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REVUE SPIRITE JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1864 > Décembre
Décembre
A propos de la commémoration des morts
La
Société spirite de Paris s'est réunie spécialement, pour la première fois le 2
novembre 1864, en vue d'offrir un pieux souvenir à ses collègues et à ses
frères en Spiritisme décédés. A cette occasion M. Allan Kardec a développé
le principe de la communion de pensées dans le discours suivant :
Chers frères et sœurs spirites,
Nous sommes réunis, en ce jour consacré par l'usage à la commémoration des morts, pour donner à ceux de nos frères qui ont quitté la terre un témoignage particulier de sympathie, pour continuer les rapports d'affection et de fraternité qui existaient entre eux et nous de leur vivant, et pour appeler sur eux les bontés du Tout-Puissant. Mais pourquoi nous réunir ? pourquoi nous déranger de nos occupations ? Ne pouvons-nous faire chacun en particulier ce que nous nous proposons de faire en commun ? Chacun de nous ne le fait-il pas pour les siens ? Ne peut-on le faire chaque jour, et à chaque heure du jour ? Quelle utilité peut-il donc y avoir à se réunir ainsi à un jour déterminé ? C'est sur ce point, messieurs, que je me propose de vous présenter quelques considérations.
La faveur avec laquelle l'idée de cette réunion a été accueillie est une première réponse à ces diverses questions ; elle est l'indice du besoin que l'on éprouve de se trouver ensemble dans une communion de pensées.
Communion de pensées ! comprend-on bien toute la portée de ce mot ? Il est permis d'en douter, du moins de la part du plus grand nombre. Le Spiritisme qui nous explique tant de choses par les lois qu'il révèle, vient encore nous expliquer la cause, les effets et la puissance de cette situation de l'esprit.
Communion de pensée, veut dire pensée commune, unité d'intention, de volonté, de désir, d'aspiration. Nul ne peut méconnaître que la pensée ne soit une force ; mais est-ce une force purement morale et abstraite ? Non ; autrement on ne s'expliquerait pas certains effets de la pensée, et encore moins de la communion de pensée. Pour le comprendre, il faut connaître les propriétés et l'action des éléments qui constituent notre essence spirituelle, et c'est le Spiritisme qui nous l'apprend.
La pensée est l'attribut caractéristique de l'être spirituel ; c'est elle qui distingue l'esprit de la matière ; sans la pensée l'esprit ne serait pas esprit. La volonté n'est pas un attribut spécial de l'esprit ; c'est la pensée arrivée à un certain degré d'énergie ; c'est la pensée devenue puissance motrice. C'est par la volonté que l'esprit imprime aux membres et au corps des mouvements dans un sens déterminé. Mais si elle a la puissance d'agir sur les organes matériels, combien cette puissance ne doit-elle pas être plus grande sur les éléments fluidiques qui nous environnent ! La pensée agit sur les fluides ambiants, comme le son agit sur l'air ; ces fluides nous apportent la pensée, comme l'air nous apporte le son. On peut donc dire en toute vérité qu'il y a dans ces fluides des ondes et des rayons de pensées qui se croisent sans se confondre, comme il y a dans l'air des ondes et des rayons sonores.
Une assemblée est un foyer où rayonnent des pensées diverses ; c'est comme un orchestre, un chœur de pensées où chacun produit sa note. Il en résulte une multitude de courants et d'effluves fluidiques dont chacun reçoit l'impression par le sens spirituel, comme dans un chœur de musique, chacun reçoit l'impression des sons par le sens de l'ouïe.
Mais, de même qu'il y a des rayons sonores harmoniques ou discordants, il y a aussi des pensées harmoniques ou discordantes. Si l'ensemble est harmonique, l'impression est agréable ; s'il est discordant, l'impression est pénible. Or, pour cela, il n'est pas besoin que la pensée soit formulée en paroles ; le rayonnement fluidique n'existe pas moins, qu'elle soit exprimée ou non ; si toutes sont bienveillantes, tous les assistants en éprouvent un véritable bien-être, ils se sentent à l'aise ; mais s'il s'y mêle quelques pensées mauvaises, elles produisent l'effet d'un courant d'air glacé dans un milieu tiède.
Telle est la cause du sentiment de satisfaction que l'on éprouve dans une réunion sympathique ; il y règne comme une atmosphère morale salubre, où l'on respire à l'aise ; on en sort réconforté, parce qu'on s'y est imprégné d'effluves fluidiques salutaires. Ainsi s'expliquent aussi l'anxiété, le malaise indéfinissable que l'on ressent dans un milieu antipathique, où des pensées malveillantes provoquent pour ainsi dire des courants fluidiques malsains.
La communion de pensées produit donc une sorte d'effet physique qui réagit sur le moral ; c'est ce que le Spiritisme seul pouvait faire comprendre. L'homme le sent instinctivement, puisqu'il recherche les réunions où il sait trouver cette communion ; dans ces réunions homogènes et sympathiques, il puise de nouvelles forces morales ; on pourrait dire qu'il y récupère les pertes fluidiques qu'il fait chaque jour par le rayonnement de la pensée, comme il récupère par les aliments les pertes du corps matériel.
Ces considérations, messieurs et chers frères, semblent nous écarter du but principal de notre réunion, et pourtant elles nous y conduisent directement. Les réunions qui ont pour objet la commémoration des morts reposent sur la communion de pensées ; pour en comprendre l'utilité, il était nécessaire de bien définir la nature et les effets de cette communion.
Pour l'explication des choses spirituelles, je me sers parfois de comparaisons bien matérielles, et peut-être même un peu forcées, qu'il ne faudrait pas toujours prendre à la lettre ; mais c'est en procédant par analogie du connu à l'inconnu que l'on arrive à se rendre compte, au moins approximativement, de ce qui échappe à nos sens ; c'est à ces comparaisons que la doctrine spirite doit en grande partie d'avoir été si facilement comprise, même par les intelligences les plus vulgaires, tandis que si je fusse resté dans les abstractions de la philosophie métaphysique, elle ne serait encore aujourd'hui le partage que de quelques intelligences d'élite. Or, il importait qu'elle fût, dès le principe, acceptée par les masses, parce que l'opinion des masses exerce une pression qui finit par faire loi, et par triompher des oppositions les plus tenaces. C'est pourquoi je me suis efforcé de la simplifier et de la rendre claire, afin de la mettre à la portée de tout le monde, au risque de lui faire contester par certaines gens le titre de philosophie, parce qu'elle n'est pas assez abstraite, et qu'elle est sortie des nuages de la métaphysique classique.
Aux effets que je viens de décrire, touchant la communion de pensées, il s'en joint un autre qui en est la conséquence naturelle, et qu'il importe de ne pas perdre de vue, c'est la puissance qu'acquiert la pensée ou la volonté, par l'ensemble des pensées ou volontés réunies. La volonté étant une force active, cette force est multipliée par le nombre des volontés identiques, comme la force musculaire est multipliée par le nombre des bras.
Ce point établi, on conçoit que dans les rapports qui s'établissent entre les hommes et les Esprits, il y a, dans une réunion où règne une parfaite communion de pensées, une puissance attractive ou répulsive que ne possède pas toujours un individu isolé. Si, jusqu'à présent, les réunions trop nombreuses sont moins favorables, c'est par la difficulté d'obtenir une homogénéité parfaite de pensées, ce qui tient à l'imperfection de la nature humaine sur la terre. Plus les réunions sont nombreuses, plus il s'y mêle d'éléments hétérogènes qui paralysent l'action des bons éléments, et qui sont comme les grains de sable dans un engrenage. Il n'en est point ainsi dans les mondes plus avancés, et cet état de choses changera sur la terre, à mesure que les hommes y deviendront meilleurs.
Pour les Spirites, la communion de pensées a un résultat plus spécial encore. Nous avons vu l'effet de cette communion d'homme à homme ; le Spiritisme nous prouve qu'il n'est pas moins grand des hommes aux Esprits, et réciproquement. En effet, si la pensée collective acquiert de la force par le nombre, un ensemble de pensées identiques, ayant le bien pour but, aura plus de puissance pour neutraliser l'action des mauvais Esprits ; aussi voyons-nous que la tactique de ces derniers est de pousser à la division et à l'isolement. Seul, un homme peut succomber, tandis que si sa volonté est corroborée par d'autres volontés, il pourra résister, selon l'axiome : L'union fait la force, axiome vrai au moral comme au physique.
D'un autre côté, si l'action des Esprits malveillants peut être paralysée par une pensée commune, il est évident que celle des bons Esprits sera secondée ; leur influence salutaire ne rencontrera point d'obstacles ; leurs effluves fluidiques n'étant point arrêtés par des courants contraires, se répandront sur tous les assistants, précisément parce que tous les auront attirées par la pensée, non chacun à son profit personnel, mais au profit de tous, selon la loi de charité. Elles descendront sur eux en langues de feu, pour nous servir d'une admirable image de l'Evangile.
Ainsi, par la communion de pensées, les hommes s'assistent entre eux, et en même temps ils assistent les Esprits et en sont assistés. Les rapports du monde visible et du monde invisible ne sont plus individuels, ils sont collectifs, et par cela même plus puissants pour le profit des masses, comme pour celui des individus ; en un mot, elle établit la solidarité, qui est la base de la fraternité. Chacun ne travaille pas seulement pour soi, mais pour tous, et en travaillant pour tous chacun y trouve son compte ; c'est ce que ne comprend pas l'égoïsme.
Toutes les réunions religieuses, à quelque culte qu'elles appartiennent, sont fondées sur la communion de pensées ; c'est là en effet qu'elle doit et peut exercer toute sa puissance, parce que le but doit être le dégagement de la pensée des étreintes de la matière. Malheureusement la plupart se sont écartées de ce principe, à mesure qu'elles ont fait de la religion une question de forme. Il en est résulté que chacun faisant consister son devoir dans l'accomplissement de la forme, se croit quitte envers Dieu et envers les hommes quand il a pratiqué une formule. Il en résulte encore que chacun va dans les lieux de réunions religieuses avec une pensée personnelle, pour son propre compte, et le plus souvent sans aucun sentiment de confraternité à l'égard des autres assistants ; il est isolé au milieu de la foule, et ne pense au ciel que pour lui-même.
Ce n'est certes pas ainsi que l'entendait Jésus quand il dit : Lorsque vous serez plusieurs réunis en mon nom, je serai au milieu de vous. Réunis en mon nom, c'est-à-dire avec une pensée commune ; mais on ne peut être réunis au nom de Jésus sans s'assimiler ses principes, sa doctrine ; or, quel est le principe fondamental de la doctrine de Jésus ? La charité en pensées, en paroles et en actions. Les égoïstes et les orgueilleux mentent quand ils se disent réunis au nom de Jésus, car Jésus les désavoue pour ses disciples.
Frappés de ces abus et de ces déviations, il est des gens qui nient l'utilité des assemblées religieuses, et par conséquent des édifices consacrés à ces assemblées. Dans leur radicalisme, ils pensent qu'il vaudrait mieux construire des hospices que des temples, attendu que le temple de Dieu est partout, qu'il peut être adoré partout, que chacun peut prier chez soi et à toute heure, tandis que les pauvres, les malades et les infirmes ont besoin de lieux de refuge.
Mais de ce que des abus sont commis, de ce qu'on s'est écarté du droit chemin, s'ensuit-il que le droit chemin n'existe pas, et que tout ce dont on abuse soit mauvais ? Non, certes. Parler ainsi, c'est méconnaître la source et les bienfaits de la communion de pensées qui doit être l'essence des assemblées religieuses ; c'est ignorer les causes qui la provoquent. Que des matérialistes professent de pareilles idées, on le conçoit ; car, pour eux, ils font en toutes choses abstraction de la vie spirituelle ; mais de la part de spiritualistes, et mieux encore de Spirites, ce serait un non-sens. L'isolement religieux, comme l'isolement social, conduit à l'égoïsme. Que quelques hommes soient assez forts par eux-mêmes, assez largement doués par le cœur, pour que leur foi et leur charité n'aient pas besoin d'être réchauffées à un foyer commun, c'est possible ; mais il n'en est point ainsi des masses, à qui il faut un stimulant, sans lequel elles pourraient se laisser gagner par l'indifférence. Quel est, en outre, l'homme qui puisse se dire assez éclairé pour n'avoir rien à apprendre touchant ses intérêts futurs ? assez parfait pour se passer de conseils dans la vie présente ? Est-il toujours capable de s'instruire par lui-même ? Non ; il faut à la plupart des enseignements directs en matière de religion et de morale, comme en matière de science. Sans contredit, cet enseignement peut être donné partout, sous la voûte du ciel comme sous celle d'un temple ; mais pourquoi les hommes n'auraient-ils pas des lieux spéciaux pour les affaires du ciel, comme ils en ont pour les affaires de la terre ? Pourquoi n'auraient-ils pas des assemblées religieuses, comme ils ont des assemblées politiques, scientifiques et industrielles ? Cela n'empêche pas les fondations au profit des malheureux ; mais nous disons de plus que, lorsque les hommes comprendront mieux leurs intérêts du ciel, il y aura moins de monde dans les hospices.
Si les assemblées religieuses, je parle en général, sans faire allusion à aucun culte, se sont trop souvent écartées du but primitif principal, qui est la communion fraternelle de la pensée ; si l'enseignement qui y est donné n'a pas toujours suivi le mouvement progressif de l'humanité, c'est que les hommes n'accomplissent pas tous les progrès à la fois ; ce qu'ils ne font pas dans une période, ils le font dans une autre ; à mesure qu'ils s'éclairent, ils voient les lacunes qui existent dans leurs institutions, et ils les remplissent ; ils comprennent que ce qui était bon à une époque, eu égard au degré de la civilisation, devient insuffisant dans un état plus avancé, et ils rétablissent le niveau. Le Spiritisme, nous le savons, est le grand levier du progrès en toutes choses ; il marque une ère de rénovation. Sachons donc attendre, et ne demandons pas à une époque plus qu'elle ne peut donner. Comme les plantes, il faut que les idées mûrissent pour en récolter les fruits. Sachons, en outre, faire les concessions nécessaires aux époques de transition, car rien, dans la nature, ne s'opère d'une manière brusque et instantanée.
En raison du motif qui nous rassemble aujourd'hui, messieurs et chers frères, j'ai cru opportun de profiter de la circonstance pour développer le principe de la communion de pensées au point de vue du Spiritisme ; notre but étant de nous unir d'intention pour offrir en commun un témoignage particulier de sympathie à nos frères décédés, il pouvait être utile d'appeler notre attention sur les avantages de la réunion. Grâce au Spiritisme, nous comprenons la puissance et les effets de la pensée collective ; nous nous expliquons mieux le sentiment de bien-être que l'on éprouve dans un milieu homogène et sympathique ; mais nous savons également qu'il en est de même des Esprits, car eux aussi reçoivent les effluves de toutes les pensées bienveillantes qui s'élèvent vers eux comme une fumée de parfum. Ceux qui sont heureux éprouvent une plus grande joie de ce concert harmonieux ; ceux qui souffrent en ressentent un plus grand soulagement. Chacun de nous en particulier prie de préférence pour ceux qui l'intéressent ou qu'il affectionne le plus ; faisons qu'ici tous aient leur part des prières que nous adresserons à Dieu.
Chers frères et sœurs spirites,
Nous sommes réunis, en ce jour consacré par l'usage à la commémoration des morts, pour donner à ceux de nos frères qui ont quitté la terre un témoignage particulier de sympathie, pour continuer les rapports d'affection et de fraternité qui existaient entre eux et nous de leur vivant, et pour appeler sur eux les bontés du Tout-Puissant. Mais pourquoi nous réunir ? pourquoi nous déranger de nos occupations ? Ne pouvons-nous faire chacun en particulier ce que nous nous proposons de faire en commun ? Chacun de nous ne le fait-il pas pour les siens ? Ne peut-on le faire chaque jour, et à chaque heure du jour ? Quelle utilité peut-il donc y avoir à se réunir ainsi à un jour déterminé ? C'est sur ce point, messieurs, que je me propose de vous présenter quelques considérations.
La faveur avec laquelle l'idée de cette réunion a été accueillie est une première réponse à ces diverses questions ; elle est l'indice du besoin que l'on éprouve de se trouver ensemble dans une communion de pensées.
Communion de pensées ! comprend-on bien toute la portée de ce mot ? Il est permis d'en douter, du moins de la part du plus grand nombre. Le Spiritisme qui nous explique tant de choses par les lois qu'il révèle, vient encore nous expliquer la cause, les effets et la puissance de cette situation de l'esprit.
Communion de pensée, veut dire pensée commune, unité d'intention, de volonté, de désir, d'aspiration. Nul ne peut méconnaître que la pensée ne soit une force ; mais est-ce une force purement morale et abstraite ? Non ; autrement on ne s'expliquerait pas certains effets de la pensée, et encore moins de la communion de pensée. Pour le comprendre, il faut connaître les propriétés et l'action des éléments qui constituent notre essence spirituelle, et c'est le Spiritisme qui nous l'apprend.
La pensée est l'attribut caractéristique de l'être spirituel ; c'est elle qui distingue l'esprit de la matière ; sans la pensée l'esprit ne serait pas esprit. La volonté n'est pas un attribut spécial de l'esprit ; c'est la pensée arrivée à un certain degré d'énergie ; c'est la pensée devenue puissance motrice. C'est par la volonté que l'esprit imprime aux membres et au corps des mouvements dans un sens déterminé. Mais si elle a la puissance d'agir sur les organes matériels, combien cette puissance ne doit-elle pas être plus grande sur les éléments fluidiques qui nous environnent ! La pensée agit sur les fluides ambiants, comme le son agit sur l'air ; ces fluides nous apportent la pensée, comme l'air nous apporte le son. On peut donc dire en toute vérité qu'il y a dans ces fluides des ondes et des rayons de pensées qui se croisent sans se confondre, comme il y a dans l'air des ondes et des rayons sonores.
Une assemblée est un foyer où rayonnent des pensées diverses ; c'est comme un orchestre, un chœur de pensées où chacun produit sa note. Il en résulte une multitude de courants et d'effluves fluidiques dont chacun reçoit l'impression par le sens spirituel, comme dans un chœur de musique, chacun reçoit l'impression des sons par le sens de l'ouïe.
Mais, de même qu'il y a des rayons sonores harmoniques ou discordants, il y a aussi des pensées harmoniques ou discordantes. Si l'ensemble est harmonique, l'impression est agréable ; s'il est discordant, l'impression est pénible. Or, pour cela, il n'est pas besoin que la pensée soit formulée en paroles ; le rayonnement fluidique n'existe pas moins, qu'elle soit exprimée ou non ; si toutes sont bienveillantes, tous les assistants en éprouvent un véritable bien-être, ils se sentent à l'aise ; mais s'il s'y mêle quelques pensées mauvaises, elles produisent l'effet d'un courant d'air glacé dans un milieu tiède.
Telle est la cause du sentiment de satisfaction que l'on éprouve dans une réunion sympathique ; il y règne comme une atmosphère morale salubre, où l'on respire à l'aise ; on en sort réconforté, parce qu'on s'y est imprégné d'effluves fluidiques salutaires. Ainsi s'expliquent aussi l'anxiété, le malaise indéfinissable que l'on ressent dans un milieu antipathique, où des pensées malveillantes provoquent pour ainsi dire des courants fluidiques malsains.
La communion de pensées produit donc une sorte d'effet physique qui réagit sur le moral ; c'est ce que le Spiritisme seul pouvait faire comprendre. L'homme le sent instinctivement, puisqu'il recherche les réunions où il sait trouver cette communion ; dans ces réunions homogènes et sympathiques, il puise de nouvelles forces morales ; on pourrait dire qu'il y récupère les pertes fluidiques qu'il fait chaque jour par le rayonnement de la pensée, comme il récupère par les aliments les pertes du corps matériel.
Ces considérations, messieurs et chers frères, semblent nous écarter du but principal de notre réunion, et pourtant elles nous y conduisent directement. Les réunions qui ont pour objet la commémoration des morts reposent sur la communion de pensées ; pour en comprendre l'utilité, il était nécessaire de bien définir la nature et les effets de cette communion.
Pour l'explication des choses spirituelles, je me sers parfois de comparaisons bien matérielles, et peut-être même un peu forcées, qu'il ne faudrait pas toujours prendre à la lettre ; mais c'est en procédant par analogie du connu à l'inconnu que l'on arrive à se rendre compte, au moins approximativement, de ce qui échappe à nos sens ; c'est à ces comparaisons que la doctrine spirite doit en grande partie d'avoir été si facilement comprise, même par les intelligences les plus vulgaires, tandis que si je fusse resté dans les abstractions de la philosophie métaphysique, elle ne serait encore aujourd'hui le partage que de quelques intelligences d'élite. Or, il importait qu'elle fût, dès le principe, acceptée par les masses, parce que l'opinion des masses exerce une pression qui finit par faire loi, et par triompher des oppositions les plus tenaces. C'est pourquoi je me suis efforcé de la simplifier et de la rendre claire, afin de la mettre à la portée de tout le monde, au risque de lui faire contester par certaines gens le titre de philosophie, parce qu'elle n'est pas assez abstraite, et qu'elle est sortie des nuages de la métaphysique classique.
Aux effets que je viens de décrire, touchant la communion de pensées, il s'en joint un autre qui en est la conséquence naturelle, et qu'il importe de ne pas perdre de vue, c'est la puissance qu'acquiert la pensée ou la volonté, par l'ensemble des pensées ou volontés réunies. La volonté étant une force active, cette force est multipliée par le nombre des volontés identiques, comme la force musculaire est multipliée par le nombre des bras.
Ce point établi, on conçoit que dans les rapports qui s'établissent entre les hommes et les Esprits, il y a, dans une réunion où règne une parfaite communion de pensées, une puissance attractive ou répulsive que ne possède pas toujours un individu isolé. Si, jusqu'à présent, les réunions trop nombreuses sont moins favorables, c'est par la difficulté d'obtenir une homogénéité parfaite de pensées, ce qui tient à l'imperfection de la nature humaine sur la terre. Plus les réunions sont nombreuses, plus il s'y mêle d'éléments hétérogènes qui paralysent l'action des bons éléments, et qui sont comme les grains de sable dans un engrenage. Il n'en est point ainsi dans les mondes plus avancés, et cet état de choses changera sur la terre, à mesure que les hommes y deviendront meilleurs.
Pour les Spirites, la communion de pensées a un résultat plus spécial encore. Nous avons vu l'effet de cette communion d'homme à homme ; le Spiritisme nous prouve qu'il n'est pas moins grand des hommes aux Esprits, et réciproquement. En effet, si la pensée collective acquiert de la force par le nombre, un ensemble de pensées identiques, ayant le bien pour but, aura plus de puissance pour neutraliser l'action des mauvais Esprits ; aussi voyons-nous que la tactique de ces derniers est de pousser à la division et à l'isolement. Seul, un homme peut succomber, tandis que si sa volonté est corroborée par d'autres volontés, il pourra résister, selon l'axiome : L'union fait la force, axiome vrai au moral comme au physique.
D'un autre côté, si l'action des Esprits malveillants peut être paralysée par une pensée commune, il est évident que celle des bons Esprits sera secondée ; leur influence salutaire ne rencontrera point d'obstacles ; leurs effluves fluidiques n'étant point arrêtés par des courants contraires, se répandront sur tous les assistants, précisément parce que tous les auront attirées par la pensée, non chacun à son profit personnel, mais au profit de tous, selon la loi de charité. Elles descendront sur eux en langues de feu, pour nous servir d'une admirable image de l'Evangile.
Ainsi, par la communion de pensées, les hommes s'assistent entre eux, et en même temps ils assistent les Esprits et en sont assistés. Les rapports du monde visible et du monde invisible ne sont plus individuels, ils sont collectifs, et par cela même plus puissants pour le profit des masses, comme pour celui des individus ; en un mot, elle établit la solidarité, qui est la base de la fraternité. Chacun ne travaille pas seulement pour soi, mais pour tous, et en travaillant pour tous chacun y trouve son compte ; c'est ce que ne comprend pas l'égoïsme.
Toutes les réunions religieuses, à quelque culte qu'elles appartiennent, sont fondées sur la communion de pensées ; c'est là en effet qu'elle doit et peut exercer toute sa puissance, parce que le but doit être le dégagement de la pensée des étreintes de la matière. Malheureusement la plupart se sont écartées de ce principe, à mesure qu'elles ont fait de la religion une question de forme. Il en est résulté que chacun faisant consister son devoir dans l'accomplissement de la forme, se croit quitte envers Dieu et envers les hommes quand il a pratiqué une formule. Il en résulte encore que chacun va dans les lieux de réunions religieuses avec une pensée personnelle, pour son propre compte, et le plus souvent sans aucun sentiment de confraternité à l'égard des autres assistants ; il est isolé au milieu de la foule, et ne pense au ciel que pour lui-même.
Ce n'est certes pas ainsi que l'entendait Jésus quand il dit : Lorsque vous serez plusieurs réunis en mon nom, je serai au milieu de vous. Réunis en mon nom, c'est-à-dire avec une pensée commune ; mais on ne peut être réunis au nom de Jésus sans s'assimiler ses principes, sa doctrine ; or, quel est le principe fondamental de la doctrine de Jésus ? La charité en pensées, en paroles et en actions. Les égoïstes et les orgueilleux mentent quand ils se disent réunis au nom de Jésus, car Jésus les désavoue pour ses disciples.
Frappés de ces abus et de ces déviations, il est des gens qui nient l'utilité des assemblées religieuses, et par conséquent des édifices consacrés à ces assemblées. Dans leur radicalisme, ils pensent qu'il vaudrait mieux construire des hospices que des temples, attendu que le temple de Dieu est partout, qu'il peut être adoré partout, que chacun peut prier chez soi et à toute heure, tandis que les pauvres, les malades et les infirmes ont besoin de lieux de refuge.
Mais de ce que des abus sont commis, de ce qu'on s'est écarté du droit chemin, s'ensuit-il que le droit chemin n'existe pas, et que tout ce dont on abuse soit mauvais ? Non, certes. Parler ainsi, c'est méconnaître la source et les bienfaits de la communion de pensées qui doit être l'essence des assemblées religieuses ; c'est ignorer les causes qui la provoquent. Que des matérialistes professent de pareilles idées, on le conçoit ; car, pour eux, ils font en toutes choses abstraction de la vie spirituelle ; mais de la part de spiritualistes, et mieux encore de Spirites, ce serait un non-sens. L'isolement religieux, comme l'isolement social, conduit à l'égoïsme. Que quelques hommes soient assez forts par eux-mêmes, assez largement doués par le cœur, pour que leur foi et leur charité n'aient pas besoin d'être réchauffées à un foyer commun, c'est possible ; mais il n'en est point ainsi des masses, à qui il faut un stimulant, sans lequel elles pourraient se laisser gagner par l'indifférence. Quel est, en outre, l'homme qui puisse se dire assez éclairé pour n'avoir rien à apprendre touchant ses intérêts futurs ? assez parfait pour se passer de conseils dans la vie présente ? Est-il toujours capable de s'instruire par lui-même ? Non ; il faut à la plupart des enseignements directs en matière de religion et de morale, comme en matière de science. Sans contredit, cet enseignement peut être donné partout, sous la voûte du ciel comme sous celle d'un temple ; mais pourquoi les hommes n'auraient-ils pas des lieux spéciaux pour les affaires du ciel, comme ils en ont pour les affaires de la terre ? Pourquoi n'auraient-ils pas des assemblées religieuses, comme ils ont des assemblées politiques, scientifiques et industrielles ? Cela n'empêche pas les fondations au profit des malheureux ; mais nous disons de plus que, lorsque les hommes comprendront mieux leurs intérêts du ciel, il y aura moins de monde dans les hospices.
Si les assemblées religieuses, je parle en général, sans faire allusion à aucun culte, se sont trop souvent écartées du but primitif principal, qui est la communion fraternelle de la pensée ; si l'enseignement qui y est donné n'a pas toujours suivi le mouvement progressif de l'humanité, c'est que les hommes n'accomplissent pas tous les progrès à la fois ; ce qu'ils ne font pas dans une période, ils le font dans une autre ; à mesure qu'ils s'éclairent, ils voient les lacunes qui existent dans leurs institutions, et ils les remplissent ; ils comprennent que ce qui était bon à une époque, eu égard au degré de la civilisation, devient insuffisant dans un état plus avancé, et ils rétablissent le niveau. Le Spiritisme, nous le savons, est le grand levier du progrès en toutes choses ; il marque une ère de rénovation. Sachons donc attendre, et ne demandons pas à une époque plus qu'elle ne peut donner. Comme les plantes, il faut que les idées mûrissent pour en récolter les fruits. Sachons, en outre, faire les concessions nécessaires aux époques de transition, car rien, dans la nature, ne s'opère d'une manière brusque et instantanée.
En raison du motif qui nous rassemble aujourd'hui, messieurs et chers frères, j'ai cru opportun de profiter de la circonstance pour développer le principe de la communion de pensées au point de vue du Spiritisme ; notre but étant de nous unir d'intention pour offrir en commun un témoignage particulier de sympathie à nos frères décédés, il pouvait être utile d'appeler notre attention sur les avantages de la réunion. Grâce au Spiritisme, nous comprenons la puissance et les effets de la pensée collective ; nous nous expliquons mieux le sentiment de bien-être que l'on éprouve dans un milieu homogène et sympathique ; mais nous savons également qu'il en est de même des Esprits, car eux aussi reçoivent les effluves de toutes les pensées bienveillantes qui s'élèvent vers eux comme une fumée de parfum. Ceux qui sont heureux éprouvent une plus grande joie de ce concert harmonieux ; ceux qui souffrent en ressentent un plus grand soulagement. Chacun de nous en particulier prie de préférence pour ceux qui l'intéressent ou qu'il affectionne le plus ; faisons qu'ici tous aient leur part des prières que nous adresserons à Dieu.
Au
commencement de la séance, une prière spéciale pour la circonstance a remplacé
l'invocation générale qui sert d'introduction aux séances ordinaires. Elle est
ainsi conçue :
Gloire à Dieu, souverain maître de toutes choses !
Seigneur, nous vous prions de répandre votre sainte bénédiction sur cette assemblée.
Nous vous glorifions et vous remercions de ce qu'il vous a plu d'éclairer notre route par la divine lumière du Spiritisme.
Grâce à cette lumière, le doute et l'incrédulité ont disparu de notre esprit, et disparaîtront aussi de ce monde ; la vie future est une réalité, et nous marchons sans incertitude vers l'avenir qui nous est réservé.
Nous savons d'où nous venons et où nous allons, et pourquoi nous sommes sur la terre.
Nous connaissons la cause de nos misères, et nous comprenons que tout est sagesse et justice dans vos œuvres.
Nous savons que la mort du corps n'interrompt point la vie de l'esprit, mais qu'elle lui ouvre la véritable vie ; qu'elle ne brise aucune affection sincère ; que ceux qui nous sont chers ne sont point perdus pour nous, et que nous les retrouverons dans le monde des Esprits. Nous savons qu'en attendant ils sont auprès de nous ; qu'ils nous voient et nous entendent, et qu'ils peuvent continuer leurs rapports avec nous.
Aidez-nous, Seigneur, à répandre parmi nos frères de la terre qui sont encore dans l'ignorance, les bienfaits de cette sainte croyance, car elle calme toutes les douleurs, donne la consolation aux affligé, le courage, la résignation et l'espérance dans les plus grandes amertumes de la vie.
Daignez étendre votre miséricorde sur nos frères décédés, et sur tous les Esprits qui se recommandent à nos prières, quelle qu'ait été leur croyance sur la terre.
Faites que notre pensée bienveillante porte le soulagement, la consolation et l'espérance à ceux qui soufrent.
Le Président adresse ensuite l'allocution suivante aux Esprits :
Chers Esprits de nos anciens collègues : Jobard, Sanson, Costeau, Hobach et Poudra ;
En vous conviant à cette réunion commémorative, notre but n'est pas seulement de vous donner un gage de notre souvenir, qui, vous le savez, est toujours cher à notre mémoire ; nous venons surtout vous féliciter de la position que vous occupez dans le monde des Esprits, et vous remercier des excellentes instructions que vous venez de temps en temps nous donner depuis votre départ.
La Société se réjouit de vous savoir heureux ; elle s'honore de vous avoir comptés parmi ses membres, et de vous compter maintenant parmi ses conseillers du monde invisible.
Nous avons apprécié la sagesse de vos communications, et nous serons toujours heureux toutes les fois que vous voudrez bien venir prendre part à nos travaux.
A ce témoignage de gratitude, nous associons tous les bons Esprits qui viennent habituellement ou éventuellement nous apporter le tribut de leurs lumières : Jean, Ev., Eraste, Lamennais, Georges, François-Nicolas-Madeleine, saint-Augustin, Sonnet, Baluze, Viannet, curé d'Ars, Jean Raynaud, Delph. de Girardin, Mesmer et ceux qui ne prennent que la qualification d'Esprit.
Nous devons un tribut particulier de reconnaissance à notre guide et président spirituel, qui fut saint Louis sur la terre ; nous le remercions d'avoir bien voulu prendre notre société sous son patronage, et des marques évidentes de protection qu'il nous a données. Nous le prions de vouloir bien également nous assister dans cette circonstance.
Notre pensée s'étend à tous les adeptes et apôtres de la nouvelle doctrine qui ont quitté la terre, et nommément à ceux qui nous sont personnellement connus, savoir : N. N…
A tous ceux à qui Dieu permet de venir nous entendre, nous disons :
Chers frères en croyance qui nous avez précédés dans le monde des Esprits, nous nous unissons de pensée pour vous donner un témoignage de sympathie, et appeler sur vous les bénédictions du Tout-Puissant.
Nous le remercions de la grâce qu'il vous a faite d'être éclairés de la lumière de vérité avant de quitter la terre, car cette lumière vous a guidés à votre entrée dans la vie spirituelle ; la foi et la confiance en Dieu qu'elle vous a données vous ont préservés du trouble et des angoisses qui suivent la séparation chez ceux qu'affligent le doute et l'incrédulité.
Elle vous a donné le courage et la résignation dans les épreuves de la vie terrestre ; elle vous a montré le but et la nécessité du bien, les suites inévitables du mal, et maintenant vous en recueillez les fruits.
Vous avez quitté la terre sans regret, sachant que vous alliez trouver des biens infiniment plus précieux que ceux que vous y laissiez ; vous l'avez quittée avec la ferme certitude de retrouver les objets de vos affections, et de pouvoir revenir en Esprit soutenir et consoler ceux que vous laissiez après vous. Vous êtes enfin dans le monde des Esprits comme dans un pays qui vous était connu d'avance.
Nous sommes bien heureux d'avoir vu nos croyances confirmées par tous ceux d'entre vous qui sont venus se communiquer ; aucun n'est venu dire qu'il avait été déçu dans ses espérances, et que nous nous faisions illusion sur l'avenir ; tous, au contraire, ont dit que le monde invisible avait des splendeurs indescriptibles, et que leurs espérances avaient été dépassées.
A vous maintenant, qui jouissez du bonheur d'avoir eu la foi, et qui recevez la récompense de votre soumission à la loi de Dieu, de venir en aide à ceux de vos frères de la terre qui sont encore dans les ténèbres. Soyez les missionnaires de l'Esprit de vérité pour le progrès de l'humanité, et pour l'accomplissement des desseins du Très-Haut.
Notre pensée ne s'arrête pas à nos frères en Spiritisme ; tous les hommes sont frères quelle que soit leur croyance.
Si nous étions exclusifs, nous ne serions ni Spirites ni chrétiens ; c'est pourquoi nous comprenons dans nos prières, dans nos exhortations ou dans nos félicitations, selon l'état où ils se trouvent, tous les Esprits auxquels notre assistance peut être utile, qu'ils aient ou non partagé nos croyances de leur vivant.
La connaissance du Spiritisme n'est pas indispensable au bonheur futur, car il n'a pas le privilège de faire des élus. C'est un moyen d'arriver plus facilement et plus sûrement au but, par la foi raisonnée qu'il donne et la charité qu'il inspire ; il éclaire la route, et l'homme, n'allant plus en aveugle, marche avec plus d'assurance ; par lui on comprend mieux le bien et le mal ; il donne plus de force pour pratiquer l'un et éviter l'autre. Pour être agréable à Dieu, il suffit d'observer ses lois, c'est-à-dire de pratiquer la charité qui les résume toutes ; or, la charité peut être pratiquée par tout le monde. Se dépouiller de tous les vices et de tous les penchants contraires à la charité est donc la condition essentielle du salut.
Après cette allocution, des prières spéciales, tirées en partie de l'Imitation de l'Evangile (nos 355 et suiv.), sont dites pour chaque catégorie d'Esprits, avec désignation nominative de ceux à l'intention desquels la prière est dite plus spécialement. La série des prières est terminée par l'Oraison dominicale développée. (Voir la Revue d'août 1864, page 232.)
Les médiums se sont ensuite mis à la disposition des Esprits qui ont voulu se manifester. Aucune évocation particulière n'a été faite.
Nous donnons ci-après les principales communications obtenues.
Gloire à Dieu, souverain maître de toutes choses !
Seigneur, nous vous prions de répandre votre sainte bénédiction sur cette assemblée.
Nous vous glorifions et vous remercions de ce qu'il vous a plu d'éclairer notre route par la divine lumière du Spiritisme.
Grâce à cette lumière, le doute et l'incrédulité ont disparu de notre esprit, et disparaîtront aussi de ce monde ; la vie future est une réalité, et nous marchons sans incertitude vers l'avenir qui nous est réservé.
Nous savons d'où nous venons et où nous allons, et pourquoi nous sommes sur la terre.
Nous connaissons la cause de nos misères, et nous comprenons que tout est sagesse et justice dans vos œuvres.
Nous savons que la mort du corps n'interrompt point la vie de l'esprit, mais qu'elle lui ouvre la véritable vie ; qu'elle ne brise aucune affection sincère ; que ceux qui nous sont chers ne sont point perdus pour nous, et que nous les retrouverons dans le monde des Esprits. Nous savons qu'en attendant ils sont auprès de nous ; qu'ils nous voient et nous entendent, et qu'ils peuvent continuer leurs rapports avec nous.
Aidez-nous, Seigneur, à répandre parmi nos frères de la terre qui sont encore dans l'ignorance, les bienfaits de cette sainte croyance, car elle calme toutes les douleurs, donne la consolation aux affligé, le courage, la résignation et l'espérance dans les plus grandes amertumes de la vie.
Daignez étendre votre miséricorde sur nos frères décédés, et sur tous les Esprits qui se recommandent à nos prières, quelle qu'ait été leur croyance sur la terre.
Faites que notre pensée bienveillante porte le soulagement, la consolation et l'espérance à ceux qui soufrent.
Le Président adresse ensuite l'allocution suivante aux Esprits :
Chers Esprits de nos anciens collègues : Jobard, Sanson, Costeau, Hobach et Poudra ;
En vous conviant à cette réunion commémorative, notre but n'est pas seulement de vous donner un gage de notre souvenir, qui, vous le savez, est toujours cher à notre mémoire ; nous venons surtout vous féliciter de la position que vous occupez dans le monde des Esprits, et vous remercier des excellentes instructions que vous venez de temps en temps nous donner depuis votre départ.
La Société se réjouit de vous savoir heureux ; elle s'honore de vous avoir comptés parmi ses membres, et de vous compter maintenant parmi ses conseillers du monde invisible.
Nous avons apprécié la sagesse de vos communications, et nous serons toujours heureux toutes les fois que vous voudrez bien venir prendre part à nos travaux.
A ce témoignage de gratitude, nous associons tous les bons Esprits qui viennent habituellement ou éventuellement nous apporter le tribut de leurs lumières : Jean, Ev., Eraste, Lamennais, Georges, François-Nicolas-Madeleine, saint-Augustin, Sonnet, Baluze, Viannet, curé d'Ars, Jean Raynaud, Delph. de Girardin, Mesmer et ceux qui ne prennent que la qualification d'Esprit.
Nous devons un tribut particulier de reconnaissance à notre guide et président spirituel, qui fut saint Louis sur la terre ; nous le remercions d'avoir bien voulu prendre notre société sous son patronage, et des marques évidentes de protection qu'il nous a données. Nous le prions de vouloir bien également nous assister dans cette circonstance.
Notre pensée s'étend à tous les adeptes et apôtres de la nouvelle doctrine qui ont quitté la terre, et nommément à ceux qui nous sont personnellement connus, savoir : N. N…
A tous ceux à qui Dieu permet de venir nous entendre, nous disons :
Chers frères en croyance qui nous avez précédés dans le monde des Esprits, nous nous unissons de pensée pour vous donner un témoignage de sympathie, et appeler sur vous les bénédictions du Tout-Puissant.
Nous le remercions de la grâce qu'il vous a faite d'être éclairés de la lumière de vérité avant de quitter la terre, car cette lumière vous a guidés à votre entrée dans la vie spirituelle ; la foi et la confiance en Dieu qu'elle vous a données vous ont préservés du trouble et des angoisses qui suivent la séparation chez ceux qu'affligent le doute et l'incrédulité.
Elle vous a donné le courage et la résignation dans les épreuves de la vie terrestre ; elle vous a montré le but et la nécessité du bien, les suites inévitables du mal, et maintenant vous en recueillez les fruits.
Vous avez quitté la terre sans regret, sachant que vous alliez trouver des biens infiniment plus précieux que ceux que vous y laissiez ; vous l'avez quittée avec la ferme certitude de retrouver les objets de vos affections, et de pouvoir revenir en Esprit soutenir et consoler ceux que vous laissiez après vous. Vous êtes enfin dans le monde des Esprits comme dans un pays qui vous était connu d'avance.
Nous sommes bien heureux d'avoir vu nos croyances confirmées par tous ceux d'entre vous qui sont venus se communiquer ; aucun n'est venu dire qu'il avait été déçu dans ses espérances, et que nous nous faisions illusion sur l'avenir ; tous, au contraire, ont dit que le monde invisible avait des splendeurs indescriptibles, et que leurs espérances avaient été dépassées.
A vous maintenant, qui jouissez du bonheur d'avoir eu la foi, et qui recevez la récompense de votre soumission à la loi de Dieu, de venir en aide à ceux de vos frères de la terre qui sont encore dans les ténèbres. Soyez les missionnaires de l'Esprit de vérité pour le progrès de l'humanité, et pour l'accomplissement des desseins du Très-Haut.
Notre pensée ne s'arrête pas à nos frères en Spiritisme ; tous les hommes sont frères quelle que soit leur croyance.
Si nous étions exclusifs, nous ne serions ni Spirites ni chrétiens ; c'est pourquoi nous comprenons dans nos prières, dans nos exhortations ou dans nos félicitations, selon l'état où ils se trouvent, tous les Esprits auxquels notre assistance peut être utile, qu'ils aient ou non partagé nos croyances de leur vivant.
La connaissance du Spiritisme n'est pas indispensable au bonheur futur, car il n'a pas le privilège de faire des élus. C'est un moyen d'arriver plus facilement et plus sûrement au but, par la foi raisonnée qu'il donne et la charité qu'il inspire ; il éclaire la route, et l'homme, n'allant plus en aveugle, marche avec plus d'assurance ; par lui on comprend mieux le bien et le mal ; il donne plus de force pour pratiquer l'un et éviter l'autre. Pour être agréable à Dieu, il suffit d'observer ses lois, c'est-à-dire de pratiquer la charité qui les résume toutes ; or, la charité peut être pratiquée par tout le monde. Se dépouiller de tous les vices et de tous les penchants contraires à la charité est donc la condition essentielle du salut.
Après cette allocution, des prières spéciales, tirées en partie de l'Imitation de l'Evangile (nos 355 et suiv.), sont dites pour chaque catégorie d'Esprits, avec désignation nominative de ceux à l'intention desquels la prière est dite plus spécialement. La série des prières est terminée par l'Oraison dominicale développée. (Voir la Revue d'août 1864, page 232.)
Les médiums se sont ensuite mis à la disposition des Esprits qui ont voulu se manifester. Aucune évocation particulière n'a été faite.
Nous donnons ci-après les principales communications obtenues.
I.
Mes enfants, une étroite communion relie les vivants aux trépassés. La mort
continue l'œuvre ébauchée, et ne brise pas les liens du cœur ; cette
certitude enrichit encore le trésor d'amour déversé sur la création.
Les progrès humains obtenus au prix de sacrifices douloureux et d'hécatombes sanglantes rapprochent l'homme du Verbe divin, et lui font épeler le mot sacré qui, tombé des lèvres de Jésus, ranima l'humanité défaillante. L'amour est la loi du Spiritisme ; il élargit le cœur et fait aimer activement ceux-là qui disparaissent dans la vague pénombre du tombeau.
Le Spiritisme n'est pas un vain son tombé des lèvres mortelles et qu'un souffle emporte ; il est la loi forte et sévère qu'a proclamée Moïse au mont Sinaï, la loi qu'ont affirmée les martyrs ivres d'espérance, la loi qu'ont discutée les philosophes inquiets, et qu'enfin les Esprits viennent proclamer.
Spirites ! le grand nom de Jésus doit flotter comme une bannière au-dessus de vos enseignements. Avant que vous fussiez, le Sauveur portait la révélation dans son sein, et sa parole, prudemment mesurée, indiquait chacune des étapes que vous parcourez aujourd'hui. Les mystères crouleront au souffle prophétique qui ébranle vos intelligences, comme jadis les murailles de Jéricho.
Unissez-vous d'intention, comme vous le faites dans cette réunion bénie. La chaude électricité dégagée du cœur comble la distance qui nous sépare, et dissipe les vapeurs du doute, de la personnalité, de l'indifférence, qui trop souvent obscurcissent la faculté spirituelle.
Aimez et priez par vos œuvres.
Jean, Ev. (Médium, Mme Costel.)
Les progrès humains obtenus au prix de sacrifices douloureux et d'hécatombes sanglantes rapprochent l'homme du Verbe divin, et lui font épeler le mot sacré qui, tombé des lèvres de Jésus, ranima l'humanité défaillante. L'amour est la loi du Spiritisme ; il élargit le cœur et fait aimer activement ceux-là qui disparaissent dans la vague pénombre du tombeau.
Le Spiritisme n'est pas un vain son tombé des lèvres mortelles et qu'un souffle emporte ; il est la loi forte et sévère qu'a proclamée Moïse au mont Sinaï, la loi qu'ont affirmée les martyrs ivres d'espérance, la loi qu'ont discutée les philosophes inquiets, et qu'enfin les Esprits viennent proclamer.
Spirites ! le grand nom de Jésus doit flotter comme une bannière au-dessus de vos enseignements. Avant que vous fussiez, le Sauveur portait la révélation dans son sein, et sa parole, prudemment mesurée, indiquait chacune des étapes que vous parcourez aujourd'hui. Les mystères crouleront au souffle prophétique qui ébranle vos intelligences, comme jadis les murailles de Jéricho.
Unissez-vous d'intention, comme vous le faites dans cette réunion bénie. La chaude électricité dégagée du cœur comble la distance qui nous sépare, et dissipe les vapeurs du doute, de la personnalité, de l'indifférence, qui trop souvent obscurcissent la faculté spirituelle.
Aimez et priez par vos œuvres.
Jean, Ev. (Médium, Mme Costel.)
II.
Mes bons amis, vos prières et votre recueillement ont appelé près de vous de
nombreux Esprits auxquels vous avez fait beaucoup de bien. Une réunion comme la
vôtre a une force d'attraction tellement efficace que les vibrations de votre
pensée ont ému tous les points de l'espace. Une multitude de vos frères, peu
avancés ou en souffrance, a suivi les Esprits supérieurs ; avant de vous
avoir entendus, ils étaient sans foi, maintenant ils espèrent, ils croient.
Leurs voix, unies à la mienne, sauront désormais vous bénir ; ils vous
savent forts devant les épreuves ; comme vous, ils voudront mériter la vie
éternelle, la vie de Dieu.
Vous n'avez oublié personne, cher président. Pour mon compte personnel, je suis fier du bon accueil que mon nom reçoit chez mes anciens condisciples. J'ai toujours ouï dire qu'un curieux, écoutant à la porte, n'a jamais entendu son éloge ; pourtant, nous sommes des témoins invisibles ; notre nombre est infini ; ce que nous entendons, au rebours de la mode terrestre, c'est le pardon, la prière, la bienveillance ; c'est la pratique de la charité, la plus noble des devises.
Puisse votre exemple se répandre comme un écho aimé, afin que tous les Esprits en souffrance puissent en tous lieux entendre des paroles qui sauront les guider vers les vérités éternelles !
Paris est, dit-on, une ville de bruit et d'oubli ; les mystiques prétendent que c'est une Babylone moderne. Bien haut je me récrie, car Paris est la ville des laborieuses pensées, des idées fécondes et des nobles sentiments. C'est la cité qui rayonne sur l'univers ; ce sera toujours elle qui enseignera les grands principes, les grandes abnégations et les solides vertus.
Voyez-la plutôt, la grande ville, en ce jour où chacun a une larme pour les chers absents ; elle a mis de côté sa vie multiple pour aller se recueillir dans les nécropoles, et ce fleuve humain, silencieux, réfléchi, va prier sur les restes de ceux qui lui furent chers ; et devant ce pieux cortège l'incrédule lui-même est saisi de respect.
Paris, dit-on, n'est pas spirite. Cherchez une cité, dans l'univers, où la tombe la plus modeste soit plus vénérée, mieux fleurie. C'est que la cité aux grands enfantements ressent mieux les pertes douloureuses ; elle pleure de vraies larmes, et ne donne rien à l'apparence. Paris est sans doute une ville de plaisirs pour un certain monde, mais c'est aussi la ville du travail et de la pensée pour le plus grand nombre. Elle n'est point foncièrement matérialiste. C'est elle qui donne la lumière spirite à l'univers, et cette lumière lui reviendra grandie, épurée. Tous les peuples viendront chercher parmi vous les vérités du Spiritisme, bien préférables aux futiles et vaines jouissances ou aux parades qui ne laissent rien à l'esprit.
Il y a dans l'air une idée rationnelle approuvée par tous les gens de progrès, c'est que tout le monde devrait savoir lire. Notre doctrine, si belle qu'elle soit, rencontre un obstacle dans l'ignorance. Aussi notre devoir, à nous tous Spirites, est-il de diminuer le nombre de nos frères ignorants, afin que le Livre des Esprits ne reste pas une lettre morte pour tant de parias. Travailler à répandre l'instruction dans les masses, c'est ouvrir la voie au Spiritisme en même temps que c'est détruire l'élément du fanatisme ; c'est diminuer d'autant les entraînements de l'ignorance ; c'est créer des hommes qui vivront et mourront bien.
Ce grand acte de charité accompli, je n'aurai plus la douleur de voir revenir, en ce jour des morts, tant d'Esprits arriérés qui demandent à se réincarner pour savoir, et pour accomplir la mission promise à leurs nouvelles facultés. Et ces Esprits devenus intelligents pourront à leur tour aller dans d'autres mondes enseigner, et donner le pain de vie, le savoir qui rend digne de Dieu.
Autour de vous des légions d'ignorants vous implorent : ce sont vos morts ; n'oubliez pas ce qu'ils demandent. Vos prières leur seront utiles, mais vos actions sont appelées à leur rendre un service plus essentiel.
Adieu, frères ; votre dévoué condisciple,
Sanson (Méd., M. Leymarie).
III.
Vous n'avez oublié personne, cher président. Pour mon compte personnel, je suis fier du bon accueil que mon nom reçoit chez mes anciens condisciples. J'ai toujours ouï dire qu'un curieux, écoutant à la porte, n'a jamais entendu son éloge ; pourtant, nous sommes des témoins invisibles ; notre nombre est infini ; ce que nous entendons, au rebours de la mode terrestre, c'est le pardon, la prière, la bienveillance ; c'est la pratique de la charité, la plus noble des devises.
Puisse votre exemple se répandre comme un écho aimé, afin que tous les Esprits en souffrance puissent en tous lieux entendre des paroles qui sauront les guider vers les vérités éternelles !
Paris est, dit-on, une ville de bruit et d'oubli ; les mystiques prétendent que c'est une Babylone moderne. Bien haut je me récrie, car Paris est la ville des laborieuses pensées, des idées fécondes et des nobles sentiments. C'est la cité qui rayonne sur l'univers ; ce sera toujours elle qui enseignera les grands principes, les grandes abnégations et les solides vertus.
Voyez-la plutôt, la grande ville, en ce jour où chacun a une larme pour les chers absents ; elle a mis de côté sa vie multiple pour aller se recueillir dans les nécropoles, et ce fleuve humain, silencieux, réfléchi, va prier sur les restes de ceux qui lui furent chers ; et devant ce pieux cortège l'incrédule lui-même est saisi de respect.
Paris, dit-on, n'est pas spirite. Cherchez une cité, dans l'univers, où la tombe la plus modeste soit plus vénérée, mieux fleurie. C'est que la cité aux grands enfantements ressent mieux les pertes douloureuses ; elle pleure de vraies larmes, et ne donne rien à l'apparence. Paris est sans doute une ville de plaisirs pour un certain monde, mais c'est aussi la ville du travail et de la pensée pour le plus grand nombre. Elle n'est point foncièrement matérialiste. C'est elle qui donne la lumière spirite à l'univers, et cette lumière lui reviendra grandie, épurée. Tous les peuples viendront chercher parmi vous les vérités du Spiritisme, bien préférables aux futiles et vaines jouissances ou aux parades qui ne laissent rien à l'esprit.
Il y a dans l'air une idée rationnelle approuvée par tous les gens de progrès, c'est que tout le monde devrait savoir lire. Notre doctrine, si belle qu'elle soit, rencontre un obstacle dans l'ignorance. Aussi notre devoir, à nous tous Spirites, est-il de diminuer le nombre de nos frères ignorants, afin que le Livre des Esprits ne reste pas une lettre morte pour tant de parias. Travailler à répandre l'instruction dans les masses, c'est ouvrir la voie au Spiritisme en même temps que c'est détruire l'élément du fanatisme ; c'est diminuer d'autant les entraînements de l'ignorance ; c'est créer des hommes qui vivront et mourront bien.
Ce grand acte de charité accompli, je n'aurai plus la douleur de voir revenir, en ce jour des morts, tant d'Esprits arriérés qui demandent à se réincarner pour savoir, et pour accomplir la mission promise à leurs nouvelles facultés. Et ces Esprits devenus intelligents pourront à leur tour aller dans d'autres mondes enseigner, et donner le pain de vie, le savoir qui rend digne de Dieu.
Autour de vous des légions d'ignorants vous implorent : ce sont vos morts ; n'oubliez pas ce qu'ils demandent. Vos prières leur seront utiles, mais vos actions sont appelées à leur rendre un service plus essentiel.
Adieu, frères ; votre dévoué condisciple,
Sanson (Méd., M. Leymarie).
III.
Jour de félicité pour les Esprits du Seigneur qui se groupent pour adresser à
Dieu des prières pour les Esprits, car cette sainte communion de pensées se
reproduit aussi dans les régions supérieures ! Oh ! oui, heureux les
pauvres déshérités qui comprendront le but de nos prières adressées pour hâter
leur progrès ! Grâce au Spiritisme, beaucoup déjà sont entrés dans la voie
du repentir et ont pu s'améliorer. C'est cette grâce descendue sur la terre qui
a ouvert leur cœur aux regrets et leur a donné l'espoir de venir un jour près
de nous. Merci à vous tous, Spirites chrétiens, d'avoir demandé à Dieu et
obtenu que nous puissions venir vous dire : Courage ! Les Esprits qui
viennent vous remercier de cette bonne pensée en ont profité, et s'estiment
aujourd'hui bien heureux.
Je dirai en particulier à mon bon ami Canu : Soyez heureux à la pensée que votre ami Hobach l'est lui-même, et qu'il est là entouré d'Esprits amis et protecteurs qui viennent, attirés par la sympathie, élever leurs âmes vers le Créateur, car tout vient de lui et doit retourner à lui. Cherchons donc toujours les réunions sincères, afin de profiter des enseignements qui y sont donnés, et que les invisibles et les incarnés puissent progresser vers l'infini, c'est-à-dire vers l'Etre suprême qui nous créa pour le bien et la marche progressive de ses œuvres. Oui, merci mille fois, car je lis dans tous les cœurs les sentiments de ceux qui nous ont particulièrement aimés ; mais aussi que ceux qui pleurent sèchent leurs larmes, car ils viendront nous rejoindre dans un monde meilleur, où la loi de justice règne en souveraine, puisque là elle émane de Dieu.
Hobach (Méd., Mme Patet).
IV.
Je dirai en particulier à mon bon ami Canu : Soyez heureux à la pensée que votre ami Hobach l'est lui-même, et qu'il est là entouré d'Esprits amis et protecteurs qui viennent, attirés par la sympathie, élever leurs âmes vers le Créateur, car tout vient de lui et doit retourner à lui. Cherchons donc toujours les réunions sincères, afin de profiter des enseignements qui y sont donnés, et que les invisibles et les incarnés puissent progresser vers l'infini, c'est-à-dire vers l'Etre suprême qui nous créa pour le bien et la marche progressive de ses œuvres. Oui, merci mille fois, car je lis dans tous les cœurs les sentiments de ceux qui nous ont particulièrement aimés ; mais aussi que ceux qui pleurent sèchent leurs larmes, car ils viendront nous rejoindre dans un monde meilleur, où la loi de justice règne en souveraine, puisque là elle émane de Dieu.
Hobach (Méd., Mme Patet).
IV.
Amis et frères en Spiritisme, vous êtes réunis en ce jour pour adresser au
Seigneur des vœux et des prières pour des Esprits qui vous sont chers et qui
ont rempli ici-bas leur mission. Beaucoup d'entre eux, mes chers amis, ont
accompli cette tâche dignement, et ont reçu la récompense de leur travail dans
cette vie d'expiation et de misère. Oh ! ceux-là, mes chers Spirites, ils
veillent sur vous ; ils vous protègent, et en ce jour ils participent à
vos vœux et aux supplications que vous adressez à notre Père à tous. Ils sont
pour la plupart au milieu de vous, heureux de voir le recueillement où vous
êtes en ce moment solennel.
Mais c'est surtout pour les Esprits qui n'ont pas compris leur mission dans ce monde de passage que doivent s'élever vos pensées et vos prières. Oh ! ceux-là ont besoin que des cœurs amis, que des âmes compatissantes leur donnent un souvenir, une prière, mais une prière sincère, une prière qui monte vers le trône de l'Éternel ! Ah ! combien de ces Esprits sont délaissés, oubliés, même par ceux qui devraient le plus penser à eux ; par des parents quelquefois bien proches ! C'est que ceux-ci, mes amis, ne sont pas Spirites ; c'est qu'ils ne connaissent pas l'effet que peut produire sur l'Esprit l'action des prières. Non, ils ne connaissent pas la charité, ils ne croient pas à une autre existence après celle-ci, ils croient que la mort ne laisse rien après elle.
Combien en ces jours de deuil s'en vont le cœur froid et sec vers la tombe de ceux qu'ils ont connus ! Ils y vont, mais par habitude, par convenance ; leur âme ne ressent aucune espérance ; ils ne pensent même pas que ces âmes auxquelles ils viennent rendre un devoir sont là, près d'eux et attendent d'eux une prière partie du cœur.
Oh ! mes amis, suppléez, vous, par vos prières, à ce que ne font pas vos frères. Ils ne voient dans la mort que la dépouille : le corps, et oublient que l'âme vit toujours. Priez, car vos prières seront entendues du Très-Haut.
Un Esprit qui demande aussi une part dans vos prières,
Lalouze. (Méd., Mme Lampérière.)
V.
Mais c'est surtout pour les Esprits qui n'ont pas compris leur mission dans ce monde de passage que doivent s'élever vos pensées et vos prières. Oh ! ceux-là ont besoin que des cœurs amis, que des âmes compatissantes leur donnent un souvenir, une prière, mais une prière sincère, une prière qui monte vers le trône de l'Éternel ! Ah ! combien de ces Esprits sont délaissés, oubliés, même par ceux qui devraient le plus penser à eux ; par des parents quelquefois bien proches ! C'est que ceux-ci, mes amis, ne sont pas Spirites ; c'est qu'ils ne connaissent pas l'effet que peut produire sur l'Esprit l'action des prières. Non, ils ne connaissent pas la charité, ils ne croient pas à une autre existence après celle-ci, ils croient que la mort ne laisse rien après elle.
Combien en ces jours de deuil s'en vont le cœur froid et sec vers la tombe de ceux qu'ils ont connus ! Ils y vont, mais par habitude, par convenance ; leur âme ne ressent aucune espérance ; ils ne pensent même pas que ces âmes auxquelles ils viennent rendre un devoir sont là, près d'eux et attendent d'eux une prière partie du cœur.
Oh ! mes amis, suppléez, vous, par vos prières, à ce que ne font pas vos frères. Ils ne voient dans la mort que la dépouille : le corps, et oublient que l'âme vit toujours. Priez, car vos prières seront entendues du Très-Haut.
Un Esprit qui demande aussi une part dans vos prières,
Lalouze. (Méd., Mme Lampérière.)
V.
Chers amis, que d'actions de grâces ne vous devons-nous pas en échange de vos
bonnes et généreuses prières !
Oh ! oui, nous sommes reconnaissants de tant de dévouement, de tant de charité. En aucun temps des prières aussi chaleureuses, aussi ferventes, n'ont été écoutées et portées sur les ailes blanches des Esprits purs au trône divin. En aucun temps les hommes n'ont mieux compris l'utilité de la prière en commun, dont la force morale pèse sur les Esprits imparfaits qui viennent, chaque fois que vous vous réunissez, puiser à votre foyer généreux et fraternel. Car là il n'y a pas de distinction ; les petits, les déshérités de la terre sont reçus par vous comme les grands, comme les princes ; vous priez pour le pauvre comme pour le riche. Oh ! fraternité divine, grandis, grandis toujours jusqu'à ce que tu atteignes le sublime régénérateur qui t'envoie pour ramener les hommes dans la voie droite dont ils s'étaient écartés depuis tant de siècles !
Frappez et il vous sera ouvert, disait Jésus ; demandez et il vous sera donné. Oui, frappez sur vos passions, et le rayon de la charité divine inondera votre âme. Demandez la foi et elle vous viendra. Demandez la patience et elle vous sera accordée. Demandez en un mot toutes les vertus nécessaires pour vous dépouiller du vieil homme qui doit disparaître à tout jamais et faire place à l'homme de bien.
Je suis un Esprit inconnu de vous, je me suis emparé de cette main grâce à la charité de saint Joseph.
(Méd., M. Lampérière.)
VI.
Oh ! oui, nous sommes reconnaissants de tant de dévouement, de tant de charité. En aucun temps des prières aussi chaleureuses, aussi ferventes, n'ont été écoutées et portées sur les ailes blanches des Esprits purs au trône divin. En aucun temps les hommes n'ont mieux compris l'utilité de la prière en commun, dont la force morale pèse sur les Esprits imparfaits qui viennent, chaque fois que vous vous réunissez, puiser à votre foyer généreux et fraternel. Car là il n'y a pas de distinction ; les petits, les déshérités de la terre sont reçus par vous comme les grands, comme les princes ; vous priez pour le pauvre comme pour le riche. Oh ! fraternité divine, grandis, grandis toujours jusqu'à ce que tu atteignes le sublime régénérateur qui t'envoie pour ramener les hommes dans la voie droite dont ils s'étaient écartés depuis tant de siècles !
Frappez et il vous sera ouvert, disait Jésus ; demandez et il vous sera donné. Oui, frappez sur vos passions, et le rayon de la charité divine inondera votre âme. Demandez la foi et elle vous viendra. Demandez la patience et elle vous sera accordée. Demandez en un mot toutes les vertus nécessaires pour vous dépouiller du vieil homme qui doit disparaître à tout jamais et faire place à l'homme de bien.
Je suis un Esprit inconnu de vous, je me suis emparé de cette main grâce à la charité de saint Joseph.
(Méd., M. Lampérière.)
VI.
Ma bien chère épouse, j'ai vu tes soupirs, j'ai vu tes larmes. Toujours
pleurer ! J'ai vu aussi tes prières, laisse-moi t'en remercier. Allons,
chère amie, console-toi. Vois-tu, tu troubles mon bonheur. Console-toi donc,
car tu es plus heureuse que beaucoup d'autres : tu as des frères qui
t'aiment, qui sont heureux de te voir venir parmi eux. Vois, ma fille, combien tu
es bénie entre toutes.
Je n'ai qu'à vous louer, mes frères, du bon accueil qui partout est fait à mon épouse ; je vous remercie de tout ce que vous faites pour elle… et vous me faites encore l'amitié de m'appeler aujourd'hui !… J'ai des premiers soutenu et propagé de tout mon pouvoir cette sainte doctrine. Ah ! si j'avais su ce que je sais et vois maintenant ! Croyez, croyez, c'est tout ce que je puis vous dire. Faites tout pour l'enseigner et pour attirer les cœurs à vous. Rien n'est plus beau, rien n'est si vrai que ce que vous enseignent vos livres.
Costeau. (Méd., mademoiselle Béguet.)
VII.
Je n'ai qu'à vous louer, mes frères, du bon accueil qui partout est fait à mon épouse ; je vous remercie de tout ce que vous faites pour elle… et vous me faites encore l'amitié de m'appeler aujourd'hui !… J'ai des premiers soutenu et propagé de tout mon pouvoir cette sainte doctrine. Ah ! si j'avais su ce que je sais et vois maintenant ! Croyez, croyez, c'est tout ce que je puis vous dire. Faites tout pour l'enseigner et pour attirer les cœurs à vous. Rien n'est plus beau, rien n'est si vrai que ce que vous enseignent vos livres.
Costeau. (Méd., mademoiselle Béguet.)
VII.
Merci à vous tous, frères bien-aimés, de votre bon souvenir et de vos bonnes
prières. Merci à vous, cher président, de l'heureuse initiative que vous avez
prise en faisant prier pour tous dans une même communion d'idées et de pensées.
Oui, nous sommes tous là ; nous avons entendu avec bonheur vos prières
sincères adressées au Père de miséricorde pour chacun de nous. Oui, nous sommes
heureux, car la prière faite avec sincérité monte vers Dieu, et nous recevons
de lui la force nécessaire pour combattre les mauvaises influences que les
Esprits légers cherchent à faire ressentir à ceux qui travaillent avec énergie
à l'œuvre sainte. Ces prières ont été pour nous comme un appel solennel, et
nous nous trouvons tous réunis à vos côtés. De loin, comme de près, nous sommes
accourus à cet heureux appel. Il est à désirer que votre exemple soit suivi de
tous les centres sérieux, car ces prières, faites avec autant de sincérité et
de désintéressement, montent vers Dieu comme de saints effluves et
rejaillissent sur chacun de nous. Merci donc encore, mes bons amis, et, quoique
mon nom n'ait pas été prononcé, vous voyez que je suis là. Cela doit vous
prouver que nous sommes heureux et nombreux.
La mère d'un membre honoraire de votre Société,
Aimée Brédard, de Bordeaux. (Méd., madame Delanne.)
VIII.
La mère d'un membre honoraire de votre Société,
Aimée Brédard, de Bordeaux. (Méd., madame Delanne.)
VIII.
Mes bons amis, j'aurais préféré, après les prières que vous venez d'entendre,
et auxquelles vous vous êtes associés de tout votre cœur, j'aurais préféré,
dis-je, voir chacun de vous se retirer dans le silence pieux que vous laisse au
cœur la prière. Vous avez élevé vos âmes vers Dieu pour tous ceux qui sont
partis de la terre ; vous avez jeté de doux souvenirs au passé, et, dans
ce présent, ne vous sentez-vous pas plus forts ? N'avez-vous point senti
tout à l'heure, pendant que vos âmes montaient au ciel dans un commun élan,
l'haleine chaude d'autres âmes mêlant leurs prières aux vôtres ? N'en
êtes-vous point imprégnés ? Pourquoi ne point vous recueillir dans ce
parfum silencieux d'outre-tombe, plutôt que de nous demander des voix ?
Vivre avec ces douces pensées découlant des effluves sacrés de la prière,
n'est-ce point assez de bonheur ?
Mais je comprends que ce langage muet ne vous suffise point. Les zéphyrs tièdes ne sont point assez pour le cœur amoureux qui demande aux échos une voix qui réponde à sa voix. Je vous pardonne ce désir, il est bien juste. Pourquoi chacun de vous ne pourrait-il jouir une seconde du bénéfice que lui accorde sa nouvelle foi, de communiquer avec ceux qui lui sont chers par l'entremise de nos médiums ?
Mais que votre assemblée est nombreuse pour la petite quantité de mains qui peuvent écrire ! Lesquels de vos amis pourront se dire quels sont les heureux d'entre vous qui entendent leurs voix ? Je vois un nombre d'Esprits bien plus considérable que vous êtes ici d'incarnés ; ils se pressent autour de chacun de nos intermédiaires : Georges, Sanson, Costeau, Jobard, Dauban, Paul, Émile, et cent autres dont je ne puis dire les noms, sont là et voudraient vous parler. J'arrête leur élan, et leur dis à tous que je serai leur intermédiaire entre eux et vous ; ils le veulent bien, et vous, chers amis, le désirez-vous aussi ? Je tâcherai d'être pour les uns leurs pères, pour les autres leurs mères ; pour ceux-là un fils, une fille, un époux, une épouse, et pour tous un ami, un frère qui vous aime et qui voudrait que vos cœurs, réunis dans un seul cœur, ne forment qu'une seule pensée, qu'une âme répondant à cette communion d'esprit concentrée dans ma pensée et dans mon âme.
Ah ! vos chers morts n'ont point attendu ce jour pour venir à chacun de vous ; à toute heure ne les sentez-vous point se presser à vos côtés, et vous donner, par cette voix que vous nommez la conscience, ces secrets chastes et divins du devoir ? Ne les sentez-vous point se rapprocher davantage de vous dans vos heures de détresse et de défaillance ? Ils vous disent : Courage ! et surtout à vous, Spirites, ils vous montrent le ciel et les innombrables étoiles qui roulent sur son azur en signe d'alliance entre le Seigneur et vous.
Non, mes chers amis, ils ne vous quittent point par la pensée. A toi, mère, ta fille vient te dire : Je suis partie la première, comme se détache du tronc vigoureux la branche que la tempête brise, mais je vis encore de ta sève et de ton amour dans l'immensité, et dans ce chapelet de perles qu'emporte mon âme, n'est-il pas quelques émeraudes qui me sont venues de toi ?
A toi, père, j'entends le fils te dire : Je suis parti pour revenir et t'aider, dans ta prière, à mieux aimer Dieu. Je suis parti, parce que ton front ne s'inclinait pas devant le grand dispensateur de toutes choses ; il a voulu se rappeler à toi en te faisant entendre les accents d'outre-tombe de la voix de ton fils.
A toi, frère, j'entends le frère te raconter vos jeux d'autrefois, vos luttes, vos joies, vos souffrances. Je suis en avant, te dit-il, mais je ne suis point mort. Je t'ai préparé le sentier : dans celui-là on trouve plus de gloire que sur la terre. Jette ton manteau de pourpre et revêts le manteau de bure pour faire le voyage. Le Seigneur aime mieux la pauvreté que la richesse.
J'entends de doux soupirs répondre à tous vos soupirs ; ceux de l'amant répondre à l'amante, ceux de l'époux à l'épouse. Belle harmonie !
Réjouissez-vous donc ! Que de larmes heureuses ! que de touchants élans ! Épouses, sentez-vous vos mains pressées par les mains invisibles de vos époux ; ils reviennent renouveler à cette heure le serment de vous aimer toujours ; ils viennent vous dire ce que je vous ai dit moi-même : que la mort ne brise point les liens du cœur, et que les unions se continuent par delà la tombe.
Que je voudrais vous les nommer tous, ces chers morts ; je ne le puis. Ecoutez vous-mêmes leurs voix ; chacun de vous les reconnaîtra dans le concert sacré qui monte au ciel. Elles chantent ensemble un cantique d'actions de grâce au Seigneur.
Saint Augustin. (Méd., M. E. Vézy.)
IX.
Mais je comprends que ce langage muet ne vous suffise point. Les zéphyrs tièdes ne sont point assez pour le cœur amoureux qui demande aux échos une voix qui réponde à sa voix. Je vous pardonne ce désir, il est bien juste. Pourquoi chacun de vous ne pourrait-il jouir une seconde du bénéfice que lui accorde sa nouvelle foi, de communiquer avec ceux qui lui sont chers par l'entremise de nos médiums ?
Mais que votre assemblée est nombreuse pour la petite quantité de mains qui peuvent écrire ! Lesquels de vos amis pourront se dire quels sont les heureux d'entre vous qui entendent leurs voix ? Je vois un nombre d'Esprits bien plus considérable que vous êtes ici d'incarnés ; ils se pressent autour de chacun de nos intermédiaires : Georges, Sanson, Costeau, Jobard, Dauban, Paul, Émile, et cent autres dont je ne puis dire les noms, sont là et voudraient vous parler. J'arrête leur élan, et leur dis à tous que je serai leur intermédiaire entre eux et vous ; ils le veulent bien, et vous, chers amis, le désirez-vous aussi ? Je tâcherai d'être pour les uns leurs pères, pour les autres leurs mères ; pour ceux-là un fils, une fille, un époux, une épouse, et pour tous un ami, un frère qui vous aime et qui voudrait que vos cœurs, réunis dans un seul cœur, ne forment qu'une seule pensée, qu'une âme répondant à cette communion d'esprit concentrée dans ma pensée et dans mon âme.
Ah ! vos chers morts n'ont point attendu ce jour pour venir à chacun de vous ; à toute heure ne les sentez-vous point se presser à vos côtés, et vous donner, par cette voix que vous nommez la conscience, ces secrets chastes et divins du devoir ? Ne les sentez-vous point se rapprocher davantage de vous dans vos heures de détresse et de défaillance ? Ils vous disent : Courage ! et surtout à vous, Spirites, ils vous montrent le ciel et les innombrables étoiles qui roulent sur son azur en signe d'alliance entre le Seigneur et vous.
Non, mes chers amis, ils ne vous quittent point par la pensée. A toi, mère, ta fille vient te dire : Je suis partie la première, comme se détache du tronc vigoureux la branche que la tempête brise, mais je vis encore de ta sève et de ton amour dans l'immensité, et dans ce chapelet de perles qu'emporte mon âme, n'est-il pas quelques émeraudes qui me sont venues de toi ?
A toi, père, j'entends le fils te dire : Je suis parti pour revenir et t'aider, dans ta prière, à mieux aimer Dieu. Je suis parti, parce que ton front ne s'inclinait pas devant le grand dispensateur de toutes choses ; il a voulu se rappeler à toi en te faisant entendre les accents d'outre-tombe de la voix de ton fils.
A toi, frère, j'entends le frère te raconter vos jeux d'autrefois, vos luttes, vos joies, vos souffrances. Je suis en avant, te dit-il, mais je ne suis point mort. Je t'ai préparé le sentier : dans celui-là on trouve plus de gloire que sur la terre. Jette ton manteau de pourpre et revêts le manteau de bure pour faire le voyage. Le Seigneur aime mieux la pauvreté que la richesse.
J'entends de doux soupirs répondre à tous vos soupirs ; ceux de l'amant répondre à l'amante, ceux de l'époux à l'épouse. Belle harmonie !
Réjouissez-vous donc ! Que de larmes heureuses ! que de touchants élans ! Épouses, sentez-vous vos mains pressées par les mains invisibles de vos époux ; ils reviennent renouveler à cette heure le serment de vous aimer toujours ; ils viennent vous dire ce que je vous ai dit moi-même : que la mort ne brise point les liens du cœur, et que les unions se continuent par delà la tombe.
Que je voudrais vous les nommer tous, ces chers morts ; je ne le puis. Ecoutez vous-mêmes leurs voix ; chacun de vous les reconnaîtra dans le concert sacré qui monte au ciel. Elles chantent ensemble un cantique d'actions de grâce au Seigneur.
Saint Augustin. (Méd., M. E. Vézy.)
IX.
Mon médium ne pouvant prêter son concours à tout Esprit, je viens au lieu et
place d'un Esprit qui eût peut-être désiré se communiquer ; mais
l'instruction n'étant pas déplacée ici-même, dans cette réunion spécialement
dédiée aux absents, je veux vous donner quelques conseils sur la manière de
procéder pour obtenir des réponses réellement émanées des Esprits appelés.
Il y a ici beaucoup de médiums et beaucoup d'Esprits désireux de se communiquer, et pourtant peu pourront le faire, parce qu'ils n'auront pas eu le temps d'établir la communication fluidique avec eux. L'identité des communications est chose difficile à établir, et rarement vous pouvez être parfaitement assurés de cette identité. Cependant, si vous vouliez prêter un peu d'aide aux Esprits en vous préparant d'avance aux évocations, il y aurait plus souvent identité réelle. Les fluides doivent toujours être similaires : sans cette similitude, il n'y a point de communication possible ; mais vous possédez, médiums, bien des fluides divers, et, dans le nombre, certains pourraient être utilisés par les Esprits, si le temps leur était donné pour les influencer.
Généralement on appelle celui-ci, celui-là à brûle-pourpoint, sans l'avoir appelé par la pensée, sans lui avoir offert son appareil fluidique, sans lui avoir laissé le temps de le disposer à résonner à l'unisson de ses propres pensées. Croyez-vous bien faire en agissant ainsi ? Non, parce qu'ils sont obligés d'emprunter l'intermédiaire de vos Esprits familiers, et naturellement vous ne pouvez les reconnaître d'une manière aussi positive, et vous êtes réduits à ne constater que des pensées souvent fort différentes de celles qu'ils avaient pendant leur vie, sans avoir aucune particularité qui vous révèle une identité. Croyez-moi, lorsque vous voulez évoquer, pensez d'abord quelque temps à l'avance à ceux que vous désirez appeler, et vous leur offrirez bien mieux ainsi le moyen de se communiquer personnellement.
Je porte la parole au nom de tous ceux qui sont de la famille et des amis de mon médium, et je viens remercier le Président des paroles pleines de cœur qu'il a prononcées pour tous. Certes, il y a bonheur à s'unir à tant de désirs et de volontés bienveillantes ; et nous tous, Esprits disposés au bien et Esprits instructeurs, nous nous faisons un devoir d'accomplir les missions qui nous sont confiées par lui et par tous les cœurs spirites (Voir ci-après, page 399).
Un Esprit. (Médium, mademoiselle A. C.)
Il y a ici beaucoup de médiums et beaucoup d'Esprits désireux de se communiquer, et pourtant peu pourront le faire, parce qu'ils n'auront pas eu le temps d'établir la communication fluidique avec eux. L'identité des communications est chose difficile à établir, et rarement vous pouvez être parfaitement assurés de cette identité. Cependant, si vous vouliez prêter un peu d'aide aux Esprits en vous préparant d'avance aux évocations, il y aurait plus souvent identité réelle. Les fluides doivent toujours être similaires : sans cette similitude, il n'y a point de communication possible ; mais vous possédez, médiums, bien des fluides divers, et, dans le nombre, certains pourraient être utilisés par les Esprits, si le temps leur était donné pour les influencer.
Généralement on appelle celui-ci, celui-là à brûle-pourpoint, sans l'avoir appelé par la pensée, sans lui avoir offert son appareil fluidique, sans lui avoir laissé le temps de le disposer à résonner à l'unisson de ses propres pensées. Croyez-vous bien faire en agissant ainsi ? Non, parce qu'ils sont obligés d'emprunter l'intermédiaire de vos Esprits familiers, et naturellement vous ne pouvez les reconnaître d'une manière aussi positive, et vous êtes réduits à ne constater que des pensées souvent fort différentes de celles qu'ils avaient pendant leur vie, sans avoir aucune particularité qui vous révèle une identité. Croyez-moi, lorsque vous voulez évoquer, pensez d'abord quelque temps à l'avance à ceux que vous désirez appeler, et vous leur offrirez bien mieux ainsi le moyen de se communiquer personnellement.
Je porte la parole au nom de tous ceux qui sont de la famille et des amis de mon médium, et je viens remercier le Président des paroles pleines de cœur qu'il a prononcées pour tous. Certes, il y a bonheur à s'unir à tant de désirs et de volontés bienveillantes ; et nous tous, Esprits disposés au bien et Esprits instructeurs, nous nous faisons un devoir d'accomplir les missions qui nous sont confiées par lui et par tous les cœurs spirites (Voir ci-après, page 399).
Un Esprit. (Médium, mademoiselle A. C.)
Exemple remarquable de concordance
Une somnambule médium, qui prétend être endormie par l'Esprit de M. Jobard, en avait disait-elle reçu une communication à l'adresse d'un autre médium, auquel il conseillait de faire payer ses consultations par les riches, et de les donner gratuitement aux pauvres et aux ouvriers. L'Esprit lui traçait l'emploi de sa journée, sans épargner les éloges sur ses éminentes facultés et sa haute mission. Une personne ayant conçu des doutes sur l'authenticité de cette communication, et sachant que l'Esprit de M. Jobard se manifeste fréquemment à la société, nous pria de la faire contrôler.
Pour plus de sûreté, nous adressâmes immédiatement à six médiums ces simples mots : « Veuillez demander à l'Esprit de M. Jobard s'il a dicté à Mad. X…, en somnambulisme magnétique, une communication pour un autre médium qu'il engage à exploiter sa faculté. J'aurais besoin de cette réponse pour demain. » Nous eûmes soin de ne point les prévenir de cette espèce de concours, de sorte que chacun se crut seul appelé à résoudre la question.
Nous comptions sur l'élévation de l'Esprit de M. Jobard pour se prêter à la circonstance, et ne pas se formaliser ou s'impatienter de cette demande qui devait lui être adressée presque simultanément sur six points différents.
Le lendemain nous reçûmes les réponses ci-après, que nous ferons suivre de quelques réflexions.
(20 octobre 1864. ‑ Médium, M. Leymarie.)
Eh quoi ! chers amis, mon nom sert donc de plastron à toutes sortes de gens ! Depuis longtemps je suis habitué à ces plagiaires sans vergogne qui me font tour à tour adopter, comme un caméléon, toutes les couleurs ; on me prend pour un jobard. Pourtant ma vie passée, mes travaux et les nombreuses preuves d'identité données à la société Spirite de Paris, ne peuvent faire se méprendre sur mes sentiments. Tel j'étais simple incarné, tel je suis à l'état d'Esprit libre, et ma mission auprès de vous tous, mes amis, est celle du dévouement, et surtout du désintéressement.
Le Spiritisme est une science positive ; les faits sur lesquels il repose ne sont pas encore complétés ; mais patientez encore, vous qui savez attendre, et cette science, qui n'a rien inventé puisqu'elle est une force de la nature, prouvera aux moins clairvoyants que son but tout moral est la régénération de l'humanité, et qu'en dehors de toutes sciences spéculatives, son enseignement est le contraire du matérialisme, qui procède par hypothèse. Procéder avec analyse, établir des faits pour remonter aux causes, proclamer l'élément spirituel, après constatation, telle est sa manière nette et sans ambages ; c'est la ligne droite, celle qui doit être le guide de tout Spirite convaincu.
Je rejette donc l'ivraie du bon grain, tous les intérêts mesquins, les demi-dévouements, les compromis malsains qui sont la plaie de notre foi.
Du jour où vous vous dites Spirites, j'ai le droit de vous demander ce que vous êtes, ce que vous voulez être. Eh bien ! si vous avez la foi, vous êtes charitables avant tout ; tous les incarnés à vos yeux subissent une épreuve ; vous assistez en spectateurs à bien des défaillances, et dans ce rude combat de la vie où vos frères cherchent la lumière, votre devoir, à vous privilégiés qui avez vu et savez, est de donner généreusement ce que Dieu vous a distribué généreusement aussi.
Médium, vous ne devez pas vous en enorgueillir, car la main qui dispense peut se retirer de vous ; lorsque, par votre intermédiaire, un Esprit vient consoler, encourager, enseigner, vous devez être heureux et remercier Dieu qui vous permet d'être la bonne fontaine où ceux qui ont soif viennent se désaltérer. Mais cette eau ne vous appartient pas, c'est la provision de tout le monde, vous ne pouvez la vendre, ni la céder, car ce domaine n'est pas de ce monde. Voudriez-vous qu'on vous chassât comme les vendeurs du temple ?
Riches ou pauvres, accourez et demandez : chacun de vous a sa souffrance secrète ; la guenille de l'un deviendra dans une autre vie la pourpre de l'autre, et c'est pour cela que la médianimité n'est pas l'usure : tous les incarnés sont égaux devant elle.
Regardez autour de vous : sont-ils riches, sont-ils pauvres, ceux qui font métier du don providentiel ? Ils vendent la science des Esprits, et l'obole qu'ils recueillent est la gangrène de leur spiritualisme. Ils ont bien fait de dire spiritualisme, car les Spirites réprouvent, sachez-le, toute vente morale ; la vénalité n'est pas leur fait. Nous rejetons de notre sein toutes ces scories honteuses qui font rire les assistants introduits dans leur boutique.
Quant à moi, cher maître, répondez à ceux ou à celles qui veulent commercer avec mon nom que tout jobard que je puisse être, je ne le serai jamais assez pour apposer ma signature sur des traites falsifiées, tirées sur votre dévoué
Jobard.
(Médium, madame Costel.)
Je viens réclamer et protester contre l'abus qu'on fait de mon nom. Les pauvres d'esprit, ‑ et il s'en trouve beaucoup parmi les Esprits, ‑ ont la fâcheuse habitude de s'affubler de noms qui leur servent de passe-port auprès des médiums orgueilleux et crédules.
Assurément, j'aurais mauvaise grâce à défendre la noblesse de mon pauvre nom, synonyme de niais ; cependant j'espère l'avoir placé assez haut dans le jugement de ceux qui m'ont connu pour craindre d'être rendu solidaire des pauvretés débitées sous ma signature. C'est donc seulement par amour de la vérité que je proteste n'avoir endormi aucune somnambule, ni exalté aucun médium. Je me communique fort rarement, ayant moi-même trop de choses à apprendre pour servir de guide instructeur aux autres.
Je réprouve en principe l'exploitation de la médianimité, par cette raison fort simple que le médium, ne jouissant de sa faculté que d'une façon intermittente et incertaine, ne peut jamais rien préjuger ni rien fonder sur elle. Donc, les personnes pauvres ont tort d'abandonner leur profession pour exercer la médianimité dans le sens lucratif du mot. Je sais que beaucoup d'entre elles abritent sous le titre de mission l'abandon de leur foyer, déserté pour d'orgueilleuses satisfactions, et l'importance éphémère que leur accorde la curiosité mondaine. Ces médiums se trompent de bonne foi, je l'espère, mais enfin ils se trompent ; la médianimité est un don sacré et intime dont il ne peut être tenu bureau ouvert. Les médiums trop pauvres pour se consacrer à l'exercice de leur faculté doivent la subordonner au travail qui les fait vivre ; le Spiritisme n'y perdra rien, au contraire, et leur dignité y gagnera beaucoup.
Je ne veux décourager personne, ni rebuter aucune bonne volonté : mais il importe que notre chère doctrine soit à l'abri de toute accusation malsaine ; la femme de César ne doit pas être soupçonnée, ni les Spirites non plus.
Voilà qui est dit, et je souhaite qu'il ne reste pas la moindre équivoque sur les paroles de votre vieil ami
Jobard.
(Médium, M. Rul.)
Comment pourrait-on croire que celui qui, dans toutes ses communications, a recommandé la charité et le désintéressement, viendrait aujourd'hui se contredire ?
C'est une épreuve pour la somnambule, et je l'engage à ne pas se laisser séduire par les mauvais Esprits qui veulent, par cette petite spéculation d'outre-tombe, jeter de la défaveur sur les médiums en général, et sur le médium dont il est question en particulier. Je n'ai pas besoin, je pense, de faire de nouveau ma profession de foi. Ce n'est pas à celui qui, incarné, si souvent volé, a toujours eu pour règle de conduite la droiture et la loyauté, que l'on peut attribuer de pareilles communications ! Il serait heureux qu'à l'instar de ce qui se fait pour certaines marchandises de la terre, on pût apposer sur les communications d'outre-tombe l'estampille qui constaterait l'identité de l'auteur.
Vous n'êtes pas encore assez avancés, mais à défaut d'estampille, servez-vous de votre raison, elle ne peut pas vous tromper, et je défie tous les Esprits, quelque nombreux qu'ils soient, de me faire passer aux yeux de mes anciens confrères pour plus jobard que je ne le suis. Adieu.
Jobard.
(Médium, M. Vézy.)
Pourquoi tant de sottises encore chez ceux qui croient de bonne foi ? Et dire que si on leur met devant les yeux les vrais principes de la chose, ils changent d'un coup et deviennent plus incrédules que saint Thomas !
Allez dire à cette chère dame que je ne me suis jamais communiqué à elle. Elle vous dira : c'est possible, et devant vous semblera partager votre jugement ; mais, dans son for intérieur, elle se dira que vous êtes des insensés. Défendre à un fou de faire des folies, c'est être plus fou que lui, dit-on. Pourtant, il faudrait bien trouver un remède pour guérir tant de pauvres Esprits qui s'égarent tout seuls, persuadés qu'ils sont d'être guidés par des merveilles.
Vraiment, mon cher président, me croyez-vous capable d'écrire les billevesées qui vous ont été lues ? Ce serait alors vraiment le cas de m'appliquer le nom que je portais pour avoir osé écrire semblables jobardises. Le Spiritisme ne s'enseigne point à tant la leçon ou le cachet. Que celui qui ne peut aller porter nos paroles à ses frères qu'au détriment de son propre salaire, reste à son foyer et demande à son outil ou à son aiguille de lui continuer son pain quotidien ; mais s'assimiler à un donneur de représentations, c'est empiéter sur le domaine de l'exploitant ou du charlatan. Que celui qui est pauvre et qui se sent le courage de devenir l'apôtre de notre doctrine se drape dans sa foi et dans son courage, la Providence viendra à son heure lui donner le pain qui lui manque ; mais qu'il ne tende point la main pour tous ses efforts, car nous serions les premiers à lui crier : Retire-toi d'ici, mendiant, et laisse la place à ceux qui en peuvent faire l'office. Nous rencontrons toujours assez d'hommes de bonne volonté pour remplir la tâche que nous leur demandons.
Femmes ou hommes qui quittez le rouet ou l'outil pour vous faire prêcheur ou médium, et demandez un salaire, ce n'est que l'orgueil qui vous guide. Vous voulez un peu de gloire autour de votre nom : le métal n'a que de vilains reflets que rouille le temps, tandis que la vraie gloire a plus d'éclat dans l'abnégation. J'aime mieux Malfilatre, Gilbert et Moreau, chantant leur agonie sur un lit d'hôpital que le poète mendiant l'obole en livrant son cœur pour conserver quelques lambris dorés autour de son lit de mort. Les désintéressés seront les mieux récompensés ; un bonheur durable les attend, et leurs noms seront d'autant plus puissants qu'ils auront répandu plus de larmes, et que leurs fronts se seront couverts de plus de sueur et de poussière.
Voilà tout ce que je peux vous dire à ce sujet, cher président, et je profite de la bonne occasion qui se présente à moi pour vous serrer la main et vous réitérer tous mes bons souhaits et mes sincères compliments. Restez toujours vaillant et robuste dans la tâche que vous vous êtes imposée. Faites taire les jaloux et les bavards qui vous environnent par cette fermeté et cette simplicité qui vous sied si bien. Il faut être positif aujourd'hui ; ne vous laissez pas entraîner à la recherche de la lune quand la terre est à vos pieds, et que vous avez là de quoi compléter votre travail. Tous les matériaux abondent autour de vous. Prouvez vos théories par des faits, et que vos exemples ne s'appuient point sur des théorèmes algébriques que tout le monde ne pourrait comprendre, mais sur des axiomes mathématiques. Un enfant sait que deux et deux font quatre. Laissez courir devant ceux qui ont de trop grandes jambes ; ils se casseront le cou, et il est inutile que vous les suiviez dans leur chute. Hâtons-nous doucement ; le monde est jeune encore, et les hommes ont le temps devant eux pour s'instruire.
Le soleil se cache la nuit parce qu'il faut l'obscurité pour faire comprendre son éclat ; la vérité se couvre quelquefois de ténèbres pour ne point aveugler ceux qui la regardent trop en face.
Dem. Vous ne vous êtes alors jamais communiqué à cette dame ; elle se dit pourtant magnétisée par vous ?
Rép. Pauvre femme ! elle attribue à des êtres intelligents ce que la sottise seule peut dicter, ou bien quelques paroles toutes bonnes et toutes simples à de grands oracles. C'est une maladie qu'il ne faut pas contrarier ; elle a son siège dans les nerfs, et se guérit par la prudence et les douches froides.Jobard.
(Médium, madame Delanne.)
Salut fraternel à vous tous, mes bons amis, qui travaillez avec ardeur à greffer l'humanité. Il faut que vous redoubliez d'attention, car, en ce moment, une incroyable révolution s'opère parmi les désincarnés. Vous avez aussi parmi eux des adversaires qui s'attachent à vous susciter des entraves, mais Dieu veille sur son œuvre. Il a placé à votre tête un chef vigilant qui possède le sang-froid, la perspicacité et une volonté énergique pour vous faire triompher des obstacles que vos ennemis visibles et invisibles dressent à chaque instant sous vos pas. Aussi il ne s'est point trompé en lisant cette communication ; il a bien compris que Jobard ne pouvait parler ainsi ni approuver un pareil langage. Non, mes amis, le Spiritisme ne doit point être exploité par des Spirites sincères et de bonne foi. Vous prêchez contre les abus de cette nature qui discréditent la religion, vous ne pouvez pratiquer ce que vous condamnez, car vous éloigneriez ceux que votre désintéressement pourrait amener à vous.
Avez-vous jamais réfléchi sérieusement aux conséquences funestes des réunions payantes ? Comprenez bien que si Allan Kardec autorisait de pareilles idées par son silence ou son approbation tacite, avant deux ans le Spiritisme serait la proie d'une foule d'exploiteurs, et que cette chose sainte et sacrée serait discréditée par le charlatanisme. Voilà mon opinion. Je repousse donc aujourd'hui, comme toujours, toute idée de spéculation, quel qu'en soit le prétexte, qui entraverait la doctrine au lieu de l'aider.
Attachez-vous, pour l'instant et avant tout, à réformer les hommes par vos enseignements et votre exemple. Que votre désintéressement et votre modération parlent si haut qu'aucun de vos adversaires ne puisse vous faire de reproches. Chacun de vous étant placé dans des positions différentes, vous devez travailler chacun selon vos forces ; Dieu ne demande pas l'impossible. Ayez confiance en lui, et laissez chaque chose venir en son temps. S'il avait voulu que le Spiritisme marchât encore plus rapidement, il aurait envoyé plus tôt les grands Esprits qui sont incarnés et qui surgiront presque en même temps sur tous les points du globe lorsqu'il en sera temps ; en attendant, préparez les voies avec prudence et sagesse.
Courage, cher président, chaque jour les rênes deviennent plus difficiles ; mais nous sommes là pour vous soutenir, et Dieu veille sur vous.
Jobard.
(Médium, M d'Ambel.)
Eh bien ! cela vous étonne ! Mais il y a tant de jobards dans le monde des Esprits, comme parmi vous, sans vous offenser, qu'un jobard a pu donner à un autre la communication somnambulique en question.
Quant au médium, est-il besoin de s'en inquiéter outre-mesure ? Laissez faire le temps ; c'est un grand réformateur. Ceux qui mettent à prix leur médiumnité font comme ces personnes qui disent aux interrogateurs, en étalant un jeu de cartes sous leurs yeux : « Voilà un homme de ville ou un homme de campagne ; ‑ il y a une lettre en route, voilà l'as de carreau. » Qui sait si, chez quelques-uns, ce n'est pas un retour vers le passé, un reste d'anciennes habitudes ? Eh bien, tant pis pour ceux qui tombent dans la même ornière ! Ils n'en tireront pas leurs frais, et regretteront un jour d'avoir pris le chemin de traverse.
Tout ce que je puis vous dire, c'est que n'étant pour rien dans ce petit commerce, vous le savez bien, je m'en lave les mains, et plains la pauvre humanimalité d'avoir encore recours à de pareils expédients.
Adieu. Jobard.
Pour plus de sûreté, nous adressâmes immédiatement à six médiums ces simples mots : « Veuillez demander à l'Esprit de M. Jobard s'il a dicté à Mad. X…, en somnambulisme magnétique, une communication pour un autre médium qu'il engage à exploiter sa faculté. J'aurais besoin de cette réponse pour demain. » Nous eûmes soin de ne point les prévenir de cette espèce de concours, de sorte que chacun se crut seul appelé à résoudre la question.
Nous comptions sur l'élévation de l'Esprit de M. Jobard pour se prêter à la circonstance, et ne pas se formaliser ou s'impatienter de cette demande qui devait lui être adressée presque simultanément sur six points différents.
Le lendemain nous reçûmes les réponses ci-après, que nous ferons suivre de quelques réflexions.
(20 octobre 1864. ‑ Médium, M. Leymarie.)
Eh quoi ! chers amis, mon nom sert donc de plastron à toutes sortes de gens ! Depuis longtemps je suis habitué à ces plagiaires sans vergogne qui me font tour à tour adopter, comme un caméléon, toutes les couleurs ; on me prend pour un jobard. Pourtant ma vie passée, mes travaux et les nombreuses preuves d'identité données à la société Spirite de Paris, ne peuvent faire se méprendre sur mes sentiments. Tel j'étais simple incarné, tel je suis à l'état d'Esprit libre, et ma mission auprès de vous tous, mes amis, est celle du dévouement, et surtout du désintéressement.
Le Spiritisme est une science positive ; les faits sur lesquels il repose ne sont pas encore complétés ; mais patientez encore, vous qui savez attendre, et cette science, qui n'a rien inventé puisqu'elle est une force de la nature, prouvera aux moins clairvoyants que son but tout moral est la régénération de l'humanité, et qu'en dehors de toutes sciences spéculatives, son enseignement est le contraire du matérialisme, qui procède par hypothèse. Procéder avec analyse, établir des faits pour remonter aux causes, proclamer l'élément spirituel, après constatation, telle est sa manière nette et sans ambages ; c'est la ligne droite, celle qui doit être le guide de tout Spirite convaincu.
Je rejette donc l'ivraie du bon grain, tous les intérêts mesquins, les demi-dévouements, les compromis malsains qui sont la plaie de notre foi.
Du jour où vous vous dites Spirites, j'ai le droit de vous demander ce que vous êtes, ce que vous voulez être. Eh bien ! si vous avez la foi, vous êtes charitables avant tout ; tous les incarnés à vos yeux subissent une épreuve ; vous assistez en spectateurs à bien des défaillances, et dans ce rude combat de la vie où vos frères cherchent la lumière, votre devoir, à vous privilégiés qui avez vu et savez, est de donner généreusement ce que Dieu vous a distribué généreusement aussi.
Médium, vous ne devez pas vous en enorgueillir, car la main qui dispense peut se retirer de vous ; lorsque, par votre intermédiaire, un Esprit vient consoler, encourager, enseigner, vous devez être heureux et remercier Dieu qui vous permet d'être la bonne fontaine où ceux qui ont soif viennent se désaltérer. Mais cette eau ne vous appartient pas, c'est la provision de tout le monde, vous ne pouvez la vendre, ni la céder, car ce domaine n'est pas de ce monde. Voudriez-vous qu'on vous chassât comme les vendeurs du temple ?
Riches ou pauvres, accourez et demandez : chacun de vous a sa souffrance secrète ; la guenille de l'un deviendra dans une autre vie la pourpre de l'autre, et c'est pour cela que la médianimité n'est pas l'usure : tous les incarnés sont égaux devant elle.
Regardez autour de vous : sont-ils riches, sont-ils pauvres, ceux qui font métier du don providentiel ? Ils vendent la science des Esprits, et l'obole qu'ils recueillent est la gangrène de leur spiritualisme. Ils ont bien fait de dire spiritualisme, car les Spirites réprouvent, sachez-le, toute vente morale ; la vénalité n'est pas leur fait. Nous rejetons de notre sein toutes ces scories honteuses qui font rire les assistants introduits dans leur boutique.
Quant à moi, cher maître, répondez à ceux ou à celles qui veulent commercer avec mon nom que tout jobard que je puisse être, je ne le serai jamais assez pour apposer ma signature sur des traites falsifiées, tirées sur votre dévoué
Jobard.
(Médium, madame Costel.)
Je viens réclamer et protester contre l'abus qu'on fait de mon nom. Les pauvres d'esprit, ‑ et il s'en trouve beaucoup parmi les Esprits, ‑ ont la fâcheuse habitude de s'affubler de noms qui leur servent de passe-port auprès des médiums orgueilleux et crédules.
Assurément, j'aurais mauvaise grâce à défendre la noblesse de mon pauvre nom, synonyme de niais ; cependant j'espère l'avoir placé assez haut dans le jugement de ceux qui m'ont connu pour craindre d'être rendu solidaire des pauvretés débitées sous ma signature. C'est donc seulement par amour de la vérité que je proteste n'avoir endormi aucune somnambule, ni exalté aucun médium. Je me communique fort rarement, ayant moi-même trop de choses à apprendre pour servir de guide instructeur aux autres.
Je réprouve en principe l'exploitation de la médianimité, par cette raison fort simple que le médium, ne jouissant de sa faculté que d'une façon intermittente et incertaine, ne peut jamais rien préjuger ni rien fonder sur elle. Donc, les personnes pauvres ont tort d'abandonner leur profession pour exercer la médianimité dans le sens lucratif du mot. Je sais que beaucoup d'entre elles abritent sous le titre de mission l'abandon de leur foyer, déserté pour d'orgueilleuses satisfactions, et l'importance éphémère que leur accorde la curiosité mondaine. Ces médiums se trompent de bonne foi, je l'espère, mais enfin ils se trompent ; la médianimité est un don sacré et intime dont il ne peut être tenu bureau ouvert. Les médiums trop pauvres pour se consacrer à l'exercice de leur faculté doivent la subordonner au travail qui les fait vivre ; le Spiritisme n'y perdra rien, au contraire, et leur dignité y gagnera beaucoup.
Je ne veux décourager personne, ni rebuter aucune bonne volonté : mais il importe que notre chère doctrine soit à l'abri de toute accusation malsaine ; la femme de César ne doit pas être soupçonnée, ni les Spirites non plus.
Voilà qui est dit, et je souhaite qu'il ne reste pas la moindre équivoque sur les paroles de votre vieil ami
Jobard.
(Médium, M. Rul.)
Comment pourrait-on croire que celui qui, dans toutes ses communications, a recommandé la charité et le désintéressement, viendrait aujourd'hui se contredire ?
C'est une épreuve pour la somnambule, et je l'engage à ne pas se laisser séduire par les mauvais Esprits qui veulent, par cette petite spéculation d'outre-tombe, jeter de la défaveur sur les médiums en général, et sur le médium dont il est question en particulier. Je n'ai pas besoin, je pense, de faire de nouveau ma profession de foi. Ce n'est pas à celui qui, incarné, si souvent volé, a toujours eu pour règle de conduite la droiture et la loyauté, que l'on peut attribuer de pareilles communications ! Il serait heureux qu'à l'instar de ce qui se fait pour certaines marchandises de la terre, on pût apposer sur les communications d'outre-tombe l'estampille qui constaterait l'identité de l'auteur.
Vous n'êtes pas encore assez avancés, mais à défaut d'estampille, servez-vous de votre raison, elle ne peut pas vous tromper, et je défie tous les Esprits, quelque nombreux qu'ils soient, de me faire passer aux yeux de mes anciens confrères pour plus jobard que je ne le suis. Adieu.
Jobard.
(Médium, M. Vézy.)
Pourquoi tant de sottises encore chez ceux qui croient de bonne foi ? Et dire que si on leur met devant les yeux les vrais principes de la chose, ils changent d'un coup et deviennent plus incrédules que saint Thomas !
Allez dire à cette chère dame que je ne me suis jamais communiqué à elle. Elle vous dira : c'est possible, et devant vous semblera partager votre jugement ; mais, dans son for intérieur, elle se dira que vous êtes des insensés. Défendre à un fou de faire des folies, c'est être plus fou que lui, dit-on. Pourtant, il faudrait bien trouver un remède pour guérir tant de pauvres Esprits qui s'égarent tout seuls, persuadés qu'ils sont d'être guidés par des merveilles.
Vraiment, mon cher président, me croyez-vous capable d'écrire les billevesées qui vous ont été lues ? Ce serait alors vraiment le cas de m'appliquer le nom que je portais pour avoir osé écrire semblables jobardises. Le Spiritisme ne s'enseigne point à tant la leçon ou le cachet. Que celui qui ne peut aller porter nos paroles à ses frères qu'au détriment de son propre salaire, reste à son foyer et demande à son outil ou à son aiguille de lui continuer son pain quotidien ; mais s'assimiler à un donneur de représentations, c'est empiéter sur le domaine de l'exploitant ou du charlatan. Que celui qui est pauvre et qui se sent le courage de devenir l'apôtre de notre doctrine se drape dans sa foi et dans son courage, la Providence viendra à son heure lui donner le pain qui lui manque ; mais qu'il ne tende point la main pour tous ses efforts, car nous serions les premiers à lui crier : Retire-toi d'ici, mendiant, et laisse la place à ceux qui en peuvent faire l'office. Nous rencontrons toujours assez d'hommes de bonne volonté pour remplir la tâche que nous leur demandons.
Femmes ou hommes qui quittez le rouet ou l'outil pour vous faire prêcheur ou médium, et demandez un salaire, ce n'est que l'orgueil qui vous guide. Vous voulez un peu de gloire autour de votre nom : le métal n'a que de vilains reflets que rouille le temps, tandis que la vraie gloire a plus d'éclat dans l'abnégation. J'aime mieux Malfilatre, Gilbert et Moreau, chantant leur agonie sur un lit d'hôpital que le poète mendiant l'obole en livrant son cœur pour conserver quelques lambris dorés autour de son lit de mort. Les désintéressés seront les mieux récompensés ; un bonheur durable les attend, et leurs noms seront d'autant plus puissants qu'ils auront répandu plus de larmes, et que leurs fronts se seront couverts de plus de sueur et de poussière.
Voilà tout ce que je peux vous dire à ce sujet, cher président, et je profite de la bonne occasion qui se présente à moi pour vous serrer la main et vous réitérer tous mes bons souhaits et mes sincères compliments. Restez toujours vaillant et robuste dans la tâche que vous vous êtes imposée. Faites taire les jaloux et les bavards qui vous environnent par cette fermeté et cette simplicité qui vous sied si bien. Il faut être positif aujourd'hui ; ne vous laissez pas entraîner à la recherche de la lune quand la terre est à vos pieds, et que vous avez là de quoi compléter votre travail. Tous les matériaux abondent autour de vous. Prouvez vos théories par des faits, et que vos exemples ne s'appuient point sur des théorèmes algébriques que tout le monde ne pourrait comprendre, mais sur des axiomes mathématiques. Un enfant sait que deux et deux font quatre. Laissez courir devant ceux qui ont de trop grandes jambes ; ils se casseront le cou, et il est inutile que vous les suiviez dans leur chute. Hâtons-nous doucement ; le monde est jeune encore, et les hommes ont le temps devant eux pour s'instruire.
Le soleil se cache la nuit parce qu'il faut l'obscurité pour faire comprendre son éclat ; la vérité se couvre quelquefois de ténèbres pour ne point aveugler ceux qui la regardent trop en face.
Dem. Vous ne vous êtes alors jamais communiqué à cette dame ; elle se dit pourtant magnétisée par vous ?
Rép. Pauvre femme ! elle attribue à des êtres intelligents ce que la sottise seule peut dicter, ou bien quelques paroles toutes bonnes et toutes simples à de grands oracles. C'est une maladie qu'il ne faut pas contrarier ; elle a son siège dans les nerfs, et se guérit par la prudence et les douches froides.Jobard.
(Médium, madame Delanne.)
Salut fraternel à vous tous, mes bons amis, qui travaillez avec ardeur à greffer l'humanité. Il faut que vous redoubliez d'attention, car, en ce moment, une incroyable révolution s'opère parmi les désincarnés. Vous avez aussi parmi eux des adversaires qui s'attachent à vous susciter des entraves, mais Dieu veille sur son œuvre. Il a placé à votre tête un chef vigilant qui possède le sang-froid, la perspicacité et une volonté énergique pour vous faire triompher des obstacles que vos ennemis visibles et invisibles dressent à chaque instant sous vos pas. Aussi il ne s'est point trompé en lisant cette communication ; il a bien compris que Jobard ne pouvait parler ainsi ni approuver un pareil langage. Non, mes amis, le Spiritisme ne doit point être exploité par des Spirites sincères et de bonne foi. Vous prêchez contre les abus de cette nature qui discréditent la religion, vous ne pouvez pratiquer ce que vous condamnez, car vous éloigneriez ceux que votre désintéressement pourrait amener à vous.
Avez-vous jamais réfléchi sérieusement aux conséquences funestes des réunions payantes ? Comprenez bien que si Allan Kardec autorisait de pareilles idées par son silence ou son approbation tacite, avant deux ans le Spiritisme serait la proie d'une foule d'exploiteurs, et que cette chose sainte et sacrée serait discréditée par le charlatanisme. Voilà mon opinion. Je repousse donc aujourd'hui, comme toujours, toute idée de spéculation, quel qu'en soit le prétexte, qui entraverait la doctrine au lieu de l'aider.
Attachez-vous, pour l'instant et avant tout, à réformer les hommes par vos enseignements et votre exemple. Que votre désintéressement et votre modération parlent si haut qu'aucun de vos adversaires ne puisse vous faire de reproches. Chacun de vous étant placé dans des positions différentes, vous devez travailler chacun selon vos forces ; Dieu ne demande pas l'impossible. Ayez confiance en lui, et laissez chaque chose venir en son temps. S'il avait voulu que le Spiritisme marchât encore plus rapidement, il aurait envoyé plus tôt les grands Esprits qui sont incarnés et qui surgiront presque en même temps sur tous les points du globe lorsqu'il en sera temps ; en attendant, préparez les voies avec prudence et sagesse.
Courage, cher président, chaque jour les rênes deviennent plus difficiles ; mais nous sommes là pour vous soutenir, et Dieu veille sur vous.
Jobard.
(Médium, M d'Ambel.)
Eh bien ! cela vous étonne ! Mais il y a tant de jobards dans le monde des Esprits, comme parmi vous, sans vous offenser, qu'un jobard a pu donner à un autre la communication somnambulique en question.
Quant au médium, est-il besoin de s'en inquiéter outre-mesure ? Laissez faire le temps ; c'est un grand réformateur. Ceux qui mettent à prix leur médiumnité font comme ces personnes qui disent aux interrogateurs, en étalant un jeu de cartes sous leurs yeux : « Voilà un homme de ville ou un homme de campagne ; ‑ il y a une lettre en route, voilà l'as de carreau. » Qui sait si, chez quelques-uns, ce n'est pas un retour vers le passé, un reste d'anciennes habitudes ? Eh bien, tant pis pour ceux qui tombent dans la même ornière ! Ils n'en tireront pas leurs frais, et regretteront un jour d'avoir pris le chemin de traverse.
Tout ce que je puis vous dire, c'est que n'étant pour rien dans ce petit commerce, vous le savez bien, je m'en lave les mains, et plains la pauvre humanimalité d'avoir encore recours à de pareils expédients.
Adieu. Jobard.
La nécessité du
désintéressement chez les médiums est aujourd'hui tellement passée en
principe, qu'il eût été superflu de publier le fait ci-dessus, s'il
n'eût offert, en dehors de la question principale, un remarquable
exemple de coïncidence et une preuve manifeste d'identité, par la
similitude des pensées et le cachet d'originalité que portent en général
toutes les communications de notre ancien collègue Jobard. C'est à tel
point que lorsqu'il se manifeste spontanément à la Société, il est rare
que, dès les premières lignes, on ne devine pas l'auteur. Aussi ne
s'est-il élevé aucun doute sur l'authenticité de celles que nous venons
de rapporter, tandis que, dans celle qu'on nous avait prié de faire
contrôler, la supercherie sautait aux yeux de quiconque connaît le
langage et le caractère de M. Jobard, ainsi que les principes qu'il
avait constamment professés comme homme et comme Esprit ; il eût été
irrationnel d'admettre qu'il en eût subitement changé au profit des
intérêts matériels d'un individu. La supercherie était maladroite.
Quant à la question du désintéressement, il serait inutile de répéter tout ce qui a été dit sur ce point, et qui se trouve admirablement résumé dans les réponses de M. Jobard. Nous y ajouterons seulement une considération qui n'est pas sans importance.
Certains médiums exploiteurs croient sauver les apparences en ne faisant payer que les riches, ou en n'acceptant qu'une rétribution volontaire. En premier lieu, ce n'en est pas moins un métier, l'exploitation d'une chose sainte, et un lucre tiré de ce que l'on reçoit gratuitement. Lorsque Jésus et ses apures enseignaient et guérissaient, ils ne mettaient de prix ni à leurs paroles ni à leurs soins, et cependant ils n'avaient pas de rentes pour vivre. D'un autre côté, cette manière d'opérer n'est pas une garantie de sincérité, et ne met pas à l'abri de la suspicion de charlatanisme. On sait à quoi s'en tenir sur la philanthropie des consultations gratuites de certains médecins, et ce que rapportent à certains marchands les articles qu'ils donnent à perte et quelquefois pour rien. La gratuité, en certaines occasions, est un moyen d'attirer la clientèle productive.
Mais il est une autre considération plus puissante encore. A quel signe reconnaître celui qui peut ou non paver ? La mise est parfois trompeuse, et souvent un vêtement propre cache une gêne plus grande que la blouse de l'ouvrier. Faut-il donc décliner sa pauvreté, ses titres à la charité, ou produire un certificat d'indulgence ? Qui dit d'ailleurs que le médium, tout en admettant de sa part la plus entière sincérité, aura la même sollicitude pour celui qui ne paye pas ou qui paye moins, que pour celui qui paye largement, et qu'il n'en donnera pas à chacun pour son argent ? Que, si un riche et un pauvre s'adressent à lui en même temps, il ne fera pas passer le riche le premier, celui-ci n'eût-il en vue que de satisfaire une vaine curiosité, tandis que le pauvre, qui attend peut-être une suprême consolation, sera ajourné ? Involontairement sa conscience sera aux prises avec la tentation de la préférence ; il sera porté à voir d'un œil meilleur celui qui paye, alors même qu'il lui jettera avec dédain une pièce d'or comme à un mercenaire, tandis qu'il regardera tout au moins avec indifférence les quelques sous que lui tendra timidement le pauvre honteux. Sont-ce là des sentiments compatibles avec le Spiritisme ? N'est-ce pas entretenir entre le riche et le pauvre cette démarcation humiliante qui a déjà fait tant de mal, et que le Spiritisme doit faire disparaître en prouvant l'égalité du riche et du pauvre devant Dieu qui ne mesure pas les rayons de son soleil à la fortune, et qui ne peut y subordonner davantage les consolations du cœur qu'il fait donner aux hommes par les bons Esprits ses messagers.
A tout prendre, s'il y avait un choix à faire, nous préfèrerions encore le médium qui se ferait toujours payer, parce qu'au moins il n'y a pas d'hypocrisie ; on sait tout de suite à quoi s'en tenir sur son compte.
Au surplus, la multiplicité toujours croissante des médiums dans tous les rangs de la société et dans le sein de la plupart des familles, ôte à la médiumnité rétribuée toute utilité et toute raison d'être.
Cette multiplicité tuera l'exploitation, alors même qu'elle ne le serait pas par le sentiment de répulsion qui s'y rattache.
On nous signale la fermeture, dans une ville de province, d'un groupe ancien et nombreux, organisé dans des vues intéressées. Le chef de ce groupe avait, ainsi que sa famille, abandonné son état sous le spécieux prétexte de dévouement à la cause, à laquelle il voulait consacrer tout son temps ; il y avait substitué les ressources qu'il espérait retirer du Spiritisme. Malheureusement, l'exploitation de la médiumnité est tellement discréditée en province que, dans la plupart des villes, celui qui en ferait métier, eût-il les facultés les plus transcendantes, n'inspirerait aucune confiance ; il y serait très mal vu, et tous les groupes sérieux lui seraient fermés. La spéculation ne répondit pas à l'attente, et le chef de ce groupe se serait plaint à ses habitués, dit-on, de son état de gêne, et aurait réclamé des secours ; à quoi il lui fut répondu que s'il était gêné c'était sa faute ; qu'il avait eu le tort de fermer ses ateliers pour vivre du Spiritisme, et faire payer les instructions que les Esprits lui donnaient pour rien. Sur ce, il déclara s'en référer aux Esprits. Sur neuf médiums présents à qui la question fut posée, huit reçurent des communications blâmant sa manière d'agir, une seule l'approuva : c'était celle de sa femme. Le chef du groupe, se soumettant de bonne grâce à l'avis des Esprits, annonça qu'à partir de ce moment son groupe serait fermé. Il eût sans doute été plus sage à lui d'écouter plus tôt les conseils qui, depuis longtemps, lui étaient donnés par des amis sincères du Spiritisme.
Un autre groupe, dans des conditions à peu près identiques, se vit successivement déserté par ses habitués, et finalement contraint de se dissoudre.
Ainsi voilà deux groupes qui succombent sous la pression de l'opinion. On nous écrit que le paragraphe de l'Imitation de l'Evangile, nos 392 et suiv., n'est sans doute pas étranger à ce résultat. Il est du reste impossible que tout Spirite sincère, comprenant l'essence et les vrais intérêts de la doctrine, se fasse le défenseur et le soutien d'un abus qui tendrait inévitablement à la discréditer. Nous les invitons à se défier des pièges que les ennemis du Spiritisme essayeraient de leur tendre sous ce rapport. On sait qu'à défaut de bonnes raisons pour le combattre, une de leurs tactiques est de chercher à le ruiner par lui-même ; aussi voit-on avec quelle ardeur ils épient les occasions de le trouver en faute ou en contradiction avec lui-même ; c'est pourquoi les Esprits nous disent sans cesse de veiller et de nous tenir sur nos gardes.
Quant à nous, nous n'ignorons pas que notre persistance à combattre l'abus dont nous parlons ne nous a pas fait des amis de ceux qui ont vu dans le Spiritisme une matière exploitable, ni de ceux qui les soutiennent ; mais que nous importe l'opposition de quelques individus ! Nous défendons un principe vrai, et aucune considération personnelle ne nous fera reculer devant l'accomplissement d'un devoir. Nos efforts tendront toujours à préserver le Spiritisme de l'envahissement de la vénalité ; le moment présent est le plus difficile, mais à mesure que la doctrine sera mieux comprise, cet envahissement sera moins à craindre ; l'opinion des masses lui opposera une barrière infranchissable. Le principe du désintéressement, qui satisfait à la fois le cœur et la raison, aura toujours les plus nombreuses sympathies, et l'emportera, par la force des choses, sur le principe de la spéculation.
Quant à la question du désintéressement, il serait inutile de répéter tout ce qui a été dit sur ce point, et qui se trouve admirablement résumé dans les réponses de M. Jobard. Nous y ajouterons seulement une considération qui n'est pas sans importance.
Certains médiums exploiteurs croient sauver les apparences en ne faisant payer que les riches, ou en n'acceptant qu'une rétribution volontaire. En premier lieu, ce n'en est pas moins un métier, l'exploitation d'une chose sainte, et un lucre tiré de ce que l'on reçoit gratuitement. Lorsque Jésus et ses apures enseignaient et guérissaient, ils ne mettaient de prix ni à leurs paroles ni à leurs soins, et cependant ils n'avaient pas de rentes pour vivre. D'un autre côté, cette manière d'opérer n'est pas une garantie de sincérité, et ne met pas à l'abri de la suspicion de charlatanisme. On sait à quoi s'en tenir sur la philanthropie des consultations gratuites de certains médecins, et ce que rapportent à certains marchands les articles qu'ils donnent à perte et quelquefois pour rien. La gratuité, en certaines occasions, est un moyen d'attirer la clientèle productive.
Mais il est une autre considération plus puissante encore. A quel signe reconnaître celui qui peut ou non paver ? La mise est parfois trompeuse, et souvent un vêtement propre cache une gêne plus grande que la blouse de l'ouvrier. Faut-il donc décliner sa pauvreté, ses titres à la charité, ou produire un certificat d'indulgence ? Qui dit d'ailleurs que le médium, tout en admettant de sa part la plus entière sincérité, aura la même sollicitude pour celui qui ne paye pas ou qui paye moins, que pour celui qui paye largement, et qu'il n'en donnera pas à chacun pour son argent ? Que, si un riche et un pauvre s'adressent à lui en même temps, il ne fera pas passer le riche le premier, celui-ci n'eût-il en vue que de satisfaire une vaine curiosité, tandis que le pauvre, qui attend peut-être une suprême consolation, sera ajourné ? Involontairement sa conscience sera aux prises avec la tentation de la préférence ; il sera porté à voir d'un œil meilleur celui qui paye, alors même qu'il lui jettera avec dédain une pièce d'or comme à un mercenaire, tandis qu'il regardera tout au moins avec indifférence les quelques sous que lui tendra timidement le pauvre honteux. Sont-ce là des sentiments compatibles avec le Spiritisme ? N'est-ce pas entretenir entre le riche et le pauvre cette démarcation humiliante qui a déjà fait tant de mal, et que le Spiritisme doit faire disparaître en prouvant l'égalité du riche et du pauvre devant Dieu qui ne mesure pas les rayons de son soleil à la fortune, et qui ne peut y subordonner davantage les consolations du cœur qu'il fait donner aux hommes par les bons Esprits ses messagers.
A tout prendre, s'il y avait un choix à faire, nous préfèrerions encore le médium qui se ferait toujours payer, parce qu'au moins il n'y a pas d'hypocrisie ; on sait tout de suite à quoi s'en tenir sur son compte.
Au surplus, la multiplicité toujours croissante des médiums dans tous les rangs de la société et dans le sein de la plupart des familles, ôte à la médiumnité rétribuée toute utilité et toute raison d'être.
Cette multiplicité tuera l'exploitation, alors même qu'elle ne le serait pas par le sentiment de répulsion qui s'y rattache.
On nous signale la fermeture, dans une ville de province, d'un groupe ancien et nombreux, organisé dans des vues intéressées. Le chef de ce groupe avait, ainsi que sa famille, abandonné son état sous le spécieux prétexte de dévouement à la cause, à laquelle il voulait consacrer tout son temps ; il y avait substitué les ressources qu'il espérait retirer du Spiritisme. Malheureusement, l'exploitation de la médiumnité est tellement discréditée en province que, dans la plupart des villes, celui qui en ferait métier, eût-il les facultés les plus transcendantes, n'inspirerait aucune confiance ; il y serait très mal vu, et tous les groupes sérieux lui seraient fermés. La spéculation ne répondit pas à l'attente, et le chef de ce groupe se serait plaint à ses habitués, dit-on, de son état de gêne, et aurait réclamé des secours ; à quoi il lui fut répondu que s'il était gêné c'était sa faute ; qu'il avait eu le tort de fermer ses ateliers pour vivre du Spiritisme, et faire payer les instructions que les Esprits lui donnaient pour rien. Sur ce, il déclara s'en référer aux Esprits. Sur neuf médiums présents à qui la question fut posée, huit reçurent des communications blâmant sa manière d'agir, une seule l'approuva : c'était celle de sa femme. Le chef du groupe, se soumettant de bonne grâce à l'avis des Esprits, annonça qu'à partir de ce moment son groupe serait fermé. Il eût sans doute été plus sage à lui d'écouter plus tôt les conseils qui, depuis longtemps, lui étaient donnés par des amis sincères du Spiritisme.
Un autre groupe, dans des conditions à peu près identiques, se vit successivement déserté par ses habitués, et finalement contraint de se dissoudre.
Ainsi voilà deux groupes qui succombent sous la pression de l'opinion. On nous écrit que le paragraphe de l'Imitation de l'Evangile, nos 392 et suiv., n'est sans doute pas étranger à ce résultat. Il est du reste impossible que tout Spirite sincère, comprenant l'essence et les vrais intérêts de la doctrine, se fasse le défenseur et le soutien d'un abus qui tendrait inévitablement à la discréditer. Nous les invitons à se défier des pièges que les ennemis du Spiritisme essayeraient de leur tendre sous ce rapport. On sait qu'à défaut de bonnes raisons pour le combattre, une de leurs tactiques est de chercher à le ruiner par lui-même ; aussi voit-on avec quelle ardeur ils épient les occasions de le trouver en faute ou en contradiction avec lui-même ; c'est pourquoi les Esprits nous disent sans cesse de veiller et de nous tenir sur nos gardes.
Quant à nous, nous n'ignorons pas que notre persistance à combattre l'abus dont nous parlons ne nous a pas fait des amis de ceux qui ont vu dans le Spiritisme une matière exploitable, ni de ceux qui les soutiennent ; mais que nous importe l'opposition de quelques individus ! Nous défendons un principe vrai, et aucune considération personnelle ne nous fera reculer devant l'accomplissement d'un devoir. Nos efforts tendront toujours à préserver le Spiritisme de l'envahissement de la vénalité ; le moment présent est le plus difficile, mais à mesure que la doctrine sera mieux comprise, cet envahissement sera moins à craindre ; l'opinion des masses lui opposera une barrière infranchissable. Le principe du désintéressement, qui satisfait à la fois le cœur et la raison, aura toujours les plus nombreuses sympathies, et l'emportera, par la force des choses, sur le principe de la spéculation.
Etude morale
On
lit dans le Siècle du 12 octobre 1864 :
« Dans un hideux galetas du passage Saint-Pierre, à Clichy, vivait un homme nommé Louis-Henri, âgé de soixante-quatre ans, mais paraissant en avoir quatre-vingt-dix. Il était descendu au-dessous du dernier échelon de la vie sociale. On disait qu'il avait été autrefois un beau, un viveur ; qu'il avait fait tourner bien des têtes féminines et qu'il avait mené l'existence à fond de train.
Il lui échappait par moments, en effet, des manières de parler sentant la société raffinée, et l'on voyait chez lui deux délicieuses miniatures représentant de charmantes femmes. Les cercles de ces médaillons avaient été vendus depuis longtemps, et la peinture était devenue trop fruste pour qu'on pût en tirer parti.
Louis-Henri exerçait le métier de chiffonnier ; mais il était si faible, si cassé, si tremblotant, qu'il ne ramassait presque rien. Il couchait, sans ôter ses haillons, sur des immondices qui lui servaient de lit. D'autres chiffonniers, presque aussi pauvres que lui, se cotisaient pour lui donner quelques aliments, tels que les croûtes de pain et les débris de cuisine provenant de leurs hottes. Il était couvert de plaies et rongé de vermine. Plusieurs fois déjà, dit l'Opinion nationale, les gendarmes de la brigade de Clichy avaient fait parmi eux une collecte afin de payer à ce malheureux des bains sulfureux. Il ne savait ce qu'était devenue sa famille, et il avait oublié son propre nom. Le souvenir seul de ses prénoms, Louis-Henri, lui était resté.
Depuis quelques jours, le lépreux, comme on l'appelait, n'avait pas été vu. Une odeur infecte, qui s'échappait de son logement, ayant attiré l'attention des locataires, ils avertirent le commissaire de police, qui se rendit sur les lieux, assisté du docteur Massart, et fit ouvrir par un serrurier. On trouva, parmi les immondices, les restes, entamés par les rats et décomposés, du chiffonnier, qui s'était éteint au milieu de ses infirmités et de ses maux. »
C'est là un triste retour de fortune et une preuve que la justice de Dieu n'attend pas toujours la vie future pour s'appesantir sur le coupable. Nous disons le coupable par hypothèse, parce qu'une telle dégradation ne peut être que le résultat du vice à son plus haut degré. L'homme le plus riche et le plus haut placé peut tomber au dernier rang de l'échelle sociale, mais si l'honneur n'est pas étouffé en lui, dans la plus profonde misère il conserve sa dignité.
Présumant que la vie de cet homme pouvait offrir un enseignement, la Société de Paris a cru devoir en faire l'évocation, avec l'espoir de lui être utile en même temps.
(Société de Paris, 28 juillet 1864. ‑ Médium, M. Vézy.)
Demande. Les détails que nous avons lus sur votre vie et votre mort nous ont intéressés, pour vous d'abord, parce que tous ceux qui souffrent ont droit à nos sympathies, et ensuite pour notre instruction. Il serait utile, au point de vue moral, de connaître comment et par quelles causes, d'une existence qui paraît avoir été brillante, vous êtes tombé dans une telle abjection, et quelle est votre situation actuelle ? Nous prions un bon Esprit de vouloir bien vous assister dans la communication que vous nous donnerez.
I. Réponse. N'ai-je point assez payé ma dette de souffrances sur la terre pour qu'il me soit accordé quelques heures de lucidité outre-tombe ? Est-ce parce que mon corps est infect et rongé par la vermine qui se dispute avec la pourriture qui le déchire, que mon Esprit est troublé ? Laissez-moi un peu me reconnaître.
A vous qui connaissez les lois divines de l'immigration des âmes, je n'ai pas besoin de vous expliquer le pourquoi de cet état abject auquel je suis descendu. Pourtant, puisque cela m'est commandé, je vais vous raconter mon histoire… Du reste, une anecdote au milieu de vos savantes discussions et de vos sages arguments fera diversion. Vous avez ici un certain public que cela distraira plus que votre morale et votre philosophie. Je commence donc.
Remarque. ‑ La Société avait ce jour-là une séance générale, c'est-à-dire une de celles où elle admet un certain nombre d'auditeurs étrangers ; c'est à cela que l'Esprit fait allusion.
Pourquoi vous tairais-je le nom que je portais, et qu'en mes dernières années surtout je semblais complètement oublier moi-même ? N'avez-vous pas deviné que la fange qui m'éclaboussait était la seule cause de mon silence à cet égard ? Je faisais semblant d'oublier. Je m'appelle… mais non ; je ne veux point jeter de boue sur les fracs et les robes de soie et de velours de ceux qui ont été mes parents et mes amis, avec lesquels j'ai vécu pendant ma jeunesse, et qui vivent encore. Je ne veux point non plus que ces quelques vieilles dames, qui ont changé de résidence en passant du boudoir à l'oratoire, voient dans le médaillon qu'elles conservent encore pendu aux lambris de leurs alcôves, sous l'habit galant du gentilhomme, le malheureux abandonné. Pour les unes, je suis mort en Amérique pendant les guerres qui suivirent le réveil de ses peuples ; pour d'autres, je suis mort dernier débris des escarmouches sanglantes de la Vendée en criant : Vive le Roi !
Ne touchons pas à ces lauriers sur lesquels je repose dans leurs cœurs !… Je suis mort pour toutes depuis longtemps !… Je suis mort aussi pour elle !… Ah ! ne raillons point ici !… Oui, pour toi, je suis bien mort ! mort pour l'éternité ! Et pourtant, sur la terre, que d'heures d'extase et d'enivrement nous avons passées ! Que de fois ton regard a rencontré mon regard et mes sourires ton sourire ! Tu ne vis encore que pour me montrer tes rides et tes cheveux blancs. Mais quand la mort à ton tour t'aura touchée, je ne te verrai plus !… Non ! non !… Malédiction ! J'entends des voix qui me crient : Maudit !… Non, non, je ne la verrai plus. A elle un jour la lumière et l'éclat, à moi la nuit et les ténèbres ! J'ai arraché les ailes de l'ange sur la terre, mais ses pleurs lui rendront sa pureté, et le pardon de Dieu détachera pour elle des ailes blanches de séraphin.
Ah ! pourquoi la jeunesse joue-t-elle ainsi avec son cœur ? pourquoi veut-elle cueillir toutes les fleurs sur son passage, pour les fouler ensuite aux pieds ? Cependant, quand son cœur parle le langage de l'âme à une autre âme, elle ne ment point. Pourquoi faut-il que le souffle des passions impures la ternisse et jette son corps sur le fumier ?… Laissez-moi verser aussi quelques larmes ; elles sont douces pour ceux qui souffrent !
Que je voudrais pouvoir revivre ma vie d'autrefois, pour utiliser mieux mes heures de jeunesse ! Oh ! que je voudrais posséder mon cœur de vingt ans ! Je le donnerais tout entier à un cœur frère du mien ; je donnerais mon âme tout entière à une âme sœur de la mienne, et dans mes aspirations je demanderais à Dieu de nous faire goûter toutes les joies du ciel !… Mais c'en est fait ; pourquoi mes pleurs et mes regrets ? Homme dégradé, que rêves-tu ? Tout est perdu pour celui qui n'a point su profiter du temps qui lui était donné ! Tout est perdu pour le misérable qui n'a point su profiter des qualités qu'il possédait !
O vous qui m'entendez, oui, celui qui vous parle était doué de belles facultés. A quoi lui ont-elles servi ? A tromper avec astuce et connaissance de cause ! à commettre des crimes ! Plus tard, j'étouffais les remords dans l'orgie pour ne point entendre les cris de ma conscience. J'étais gentilhomme ; je maniais la parole et l'épée avec audace, et si les femmes m'appelaient le raffiné en caressant mon front et mes cheveux dans leur boudoir, les hommes m'appelaient l'invincible et le brave !… Orgueil ! Pourquoi ces souvenirs d'un autre temps ?… Malheur !… damnation !… Je vois du sang autour de moi ! Pourquoi cette épée avec laquelle j'ai frappé ne s'est-elle point retournée contre mon sein ?… Parmi ces morts, voyez-vous ce cadavre ?… C'est mon fils !… Ironie !… Et voilà ce que causent les mœurs d'une société dans laquelle on rit de tout !… Est-ce moi le coupable, et savais-je que c'était mon enfant ? Savais-je que la maîtresse abandonnée depuis vingt ans jetterait sur mon chemin un fruit adultérin que je ne reconnaissais pas, et qui venait disputer une proie au nouveau don Juan ?… Et vous voudriez que je n'aie point oublié mon nom après ces forfaits ? Ah ! à moi la coupe de honte et d'infamie ! Je devais mourir comme je suis mort, dans la fange. Je sens le froid du tombeau ! je sens la vermine qui me ronge ! je sens les immondices me couvrir ! je sens les ulcères qui couvraient mon corps ! Mais rien de tout cela ne me fait autant souffrir que la vue de cette plaie béante qu'a faite mon épée… Mon fils, grâce ! si ton père ne t'a point donné de nom, il a rayé le sien du monde ; s'il t'a donné la mort, il est mort aussi, lui, dans la boue. Ah ! ouvre-moi tes bras ; apprends à ton père le chemin de Dieu par le pardon.
Quelle lugubre histoire ! Moi qui croyais en prenant cette main pour écrire que j'allais retrouver mes sourires d'autrefois ! Lovelace ! Est-ce donc le milieu où je me trouve qui me pénètre et me change ?… Pourquoi m'avez-vous évoqué ? Pourquoi m'avoir retiré de la nuit, pour me montrer un peu de jour et pour me rejeter ensuite dans les ténèbres ? A mon tour je vous interroge ; répondez-moi.
D. Nous vous avons appelé pour vous être utiles, et parce que nous compatissons à vos souffrances. Que pouvons-nous faire pour vous ?
R. Eh ! que sais-je ? A vous de m'instruire. Ne me rejetez point dans l'obscurité… Vous avez réveillé des morts ; je les vois dans la nuit ; j'ai peur !
D. Nous prierons pour vous.
R. Ah ! priez. On dit que la prière fait tant de bien à ceux qui souffrent !
D. Voulez-vous signer votre nom ?
R. Non, non ! priez pour moi.
A quelques jours de là un autre médium, M. Rul, de Passy, fit en son particulier l'évocation du même Esprit, et en obtint les trois communications suivantes. Nous croyons superflu de reproduire les conseils donnés par le médium à l'Esprit ; ce sont ceux d'un Spirite sincère, animé d'une vraie charité envers ses frères souffrants.
II. Oui, priez pour moi, car les prières de vos frères m'ont déjà fait du bien. Si vous saviez ce que c'est que la souffrance d'un désincarné ! Si vous pouviez lire sur mon visage spirituel les traces des passions qui l'ont labouré, vous seriez pris de pitié, et votre main fraternelle, en serrant la mienne, sentirait la fièvre qui m'agite. Que je souffre depuis que j'ai été évoqué par votre par votre Président ! Je reconnais la justice divine. Seul, errant parmi les trépassés, je croyais être seul à connaître mes souffrances, et voilà qu'au grand jour de la publicité je suis appelé pour faire l'aveu de mes fautes ! Oh ! quelles fautes la passion m'a fait commettre ! Je n'ai pas tout dit à votre frère ; la pudeur, la honte, me retenaient ; j'aurais voulu faire rentrer les aveux que je faisais, et effacer ces caractères indélébiles qui me mettaient au pilori de vos consciences. Mais on a prié pour moi, et je reconnais aujourd'hui le bien que vos cœurs charitables m'ont fait ; et pour mieux mériter votre compassion, car vous êtes Spirites, ce qui veut dire indulgents et compatissants, je m'accuse de n'avoir reculé devant aucun forfait pour satisfaire mes passions. Je n'ai commis aucun des crimes punis par la loi des hommes, mais les vices que votre société tolère et excuse, surtout quand on a un nom et de la fortune, sont justiciables de Dieu qui ne les laisse jamais impuni. Je les ai cruellement expiés sur la terre ; je suis tombé au dernier degré de la misère, de l'avilissement et du mépris, moi qui jadis brillais et faisais des envieux et des jaloux, et le châtiment me poursuit au delà de la tombe. Je n'ai point tué comme un vil assassin ; je n'ai point volé, car ma fierté de gentilhomme se fût révoltée à la seule pensée d'être confondu avec les criminels ; et cependant j'ai tué, mais en sauvegardant l'honneur selon le monde ; j'ai porté la ruine, la honte et le désespoir dans les familles, et l'on m'appelait l'heureux, l'homme à bonnes fortunes ! Que de victimes crient vengeance autour de moi ! Oh ! que je porterai longtemps le fardeau de ces crimes ! Priez pour moi, car je souffre à sentir mon âme se briser !
Merci, merci, cher frère ; je veux te donner le nom que tu me donnes ; je te remercie de tes larmes, car elles m'ont soulagé ; je te remercie de ta prière, car elle a attiré près de moi des Esprits pleins de gloire qui me disent : Espère, toi qui fus si coupable ; espère en la miséricorde de Dieu qui pardonne à tous ses enfants qui se repentent. Persévère dans tes bonnes résolutions, et tu seras plus fort pour supporter tes souffrances.
Merci à toi qui me tires du brouillard qui m'enveloppait ; puissé-je te prouver un jour que la reconnaissance de ton frère est pour l'éternité !
III. Le remords me poursuit ; je souffre beaucoup, mais je comprends la nécessité de souffrir ; je comprends que l'impureté ne peut devenir pure qu'après s'être transformée au contact du feu.
Les bons Esprits me disent d'espérer, et j'espère ; de prier, et j'ai prié ; mais j'ai besoin d'un ami qui me tende la main pour me soutenir et m'empêcher de succomber sous mon fardeau qui est bien lourd. Sois pour moi ce frère charitable, cet ami dévoué. J'écouterai tes conseils ; je prierai avec toi ; je me prosternerai avec toi aux pieds de l'Éternel.
Que de fois j'ai vu mon épée teinte du sang d'un de mes frères ! J'ai été implacable dans mes vengeances, et lorsque l'aiguillon de la chair, la vanité, le désir de l'emporter sur mes rivaux, m'exaltaient, à tout prix il me fallait la victoire. Triste victoire ! salie par les plus basses passions. J'ai été cruel lorsque mon orgueil était excité ; oui, j'ai été un grand coupable, mais je veux devenir un enfant du Seigneur, et voilà pourquoi je suis venu te dire : Sois mon frère pour m'aider à me purifier. Frère ! prions ensemble.
IV. Merci, merci, frère; je suis sous l'impression des paroles que tu viens de prononcer. Je suis plus fort ; je vois le but, et sans chercher à mesurer la distance qui m'en sépare, je me dis : J'arriverai, parce que je le veux et que j'ai confiance dans les bons Esprits qui me disent d'espérer. Sur la terre je n'ai jamais douté du succès lorsque je faisais le mal ; comment pourrais-je douter aujourd'hui que je veux faire le bien ?
Merci, frère, de ta charité, de tes bonnes prières, de tes enseignements, car j'y puise ma force et je sens croître mon repentir. Si le repentir double la souffrance, je sais que cette souffrance ne durera qu'un temps, et que le bonheur m'attend après l'épuration. Je veux donc souffrir, souffrir beaucoup pour mériter d'être plus vite heureux de ce bonheur que goûtent ces Esprits rayonnants que je vois près de toi.
A bientôt, frère, car je vois que tu as un autre Esprit souffrant à consoler, à fortifier dans son repentir. Pense à moi, et pendant ta prière du soir je serai près de toi.
« Dans un hideux galetas du passage Saint-Pierre, à Clichy, vivait un homme nommé Louis-Henri, âgé de soixante-quatre ans, mais paraissant en avoir quatre-vingt-dix. Il était descendu au-dessous du dernier échelon de la vie sociale. On disait qu'il avait été autrefois un beau, un viveur ; qu'il avait fait tourner bien des têtes féminines et qu'il avait mené l'existence à fond de train.
Il lui échappait par moments, en effet, des manières de parler sentant la société raffinée, et l'on voyait chez lui deux délicieuses miniatures représentant de charmantes femmes. Les cercles de ces médaillons avaient été vendus depuis longtemps, et la peinture était devenue trop fruste pour qu'on pût en tirer parti.
Louis-Henri exerçait le métier de chiffonnier ; mais il était si faible, si cassé, si tremblotant, qu'il ne ramassait presque rien. Il couchait, sans ôter ses haillons, sur des immondices qui lui servaient de lit. D'autres chiffonniers, presque aussi pauvres que lui, se cotisaient pour lui donner quelques aliments, tels que les croûtes de pain et les débris de cuisine provenant de leurs hottes. Il était couvert de plaies et rongé de vermine. Plusieurs fois déjà, dit l'Opinion nationale, les gendarmes de la brigade de Clichy avaient fait parmi eux une collecte afin de payer à ce malheureux des bains sulfureux. Il ne savait ce qu'était devenue sa famille, et il avait oublié son propre nom. Le souvenir seul de ses prénoms, Louis-Henri, lui était resté.
Depuis quelques jours, le lépreux, comme on l'appelait, n'avait pas été vu. Une odeur infecte, qui s'échappait de son logement, ayant attiré l'attention des locataires, ils avertirent le commissaire de police, qui se rendit sur les lieux, assisté du docteur Massart, et fit ouvrir par un serrurier. On trouva, parmi les immondices, les restes, entamés par les rats et décomposés, du chiffonnier, qui s'était éteint au milieu de ses infirmités et de ses maux. »
C'est là un triste retour de fortune et une preuve que la justice de Dieu n'attend pas toujours la vie future pour s'appesantir sur le coupable. Nous disons le coupable par hypothèse, parce qu'une telle dégradation ne peut être que le résultat du vice à son plus haut degré. L'homme le plus riche et le plus haut placé peut tomber au dernier rang de l'échelle sociale, mais si l'honneur n'est pas étouffé en lui, dans la plus profonde misère il conserve sa dignité.
Présumant que la vie de cet homme pouvait offrir un enseignement, la Société de Paris a cru devoir en faire l'évocation, avec l'espoir de lui être utile en même temps.
(Société de Paris, 28 juillet 1864. ‑ Médium, M. Vézy.)
Demande. Les détails que nous avons lus sur votre vie et votre mort nous ont intéressés, pour vous d'abord, parce que tous ceux qui souffrent ont droit à nos sympathies, et ensuite pour notre instruction. Il serait utile, au point de vue moral, de connaître comment et par quelles causes, d'une existence qui paraît avoir été brillante, vous êtes tombé dans une telle abjection, et quelle est votre situation actuelle ? Nous prions un bon Esprit de vouloir bien vous assister dans la communication que vous nous donnerez.
I. Réponse. N'ai-je point assez payé ma dette de souffrances sur la terre pour qu'il me soit accordé quelques heures de lucidité outre-tombe ? Est-ce parce que mon corps est infect et rongé par la vermine qui se dispute avec la pourriture qui le déchire, que mon Esprit est troublé ? Laissez-moi un peu me reconnaître.
A vous qui connaissez les lois divines de l'immigration des âmes, je n'ai pas besoin de vous expliquer le pourquoi de cet état abject auquel je suis descendu. Pourtant, puisque cela m'est commandé, je vais vous raconter mon histoire… Du reste, une anecdote au milieu de vos savantes discussions et de vos sages arguments fera diversion. Vous avez ici un certain public que cela distraira plus que votre morale et votre philosophie. Je commence donc.
Remarque. ‑ La Société avait ce jour-là une séance générale, c'est-à-dire une de celles où elle admet un certain nombre d'auditeurs étrangers ; c'est à cela que l'Esprit fait allusion.
Pourquoi vous tairais-je le nom que je portais, et qu'en mes dernières années surtout je semblais complètement oublier moi-même ? N'avez-vous pas deviné que la fange qui m'éclaboussait était la seule cause de mon silence à cet égard ? Je faisais semblant d'oublier. Je m'appelle… mais non ; je ne veux point jeter de boue sur les fracs et les robes de soie et de velours de ceux qui ont été mes parents et mes amis, avec lesquels j'ai vécu pendant ma jeunesse, et qui vivent encore. Je ne veux point non plus que ces quelques vieilles dames, qui ont changé de résidence en passant du boudoir à l'oratoire, voient dans le médaillon qu'elles conservent encore pendu aux lambris de leurs alcôves, sous l'habit galant du gentilhomme, le malheureux abandonné. Pour les unes, je suis mort en Amérique pendant les guerres qui suivirent le réveil de ses peuples ; pour d'autres, je suis mort dernier débris des escarmouches sanglantes de la Vendée en criant : Vive le Roi !
Ne touchons pas à ces lauriers sur lesquels je repose dans leurs cœurs !… Je suis mort pour toutes depuis longtemps !… Je suis mort aussi pour elle !… Ah ! ne raillons point ici !… Oui, pour toi, je suis bien mort ! mort pour l'éternité ! Et pourtant, sur la terre, que d'heures d'extase et d'enivrement nous avons passées ! Que de fois ton regard a rencontré mon regard et mes sourires ton sourire ! Tu ne vis encore que pour me montrer tes rides et tes cheveux blancs. Mais quand la mort à ton tour t'aura touchée, je ne te verrai plus !… Non ! non !… Malédiction ! J'entends des voix qui me crient : Maudit !… Non, non, je ne la verrai plus. A elle un jour la lumière et l'éclat, à moi la nuit et les ténèbres ! J'ai arraché les ailes de l'ange sur la terre, mais ses pleurs lui rendront sa pureté, et le pardon de Dieu détachera pour elle des ailes blanches de séraphin.
Ah ! pourquoi la jeunesse joue-t-elle ainsi avec son cœur ? pourquoi veut-elle cueillir toutes les fleurs sur son passage, pour les fouler ensuite aux pieds ? Cependant, quand son cœur parle le langage de l'âme à une autre âme, elle ne ment point. Pourquoi faut-il que le souffle des passions impures la ternisse et jette son corps sur le fumier ?… Laissez-moi verser aussi quelques larmes ; elles sont douces pour ceux qui souffrent !
Que je voudrais pouvoir revivre ma vie d'autrefois, pour utiliser mieux mes heures de jeunesse ! Oh ! que je voudrais posséder mon cœur de vingt ans ! Je le donnerais tout entier à un cœur frère du mien ; je donnerais mon âme tout entière à une âme sœur de la mienne, et dans mes aspirations je demanderais à Dieu de nous faire goûter toutes les joies du ciel !… Mais c'en est fait ; pourquoi mes pleurs et mes regrets ? Homme dégradé, que rêves-tu ? Tout est perdu pour celui qui n'a point su profiter du temps qui lui était donné ! Tout est perdu pour le misérable qui n'a point su profiter des qualités qu'il possédait !
O vous qui m'entendez, oui, celui qui vous parle était doué de belles facultés. A quoi lui ont-elles servi ? A tromper avec astuce et connaissance de cause ! à commettre des crimes ! Plus tard, j'étouffais les remords dans l'orgie pour ne point entendre les cris de ma conscience. J'étais gentilhomme ; je maniais la parole et l'épée avec audace, et si les femmes m'appelaient le raffiné en caressant mon front et mes cheveux dans leur boudoir, les hommes m'appelaient l'invincible et le brave !… Orgueil ! Pourquoi ces souvenirs d'un autre temps ?… Malheur !… damnation !… Je vois du sang autour de moi ! Pourquoi cette épée avec laquelle j'ai frappé ne s'est-elle point retournée contre mon sein ?… Parmi ces morts, voyez-vous ce cadavre ?… C'est mon fils !… Ironie !… Et voilà ce que causent les mœurs d'une société dans laquelle on rit de tout !… Est-ce moi le coupable, et savais-je que c'était mon enfant ? Savais-je que la maîtresse abandonnée depuis vingt ans jetterait sur mon chemin un fruit adultérin que je ne reconnaissais pas, et qui venait disputer une proie au nouveau don Juan ?… Et vous voudriez que je n'aie point oublié mon nom après ces forfaits ? Ah ! à moi la coupe de honte et d'infamie ! Je devais mourir comme je suis mort, dans la fange. Je sens le froid du tombeau ! je sens la vermine qui me ronge ! je sens les immondices me couvrir ! je sens les ulcères qui couvraient mon corps ! Mais rien de tout cela ne me fait autant souffrir que la vue de cette plaie béante qu'a faite mon épée… Mon fils, grâce ! si ton père ne t'a point donné de nom, il a rayé le sien du monde ; s'il t'a donné la mort, il est mort aussi, lui, dans la boue. Ah ! ouvre-moi tes bras ; apprends à ton père le chemin de Dieu par le pardon.
Quelle lugubre histoire ! Moi qui croyais en prenant cette main pour écrire que j'allais retrouver mes sourires d'autrefois ! Lovelace ! Est-ce donc le milieu où je me trouve qui me pénètre et me change ?… Pourquoi m'avez-vous évoqué ? Pourquoi m'avoir retiré de la nuit, pour me montrer un peu de jour et pour me rejeter ensuite dans les ténèbres ? A mon tour je vous interroge ; répondez-moi.
D. Nous vous avons appelé pour vous être utiles, et parce que nous compatissons à vos souffrances. Que pouvons-nous faire pour vous ?
R. Eh ! que sais-je ? A vous de m'instruire. Ne me rejetez point dans l'obscurité… Vous avez réveillé des morts ; je les vois dans la nuit ; j'ai peur !
D. Nous prierons pour vous.
R. Ah ! priez. On dit que la prière fait tant de bien à ceux qui souffrent !
D. Voulez-vous signer votre nom ?
R. Non, non ! priez pour moi.
A quelques jours de là un autre médium, M. Rul, de Passy, fit en son particulier l'évocation du même Esprit, et en obtint les trois communications suivantes. Nous croyons superflu de reproduire les conseils donnés par le médium à l'Esprit ; ce sont ceux d'un Spirite sincère, animé d'une vraie charité envers ses frères souffrants.
II. Oui, priez pour moi, car les prières de vos frères m'ont déjà fait du bien. Si vous saviez ce que c'est que la souffrance d'un désincarné ! Si vous pouviez lire sur mon visage spirituel les traces des passions qui l'ont labouré, vous seriez pris de pitié, et votre main fraternelle, en serrant la mienne, sentirait la fièvre qui m'agite. Que je souffre depuis que j'ai été évoqué par votre par votre Président ! Je reconnais la justice divine. Seul, errant parmi les trépassés, je croyais être seul à connaître mes souffrances, et voilà qu'au grand jour de la publicité je suis appelé pour faire l'aveu de mes fautes ! Oh ! quelles fautes la passion m'a fait commettre ! Je n'ai pas tout dit à votre frère ; la pudeur, la honte, me retenaient ; j'aurais voulu faire rentrer les aveux que je faisais, et effacer ces caractères indélébiles qui me mettaient au pilori de vos consciences. Mais on a prié pour moi, et je reconnais aujourd'hui le bien que vos cœurs charitables m'ont fait ; et pour mieux mériter votre compassion, car vous êtes Spirites, ce qui veut dire indulgents et compatissants, je m'accuse de n'avoir reculé devant aucun forfait pour satisfaire mes passions. Je n'ai commis aucun des crimes punis par la loi des hommes, mais les vices que votre société tolère et excuse, surtout quand on a un nom et de la fortune, sont justiciables de Dieu qui ne les laisse jamais impuni. Je les ai cruellement expiés sur la terre ; je suis tombé au dernier degré de la misère, de l'avilissement et du mépris, moi qui jadis brillais et faisais des envieux et des jaloux, et le châtiment me poursuit au delà de la tombe. Je n'ai point tué comme un vil assassin ; je n'ai point volé, car ma fierté de gentilhomme se fût révoltée à la seule pensée d'être confondu avec les criminels ; et cependant j'ai tué, mais en sauvegardant l'honneur selon le monde ; j'ai porté la ruine, la honte et le désespoir dans les familles, et l'on m'appelait l'heureux, l'homme à bonnes fortunes ! Que de victimes crient vengeance autour de moi ! Oh ! que je porterai longtemps le fardeau de ces crimes ! Priez pour moi, car je souffre à sentir mon âme se briser !
Merci, merci, cher frère ; je veux te donner le nom que tu me donnes ; je te remercie de tes larmes, car elles m'ont soulagé ; je te remercie de ta prière, car elle a attiré près de moi des Esprits pleins de gloire qui me disent : Espère, toi qui fus si coupable ; espère en la miséricorde de Dieu qui pardonne à tous ses enfants qui se repentent. Persévère dans tes bonnes résolutions, et tu seras plus fort pour supporter tes souffrances.
Merci à toi qui me tires du brouillard qui m'enveloppait ; puissé-je te prouver un jour que la reconnaissance de ton frère est pour l'éternité !
III. Le remords me poursuit ; je souffre beaucoup, mais je comprends la nécessité de souffrir ; je comprends que l'impureté ne peut devenir pure qu'après s'être transformée au contact du feu.
Les bons Esprits me disent d'espérer, et j'espère ; de prier, et j'ai prié ; mais j'ai besoin d'un ami qui me tende la main pour me soutenir et m'empêcher de succomber sous mon fardeau qui est bien lourd. Sois pour moi ce frère charitable, cet ami dévoué. J'écouterai tes conseils ; je prierai avec toi ; je me prosternerai avec toi aux pieds de l'Éternel.
Que de fois j'ai vu mon épée teinte du sang d'un de mes frères ! J'ai été implacable dans mes vengeances, et lorsque l'aiguillon de la chair, la vanité, le désir de l'emporter sur mes rivaux, m'exaltaient, à tout prix il me fallait la victoire. Triste victoire ! salie par les plus basses passions. J'ai été cruel lorsque mon orgueil était excité ; oui, j'ai été un grand coupable, mais je veux devenir un enfant du Seigneur, et voilà pourquoi je suis venu te dire : Sois mon frère pour m'aider à me purifier. Frère ! prions ensemble.
IV. Merci, merci, frère; je suis sous l'impression des paroles que tu viens de prononcer. Je suis plus fort ; je vois le but, et sans chercher à mesurer la distance qui m'en sépare, je me dis : J'arriverai, parce que je le veux et que j'ai confiance dans les bons Esprits qui me disent d'espérer. Sur la terre je n'ai jamais douté du succès lorsque je faisais le mal ; comment pourrais-je douter aujourd'hui que je veux faire le bien ?
Merci, frère, de ta charité, de tes bonnes prières, de tes enseignements, car j'y puise ma force et je sens croître mon repentir. Si le repentir double la souffrance, je sais que cette souffrance ne durera qu'un temps, et que le bonheur m'attend après l'épuration. Je veux donc souffrir, souffrir beaucoup pour mériter d'être plus vite heureux de ce bonheur que goûtent ces Esprits rayonnants que je vois près de toi.
A bientôt, frère, car je vois que tu as un autre Esprit souffrant à consoler, à fortifier dans son repentir. Pense à moi, et pendant ta prière du soir je serai près de toi.
Il
est évident que cet Esprit est dans la bonne voie ; il y a en lui un
combat de bon augure, car il ne demande qu'à être éclairé.
Ses idées cependant se ressentent encore de certains préjugés. Comme beaucoup de gens qui croient y trouver une excuse, il s'en prend à la société. Mais, qu'est-ce qui rend la société mauvaise, sinon les gens vicieux ? La société laisse sans doute beaucoup à désirer sous le rapport des institutions, mais puisqu'il s'y trouve des gens honnêtes et qui remplissent leur devoir, tous pourraient faire de même, car elle ne contraint personne à faire le mal. Est-ce la société qui obligeait Louis-Henri à l'abandon de cette femme et de son enfant ? S'il n'a pas reconnu celui-ci, pourquoi l'a-t-il perdu de vue sans s'inquiéter de son existence ? Sont-ce les préjugés sociaux qui l'ont empêché de donner son nom à cette femme ? Non, car il n'avait que ses passions pour mobile. Est-ce l'instruction qui lui manquait ? Non, puisqu'il appartenait à la classe élevée. Ce n'est donc pas la société qui est coupable envers lui ; elle ne lui a rien refusé, puisqu'il était un des favorisés en toutes choses. C'est donc lui qui a été coupable envers la société, car il a agi librement, volontairement, et en connaissance de cause. Qui a jeté son fils sur la route de ses débordements ? Le hasard ? Non : la Providence, afin que le remords qui devait plus tard en être la suite servît à son avancement.
La véritable plaie de la société, la cause première de tous les désordres, c'est l'incrédulité. La négation du principe spirituel, la croyance au néant après la mort, les idées matérialistes, en un mot, hautement préconisées par des hommes influents, s'infiltrent dans la jeunesse qui les suce pour ainsi dire avec le lait. L'homme qui ne croit qu'au présent veut jouir à tout prix, et il est conséquent avec lui-même, puisqu'il n'attend rien au delà de la tombe ; il n'espère rien, et, par conséquent, ne craint rien. Si Louis-Henri avait eu foi en son âme et en l'avenir, il aurait compris que la vie corporelle est fugitive et précaire, et n'en aurait pas fait son but unique ; sachant que rien de ce qu'on y acquiert n'est perdu, il se serait préoccupé de son sort futur, tandis qu'il a agi comme quelqu'un qui mange son capital et joue son va-tout.
Que de désordres, que de misères, que de crimes ont leur source dans cette manière d'envisager la vie ! Quels sont les premiers coupables ! Ceux qui l'érigent en dogme, en croyance, raillant et traitant de fous ceux qui croient que tout n'est pas dans la matière et dans le monde visible. Louis-Henri n'a pas été assez fort pour résister à ce courant d'idées ; il a succombé, victime de ses passions qui trouvaient une justification dans le matérialisme, tandis qu'une foi solide et raisonnée y eût mis un frein plus puissant que toutes les lois répressives qui ne peuvent atteindre tous les méfaits. Le Spiritisme donne cette foi, c'est pourquoi il opère de si nombreuses transformations morales.
Les trois dernières communications confirment la première obtenue par un autre médium ; c'est évidemment le même fond de pensée. On y remarque le progrès qui s'est opéré dans cet Esprit, et nous y pouvons puiser plus d'un enseignement.
Dans la première, tout en faisant l'aveu de ses fautes, il n'y a pas encore de repentir sérieux ni de résolution prise ; il se plaint presque d'avoir été évoqué.
Dans la seconde, il dit : « Que je souffre depuis que j'ai été évoqué par votre président ! » Ces paroles justifieraient-elles le dire de certaines personnes qui prétendent qu'on trouble le repos des morts en les évoquant ? Non, assurément, puisque d'abord ils ne viennent que lorsque cela leur convient ; en second lieu que la plupart témoignent leur satisfaction d'être appelés, lorsqu'ils le sont par un sentiment sympathique et bienveillant. Certains coupables seuls viennent avec répugnance, et, dans ce cas, ils n'y sont pas contraints par l'évocateur, mais par des Esprits supérieurs en vue de leur avancement. Leur répugnance est celle du criminel que l'on conduit devant un tribunal. L'évocation des Esprits coupables ayant pour but et pour résultat leur amélioration, la contrariété momentanée qu'elle leur cause est à leur avantage, puisqu'en les excitant au repentir, elle abrège les souffrances qu'ils endurent dans le monde des Esprits. Serait-il donc plus charitable de les laisser croupir dans l'abjection où ils se trouvent que de les en tirer ? La souffrance qui en résulte est celle que le médecin fait endurer à son malade pour le guérir. Tirez de la fange un homme abruti, il se plaindra ; il en est de même des Esprits.
On retrouve dans les communications de cet Esprit une pensée analogue à celle qu'exprimait Latour sur la souffrance que cause le repentir. Nous avons expliqué la cause de ce sentiment (numéro de novembre 1864, page 336) ; c'est le même qui fait dire à celui-ci : « Je souffre depuis que j'ai été évoqué, » et « le remords me poursuit ; je souffre beaucoup. » C'est donc le remords qui le fait souffrir, mais c'est ce remords qui doit le sauver, et c'est l'évocation qui l'a provoqué. Mais il ajoute ces paroles remarquables : « Je comprends la nécessité de souffrir ; je comprends que l'impureté ne peut devenir pure qu'après s'être transformée au contact du feu. » Et plus loin : « Si le repentir double la souffrance, je sais que cette souffrance ne durera qu'un temps, et que le bonheur m'attend après l'épuration. » Cette certitude lui fait dire : « Je veux souffrir, souffrir beaucoup, pour mériter d'être plus vite heureux. » Faut-il donc s'étonner, d'après cela, qu'un Esprit
choisisse de terribles épreuves dans une nouvelle existence ? N'est-il pas dans le cas d'un malade qui se résigne à une opération douloureuse pour se bien porter ? ou dans celui d'un homme qui s'expose à tous les dangers, qui endure toutes les misères, toutes les fatigues et toutes les privations en vue d'acquérir la fortune ou la gloire ? Il n'y a donc rien d'irrationnel dans le principe du libre choix des épreuves de la vie. La condition, pour en profiter, est de ne pas reculer ; or, c'est reculer que de ne pas les supporter avec courage et résignation.
Quel sera le sort de Louis-Henri dans une nouvelle existence ? Comme il a cruellement expié ses fautes dans sa dernière existence ; qu'à l'état d'Esprit son repentir est sincère et ses bonnes résolutions sérieuses, il est probable qu'il sera mis à même de réparer ses torts en faisant le bien ; mais comme il a payé sa dette de souffrances corporelles, il n'aura plus à passer par les mêmes vicissitudes.
C'est ce que nous lui souhaitons, et en vue de quoi nous prions pour lui.
Ses idées cependant se ressentent encore de certains préjugés. Comme beaucoup de gens qui croient y trouver une excuse, il s'en prend à la société. Mais, qu'est-ce qui rend la société mauvaise, sinon les gens vicieux ? La société laisse sans doute beaucoup à désirer sous le rapport des institutions, mais puisqu'il s'y trouve des gens honnêtes et qui remplissent leur devoir, tous pourraient faire de même, car elle ne contraint personne à faire le mal. Est-ce la société qui obligeait Louis-Henri à l'abandon de cette femme et de son enfant ? S'il n'a pas reconnu celui-ci, pourquoi l'a-t-il perdu de vue sans s'inquiéter de son existence ? Sont-ce les préjugés sociaux qui l'ont empêché de donner son nom à cette femme ? Non, car il n'avait que ses passions pour mobile. Est-ce l'instruction qui lui manquait ? Non, puisqu'il appartenait à la classe élevée. Ce n'est donc pas la société qui est coupable envers lui ; elle ne lui a rien refusé, puisqu'il était un des favorisés en toutes choses. C'est donc lui qui a été coupable envers la société, car il a agi librement, volontairement, et en connaissance de cause. Qui a jeté son fils sur la route de ses débordements ? Le hasard ? Non : la Providence, afin que le remords qui devait plus tard en être la suite servît à son avancement.
La véritable plaie de la société, la cause première de tous les désordres, c'est l'incrédulité. La négation du principe spirituel, la croyance au néant après la mort, les idées matérialistes, en un mot, hautement préconisées par des hommes influents, s'infiltrent dans la jeunesse qui les suce pour ainsi dire avec le lait. L'homme qui ne croit qu'au présent veut jouir à tout prix, et il est conséquent avec lui-même, puisqu'il n'attend rien au delà de la tombe ; il n'espère rien, et, par conséquent, ne craint rien. Si Louis-Henri avait eu foi en son âme et en l'avenir, il aurait compris que la vie corporelle est fugitive et précaire, et n'en aurait pas fait son but unique ; sachant que rien de ce qu'on y acquiert n'est perdu, il se serait préoccupé de son sort futur, tandis qu'il a agi comme quelqu'un qui mange son capital et joue son va-tout.
Que de désordres, que de misères, que de crimes ont leur source dans cette manière d'envisager la vie ! Quels sont les premiers coupables ! Ceux qui l'érigent en dogme, en croyance, raillant et traitant de fous ceux qui croient que tout n'est pas dans la matière et dans le monde visible. Louis-Henri n'a pas été assez fort pour résister à ce courant d'idées ; il a succombé, victime de ses passions qui trouvaient une justification dans le matérialisme, tandis qu'une foi solide et raisonnée y eût mis un frein plus puissant que toutes les lois répressives qui ne peuvent atteindre tous les méfaits. Le Spiritisme donne cette foi, c'est pourquoi il opère de si nombreuses transformations morales.
Les trois dernières communications confirment la première obtenue par un autre médium ; c'est évidemment le même fond de pensée. On y remarque le progrès qui s'est opéré dans cet Esprit, et nous y pouvons puiser plus d'un enseignement.
Dans la première, tout en faisant l'aveu de ses fautes, il n'y a pas encore de repentir sérieux ni de résolution prise ; il se plaint presque d'avoir été évoqué.
Dans la seconde, il dit : « Que je souffre depuis que j'ai été évoqué par votre président ! » Ces paroles justifieraient-elles le dire de certaines personnes qui prétendent qu'on trouble le repos des morts en les évoquant ? Non, assurément, puisque d'abord ils ne viennent que lorsque cela leur convient ; en second lieu que la plupart témoignent leur satisfaction d'être appelés, lorsqu'ils le sont par un sentiment sympathique et bienveillant. Certains coupables seuls viennent avec répugnance, et, dans ce cas, ils n'y sont pas contraints par l'évocateur, mais par des Esprits supérieurs en vue de leur avancement. Leur répugnance est celle du criminel que l'on conduit devant un tribunal. L'évocation des Esprits coupables ayant pour but et pour résultat leur amélioration, la contrariété momentanée qu'elle leur cause est à leur avantage, puisqu'en les excitant au repentir, elle abrège les souffrances qu'ils endurent dans le monde des Esprits. Serait-il donc plus charitable de les laisser croupir dans l'abjection où ils se trouvent que de les en tirer ? La souffrance qui en résulte est celle que le médecin fait endurer à son malade pour le guérir. Tirez de la fange un homme abruti, il se plaindra ; il en est de même des Esprits.
On retrouve dans les communications de cet Esprit une pensée analogue à celle qu'exprimait Latour sur la souffrance que cause le repentir. Nous avons expliqué la cause de ce sentiment (numéro de novembre 1864, page 336) ; c'est le même qui fait dire à celui-ci : « Je souffre depuis que j'ai été évoqué, » et « le remords me poursuit ; je souffre beaucoup. » C'est donc le remords qui le fait souffrir, mais c'est ce remords qui doit le sauver, et c'est l'évocation qui l'a provoqué. Mais il ajoute ces paroles remarquables : « Je comprends la nécessité de souffrir ; je comprends que l'impureté ne peut devenir pure qu'après s'être transformée au contact du feu. » Et plus loin : « Si le repentir double la souffrance, je sais que cette souffrance ne durera qu'un temps, et que le bonheur m'attend après l'épuration. » Cette certitude lui fait dire : « Je veux souffrir, souffrir beaucoup, pour mériter d'être plus vite heureux. » Faut-il donc s'étonner, d'après cela, qu'un Esprit
choisisse de terribles épreuves dans une nouvelle existence ? N'est-il pas dans le cas d'un malade qui se résigne à une opération douloureuse pour se bien porter ? ou dans celui d'un homme qui s'expose à tous les dangers, qui endure toutes les misères, toutes les fatigues et toutes les privations en vue d'acquérir la fortune ou la gloire ? Il n'y a donc rien d'irrationnel dans le principe du libre choix des épreuves de la vie. La condition, pour en profiter, est de ne pas reculer ; or, c'est reculer que de ne pas les supporter avec courage et résignation.
Quel sera le sort de Louis-Henri dans une nouvelle existence ? Comme il a cruellement expié ses fautes dans sa dernière existence ; qu'à l'état d'Esprit son repentir est sincère et ses bonnes résolutions sérieuses, il est probable qu'il sera mis à même de réparer ses torts en faisant le bien ; mais comme il a payé sa dette de souffrances corporelles, il n'aura plus à passer par les mêmes vicissitudes.
C'est ce que nous lui souhaitons, et en vue de quoi nous prions pour lui.
La
Société spirite de Paris vient de perdre un de ses membres en la personne de M.
Bruneau, décédé le 13 novembre 1864, à l'âge de soixante-dix ans, et dont
l'Opinion nationale annonce la mort en ces termes :
« La mort frappe à coups redoublés sur les membres survivants de la mission saint-Simonienne en Égypte. Après Enfantin, après Lambert Bey, nous avons à déplorer aujourd'hui la perte de M. Bruneau, ancien colonel d'artillerie, qui fonda en Égypte l'école de cavalerie, tandis que Lambert Bey, son gendre, organisait une école polytechnique. M. Bruneau est mort en homme libre, plein d'espérance dans le progrès physique, intellectuel et moral, plein de foi dans les doctrines religieuses et sociales de la jeunesse. »
M. Bruneau, ancien élève de l'École polytechnique, était membre de la Société spirite de Paris depuis plusieurs années. Nous ignorons quelle foi il avait dans l'avenir des doctrines religieuses et sociales de sa jeunesse, mais nous savons qu'il avait une confiance absolue dans l'avenir du Spiritisme, dont il était un adepte fervent et éclairé. Il y avait puisé une foi inébranlable dans la vie future et dans les réformes humanitaires qui en seront la conséquence. Nous ajouterons que ses collègues avaient pu apprécier ses excellentes qualités, son extrême modestie, sa douceur, sa bienveillance et sa charité. Il s'est communiqué à la Société peu de jours après sa mort, et il y a donné la preuve de l'élévation de son Esprit par la justesse et la profondeur de ses appréciations. Pour lui le monde invisible n'a eu aucune surprise, car il le comprenait d'avance ; aussi est-il venu nous confirmer tout ce que la doctrine nous enseigne à ce sujet. Il y a retrouvé avec joie ses parents, ses amis et ses collègues qui l'y avaient précédé et qui l'attendaient à son arrivée parmi eux.
La Société spirite de Paris était représentée aux obsèques de M. Bruneau par une députation de vingt membres. Nous nous serions fait un devoir d'exprimer en cette circonstance les sentiments de la Société, mais nous savions que la famille n'était point sympathique à nos idées et nous avons dû nous abstenir de toute manifestation. Le Spiritisme ne s'impose pas ; il veut être librement accepté ; c'est pourquoi il respecte toutes les croyances, et, par esprit de tolérance et de charité, il évite ce qui peut froisser les opinions contraires aux siennes.
Du reste, le juste tribut d'éloges et de regrets qui n'a pu lui être payé ostensiblement, devant un public indifférent ou hostile, l'a été avec bien plus de recueillement au sein de la Société. Dans la séance qui a suivi ses obsèques, une allocution a été prononcée, et tous ses collègues se sont unis de cœur aux prières qui ont été dites à son intention.
Dans la séance de la Société consacrée à la mémoire de M. Bruneau, M. Allan Kardec a prononcé l'allocution suivante :
Messieurs et chers Frères spirites,
Un de nos collègues vient de quitter la terre pour rentrer dans le monde des Esprits. En lui consacrant spécialement cette séance, nous accomplissons envers lui un devoir de confraternité auquel chacun de nous, je n'en doute pas, s'associera de cœur et par une sainte communion de pensées.
M. Bruneau faisait partie de la Société depuis le 1er avril 1862 ; membre du comité, il était, comme vous le savez, très assidu à nos séances. Nous avons tous pu apprécier la douceur de son caractère, son extrême bienveillance, sa simplicité et sa charité. Il n'est pas une infortune signalée à la Société en faveur de laquelle il n'ait apporté son offrande. Sa mort nous a révélé en lui une autre qualité éminente : la modestie. Jamais il n'avait fait parade des titres qui le recommandaient comme homme de savoir. Une circonstance fortuite m'avait appris qu'il était ancien élève de l'École polytechnique, mais nous ignorions tous qu'il eût été colonel d'artillerie, et qu'il eût rempli une mission supérieure en Égypte, où il a fondé une école de cavalerie, en même temps que son gendre, Lambert Bey, y fondait une école polytechnique. Nous le connaissions comme un Spirite sincère, dévoué et éclairé, et s'il se taisait sur ses titres, il ne cachait point ses opinions.
Ces circonstances, messieurs, nous rendent sa mémoire encore plus chère, et nous ne doutons pas qu'il ait trouvé dans le monde des Esprits une position digne de son mérite.
M. Bruneau avait été un des membres actifs de l'école saint-simonienne, ce que les journaux qui ont annoncé sa mort ont eu soin de faire ressortir, mais ils se sont bien gardés de dire qu'il est mort dans la croyance spirite.
Nous n'avons point à discuter ici les principes de l'école saint-simonienne ; toutefois, le début de l'article de l'Opinion nationale nous fait involontairement faire une comparaison. Il y est dit : « La mort frappe à coups redoublés sur les membres de la mission saint-simonienne en Egypte ; après Enfantin, après Lambert Bey, nous avons à déplorer aujourd'hui la perte de M. Bruneau, etc. » Le saint-simonisme a jeté pendant quelques années un vif éclat, soit par l'étrangeté de quelques-unes de ses doctrines, soit par les hommes éminents qui s'y étaient ralliés ; mais on sait combien cet éclat fut passager. Pourquoi donc une existence si éphémère s'il était en possession de la vérité philosophique ?
La vérité est parfois lente à se répandre ; mais du moment où elle commence à poindre, elle grandit sans cesse et ne périt pas, parce que la vérité est éternelle, et elle est éternelle parce qu'elle émane de Dieu ; l'erreur seule est périssable, parce qu'elle vient des hommes. Le progrès est la loi de l'humanité ; or, l'humanité ne peut progresser qu'au fur et à mesure qu'elle découvre la vérité ; la découverte une fois faite, elle est acquise et inébranlable. Quelle théorie pourrait prévaloir aujourd'hui contre la loi du mouvement des astres, de la formation de la terre et tant d'autres ? La philosophie n'est changeante que parce qu'elle est le produit de systèmes créés par les hommes ; elle n'aura de stabilité que lorsqu'elle aura acquis la précision de la vérité mathématique. Si donc un système, une théorie, une doctrine quelconque, philosophique, religieuse ou sociale, marche vers le déclin, c'est la preuve certaine qu'elle n'est pas dans le vrai absolu. Dans toutes les religions, sans en excepter le christianisme, l'élément divin seul est impérissable ; l'élément humain tombe s'il n'est pas en harmonie avec la loi du progrès ; mais comme le progrès est incessant, il en résulte que, dans les religions, l'élément humain doit se modifier sous peine de périr ; l'élément divin seul est invariable. Voyez-le dans la loi mosaïque : les tables du Sinaï sont encore debout, devenant de plus en plus le code de l'humanité, tandis que le reste a fait son temps.
La vérité absolue, ne pouvant s'établir que sur les ruines de l'erreur, rencontre forcément des antagonistes parmi ceux qui, vivant de l'erreur, ont intérêt à combattre la vérité, et lui font, par cela même, une guerre acharnée, mais elle conquiert promptement les sympathies des masses désintéressées. En a-t-il été ainsi de la doctrine saint-simonienne ? Non ; comme pratique elle a vécu ; elle ne survit qu'à l'état de théorie sympathique et de croyance individuelle dans la pensée de quelques-uns de ses anciens adeptes ; mais, ainsi que le constate l'Opinion nationale, chaque jour enlevant quelques-uns de ses représentants, le temps n'est pas éloigné où tous auront disparu, et alors elle ne vivra plus que dans l'histoire. D'où il faut conclure qu'elle ne possédait pas toute la vérité et ne répondait pas à toutes les aspirations.
Cela veut-il dire que toutes les sectes et toutes les écoles qui tombent soient dans le faux absolu ? Non ; la plupart, au contraire, ont entrevu un coin de la vérité ; mais la somme de vérités qu'elles possédaient n'étant pas assez grande pour soutenir la lutte contre le progrès, elles ne se sont pas trouvées à la hauteur des besoins de l'humanité. Les sectes sont d'ailleurs assez généralement exclusives, et par cela même stationnaires ; il en résulte que celles qui ont pu marquer une étape du progrès à une certaine époque finissent par être distancées et s'éteignent par la force des choses. Cependant, quelles que soient les erreurs sous lesquelles elles ont succombé, leur passage n'a pas été inutile : elles ont remué les idées, tiré l'homme de l'engourdissement, soulevé des questions nouvelles qui, mieux élaborées et dégagées de l'esprit de système et d'exagération, reçoivent plus tard leur solution. Parmi les idées qu'elles sèment, les bonnes seules fructifient et renaissent sous une autre forme ; le temps, l'expérience et la raison font justice des autres.
Le tort de presque toutes les doctrines sociales, présentées comme la panacée des maux de l'humanité, est de s'appuyer exclusivement sur les intérêts matériels. Il en résulte que la solidarité qu'elles cherchent à établir entre les hommes est fragile comme la vie corporelle ; les liens de confraternité n'ayant pas de racines dans le cœur et dans la foi en l'avenir se brisent au moindre choc de l'égoïsme.
Le Spiritisme se présente dans de tout autres conditions. Est-il dans le vrai ? Nous le croyons, mais sommes-nous mieux fondés que les autres ? Les motifs qui nous portent à le croire sont très simples ; ils ressortent à la fois de la cause et des effets. Comme cause il a pour lui de n'être point une conception humaine, le produit d'un système personnel, ce qui est capital ; il n'est pas un seul de ses principes, et quand je dis pas un seul, je ne fais aucune exception, qui ne soit basé sur l'observation des faits. Si un seul des principes du Spiritisme était le résultat d'une opinion individuelle, ce serait son côté vulnérable. Mais dès lors qu'il n'avance rien qui ne soit sanctionné par l'expérience des faits, et que les faits sont dans les lois de la nature, il doit être immuable comme ces lois, car partout et dans tous les temps il trouvera sa sanction et sa confirmation, et tôt ou tard il faut que, devant les faits, toutes les croyances s'inclinent.
Comme effet, il répond à toutes les aspirations de l'âme ; il satisfait à la fois l'esprit, la raison et le cœur ; il comble le vide que laisse le doute ; il donne une base et une raison d'être à la solidarité, par la liaison qu'il établit entre le présent et l'avenir ; il assied enfin sur un fondement solide le principe d'égalité, de liberté et de fraternité. Il est ainsi le pivot sur lequel s'appuieront toutes les réformes sociales sérieuses. En s'appuyant lui-même sur les faits et les lois de nature, sans mélange de théories humaines, il ne risque point de s'écarter de l'élément divin. Aussi offre-t-il le spectacle unique dans l'histoire d'une doctrine qui en quelques années s'est implantée sur tous les points du globe et grandit sans cesse ; qui rallie toutes les croyances religieuses, tandis que les autres sont exclusives et restent renfermées dans un cercle circonscrit d'adeptes.
Telles sont, en peu de mots, les raisons sur lesquelles s'appuie notre foi en la vérité et en la stabilité du Spiritisme. Nous espérons que notre ancien collègue et toujours frère Bruneau voudra bien nous dire comment il envisage la question, aujourd'hui qu'il peut la considérer d'un point plus élevé.
Nota. La communication de M. Bruneau a pleinement répondu à notre attente ; elle se rattache, ainsi que celles qui ont été obtenues dans cette séance, à un ensemble de questions qui seront traitées ultérieurement ; c'est pourquoi nous en ajournons la publication.
« La mort frappe à coups redoublés sur les membres survivants de la mission saint-Simonienne en Égypte. Après Enfantin, après Lambert Bey, nous avons à déplorer aujourd'hui la perte de M. Bruneau, ancien colonel d'artillerie, qui fonda en Égypte l'école de cavalerie, tandis que Lambert Bey, son gendre, organisait une école polytechnique. M. Bruneau est mort en homme libre, plein d'espérance dans le progrès physique, intellectuel et moral, plein de foi dans les doctrines religieuses et sociales de la jeunesse. »
M. Bruneau, ancien élève de l'École polytechnique, était membre de la Société spirite de Paris depuis plusieurs années. Nous ignorons quelle foi il avait dans l'avenir des doctrines religieuses et sociales de sa jeunesse, mais nous savons qu'il avait une confiance absolue dans l'avenir du Spiritisme, dont il était un adepte fervent et éclairé. Il y avait puisé une foi inébranlable dans la vie future et dans les réformes humanitaires qui en seront la conséquence. Nous ajouterons que ses collègues avaient pu apprécier ses excellentes qualités, son extrême modestie, sa douceur, sa bienveillance et sa charité. Il s'est communiqué à la Société peu de jours après sa mort, et il y a donné la preuve de l'élévation de son Esprit par la justesse et la profondeur de ses appréciations. Pour lui le monde invisible n'a eu aucune surprise, car il le comprenait d'avance ; aussi est-il venu nous confirmer tout ce que la doctrine nous enseigne à ce sujet. Il y a retrouvé avec joie ses parents, ses amis et ses collègues qui l'y avaient précédé et qui l'attendaient à son arrivée parmi eux.
La Société spirite de Paris était représentée aux obsèques de M. Bruneau par une députation de vingt membres. Nous nous serions fait un devoir d'exprimer en cette circonstance les sentiments de la Société, mais nous savions que la famille n'était point sympathique à nos idées et nous avons dû nous abstenir de toute manifestation. Le Spiritisme ne s'impose pas ; il veut être librement accepté ; c'est pourquoi il respecte toutes les croyances, et, par esprit de tolérance et de charité, il évite ce qui peut froisser les opinions contraires aux siennes.
Du reste, le juste tribut d'éloges et de regrets qui n'a pu lui être payé ostensiblement, devant un public indifférent ou hostile, l'a été avec bien plus de recueillement au sein de la Société. Dans la séance qui a suivi ses obsèques, une allocution a été prononcée, et tous ses collègues se sont unis de cœur aux prières qui ont été dites à son intention.
Dans la séance de la Société consacrée à la mémoire de M. Bruneau, M. Allan Kardec a prononcé l'allocution suivante :
Messieurs et chers Frères spirites,
Un de nos collègues vient de quitter la terre pour rentrer dans le monde des Esprits. En lui consacrant spécialement cette séance, nous accomplissons envers lui un devoir de confraternité auquel chacun de nous, je n'en doute pas, s'associera de cœur et par une sainte communion de pensées.
M. Bruneau faisait partie de la Société depuis le 1er avril 1862 ; membre du comité, il était, comme vous le savez, très assidu à nos séances. Nous avons tous pu apprécier la douceur de son caractère, son extrême bienveillance, sa simplicité et sa charité. Il n'est pas une infortune signalée à la Société en faveur de laquelle il n'ait apporté son offrande. Sa mort nous a révélé en lui une autre qualité éminente : la modestie. Jamais il n'avait fait parade des titres qui le recommandaient comme homme de savoir. Une circonstance fortuite m'avait appris qu'il était ancien élève de l'École polytechnique, mais nous ignorions tous qu'il eût été colonel d'artillerie, et qu'il eût rempli une mission supérieure en Égypte, où il a fondé une école de cavalerie, en même temps que son gendre, Lambert Bey, y fondait une école polytechnique. Nous le connaissions comme un Spirite sincère, dévoué et éclairé, et s'il se taisait sur ses titres, il ne cachait point ses opinions.
Ces circonstances, messieurs, nous rendent sa mémoire encore plus chère, et nous ne doutons pas qu'il ait trouvé dans le monde des Esprits une position digne de son mérite.
M. Bruneau avait été un des membres actifs de l'école saint-simonienne, ce que les journaux qui ont annoncé sa mort ont eu soin de faire ressortir, mais ils se sont bien gardés de dire qu'il est mort dans la croyance spirite.
Nous n'avons point à discuter ici les principes de l'école saint-simonienne ; toutefois, le début de l'article de l'Opinion nationale nous fait involontairement faire une comparaison. Il y est dit : « La mort frappe à coups redoublés sur les membres de la mission saint-simonienne en Egypte ; après Enfantin, après Lambert Bey, nous avons à déplorer aujourd'hui la perte de M. Bruneau, etc. » Le saint-simonisme a jeté pendant quelques années un vif éclat, soit par l'étrangeté de quelques-unes de ses doctrines, soit par les hommes éminents qui s'y étaient ralliés ; mais on sait combien cet éclat fut passager. Pourquoi donc une existence si éphémère s'il était en possession de la vérité philosophique ?
La vérité est parfois lente à se répandre ; mais du moment où elle commence à poindre, elle grandit sans cesse et ne périt pas, parce que la vérité est éternelle, et elle est éternelle parce qu'elle émane de Dieu ; l'erreur seule est périssable, parce qu'elle vient des hommes. Le progrès est la loi de l'humanité ; or, l'humanité ne peut progresser qu'au fur et à mesure qu'elle découvre la vérité ; la découverte une fois faite, elle est acquise et inébranlable. Quelle théorie pourrait prévaloir aujourd'hui contre la loi du mouvement des astres, de la formation de la terre et tant d'autres ? La philosophie n'est changeante que parce qu'elle est le produit de systèmes créés par les hommes ; elle n'aura de stabilité que lorsqu'elle aura acquis la précision de la vérité mathématique. Si donc un système, une théorie, une doctrine quelconque, philosophique, religieuse ou sociale, marche vers le déclin, c'est la preuve certaine qu'elle n'est pas dans le vrai absolu. Dans toutes les religions, sans en excepter le christianisme, l'élément divin seul est impérissable ; l'élément humain tombe s'il n'est pas en harmonie avec la loi du progrès ; mais comme le progrès est incessant, il en résulte que, dans les religions, l'élément humain doit se modifier sous peine de périr ; l'élément divin seul est invariable. Voyez-le dans la loi mosaïque : les tables du Sinaï sont encore debout, devenant de plus en plus le code de l'humanité, tandis que le reste a fait son temps.
La vérité absolue, ne pouvant s'établir que sur les ruines de l'erreur, rencontre forcément des antagonistes parmi ceux qui, vivant de l'erreur, ont intérêt à combattre la vérité, et lui font, par cela même, une guerre acharnée, mais elle conquiert promptement les sympathies des masses désintéressées. En a-t-il été ainsi de la doctrine saint-simonienne ? Non ; comme pratique elle a vécu ; elle ne survit qu'à l'état de théorie sympathique et de croyance individuelle dans la pensée de quelques-uns de ses anciens adeptes ; mais, ainsi que le constate l'Opinion nationale, chaque jour enlevant quelques-uns de ses représentants, le temps n'est pas éloigné où tous auront disparu, et alors elle ne vivra plus que dans l'histoire. D'où il faut conclure qu'elle ne possédait pas toute la vérité et ne répondait pas à toutes les aspirations.
Cela veut-il dire que toutes les sectes et toutes les écoles qui tombent soient dans le faux absolu ? Non ; la plupart, au contraire, ont entrevu un coin de la vérité ; mais la somme de vérités qu'elles possédaient n'étant pas assez grande pour soutenir la lutte contre le progrès, elles ne se sont pas trouvées à la hauteur des besoins de l'humanité. Les sectes sont d'ailleurs assez généralement exclusives, et par cela même stationnaires ; il en résulte que celles qui ont pu marquer une étape du progrès à une certaine époque finissent par être distancées et s'éteignent par la force des choses. Cependant, quelles que soient les erreurs sous lesquelles elles ont succombé, leur passage n'a pas été inutile : elles ont remué les idées, tiré l'homme de l'engourdissement, soulevé des questions nouvelles qui, mieux élaborées et dégagées de l'esprit de système et d'exagération, reçoivent plus tard leur solution. Parmi les idées qu'elles sèment, les bonnes seules fructifient et renaissent sous une autre forme ; le temps, l'expérience et la raison font justice des autres.
Le tort de presque toutes les doctrines sociales, présentées comme la panacée des maux de l'humanité, est de s'appuyer exclusivement sur les intérêts matériels. Il en résulte que la solidarité qu'elles cherchent à établir entre les hommes est fragile comme la vie corporelle ; les liens de confraternité n'ayant pas de racines dans le cœur et dans la foi en l'avenir se brisent au moindre choc de l'égoïsme.
Le Spiritisme se présente dans de tout autres conditions. Est-il dans le vrai ? Nous le croyons, mais sommes-nous mieux fondés que les autres ? Les motifs qui nous portent à le croire sont très simples ; ils ressortent à la fois de la cause et des effets. Comme cause il a pour lui de n'être point une conception humaine, le produit d'un système personnel, ce qui est capital ; il n'est pas un seul de ses principes, et quand je dis pas un seul, je ne fais aucune exception, qui ne soit basé sur l'observation des faits. Si un seul des principes du Spiritisme était le résultat d'une opinion individuelle, ce serait son côté vulnérable. Mais dès lors qu'il n'avance rien qui ne soit sanctionné par l'expérience des faits, et que les faits sont dans les lois de la nature, il doit être immuable comme ces lois, car partout et dans tous les temps il trouvera sa sanction et sa confirmation, et tôt ou tard il faut que, devant les faits, toutes les croyances s'inclinent.
Comme effet, il répond à toutes les aspirations de l'âme ; il satisfait à la fois l'esprit, la raison et le cœur ; il comble le vide que laisse le doute ; il donne une base et une raison d'être à la solidarité, par la liaison qu'il établit entre le présent et l'avenir ; il assied enfin sur un fondement solide le principe d'égalité, de liberté et de fraternité. Il est ainsi le pivot sur lequel s'appuieront toutes les réformes sociales sérieuses. En s'appuyant lui-même sur les faits et les lois de nature, sans mélange de théories humaines, il ne risque point de s'écarter de l'élément divin. Aussi offre-t-il le spectacle unique dans l'histoire d'une doctrine qui en quelques années s'est implantée sur tous les points du globe et grandit sans cesse ; qui rallie toutes les croyances religieuses, tandis que les autres sont exclusives et restent renfermées dans un cercle circonscrit d'adeptes.
Telles sont, en peu de mots, les raisons sur lesquelles s'appuie notre foi en la vérité et en la stabilité du Spiritisme. Nous espérons que notre ancien collègue et toujours frère Bruneau voudra bien nous dire comment il envisage la question, aujourd'hui qu'il peut la considérer d'un point plus élevé.
Nota. La communication de M. Bruneau a pleinement répondu à notre attente ; elle se rattache, ainsi que celles qui ont été obtenues dans cette séance, à un ensemble de questions qui seront traitées ultérieurement ; c'est pourquoi nous en ajournons la publication.
Anvers, 1er novembre 1864
(Fin) .ellerutan iol al ed erdro'l snad recalp el ruop lerutanrus te euqitsatnaf erètcarac tuot emsitiripS ua zetô iouqruop tse'c ; noitcefrep al : tub emêm el snoviusruop suon ,strom suon te stnaviv suov euq tnemelanif ,eguj niarevuos ua etpmoc udner àjéd snova suon tnod noissim enu erviusruop ed ueiD rap ségrahc te sproc el emmon no'uq ertserret eppolevne ertov snad sénnosirpme erid-à-tse'c ,sénracni stirpsE ,suoV .stirpsE suot semmos suon euq elpmis trof noisulcnoc al à ehcuot no ,emâ'l ed étilatrommi'l ed étatsnoc tiaf el rap ,ro ; enirt-cod ettec reruotne à tîalp es no tnod erbmos siofrap te xuellievrem egitserp el eriurtéd à tnemennosiar elpmis el rap evirra no ,ertua'l snas nu'l retejer uo erttemda tiaruas en no'uq ,sepicnirp xued sec ed tnatrap nE .emâ'l ed étilatrommi'l te ueiD nu'd ecnetsixe'l : sétirév sednarg xued dnerppa suov emsitiripS eL (Commencement).
(Fin). étirahc ed etca nu'd eéngapmocca erèirp ennob enu (trépassés) idercrem ruop te ,port sap zeugitaf suov en : noitadnammocer erèinred enu ,ritrap ed tnavA (Commencement).
.riover uA
Nous donnons ci-dessus un curieux échantillon de l'écriture typtologique inverse dont nous avons parlé dans le numéro d'octobre dernier, page 309. On remarquera que ce ne sont pas seulement les mots qui sont dictés à rebours, mais les paragraphes entiers ; de sorte qu'il faut commencer par la dernière lettre de chaque paragraphe.
(Fin) .ellerutan iol al ed erdro'l snad recalp el ruop lerutanrus te euqitsatnaf erètcarac tuot emsitiripS ua zetô iouqruop tse'c ; noitcefrep al : tub emêm el snoviusruop suon ,strom suon te stnaviv suov euq tnemelanif ,eguj niarevuos ua etpmoc udner àjéd snova suon tnod noissim enu erviusruop ed ueiD rap ségrahc te sproc el emmon no'uq ertserret eppolevne ertov snad sénnosirpme erid-à-tse'c ,sénracni stirpsE ,suoV .stirpsE suot semmos suon euq elpmis trof noisulcnoc al à ehcuot no ,emâ'l ed étilatrommi'l ed étatsnoc tiaf el rap ,ro ; enirt-cod ettec reruotne à tîalp es no tnod erbmos siofrap te xuellievrem egitserp el eriurtéd à tnemennosiar elpmis el rap evirra no ,ertua'l snas nu'l retejer uo erttemda tiaruas en no'uq ,sepicnirp xued sec ed tnatrap nE .emâ'l ed étilatrommi'l te ueiD nu'd ecnetsixe'l : sétirév sednarg xued dnerppa suov emsitiripS eL (Commencement).
(Fin). étirahc ed etca nu'd eéngapmocca erèirp ennob enu (trépassés) idercrem ruop te ,port sap zeugitaf suov en : noitadnammocer erèinred enu ,ritrap ed tnavA (Commencement).
.riover uA
Nous donnons ci-dessus un curieux échantillon de l'écriture typtologique inverse dont nous avons parlé dans le numéro d'octobre dernier, page 309. On remarquera que ce ne sont pas seulement les mots qui sont dictés à rebours, mais les paragraphes entiers ; de sorte qu'il faut commencer par la dernière lettre de chaque paragraphe.
Comment et pourquoi je suis devenu Spirite
Par J.-B. Borreau, de Niort[1].
L'auteur raconte comment il a été amené à croire à l'existence des Esprits, à leurs manifestations et à leur intervention dans les choses de ce monde, et cela longtemps avant qu'il ne fût question du Spiritisme. Il y a été conduit par une série d'événements, alors qu'il n'y songeait en aucune façon. Dans les expériences qu'il faisait dans un tout autre but, le monde des Esprits s'est présenté à lui, par son côté le plus mauvais il est vrai, mais enfin il s'est présenté comme partie active. M. Borreau l'a trouvé sans le vouloir, absolument comme les chercheurs de la pierre philosophale ont trouvé au fond de leurs cornues des corps nouveaux qu'ils ne cherchaient pas, et qui ont enrichi la science, s'ils ne les ont pas enrichis eux-mêmes.
Le récit détaillé et circonstancié de M. Borreau est à la fois intéressant, parce qu'il est vrai, et très instructif par les enseignements qui en ressortent pour quiconque, ne s'arrêtant pas à la surface des choses, cherche les déductions et les conséquences que l'on peut tirer des faits.
M. Borreau est un grand magnétiseur ; il avait pu constater par lui-même la puissance de l'agent magnétique, et l'étonnante lucidité de certains somnambules, qui voient à distance avec autant de précision qu'avec les yeux, et dont la vue n'est arrêtée ni par l'obscurité ni par les corps opaques. Ces phénomènes avaient été pour lui la preuve palpable de l'existence, chez l'homme, d'un principe intelligent indépendant de la matière. Son désir ardent était de propager cette science nouvelle ; mais, désespérant de vaincre l'incrédulité, il eut l'idée de frapper les imaginations par un fait éclatant devant lequel devaient tomber toutes les dénégations et les doutes les plus obstinés.
Puisque, se dit-il, la vue des somnambules pénètre tout, elle peut pénétrer les couches terrestres. La découverte ostensible de quelque trésor enfoui serait un fait patent qui ne pourrait manquer de faire beaucoup de bruit, et imposerait silence aux railleurs, car on ne raille pas devant les trésors.
C'est l'histoire de ses tentatives que M. Borreau raconte dans sa brochure, tentatives pénibles, dangereuses, qui maintes fois purent lui faire croire à la réussite, et qui, après vingt ans, n'aboutirent qu'à des déceptions et à des mystifications. Un des épisodes les plus émouvants est celui de la scène terrible qui eut lieu, alors que faisant des fouilles dans un champ de la Vendée, pendant une nuit obscure, au pied des pierres druidiques et au milieu des sombres genêts, au moment où il croyait toucher au but, la somnambule, dans le paroxysme de l'extase et de la surexcitation, tomba inanimée, comme frappée de la foudre, ne donnant plus signe de vie, et ayant la roideur cadavérique. On la crut morte, et on dut la transporter, avec beaucoup de difficultés, à travers des ravins et des rocs, par une nuit obscure. Ce ne fut qu'à plusieurs lieues de là qu'elle commença à revenir à elle, sans avoir conscience de ce qui s'était passé. Cet échec ne découragea pas le persévérant chercheur, malgré une foule d'autres incidents, non moins dramatiques, qui vinrent sans cesse à la traverse, comme pour l'avertir de l'inutilité et du danger de ses tentatives.
C'est pendant le cours de ses expériences que l'existence des Esprits lui fut révélée d'une manière patente, soit par la somnambule, qui les voyait et s'entretenait avec eux, soit par plus de cinquante faits d'écriture directe dont l'origine ne pouvait être douteuse. Ces Esprits se présentaient tantôt sous des aspects effrayants, et provoquaient chez la somnambule des crises terribles que toute la puissance magnétique de M. Borreau ne pouvait parvenir à calmer, tantôt sous l'apparence d'Esprits bienveillants qui venaient l'encourager à poursuivre ses recherches, promettant toujours le succès, mais dont ils éloignaient toujours le terme. Persister dans de telles conditions, c'était, nous devons le dire, jouer un jeu bien dangereux et encourir une grave responsabilité. Ajoutons que les Esprits prescrivaient force neuvaines, dont M. Borreau finit par se lasser, trouvant que cela revenait trop cher, ce qui l'amena à cette réflexion : que les prières dites soi-même pouvaient être tout aussi efficaces et ne coûteraient rien.
Aujourd'hui que le Spiritisme est venu éclairer toutes ces questions, chacun des paragraphes de cette brochure pourrait donner lieu à un commentaire instructif, mais deux numéros entiers de notre Revue y subiraient à peine. Un jour peut-être entreprendrons-nous ce travail ; en attendant, toute personne versée dans la connaissance des principes du Spiritisme pourra tirer elle-même les conclusions. Nous renvoyons à cet effet au chapitre xxvi du Livre des médiums, et notamment aux §§ 294 et 295, ainsi qu'aux réflexions qui accompagnent l'article sur la société allemande des chercheurs de trésors, publié dans la Revue d'octobre 1864.
M. Borreau dit que son but unique était de vaincre l'incrédulité à l'endroit du magnétisme ; cependant, quoiqu'il n'ait pas réussi, le magnétisme et le somnambulisme n'en ont pas moins fait leur chemin ; malgré l'opposition systématique de quelques savants, les phénomènes de cet ordre sont aujourd'hui passés à l'état de faits, et acceptés par les masses et par un grand nombre de médecins ; les cures magnétiques sont admises même dans le monde officiel ; quelques personnes les contestent encore par esprit d'opposition, mais on n'en rit plus ; tant il est vrai que ce qui est vérité doit tôt ou tard triompher.
La réussite des tentatives de M. Borreau n'était donc pas nécessaire ; elle n'eût même pas atteint le but qu'il se proposait, car un fait isolé ne peut faire loi, et les incrédules n'auraient pas manqué de raisons pour l'attribuer à toute autre cause que la véritable. Nous disons plus, c'est que la réussite eût été déplorable pour le magnétisme.
Un principe nouveau ne s'accrédite que par la multiplicité des faits ; or, la possibilité pour l'un de découvrir un trésor impliquait cette possibilité pour tout le monde ; pour mieux se convaincre chacun eût voulu essayer. Quoi de plus naturel ! puisqu'on aurait pu s'enrichir si facilement et si promptement ; les paresseux y auraient trouvé leur compte, et les voleurs aussi, car pourquoi la lucidité se serait-elle arrêtée devant le droit de propriété ? La cupidité, déjà arrivée à l'état de fléau, n'avait pas besoin de ce nouveau stimulant. La Providence ne l'a pas voulu ; mais comme le magnétisme est une loi de nature, il a triomphé par la force des choses. Sa propagation est due surtout à sa puissance curative ; par là il a un but humanitaire, et non égoïste comme l'est nécessairement l'appât du gain. Les innombrables faits de guérison qui se répètent sur tous les points du globe ont plus fait pour l'accréditer que n'auraient pu le faire la découverte du plus grand trésor, ou même les expériences les plus curieuses, attendu que tout le monde peut en éprouver les bienfaits, tandis qu'il n'y a pas de trésors pour tout le monde, et que la curiosité elle-même se lasse. Jésus a fait plus de prosélytes en guérissant les malades que par le miracle des noces de Cana. Il en est ainsi du Spiritisme ; ceux qu'il amène à lui par la consolation sont à ceux qu'il recrute par la curiosité dans la proportion de 100 à 1.
Ces tentatives, quoique infructueuses au point de vue matériel, ont-elles été sans profit pour M. Borreau ? Voici ce qu'il dit lui-même à ce sujet :
« Toutes ces réflexions avaient tellement assombri mon esprit, si gai d'habitude, que je devins, pendant le reste du voyage, triste, rêveur et injuste au point de regretter d'avoir donné, dans ma pensée, accès à cette idée fixe qui m'avait jeté dans toutes les tribulations de ces voies inconnues.
Qu'ai-je gagné à cela, me disais-je avec amertume ? La connaissance, il est vrai, d'un monde que j'ignorais, et la possibilité de se mettre en rapport avec les êtres qui le composent. Mais, après tout, ce monde, ainsi que le nôtre, doit avoir ses bons et ses mauvais Esprits. Qui me donne l'assurance que, malgré l'intérêt qu'il paraît nous porter et toutes ses belles et bienveillantes paroles, celui qui semble s'être imposé à nous n'ait que de bonnes intentions, et le pouvoir, ainsi qu'il le dit, de nous conduire à la brillante réussite que j'ai rêvée, et qui, peut-être, ne m'a été inspirée que pour me séduire et m'induire en erreur ? »
N'est-ce donc rien que la constatation du monde invisible, de la chose qui intéresse au plus haut point l'avenir de l'humanité tout entière, puisque toute l'humanité y arrive ? N'est-ce pas un résultat immense que la découverte de cette clef de voûte de tous les problèmes contre lesquels la philosophie s'est heurtée jusqu'à ce jour ? N'est-ce pas une faveur insigne que d'avoir été appelé un des premiers à cette connaissance ? N'est-ce pas un grand service rendu à la cause du magnétisme, involontairement il est vrai, que d'avoir fourmi à ses dépens une nouvelle preuve, entre mille autres, de l'impossibilité de réussir en pareil cas, et de détourner ceux qui seraient tentés de faire de semblables essais et de se leurrer d'espérances chimériques ? C'est à ce résultat qu'ont abouti les laborieuses recherches de M. Borreau ; s'il n'a pas trouvé de trésors pour cette vie, il en a trouvé un mille fois plus précieux pour l'autre ; car celui qu'il eût trouvé dans la terre, il eût été forcé de l'y laisser à son départ, tandis qu'il emportera avec lui un trésor impérissable. S'en trouve-t-il satisfait ? Nous l'ignorons.
Quoi qu'il en soit, nous ne pouvons nous empêcher d'établir un rapprochement entre ce fait et le vieillard de la fable qui dit à ses trois fils qu'un trésor était caché dans le champ qu'il leur laissait pour héritage ; sur quoi deux d'entre eux se mirent à fouiller leur portion ; mais, de trésor, point. Le troisième, plus sage, laboura la sienne avec soin, si bien qu'au bout de l'an elle rapporta davantage ; d'où la maxime : « Travaillez, prenez de la peine, c'est le fonds qui manque le moins. » L'Esprit a fait comme le vieillard, et, à notre avis, M. Borreau a trouvé le vrai trésor.
Notre critique ne touche en rien la personne de M. Borreau, que nous connaissons de longue date, et tenons pour digne d'estime à tous égards. Nous avons simplement voulu montrer la moralité qui ressort de ses expériences au profit de la science et de chacun en particulier. A ce point de vue, sa brochure est éminemment instructive, en même temps qu'intéressante par les phénomènes remarquables qu'elle constate ; c'est pourquoi nous la recommandons à nos lecteurs.
[1] Broch. in-8°. Prix : 2 fr. ‑ Niort, chez tous les libraires ; Paris, Didier et Ce 35, quai des Augustins ; Ledoyen, Palais-Royal.
L'auteur raconte comment il a été amené à croire à l'existence des Esprits, à leurs manifestations et à leur intervention dans les choses de ce monde, et cela longtemps avant qu'il ne fût question du Spiritisme. Il y a été conduit par une série d'événements, alors qu'il n'y songeait en aucune façon. Dans les expériences qu'il faisait dans un tout autre but, le monde des Esprits s'est présenté à lui, par son côté le plus mauvais il est vrai, mais enfin il s'est présenté comme partie active. M. Borreau l'a trouvé sans le vouloir, absolument comme les chercheurs de la pierre philosophale ont trouvé au fond de leurs cornues des corps nouveaux qu'ils ne cherchaient pas, et qui ont enrichi la science, s'ils ne les ont pas enrichis eux-mêmes.
Le récit détaillé et circonstancié de M. Borreau est à la fois intéressant, parce qu'il est vrai, et très instructif par les enseignements qui en ressortent pour quiconque, ne s'arrêtant pas à la surface des choses, cherche les déductions et les conséquences que l'on peut tirer des faits.
M. Borreau est un grand magnétiseur ; il avait pu constater par lui-même la puissance de l'agent magnétique, et l'étonnante lucidité de certains somnambules, qui voient à distance avec autant de précision qu'avec les yeux, et dont la vue n'est arrêtée ni par l'obscurité ni par les corps opaques. Ces phénomènes avaient été pour lui la preuve palpable de l'existence, chez l'homme, d'un principe intelligent indépendant de la matière. Son désir ardent était de propager cette science nouvelle ; mais, désespérant de vaincre l'incrédulité, il eut l'idée de frapper les imaginations par un fait éclatant devant lequel devaient tomber toutes les dénégations et les doutes les plus obstinés.
Puisque, se dit-il, la vue des somnambules pénètre tout, elle peut pénétrer les couches terrestres. La découverte ostensible de quelque trésor enfoui serait un fait patent qui ne pourrait manquer de faire beaucoup de bruit, et imposerait silence aux railleurs, car on ne raille pas devant les trésors.
C'est l'histoire de ses tentatives que M. Borreau raconte dans sa brochure, tentatives pénibles, dangereuses, qui maintes fois purent lui faire croire à la réussite, et qui, après vingt ans, n'aboutirent qu'à des déceptions et à des mystifications. Un des épisodes les plus émouvants est celui de la scène terrible qui eut lieu, alors que faisant des fouilles dans un champ de la Vendée, pendant une nuit obscure, au pied des pierres druidiques et au milieu des sombres genêts, au moment où il croyait toucher au but, la somnambule, dans le paroxysme de l'extase et de la surexcitation, tomba inanimée, comme frappée de la foudre, ne donnant plus signe de vie, et ayant la roideur cadavérique. On la crut morte, et on dut la transporter, avec beaucoup de difficultés, à travers des ravins et des rocs, par une nuit obscure. Ce ne fut qu'à plusieurs lieues de là qu'elle commença à revenir à elle, sans avoir conscience de ce qui s'était passé. Cet échec ne découragea pas le persévérant chercheur, malgré une foule d'autres incidents, non moins dramatiques, qui vinrent sans cesse à la traverse, comme pour l'avertir de l'inutilité et du danger de ses tentatives.
C'est pendant le cours de ses expériences que l'existence des Esprits lui fut révélée d'une manière patente, soit par la somnambule, qui les voyait et s'entretenait avec eux, soit par plus de cinquante faits d'écriture directe dont l'origine ne pouvait être douteuse. Ces Esprits se présentaient tantôt sous des aspects effrayants, et provoquaient chez la somnambule des crises terribles que toute la puissance magnétique de M. Borreau ne pouvait parvenir à calmer, tantôt sous l'apparence d'Esprits bienveillants qui venaient l'encourager à poursuivre ses recherches, promettant toujours le succès, mais dont ils éloignaient toujours le terme. Persister dans de telles conditions, c'était, nous devons le dire, jouer un jeu bien dangereux et encourir une grave responsabilité. Ajoutons que les Esprits prescrivaient force neuvaines, dont M. Borreau finit par se lasser, trouvant que cela revenait trop cher, ce qui l'amena à cette réflexion : que les prières dites soi-même pouvaient être tout aussi efficaces et ne coûteraient rien.
Aujourd'hui que le Spiritisme est venu éclairer toutes ces questions, chacun des paragraphes de cette brochure pourrait donner lieu à un commentaire instructif, mais deux numéros entiers de notre Revue y subiraient à peine. Un jour peut-être entreprendrons-nous ce travail ; en attendant, toute personne versée dans la connaissance des principes du Spiritisme pourra tirer elle-même les conclusions. Nous renvoyons à cet effet au chapitre xxvi du Livre des médiums, et notamment aux §§ 294 et 295, ainsi qu'aux réflexions qui accompagnent l'article sur la société allemande des chercheurs de trésors, publié dans la Revue d'octobre 1864.
M. Borreau dit que son but unique était de vaincre l'incrédulité à l'endroit du magnétisme ; cependant, quoiqu'il n'ait pas réussi, le magnétisme et le somnambulisme n'en ont pas moins fait leur chemin ; malgré l'opposition systématique de quelques savants, les phénomènes de cet ordre sont aujourd'hui passés à l'état de faits, et acceptés par les masses et par un grand nombre de médecins ; les cures magnétiques sont admises même dans le monde officiel ; quelques personnes les contestent encore par esprit d'opposition, mais on n'en rit plus ; tant il est vrai que ce qui est vérité doit tôt ou tard triompher.
La réussite des tentatives de M. Borreau n'était donc pas nécessaire ; elle n'eût même pas atteint le but qu'il se proposait, car un fait isolé ne peut faire loi, et les incrédules n'auraient pas manqué de raisons pour l'attribuer à toute autre cause que la véritable. Nous disons plus, c'est que la réussite eût été déplorable pour le magnétisme.
Un principe nouveau ne s'accrédite que par la multiplicité des faits ; or, la possibilité pour l'un de découvrir un trésor impliquait cette possibilité pour tout le monde ; pour mieux se convaincre chacun eût voulu essayer. Quoi de plus naturel ! puisqu'on aurait pu s'enrichir si facilement et si promptement ; les paresseux y auraient trouvé leur compte, et les voleurs aussi, car pourquoi la lucidité se serait-elle arrêtée devant le droit de propriété ? La cupidité, déjà arrivée à l'état de fléau, n'avait pas besoin de ce nouveau stimulant. La Providence ne l'a pas voulu ; mais comme le magnétisme est une loi de nature, il a triomphé par la force des choses. Sa propagation est due surtout à sa puissance curative ; par là il a un but humanitaire, et non égoïste comme l'est nécessairement l'appât du gain. Les innombrables faits de guérison qui se répètent sur tous les points du globe ont plus fait pour l'accréditer que n'auraient pu le faire la découverte du plus grand trésor, ou même les expériences les plus curieuses, attendu que tout le monde peut en éprouver les bienfaits, tandis qu'il n'y a pas de trésors pour tout le monde, et que la curiosité elle-même se lasse. Jésus a fait plus de prosélytes en guérissant les malades que par le miracle des noces de Cana. Il en est ainsi du Spiritisme ; ceux qu'il amène à lui par la consolation sont à ceux qu'il recrute par la curiosité dans la proportion de 100 à 1.
Ces tentatives, quoique infructueuses au point de vue matériel, ont-elles été sans profit pour M. Borreau ? Voici ce qu'il dit lui-même à ce sujet :
« Toutes ces réflexions avaient tellement assombri mon esprit, si gai d'habitude, que je devins, pendant le reste du voyage, triste, rêveur et injuste au point de regretter d'avoir donné, dans ma pensée, accès à cette idée fixe qui m'avait jeté dans toutes les tribulations de ces voies inconnues.
Qu'ai-je gagné à cela, me disais-je avec amertume ? La connaissance, il est vrai, d'un monde que j'ignorais, et la possibilité de se mettre en rapport avec les êtres qui le composent. Mais, après tout, ce monde, ainsi que le nôtre, doit avoir ses bons et ses mauvais Esprits. Qui me donne l'assurance que, malgré l'intérêt qu'il paraît nous porter et toutes ses belles et bienveillantes paroles, celui qui semble s'être imposé à nous n'ait que de bonnes intentions, et le pouvoir, ainsi qu'il le dit, de nous conduire à la brillante réussite que j'ai rêvée, et qui, peut-être, ne m'a été inspirée que pour me séduire et m'induire en erreur ? »
N'est-ce donc rien que la constatation du monde invisible, de la chose qui intéresse au plus haut point l'avenir de l'humanité tout entière, puisque toute l'humanité y arrive ? N'est-ce pas un résultat immense que la découverte de cette clef de voûte de tous les problèmes contre lesquels la philosophie s'est heurtée jusqu'à ce jour ? N'est-ce pas une faveur insigne que d'avoir été appelé un des premiers à cette connaissance ? N'est-ce pas un grand service rendu à la cause du magnétisme, involontairement il est vrai, que d'avoir fourmi à ses dépens une nouvelle preuve, entre mille autres, de l'impossibilité de réussir en pareil cas, et de détourner ceux qui seraient tentés de faire de semblables essais et de se leurrer d'espérances chimériques ? C'est à ce résultat qu'ont abouti les laborieuses recherches de M. Borreau ; s'il n'a pas trouvé de trésors pour cette vie, il en a trouvé un mille fois plus précieux pour l'autre ; car celui qu'il eût trouvé dans la terre, il eût été forcé de l'y laisser à son départ, tandis qu'il emportera avec lui un trésor impérissable. S'en trouve-t-il satisfait ? Nous l'ignorons.
Quoi qu'il en soit, nous ne pouvons nous empêcher d'établir un rapprochement entre ce fait et le vieillard de la fable qui dit à ses trois fils qu'un trésor était caché dans le champ qu'il leur laissait pour héritage ; sur quoi deux d'entre eux se mirent à fouiller leur portion ; mais, de trésor, point. Le troisième, plus sage, laboura la sienne avec soin, si bien qu'au bout de l'an elle rapporta davantage ; d'où la maxime : « Travaillez, prenez de la peine, c'est le fonds qui manque le moins. » L'Esprit a fait comme le vieillard, et, à notre avis, M. Borreau a trouvé le vrai trésor.
Notre critique ne touche en rien la personne de M. Borreau, que nous connaissons de longue date, et tenons pour digne d'estime à tous égards. Nous avons simplement voulu montrer la moralité qui ressort de ses expériences au profit de la science et de chacun en particulier. A ce point de vue, sa brochure est éminemment instructive, en même temps qu'intéressante par les phénomènes remarquables qu'elle constate ; c'est pourquoi nous la recommandons à nos lecteurs.
[1] Broch. in-8°. Prix : 2 fr. ‑ Niort, chez tous les libraires ; Paris, Didier et Ce 35, quai des Augustins ; Ledoyen, Palais-Royal.
Tel
est le titre d'un nouveau journal qui se publie à Bruxelles, dans le format des
grands journaux, sous la direction de MM. Malibran et Roselli, noms qui sont à
la fois un programme et une recommandation pour la spécialité de cette feuille.
Ce n'est pas comme organe des arts que nous avons à l'apprécier ; sur ce
point, nous nous en référons à de plus compétents que nous et qui le jugent à
la hauteur de son titre. En effet, il ne saurait être confondu avec ces
feuilles légères qui, sous l'enseigne de la littérature, donnent à leurs
lecteurs plus de facéties que de fond, et souvent plus de blancs que de texte.
Le Monde musical est un journal sérieux, où toutes les questions de son
programme sont traitées d'une manière substantielle et par des mains habiles.
Cette considération n'est pas sans importance pour nous.
Ce journal est un premier pas de la presse indépendante dans la voie du Spiritisme. Sans se poser en organe et en propagateur de la doctrine, il s'est fait ce raisonnement judicieux :
« Vrai ou faux, le Spiritisme a pris rang parmi les faits d'actualités qui préoccupent l'opinion. Les orages qu'il soulève dans un certain monde prouvent qu'il n'est pas sans importance ; sa propagation, malgré les attaques du clergé, prouve que ce n'est pas un feu de paille ; déjà, par le nombre de ses adhérents, il devient une puissance avec laquelle il faudra tôt ou tard compter. Si c'est une erreur, elle tombera d'elle-même ; si c'est une vérité, c'est inévitablement une révolution dans les idées, et rien ne pourrait s'y opposer. Dans l'une et l'autre de ces deux alternatives, nous devons, à titre de renseignement, tenir nos lecteurs au courant de l'état de la question. Parler de cela ou d'autre chose, mieux vaut, selon nous, traiter ce sujet qu'étaler la chronique scandaleuse des coulisses ou des salons.
Pour mettre nos lecteurs à même de juger en connaissance de cause, nous emprunterons la plupart de nos citations aux écrits qui font foi parmi les adeptes de cette doctrine ; mais, comme nous ne devons ni ne voulons forcer l'opinion de personne, ni pour ni contre, nous admettrons la controverse lorsqu'elle ne s'écartera pas des bornes d'une discussion convenable et honnête. En nous maintenant sur le terrain de l'impartialité, chacun reste libre de ses convictions. Les opinions favorables ou contraires qui pourraient être formulées dans certains articles doivent être considérées comme des opinions personnelles aux auteurs desdits articles, et qui n'engagent en rien la responsabilité du journal. »
Tel est le résumé du programme qui nous a été présenté, et auquel nous ne pouvons qu'applaudir. Il serait à désirer que cet exemple eût des imitateurs dans la presse ; ce que nous reprochons à celle-ci, ce n'est pas la discussion de nos principes, mais la critique aveugle et systématiquement malveillante qui en parle sans les connaître, et les dénature d'une façon peu loyale. Les journaux qui entreront franchement dans cette voie, loin d'y perdre, ne pourront qu'y gagner matériellement, car les Spirites forment aujourd'hui une masse de lecteurs de plus en plus prépondérante, et dont la sympathie se portera naturellement de leur côté.
Sous ce rapport, le Monde musical mérite leurs encouragements.
Nota. ‑ Le Monde musical paraît tous les dimanches, depuis le 1er octobre 1864. Prix de l'abonnement : 4 francs par an pour la Belgique ; 10 francs pour la France. On peut s'abonner à partir du 1er de chaque mois ; à Bruxelles, au bureau du journal, rue de l'Ecuyer, n° 18 ; à Paris, à l'agence du journal, rue de Buffaut, 9.
Une société est formée pour l'exploitation de ce journal, au capital de 60 000 fr. divisé en 2400 actions de 25 fr. chacune.
Ce journal est un premier pas de la presse indépendante dans la voie du Spiritisme. Sans se poser en organe et en propagateur de la doctrine, il s'est fait ce raisonnement judicieux :
« Vrai ou faux, le Spiritisme a pris rang parmi les faits d'actualités qui préoccupent l'opinion. Les orages qu'il soulève dans un certain monde prouvent qu'il n'est pas sans importance ; sa propagation, malgré les attaques du clergé, prouve que ce n'est pas un feu de paille ; déjà, par le nombre de ses adhérents, il devient une puissance avec laquelle il faudra tôt ou tard compter. Si c'est une erreur, elle tombera d'elle-même ; si c'est une vérité, c'est inévitablement une révolution dans les idées, et rien ne pourrait s'y opposer. Dans l'une et l'autre de ces deux alternatives, nous devons, à titre de renseignement, tenir nos lecteurs au courant de l'état de la question. Parler de cela ou d'autre chose, mieux vaut, selon nous, traiter ce sujet qu'étaler la chronique scandaleuse des coulisses ou des salons.
Pour mettre nos lecteurs à même de juger en connaissance de cause, nous emprunterons la plupart de nos citations aux écrits qui font foi parmi les adeptes de cette doctrine ; mais, comme nous ne devons ni ne voulons forcer l'opinion de personne, ni pour ni contre, nous admettrons la controverse lorsqu'elle ne s'écartera pas des bornes d'une discussion convenable et honnête. En nous maintenant sur le terrain de l'impartialité, chacun reste libre de ses convictions. Les opinions favorables ou contraires qui pourraient être formulées dans certains articles doivent être considérées comme des opinions personnelles aux auteurs desdits articles, et qui n'engagent en rien la responsabilité du journal. »
Tel est le résumé du programme qui nous a été présenté, et auquel nous ne pouvons qu'applaudir. Il serait à désirer que cet exemple eût des imitateurs dans la presse ; ce que nous reprochons à celle-ci, ce n'est pas la discussion de nos principes, mais la critique aveugle et systématiquement malveillante qui en parle sans les connaître, et les dénature d'une façon peu loyale. Les journaux qui entreront franchement dans cette voie, loin d'y perdre, ne pourront qu'y gagner matériellement, car les Spirites forment aujourd'hui une masse de lecteurs de plus en plus prépondérante, et dont la sympathie se portera naturellement de leur côté.
Sous ce rapport, le Monde musical mérite leurs encouragements.
Nota. ‑ Le Monde musical paraît tous les dimanches, depuis le 1er octobre 1864. Prix de l'abonnement : 4 francs par an pour la Belgique ; 10 francs pour la France. On peut s'abonner à partir du 1er de chaque mois ; à Bruxelles, au bureau du journal, rue de l'Ecuyer, n° 18 ; à Paris, à l'agence du journal, rue de Buffaut, 9.
Une société est formée pour l'exploitation de ce journal, au capital de 60 000 fr. divisé en 2400 actions de 25 fr. chacune.
Photographie
d'un dessin fait sur les lieux, représentant la cérémonie de l'autodafé des
livres spirites à Barcelone, avec extrait du procès-verbal écrit de la main de
M. Allan Kardec.
Prix : 1 franc 25 c., franco pour la France et l'Algérie, port et emballage 1 fr. 50 c.
Au bureau de la Revue spirite.
Prix : 1 franc 25 c., franco pour la France et l'Algérie, port et emballage 1 fr. 50 c.
Au bureau de la Revue spirite.
A propos de l'Imitation de l'Evangile
Bordeaux, mai 1864 ; groupe de Saint-Jean. ‑ Médium, M. Rul.
Un nouveau livre vient de paraître ; c'est une lumière plus brillante qui vient éclairer votre marche. Il y a dix-huit siècles je suis venu, par ordre de mon Père, apporter la parole de Dieu aux hommes de volonté. Cette parole a été oubliée du plus grand nombre, et l'incrédulité, le matérialisme, sont venus étouffer le bon grain que j'avais déposé sur votre terre. Aujourd'hui, par ordre de l'Eternel, les bons Esprits, ses messagers, viennent sur tous les points du globe faire entendre la trompette retentissante. Ecoutez leurs voix ; ce sont celles destinées à vous montrer le chemin qui conduit aux pieds du Père céleste. Soyez dociles à leurs enseignements ; les temps prédits sont arrivés ; toutes les prophéties seront accomplies.
Aux fruits on reconnaît l'arbre. Voyez quels sont les fruits du Spiritisme : des ménages où la discorde avait remplacé l'harmonie ont vu revenir la paix et le bonheur ; des hommes qui succombaient sous le poids de leurs afflictions, réveillés aux accents mélodieux des voix d'outre-tombe, ont compris qu'ils faisaient fausse route, et, rougissant de leurs faiblesses, ils se sont repentis, et ont demandé au Seigneur la force de supporter leurs épreuves.
Epreuves et expiations, voilà la condition de l'homme sur la terre. Expiation du passé, épreuves pour le fortifier contre la tentation, pour développer l'Esprit par l'activité de la lutte, l'habituer à dominer la matière, et le préparer aux jouissances pures qui l'attendent dans le monde des Esprits.
Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père, leur ai-je dit il y a dix-huit siècles. Ces paroles, le Spiritisme est venu les faire comprendre. Et vous, mes bien-aimés, travailleurs qui supportez l'ardeur du jour, qui croyez avoir à vous plaindre de l'injustice du sort, bénissez vos souffrances ; remerciez Dieu qui vous donne les moyens d'acquitter les dettes du passé ; priez, non pas des lèvres, mais de votre cœur amélioré, pour venir prendre dans la maison de mon Père la meilleure demeure ; car les grands seront abaissés ; mais, vous le savez, les petits et les humbles seront élevés.L'Esprit de vÉritÉ.
Remarque. ‑ On sait que nous prenons d'autant moins la responsabilité des noms qu'ils appartiennent à des êtres plus élevés. Nous ne garantissons pas plus cette signature que beaucoup d'autres, nous bornant à livrer cette communication à l'appréciation de tout Spirite éclairé. Nous dirons toutefois qu'on ne peut y méconnaître l'élévation de la pensée, la noblesse et la simplicité des expressions, la sobriété du langage, l'absence de toute superfluité. Si on la compare à celles qui sont rapportées dans l'Imitation de l'Evangile (préface, et chap. III : Le Christ consolateur), et qui portent la même signature, quoique obtenues par des médiums différents et à diverses époques, on remarque entre elles une analogie frappante de ton, de style et de pensées qui accuse une source unique. Pour nous, nous disons qu'elle peut être de l'Esprit de vérité, parce qu'elle est digne de lui ; tandis que nous en avons vu des masses signées de ce nom vénéré ou de celui de Jésus, dont la prolixité, le verbiage, la vulgarité, parfois même la trivialité des idées, trahissent l'origine apocryphe aux yeux des moins clairvoyants. Une fascination complète peut seule expliquer l'aveuglement de ceux qui s'y laissent prendre, si ce n'est aussi l'orgueil de se croire infaillible et l'interprète privilégié des purs Esprits, orgueil toujours puni, tôt ou tard, par des déceptions, des mystifications ridicules et par des malheurs réels en cette vie. A la vue de ces noms vénérés, le premier sentiment du médium modeste est celui du doute, parce qu'il ne se croit pas digne d'une telle faveur.
Un nouveau livre vient de paraître ; c'est une lumière plus brillante qui vient éclairer votre marche. Il y a dix-huit siècles je suis venu, par ordre de mon Père, apporter la parole de Dieu aux hommes de volonté. Cette parole a été oubliée du plus grand nombre, et l'incrédulité, le matérialisme, sont venus étouffer le bon grain que j'avais déposé sur votre terre. Aujourd'hui, par ordre de l'Eternel, les bons Esprits, ses messagers, viennent sur tous les points du globe faire entendre la trompette retentissante. Ecoutez leurs voix ; ce sont celles destinées à vous montrer le chemin qui conduit aux pieds du Père céleste. Soyez dociles à leurs enseignements ; les temps prédits sont arrivés ; toutes les prophéties seront accomplies.
Aux fruits on reconnaît l'arbre. Voyez quels sont les fruits du Spiritisme : des ménages où la discorde avait remplacé l'harmonie ont vu revenir la paix et le bonheur ; des hommes qui succombaient sous le poids de leurs afflictions, réveillés aux accents mélodieux des voix d'outre-tombe, ont compris qu'ils faisaient fausse route, et, rougissant de leurs faiblesses, ils se sont repentis, et ont demandé au Seigneur la force de supporter leurs épreuves.
Epreuves et expiations, voilà la condition de l'homme sur la terre. Expiation du passé, épreuves pour le fortifier contre la tentation, pour développer l'Esprit par l'activité de la lutte, l'habituer à dominer la matière, et le préparer aux jouissances pures qui l'attendent dans le monde des Esprits.
Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père, leur ai-je dit il y a dix-huit siècles. Ces paroles, le Spiritisme est venu les faire comprendre. Et vous, mes bien-aimés, travailleurs qui supportez l'ardeur du jour, qui croyez avoir à vous plaindre de l'injustice du sort, bénissez vos souffrances ; remerciez Dieu qui vous donne les moyens d'acquitter les dettes du passé ; priez, non pas des lèvres, mais de votre cœur amélioré, pour venir prendre dans la maison de mon Père la meilleure demeure ; car les grands seront abaissés ; mais, vous le savez, les petits et les humbles seront élevés.L'Esprit de vÉritÉ.
Remarque. ‑ On sait que nous prenons d'autant moins la responsabilité des noms qu'ils appartiennent à des êtres plus élevés. Nous ne garantissons pas plus cette signature que beaucoup d'autres, nous bornant à livrer cette communication à l'appréciation de tout Spirite éclairé. Nous dirons toutefois qu'on ne peut y méconnaître l'élévation de la pensée, la noblesse et la simplicité des expressions, la sobriété du langage, l'absence de toute superfluité. Si on la compare à celles qui sont rapportées dans l'Imitation de l'Evangile (préface, et chap. III : Le Christ consolateur), et qui portent la même signature, quoique obtenues par des médiums différents et à diverses époques, on remarque entre elles une analogie frappante de ton, de style et de pensées qui accuse une source unique. Pour nous, nous disons qu'elle peut être de l'Esprit de vérité, parce qu'elle est digne de lui ; tandis que nous en avons vu des masses signées de ce nom vénéré ou de celui de Jésus, dont la prolixité, le verbiage, la vulgarité, parfois même la trivialité des idées, trahissent l'origine apocryphe aux yeux des moins clairvoyants. Une fascination complète peut seule expliquer l'aveuglement de ceux qui s'y laissent prendre, si ce n'est aussi l'orgueil de se croire infaillible et l'interprète privilégié des purs Esprits, orgueil toujours puni, tôt ou tard, par des déceptions, des mystifications ridicules et par des malheurs réels en cette vie. A la vue de ces noms vénérés, le premier sentiment du médium modeste est celui du doute, parce qu'il ne se croit pas digne d'une telle faveur.
Cette souscription a été close le 1er décembre, ainsi que nous l'avons annoncé dans le dernier numéro de la Revue. Le montant s'en est élevé à 255 francs.
Nous ferons remarquer qu'en raison des vacances de la Société, au moment du désastre, la souscription n'a pu être ouverte qu'à la rentrée et annoncée dans la Revue du mois d'octobre. A cette époque, chacun s'était déjà empressé de verser son offrande aux différents centres de souscription, ce qui explique la modicité du chiffre obtenu, qui, pour la souscription rouennaise, s'était élevé à 2 833 fr. La presque totalité des souscripteurs ayant tenu à garder l'anonyme, nous ne publions pas de liste nominative. Nous mentionnerons toutefois celle qui est inscrite pour 50 fr. sous le titre de Produit de la journée d'un photographe de province, avec recommandation de taire même le nom de la ville. La souscription sera versée au nom de la Société spirite de Paris.
Nous ferons remarquer qu'en raison des vacances de la Société, au moment du désastre, la souscription n'a pu être ouverte qu'à la rentrée et annoncée dans la Revue du mois d'octobre. A cette époque, chacun s'était déjà empressé de verser son offrande aux différents centres de souscription, ce qui explique la modicité du chiffre obtenu, qui, pour la souscription rouennaise, s'était élevé à 2 833 fr. La presque totalité des souscripteurs ayant tenu à garder l'anonyme, nous ne publions pas de liste nominative. Nous mentionnerons toutefois celle qui est inscrite pour 50 fr. sous le titre de Produit de la journée d'un photographe de province, avec recommandation de taire même le nom de la ville. La souscription sera versée au nom de la Société spirite de Paris.
Allan Kardec