I - Les idées préconçues.
Nous vous avons souvent dit de scruter les communications qui vous sont
faites, de les soumettre à l'analyse de la raison et de ne pas prendre,
sans examen, les inspirations qui viennent agiter votre esprit sous
l'influence de causes souvent fort difficiles à constater pour des
incarnés soumis à des diversions sans nombre.
Les idées pures
qui flottent pour ainsi dire dans l'espace (suivant l'idée
platonicienne) portées par les Esprits, ne peuvent pas toujours se loger
seules et isolées dans le cerveau de vos médiums ; elles trouvent
souvent la place occupée par des idées préconçues qui s'écoulent avec le
jet de l'inspiration, qui le troublent et le transforment d'une manière
inconsciente il est vrai, mais quelquefois d'une manière assez profonde
pour que l'idée spirituelle se trouve ainsi entièrement dénaturée.
L'inspiration renferme deux éléments : la pensée et la chaleur
fluidique destinée à échauffer l'esprit du médium en lui donnant ce que
vous appelez la verve de la composition ; si l'inspiration trouve la
place occupée par une idée préconçue dont le médium ne peut ou ne veut
pas se détacher, notre pensée reste sans interprète, et la chaleur
fluidique se dépense à chauffer une pensée qui n'est pas la nôtre. Que
de fois, dans votre monde égoïste et passionné, venons-nous apporter la
chaleur et l'idée ! Vous dédaignez l'idée que votre conscience devrait
vous faire reconnaître, et vous vous emparez de la chaleur au profit de
vos passions terrestres, dilapidant ainsi quelquefois le bien de Dieu au
profit du mal. Aussi, que de comptes auront à rendre un jour tous les
avocats de mauvaises causes !
Sans doute il serait à désirer
que les bonnes inspirations pussent toujours dominer les idées
préconçues ; mais alors nous entraverions le libre arbitre de la volonté
de l'homme, et ce dernier échapperait ainsi à la responsabilité qui lui
appartient. Mais si nous ne sommes que les conseillers auxiliaires de
l'humanité, combien de fois n'avons-nous pas à nous féliciter lorsque
notre idée, frappant à la porte d'une conscience droite, triomphe de
l'idée préconçue et modifie la conviction de l'inspiré ! Il ne faudrait
pas croire cependant que notre secours mal employé ne trahisse pas un
peu le mauvais usage qu'on peut en faire ; la conviction sincère trouve
des accents qui, partis du cœur, arrivent au cœur ; la conviction
simulée peut satisfaire des convictions passionnées, vibrant à l'unisson
de la première, mais elle porte un froid particulier qui laisse la
conscience mal satisfaite, et décèle une origine douteuse.
Voulez-vous savoir d'où viennent les deux éléments de l'inspiration
médianimique ? La réponse est facile : l'idée vient du monde
extraterrestre, c'est l'inspiration propre de l'Esprit. Quant à la
chaleur fluidique de l'inspiration, nous la trouvons et nous la prenons
chez vous-mêmes ; c'est la partie quintessenciée du fluide vital en
émanation ; quelquefois nous l'empruntons à l'inspiré lui-même quand il
est doué d'une certaine puissance fluidique (ou médianimique, comme vous
l'appelez), le plus souvent nous l'empruntons à son entourage dans
l'émanation de bienveillance dont il est plus ou moins entouré. C'est
pour cela qu'on peut dire avec raison que la sympathie rend éloquent.
Si vous réfléchissez attentivement à ces causes, vous trouverez
l'explication de beaucoup de faits qui étonnent d'abord, mais dont
chacun possède une certaine intuition. L'idée seule ne suffirait pas à
l'homme, si on ne lui donnait pas la puissance de l'exprimer. La chaleur
est à l'idée ce que le périsprit est à l'Esprit, ce que votre corps est
à l'âme. Sans le corps, l'âme serait impuissante à agiter la matière ;
sans la chaleur, l'idée serait impuissante à émouvoir les cœurs.
La conclusion de cette communication est que vous ne devez jamais
abdiquer votre raison dans l'examen des inspirations qui vous sont
soumises. Plus le médium a d'idées acquises, plus il est susceptible
d'idées préconçues, plus aussi il doit faire table rase de ses propres
pensées, déposer les influences qui l'agitent et donner à sa conscience
l'abnégation nécessaire à une bonne communication.