les inconvénients, nous l'avons dit dans notre Instruction pratique, c'est de le faire comprendre de telle sorte qu'on n'y voie plus qu'un phénomène naturel, même dans ce qu'il offre de plus extraordinaire.
Un de nos abonnés, M. Ch. Renard, de Rambouillet, nous adresse la lettre suivante :
« Monsieur et digne frère en spiritisme, je lis ou plutôt je dévore avec un plaisir indicible les numéros de votre Revue à mesure que je les reçois. Cela n'est pas étonnant de ma part, vu que mes parents étaient devins de génération en génération. Une de mes grand et très grand-tantes avait même été condamnée au feu par contumace pour crime de Vauldrie et d'assistante au sabbat ; elle n'évita la brûlure qu'en se réfugiant chez une de ses soeurs, abbesse de religieuses cloîtrées. Cela fait que j'ai hérité de quelques bribes des sciences occultes, ce qui ne m'a pas empêché de passer par la croyance, si foi il y a, au matérialisme, et par le scepticisme. Enfin fatigué, malade de négation, les oeuvres du célèbre extatique Swedenborg m'ont ramené au vrai et au bien ; devenu moi-même extatique, je me suis assuré ad vivum des vérités que les Esprits matérialisés de notre globe ne peuvent comprendre. J'ai eu des communications de toutes sortes ; des faits de visibilité, de tangibilité, d'apports d'objets perdus, etc. Auriez-vous, bon frère, la bonté d'insérer la note ci-après dans un de vos numéros ; ce n'est certes pas par amour-propre, mais à cause de ma qualité de Français.
« Les petites causes produisent parfois de grands effets. Vers 1840, j'avais fait connaissance avec M. Cahagnet, tourneur ébéniste, venu à Rambouillet pour raison de santé. Cet ouvrier hors ligne par son intelligence, je l'appréciai et l'initiai au magnétisme humain ; je lui dis un jour : J'ai presque la certitude qu'un somnambule lucide est apte à voir les âmes des décédés et à lier conversation avec eux ; il fut étonné. Je l'engageai à faire cette expérience lorsqu'il aurait un lucide ; il réussit et publia un premier volume d'expériences nécromantiques suivi d'autres volumes et brochures qui furent traduits en Amérique sous le titre de Télégraphe céleste. Ensuite l'extatique Davis publia ses visions ou excursions dans le monde spirite. Franklin fit sur les dématérialisés des recherches qui aboutirent à des manifestations et à des communications plus faciles qu'autrefois. Les premières personnes qu'il médiatisa aux Etats Unis furent une dame veuve Fox et ses deux demoiselles. Il y a une coïncidence assez singulière entre ce nom et le mien, puisque le mot anglais fox signifie renard.
« Depuis assez longtemps les Esprits m'avaient dit que l'on pouvait communiquer avec les Esprits des autres globes et en recevoir des dessins et des descriptions. J'exposai cette chose à M. Cahagnet, mais il ne fut pas plus loin que notre satellite.
« Je suis, etc.
CH. RENARD. »
Remarque. La question de priorité en matière de spiritisme est sans contredit une question secondaire ; mais il n'en est pas moins remarquable que depuis l'importation des phénomènes américains, une foule de faits authentiques, ignorés du public, ont révélé la production de phénomènes semblables soit en France, soit dans d'autres contrées de l'Europe à une époque contemporaine ou antérieure. Il est à notre connaissance que beaucoup de personnes s'occupaient de communications spirites bien avant qu'il ne fût question des tables tournantes, et nous en avons la preuve par des dates certaines. M. Renard paraît être de ce nombre, et selon lui ses essais n'auraient pas été étrangers à ceux qui ont été faits en Amérique. Nous enregistrons son observation comme intéressant l'histoire du spiritisme et pour prouver une fois de plus que cette science a ses racines dans le monde entier, ce qui ôte à ceux qui voudraient lui opposer une barrière toute chance de réussite. Si on l'étouffe sur un point, elle renaîtra plus vivace en cent autres jusqu'au moment où le doute n'étant plus permis, elle prendra son rang parmi les croyances usuelles ; il faudra bien alors que bon gré, mal gré, ses adversaires en prennent leur parti.
« Monsieur et digne frère en spiritisme, je lis ou plutôt je dévore avec un plaisir indicible les numéros de votre Revue à mesure que je les reçois. Cela n'est pas étonnant de ma part, vu que mes parents étaient devins de génération en génération. Une de mes grand et très grand-tantes avait même été condamnée au feu par contumace pour crime de Vauldrie et d'assistante au sabbat ; elle n'évita la brûlure qu'en se réfugiant chez une de ses soeurs, abbesse de religieuses cloîtrées. Cela fait que j'ai hérité de quelques bribes des sciences occultes, ce qui ne m'a pas empêché de passer par la croyance, si foi il y a, au matérialisme, et par le scepticisme. Enfin fatigué, malade de négation, les oeuvres du célèbre extatique Swedenborg m'ont ramené au vrai et au bien ; devenu moi-même extatique, je me suis assuré ad vivum des vérités que les Esprits matérialisés de notre globe ne peuvent comprendre. J'ai eu des communications de toutes sortes ; des faits de visibilité, de tangibilité, d'apports d'objets perdus, etc. Auriez-vous, bon frère, la bonté d'insérer la note ci-après dans un de vos numéros ; ce n'est certes pas par amour-propre, mais à cause de ma qualité de Français.
« Les petites causes produisent parfois de grands effets. Vers 1840, j'avais fait connaissance avec M. Cahagnet, tourneur ébéniste, venu à Rambouillet pour raison de santé. Cet ouvrier hors ligne par son intelligence, je l'appréciai et l'initiai au magnétisme humain ; je lui dis un jour : J'ai presque la certitude qu'un somnambule lucide est apte à voir les âmes des décédés et à lier conversation avec eux ; il fut étonné. Je l'engageai à faire cette expérience lorsqu'il aurait un lucide ; il réussit et publia un premier volume d'expériences nécromantiques suivi d'autres volumes et brochures qui furent traduits en Amérique sous le titre de Télégraphe céleste. Ensuite l'extatique Davis publia ses visions ou excursions dans le monde spirite. Franklin fit sur les dématérialisés des recherches qui aboutirent à des manifestations et à des communications plus faciles qu'autrefois. Les premières personnes qu'il médiatisa aux Etats Unis furent une dame veuve Fox et ses deux demoiselles. Il y a une coïncidence assez singulière entre ce nom et le mien, puisque le mot anglais fox signifie renard.
« Depuis assez longtemps les Esprits m'avaient dit que l'on pouvait communiquer avec les Esprits des autres globes et en recevoir des dessins et des descriptions. J'exposai cette chose à M. Cahagnet, mais il ne fut pas plus loin que notre satellite.
« Je suis, etc.
CH. RENARD. »
Remarque. La question de priorité en matière de spiritisme est sans contredit une question secondaire ; mais il n'en est pas moins remarquable que depuis l'importation des phénomènes américains, une foule de faits authentiques, ignorés du public, ont révélé la production de phénomènes semblables soit en France, soit dans d'autres contrées de l'Europe à une époque contemporaine ou antérieure. Il est à notre connaissance que beaucoup de personnes s'occupaient de communications spirites bien avant qu'il ne fût question des tables tournantes, et nous en avons la preuve par des dates certaines. M. Renard paraît être de ce nombre, et selon lui ses essais n'auraient pas été étrangers à ceux qui ont été faits en Amérique. Nous enregistrons son observation comme intéressant l'histoire du spiritisme et pour prouver une fois de plus que cette science a ses racines dans le monde entier, ce qui ôte à ceux qui voudraient lui opposer une barrière toute chance de réussite. Si on l'étouffe sur un point, elle renaîtra plus vivace en cent autres jusqu'au moment où le doute n'étant plus permis, elle prendra son rang parmi les croyances usuelles ; il faudra bien alors que bon gré, mal gré, ses adversaires en prennent leur parti.
La revue spirite vient d'accomplir sa première année, et nous sommes heureux d'annoncer que son existence étant désormais assurée par le nombre de ses abonnés qui augmente chaque jour, elle poursuivra le cours de ses publications. Les témoignages de sympathie que nous recevons de toutes parts, le suffrage des hommes les plus éminents par leur savoir et par leur position sociale, sont pour nous un puissant encouragement dans la tâche laborieuse que nous avons entreprise ; que ceux donc qui nous ont soutenus dans l'accomplissement de notre oeuvre, reçoivent ici le témoignage de toute notre gratitude. Si nous n'avions rencontré ni contradictions, ni critiques, ce serait un fait inouï dans les fastes de la publicité, alors surtout qu'il s'agit d'émissions d'idées aussi nouvelles ; mais si nous devons nous étonner d'une chose, c'est d'en avoir rencontré si peu en comparaison des marques d'approbation qui nous ont été données, et ceci est dû, bien moins sans doute, au mérite de l'écrivain qu'à l'attrait du sujet même que nous traitons, au crédit qu'il prend chaque jour jusque dans les plus hautes régions de la société ; nous le devons aussi, nous en sommes convaincus, à la dignité que nous avons toujours conservée vis-à-vis de nos adversaires, laissant le public juge entre la modération d'une part, et l'inconvenance de l'autre. Le spiritisme marche à pas de géant dans le monde entier ; tous les jours il rallie quelques dissidents par la force des choses, et si, pour notre part, nous pouvons jeter quelques grains dans la balance de ce grand mouvement qui s'opère et qui marquera notre époque comme une ère nouvelle, ce ne serait pas en froissant, en heurtant de front ceux-là même que l'on vent ramener ; c'est par le raisonnement qu'on se fait écouter et non par des injures. Les Esprits supérieurs qui nous assistent nous donnent à cet égard le précepte et l'exemple ; il serait indigne d'une doctrine qui ne prêche qu'amour et bienveillance de s'abaisser jusqu'à l'arène de la personnalité ; nous laissons ce rôle à ceux qui ne la comprennent pas. Rien ne nous fera donc dévier de la ligne que nous avons suivie, du calme et du sang-froid que nous ne cesserons d'apporter dans l'examen raisonné de toutes les questions, sachant que par là nous faisons plus de partisans sérieux au spiritisme que par l'aigreur et l'acrimonie.
Dans l'introduction que nous avons publiée en tête de notre premier numéro, nous avons tracé le plan que nous nous proposions de suivre : citer les faits, mais aussi les scruter et y porter le scalpel de l'observation ; les apprécier et en déduire les conséquences. Au début, toute l'attention s'est concentrée sur les phénomènes matériels, qui alimentaient alors la curiosité publique, mais la curiosité n'a qu'un temps ; une fois satisfaite, on en laisse l'objet, comme un enfant laisse son jouet. Les esprits nous dirent alors : « Ceci est la première période, elle passera bientôt pour faire place à des idées plus élevées ; de nouveaux faits vont se révéler qui en marqueront une nouvelle, la période philosophique, et la doctrine grandira en peu de temps, comme l'enfant qui quitte son berceau. Ne vous inquiétez pas des railleries, les railleurs seront raillés eux-mêmes, et vous trouverez demain de zélés défenseurs parmi vos plus ardents adversaires d'aujourd'hui. Dieu veut qu'il en soit ainsi, et nous sommes chargés d'exécuter sa volonté ; le mauvais vouloir de quelques hommes ne prévaudra pas contre elle ; l'orgueil de ceux qui veulent en savoir plus que lui, sera abaissé. »
Nous sommes loin, en effet, des tables tournantes qui n'amusent plus guère, parce qu'on se lasse de tout ; il n'y a que ce qui parle à notre jugement dont on ne se fatigue pas, et le spiritisme vogue à pleines voiles dans sa seconde période ; chacun a compris que c'est tout une science qui se fonde, tout une philosophie, tout un nouvel ordre d'idées ; il fallait suivre ce mouvement, y contribuer même, sous peine d'être bientôt débordé ; voilà pourquoi nous nous sommes efforcé de nous maintenir à cette hauteur sans nous renfermer dans les étroites limites et d'un bulletin anecdotique. En s'élevant au rang de doctrine philosophique, le spiritisme a conquis d'innombrables adhérents, parmi ceux même qui n'ont été témoins d'aucun fait matériel ; c'est que l'homme aime ce qui parle à sa raison, ce dont il peut se rendre compte, et qu'il trouve dans la philosophie spirite autre chose qu'un amusement, quelque chose qui comble, en lui, le vide poignant de l'incertitude. En pénétrant dans le monde extra-corporel par la voie de l'observation, nous avons voulu y faire pénétrer nos lecteurs, et le leur faire comprendre ; c'est à eux de juger si nous avons atteint notre but. Nous poursuivrons donc notre tâche pendant l'année qui va commencer et que tout annonce devoir être féconde. De nouveaux faits d'un ordre étrange surgissent à ce moment et nous révèlent de nouveaux mystères ; nous les enregistrerons soigneusement, et nous y chercherons la lumière avec autant de persévérance que par le passé, car tout présage que le spiritisme va entrer dans une nouvelle phase plus grandiose et plus sublime encore.
ALLAN KARDEC.
NOTA. L'abondance des matières nous oblige à renvoyer au prochain numéro la suite de notre article, sur la Pluralité des existences et celle du conte de Frédéric Soulié.
ALLAN KARDEC.
Dans l'introduction que nous avons publiée en tête de notre premier numéro, nous avons tracé le plan que nous nous proposions de suivre : citer les faits, mais aussi les scruter et y porter le scalpel de l'observation ; les apprécier et en déduire les conséquences. Au début, toute l'attention s'est concentrée sur les phénomènes matériels, qui alimentaient alors la curiosité publique, mais la curiosité n'a qu'un temps ; une fois satisfaite, on en laisse l'objet, comme un enfant laisse son jouet. Les esprits nous dirent alors : « Ceci est la première période, elle passera bientôt pour faire place à des idées plus élevées ; de nouveaux faits vont se révéler qui en marqueront une nouvelle, la période philosophique, et la doctrine grandira en peu de temps, comme l'enfant qui quitte son berceau. Ne vous inquiétez pas des railleries, les railleurs seront raillés eux-mêmes, et vous trouverez demain de zélés défenseurs parmi vos plus ardents adversaires d'aujourd'hui. Dieu veut qu'il en soit ainsi, et nous sommes chargés d'exécuter sa volonté ; le mauvais vouloir de quelques hommes ne prévaudra pas contre elle ; l'orgueil de ceux qui veulent en savoir plus que lui, sera abaissé. »
Nous sommes loin, en effet, des tables tournantes qui n'amusent plus guère, parce qu'on se lasse de tout ; il n'y a que ce qui parle à notre jugement dont on ne se fatigue pas, et le spiritisme vogue à pleines voiles dans sa seconde période ; chacun a compris que c'est tout une science qui se fonde, tout une philosophie, tout un nouvel ordre d'idées ; il fallait suivre ce mouvement, y contribuer même, sous peine d'être bientôt débordé ; voilà pourquoi nous nous sommes efforcé de nous maintenir à cette hauteur sans nous renfermer dans les étroites limites et d'un bulletin anecdotique. En s'élevant au rang de doctrine philosophique, le spiritisme a conquis d'innombrables adhérents, parmi ceux même qui n'ont été témoins d'aucun fait matériel ; c'est que l'homme aime ce qui parle à sa raison, ce dont il peut se rendre compte, et qu'il trouve dans la philosophie spirite autre chose qu'un amusement, quelque chose qui comble, en lui, le vide poignant de l'incertitude. En pénétrant dans le monde extra-corporel par la voie de l'observation, nous avons voulu y faire pénétrer nos lecteurs, et le leur faire comprendre ; c'est à eux de juger si nous avons atteint notre but. Nous poursuivrons donc notre tâche pendant l'année qui va commencer et que tout annonce devoir être féconde. De nouveaux faits d'un ordre étrange surgissent à ce moment et nous révèlent de nouveaux mystères ; nous les enregistrerons soigneusement, et nous y chercherons la lumière avec autant de persévérance que par le passé, car tout présage que le spiritisme va entrer dans une nouvelle phase plus grandiose et plus sublime encore.
ALLAN KARDEC.
NOTA. L'abondance des matières nous oblige à renvoyer au prochain numéro la suite de notre article, sur la Pluralité des existences et celle du conte de Frédéric Soulié.
ALLAN KARDEC.